lumos
hey, c'est ma première Dramione, je vous l'offre en ce merveilleux matin d'automne et en espérant qu'elle vous plaira ! laissez-moi vos avis sur cette fiction ; bonne lecture !
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similaire dissemblance.
Hermione lisait. Son manuel de sorcellerie était comme de coutume appuyé contre un pichet de jus de citrouille frais, sa fragile couverture s'imprégnant petit à petit de l'humidité du récipient. Par habitude sans aucun doute, Hermione lisait beaucoup. Même encore à sa septième année à Poudlard, elle ne faisait que cela. Ce soir-là d'ailleurs, elle dévorait des mots à la place de son dîner et le vide désespérant dans son assiette ne la faisait tiquer pour rien au monde. Ron, qu'une telle vision affligeait, se chargea lui-même de la lui remplir de tout ce qu'il jugeait être comestible puis fit glisser le résultat, soit dit en passant une montagne de bouillie informe, juste sous son nez. Hermione ne daigna jeter un œil à l'endroit dans lequel elle plantait sa cuillère et tenta d'avaler une première bouchée. Elle la recracha sur-le-champ, sous le rire éclatant de quelques élèves. La désignant du bout de sa fourchette, Ron se permit une remarque qu'elle sentit arriver à des kilomètres :
- Ton charme m'étonnera toujours autant.
Il engloutit sa saucisse en appuyant sa remarque d'un sourire goguenard.
- Personne ne t'a obligé à regarder, Ronald, répliqua Hermione d'un ton sec.
Elle nettoya son plat et remplaça la mauvaise blague de Ron par une plâtrée de légumes et un morceau de hareng, le menton relevé.
- Depuis quand est-ce que tu m'appelles Ronald ?, questionna soudain ce dernier dans un froncement de sourcil. On croirait entendre maman me réciter un des ces éternels sermons.
- Depuis que monsieur me dérange dans mon travail avec ses plaisanteries de bas étage. Harry tu m'écrases le pied.
En effet, à sa droite, Harry Potter venait littéralement de lui enfoncer le talon de sa chaussure sur de pauvres orteils innocents.
- Oups, pardon Hermione !
Celle-ci balaya l'excuse d'un sourire forcé et se remit à manger avec frénésie.
- En fait je pensais à Voldemort, continua-t-il sur cette même lancée.
- Chut Harry !, s'écria Ron sur un ton de reproche. Ne prononce pas ce nom ici enfin !
Mais aucun des élèves dans la Grande Salle n'avait levé le nez de son dîner ou mit fin à l'une des conversations qui allaient bon train, c'est pourquoi Harry ne prêta la moindre attention à l'avertissement de son ami. Hermione s'était contenté à l'entente du nom du Seigneur des ténèbres d'un soupir qui traduisait aisément sa lassitude.
- Je m'imaginais la vie sans sa sale figure de serpent et tous ses chiens meurtriers collés à ses basques, chuchota le Survivant en mélangeant sa purée sans grande conviction.
Son regard se posa rapidement sur la soyeuse chevelure orangée de Ginny, quelques mètres plus loin, mais le rot prolongé de Ron le ramena très vite à la dure réalité.
- Tu es dégoûtant, Ron.
Lorsqu'Hermione se permettait ce genre de remarques, elle le faisait toujours sur un ton digne et en tournant entre son pouce et son index une page de son ouvrage.
- Personne ne t'a obligé à écouter, mademoiselle je-sais-tout, rétorqua le rouquin du tac au tac.
Il se massa le ventre en laissant un sourire de victoire naître sur ses lèvres sales, faisant face au regard de révolte de son amie.
- Pour en revenir à ce que tu disais Harry, poursuivit-il comme s'il n'avait jamais vu la menace silencieuse qui avait dansé dans les yeux d'Hermione, je voulais te demander : as-tu une idée du genre d'Horcruxes que tu auras à détruire prochainement ? Je veux dire, tu as éliminé le journal (il compta sur ses doigts), Dumbledore s'est occupé de la bague...
- Mais Harry ne le fera pas seul, interrompit subitement la jeune Griffondor dont le visage se débarrassa de toute trace de colère. Nous l'accompagnerons dans cette quête ! N'est-ce pas Harry ?, ajouta-t-elle alors devant le haussement de sourcil de son voisin.
Harry remonta ses lunettes sur son nez pour se donner une contenance et évita le regard inquisiteur de la lionne à son côté.
- Eh bien...
- Non Harry, c'est beaucoup trop dangereux pour toi !, coupa Hermione qui posa brutalement ses couverts sur la table. Nous avons déjà discuté sur le sujet, tu ne vas tout de même pas te borner à ce point ! Nous connaissons les enjeux de ce voyage et tu peux être rassuré, nous avons mûrement réfléchi avant de te proposer notre aide !
Ron approuva d'un long hochement de tête, les yeux papillonnant.
- Ça, c'est vrai.
- Ça te va bien de dire ça, Ron !, s'exclama-t-elle en détachant le regard maternel dont elle couvait Harry pour l'adresser plein de fureur au concerné. Toi qui l'incite à endosser toutes ces responsabilités !
Ron haussa les mains en signe d'innocence, désireux de s'éviter les foudres de la Griffondor.
- J'ai rien dit moi !, s'insurgea-t-il avec véhémence.
- Écoutez..., reprit Harry pour les rapatrier, on en reparlera plus tard autour d'un bon feu et loin des oreilles indiscrètes, si vous voyez ce que je veux dire...
Il jeta un rapide coup d'œil aux élèves alentours et adressa à ses amis un sourire rassurant.
- Mangez plutôt. La nourriture, c'est bon.
Sa réplique eut l'effet escompté puisque Ron répéta un « Ça, c'est vrai » avant de servir une énième assiette de purée de pommes de terre. Hermione plaqua une mèche derrière son oreille et se remit à lire avec un certain agacement. Les bruits environnants lui tapèrent bien vite sur le système et les rires tonitruants de Lavande à quelques places de là la dissuadèrent de manière définitive de rester une minute de plus dans le corps bouillonnant de vie de la Grande Salle. Elle engloutit le reste de son repas à une vitesse impressionnante et digéra rapidement, le temps de confisquer aux premières années tous les Frisbee à Dents dont elle apercevait le bout dépasser des poches.
- Je ne voudrais pas vous déranger, commença-t-elle prudemment à l'attention de ses deux meilleurs amis, mais je compte aller à la bibliothèque et...
Ron fit les gros yeux à Harry qui remonta une fois de plus ses lunettes en reniflant très fort.
- ... je me demandais si vous accepteriez de m'accompagner ?
Second reniflement insistant, de la part du roux cette fois-ci.
- C'est que..., hésita-t-elle.
Hermione baissa les yeux sur sa jupe et se sentit rosir.
- Il y a un certain Serdaigle, disons... Oh il n'est pas bien méchant bien sûr, s'empressa-t-elle de préciser d'un rire nerveux, mais voilà, il me dérange avec ses regards quand j'étudie, ce serait prétentieux à avouer mais je crois que je lui plais...
À peine eut-elle terminé son explication que Ron lâcha sa fourchette avec grand bruit pour se retourner vers la table des bleus, attirant toute l'attention sur lui. Il n'eut même pas besoin de la description rapide qu'Hermione venait de lui balbutier qu'il repéra un grand gaillard de Serdaigle, le poing mollement enfoncé dans sa joue, les yeux pétillants d'envie tournés vers la Griffondor intellectuelle. Harry toussa avec force pour dissimuler son fou rire et Hermione était au comble du malaise. Elle se tortilla sur son banc, tourna avec fébrilité les pages de son livre.
- J'ai terminé de manger, déclara Ron comme s'il annonçait son départ à l'armée. Harry, tu as fini aussi ?
Sa dernière question avait plus le ton d'une menace et il sembla à Harry qu'il se mettait à parler comme Percy, de ce même cachet de détermination.
- Euh oui, oui, assura-t-il en réprimant de toutes ses forces un sourire grand comme un croissant de lune.
Il mangea ses petits dés de légumes sans se hâter, soucieux de s'étouffer pour avoir trop longtemps caché son envie de rire.
- Oh, répéta Hermione en tapotant des doigts sur la table, de toute façon je comptais emprunter ce soir les Mémoires de Rowena Serdaigle, histoire de... enfin bon j'avais entendu parler d'un diadème qu'elle possédait et je me disais que c'était sans doute le genre d'objet que Vous-Savez-Qui pouvait convoiter à l'époque.
La fourchette d'Harry tourna plus vite. La Griffondor se leva d'un bond, tenta de ne pas laisser un sourire vainqueur lui glisser entre les lèvres, puis s'éloigna à grands pas après avoir marmonné quelques rapides au revoir. Elle savait très bien qu'elle venait de déployer toute une panoplie de procédés persuasifs, assez en tout cas pour être sûre que des bruits de pas précipités n'allaient pas tarder à la talonner. Hermione franchit les portes de la Grande Salle et entama un décompte, ralentissant le plus possible sa marche.
- Trois.
« Harry, dépêche-toi un peu ! ». La voix de Ron, lointaine et se détachant de la cohue générale, se faisait fougueuse.
- Deux.
« Tant pis, tu nous rejoindras quand tu auras fini ! ». Hermione serra ses livres contre sa poitrine à l'entente de plusieurs cris indignés. Ron se frayait un chemin dans la foule en jouant des coudes.
- Un.
L'écho de son prénom réveilla en elle un titillement au cœur et elle sourit. « Hermione attends ! ». Ron avait hurlé cette fois. Il arriva en crissant des chaussures et tenta avec difficulté de reprendre son souffle, s'appuyant un long moment sur l'épaule de son amie. Celle-ci ne broncha pas, se contenta plutôt de laisser la chaleur que diffusait la paume de Ron caresser sa peau à tout loisir. Le rouquin baissa alors un regard courroucé dans ses prunelles de chocolat, les oreilles chauffées à vif.
- Ne pouvais-tu donc pas nous attendre ?
Hermione prit un air coupable.
- Pardon, s'excusa-t-elle aussitôt. Je voulais simplement...
Elle s'apprêtait à lui faire remarquer que ses manières à lui et à Harry de l'éviter à chaque fois qu'elle annonçait partir à la bibliothèque n'étaient pas dignes d'une amitié que tout le monde qualifiait « en or ». Mais elle le fixa un petit instant et se sentit rougir sous son air adorablement fâché.
- Ce n'est pas important, dit-elle pour se rattraper. Où est Harry, il ne vient pas ?
- Si, répondit-il sèchement en retirant sa poigne. Il finit de manger.
Hermione arrangea sa bandoulière contre son épaule, et, aussi vite qu'elle le pût, piqua un rapide baiser sur la joue de Ron, au plus près de sa bouche. Les tâches de rousseur de ce dernier se firent très voyantes et il écarquilla les yeux, les lèvres de son amie lui ayant brûlé l'épiderme tant il ne s'y attendait pas. Harry se manifesta à ce moment précis, un peu haletant et les lunettes de travers, son regard alternant entre Hermione, qui baissait inexplicablement les yeux en souriant, et Ron, une main contre son visage livide.
- Euh..., hésita-t-il avec un rapide froncement de sourcil, j'ai raté quelque chose ?
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Malefoy patrouillait depuis un certain moment dans les couloirs de l'aile est du château, un peu lassé de ne trouver aucun élève à sanctionner. Il quitta l'obscurité quasi complète de ces chemins déserts pour une nouvelle pénombre, du côté ouest cette fois-ci. D'un pas lent et digne, il marcha pendant quelques minutes, les mains croisées derrière son dos et sa baguette prête à un éventuel danger. Il tourna la poignée d'une classe censée être vide dans un énième grincement de gonds mal huilés ; il faudrait en faire la remarque à Rusard. Son regard froid vrilla alors une forme noirâtre près d'un bureau d'assez grande taille, généralement assigné aux professeurs. Il lâcha lentement le pommeau de la porte, fit jaillir de sa baguette une vive lumière blanche qui lui permit de distinguer une silhouette féminine assise à l'extrémité de la table, puis les contours du corps d'un jeune homme dont les mains expertes glissaient contre la peau de sa dulcinée. Drago s'approcha, un avant-bras derrière le dos, l'autre occupée à tendre son instrument de sorcellerie.
- Mes sincères salutations.
Sa voix glaciale claqua le silence comme une menace. Les deux élèves parurent s'immobiliser un instant mais se contentèrent de tourner un regard indifférent vers le préfet-en-chef ; grossière erreur. Drago alluma d'un unique coup de baguette magique toutes les bougies de la salle de classe.
- Qu'est-ce qu'il y a Malefoy junior ?, cracha le garçon d'un air méprisant. Pour une fois, fais preuve d'un peu d'indulgence et fiche-nous la paix.
Il se remit à caresser de gestes mécaniques le cou de sa petite amie dont le joli minois s'était quelque peu crispé.
- Jeunes gens, je vous demanderai bien gentiment de regagner en vitesse vos dortoirs respectifs, préféra répondre le Prince des Serpentard qui ne semblait nullement affecté pas les propos provocateurs de l'élève.
Le couple ne répondit pas. Le préfet attendit patiemment que l'un d'eux finisse par craquer, ce qui ne tarda pas d'arriver.
- Bon qu'est-ce qu'il y a encore ?, répéta le garçon de sixième année.
- Dave, c'est cela ?, devina Malefoy avec un sourire glaçant. Mon cher Dave, tu as besoin d'avoir en main un motif précis de ta présence dans cette classe à onze heures du soir.
- Ce n'est pas nécessaire, lâcha Dave en retournant à ses amours.
Drago jeta ses yeux par-dessus la fenêtre, épiant la pluie sale sur les vitres et la force du vent contre les carreaux.
- C'est vrai, avoua-t-il alors toujours aussi souriant. Ce dont tu aurais réellement besoin, ce serait d'un de mes innombrables sortilèges droit dans ton cul. Et je peux te promettre qu'ils sont de très bon goût.
L'élève de sixième année se raidit imperceptiblement et ignora l'appel silencieux de sa copine qui l'intima de quitter les lieux sans histoires. Il crispa ses poings et se retourna vers le visage du blond qui semblait figé dans une beauté glaciale, et dont lui seul détenait le secret. Il se sentit un peu intimidé de se mesurer à une telle personnalité mais il était trop tard pour reculer.
- On est jaloux des plus petits que soi ?, dit-il d'un air entendu en désignant sa petite amie d'un coup de tête.
Cette dernière était descendue du bureau et arrangeait en vain les bretelles tombantes de ses sous-vêtements. Drago éclata de rire et frotta sa baguette magique avec sa manche.
- Ta gonzesse est déjà passée par ma chambre, se contenta-t-il de répondre d'un air tout à fait innocent.
Il ne daigna adresser aucun signe de complicité à la jeune fille dont les joues virèrent au rouge pivoine. Dave la jaugea d'un œil dégoûté, puis colérique. Il refit face à Malefoy avec une telle hargne que ses jointures en tremblaient.
- Je sais que tu mens, Mangemort, grinça-t-il entre ses dents.
- Sans doute, répondit calmement Drago avec un haussement d'épaules.
Il ne releva pas la mention de Mangemort : toute la petite population que constituait Poudlard était au courant de ses services au Seigneur des Ténèbres, nier la chose en devenait absurde.
- Lâche-nous les baskets, d'accord ?, fit alors l'autre. Tu sais très bien que c'est le seul endroit où les couples peuvent se retrouver loin des regards indiscrets.
- Et cela est totalement ton problème.
Le ton du préfet était à présent davantage menaçant.
- Je te prierai de bien vouloir respecter les règles du couvre-feu, qui au passage, sont loin d'être faites pour les chiens ; t'y conformer est préférable à tes allers-retours dans les classes, avec chaque mois une nouvelle donzelle sous le bras. Voilà un bien pauvre moyen de prouver que tu vaux véritablement quelque chose auprès de la gente féminine, Dave.
Un soupir ennuyé.
- Allez ouste, dehors.
Il désigna la sortie avec flegme. Dave frémissait en son fort intérieur. Il allait lui faire ravaler sa fierté à ce fils à papa, coûte que coûte il comptait prouver à tout le monde quel genre d'enflure peureuse il était réellement. L'élève saisit d'une violence inouïe le bras de sa petite amie qui réprima un gémissement, défiant des ses petits yeux insolents les deux perles d'eau glacée qui lui répondaient en retour. Patiemment, Malefoy tira une chaise et s'y laissa tomber avec une lenteur désespérante.
- Quelques problèmes de dos, mentit-il en se frottant la zone concernée.
Lorsque son postérieur eut atterrit sur le bois craquant et Dave le temps de le maudire de tout son soûl, il brandit sa baguette devant les deux gamins qu'ils étaient à ses yeux.
- Dehors, répéta-t-il en l'agitant.
Il en jaillit quelques furieuses étincelles impatientes, que Dave et sa copine fixèrent avec un regard porcin.
- Dans trois secondes, si je ne vous aperçois pas hors de cette classe..., commença Drago d'un sourire machiavélique, je vous laisse imaginer tout un tas de raisons tragiques pour lesquelles vous n'aurez plus besoin de respirer.
Dave se trémoussa devant son bureau, serrant la main de sa compagne avec tant de force que le Serpentard cru entendre ses phalanges craquer.
- Trois.
Les deux élèves se consultèrent du coin de l'œil : jouer de l'humeur de leur bourreau devenait un tantinet risqué.
- Deux.
« On ira du côté de l'aile est ». La réplique de Dave avait été sciemment chuchotée mais Malefoy n'était pas sourd ; il se leva de son siège et étira un étrange sourire.
- Un. Dave si tu te crois malin, sache que j'irai patrouiller directement dans les couloirs est après être sorti de cette salle.
Il ne le ferait bien évidemment pas, mais était sûr que cette information dissuaderait complètement le sixième année d'y mettre ne serait-ce que le petit orteil : il venait d'esquisser une brève grimace. Drago leva sa baguette, entamant un sortilège. Dave attira sa petite amie vers lui et l'entraîna vers la porte entrouverte, courant à demi.
- Sale Mangemort !, se permit-il de crier avant de disparaître dans le néant des allées obscurcies.
Malefoy sourit à cette appellation, baissa sa baguette magique et se dirigea vers une des fenêtres de la salle. Les bourrasques de vent s'enchaînaient dehors comme dans son esprit, les gouttes de pluies mêlées à la terre coulaient sur les grilles noires, écaillées, s'échouaient contre les rebords. Le Serpentard se retira, toute trace de sourire ayant disparu de son faciès ; les caprices du temps ne suffisaient plus à consoler ses propres tourments. Terroriser les plus petits n'était plus aussi distractif que les années précédentes ; d'ailleurs rien n'était plus comme avant. Il s'amusa à éteindre toutes les bougies de la classe de son souffle glacé, remit quelques chaises à leur place, sous les pupitres, quitta la pièce sans un coup d'œil en arrière, le cerveau un peu ralenti par l'heure tardive. Mais ce ne fût pas la direction de ses appartements qu'il emprunta. Drago marcha longtemps, une quinzaine de minutes, à l'opposé de l'endroit qu'il quittait, dans lequel il y trouva les deux portes battantes de la bibliothèque de Poudlard. Sans un seul frémissement de lèvres de sa part, les chaînes rouillées de leur cadenas cliquetèrent, offrirent un passage, dans une longue plainte.
Le Serpentard avait dépassé le bureau de ce vieux vautour de bibliothécaire, vide, examiné quelques livres poussiéreux, par habitude sans doute, foulé la moquette pourpre de son pied souple ; mais à présent il ne saurait dire pourquoi, il s'était installé à l'une des tables du fond, feuillant avec distraction un ouvrage dont il ne lui trouvait pas le sens commun. D'un claquement sec, il mit fin à sa prétendue lecture, débarbouillant son visage tiré par la fatigue. Sur une chaise à son côté, un objet aux apparences de paquet de cigarettes attira son attention. Il s'en saisit, l'examina sous toutes les coutures ; il en vint à la conclusion qu'il n'était ni d'origine moldue, ni de provenance sorcière. Le logo lui était totalement inconnu, le lieu de fabrication tout aussi étranger. Pourtant Merlin savait qu'il en avait épluché, des magazines commerciaux avec son père. Il était indiqué :
Parfum à fumer
Malefoy n'avait jamais consommé un de ces déchets de la communauté non magique. C'était une pourriture abjecte. Mais la mention de parfum de ce paquet aux dominances vertes, et la précision d'inoffensif pour les plus de seize ans juste en-dessous l'intrigua. Il glissa une cigarette entre ses dents, à l'aide d'un gros briquet argenté qu'il avait déjà en sa possession et de mains expertes, en fit naître un nuage de fumée verdâtre. Cela sentait les fleurs, la fraîcheur. La menthe. Cela changeait de l'odeur de vieux parchemins et de sueur écolière un peu moisie. Drago se leva. Il avait remis le livre à sa place et glissé le paquet dans sa poche, se dirigeait à présent vers un rayon qu'il avait évité dès le début car il le savait occupé. Hermione Granger y faisait un somme.
Drago se laissa tomber sur une chaise qui craqua lamentablement, juste en face de la Griffondor endormie. Il ne voyait que ses cheveux bruns, éparpillés autour de ses bras croisés sur la table, leur moitié dissimulant la vue de nombreux grimoires, et parchemins à demi remplis. Il se laissa soupirer d'épuisement, de contentement aussi ; voir Granger devant ses devoirs et ne pas l'entendre proférer des cours appris par cœur relevait sans doute du miracle. Mais là ne résidait plus l'affaire. Malefoy se redressa malgré l'harassement. Il entreprit de vider la table, ranger tous les livres et glisser les affaires de la jeune fille dans son sac dont il se donna un mal fou pour pouvoir faire coulisser la fermeture éclair jusqu'à la fin.
Par audace, il fit léviter le corps de Granger devant lui, atterrir sur ses genoux et relever le menton de la jeune femme entre ses mains. Son cou était brûlant contre la froideur des ses doigts, la forme de son visage, trop pâle autour de sa chevelure foncée, lui rappelait les traits fins et aristocrates de sa chère mère. Ses lèvres, qu'il fixait depuis un bon moment déjà, évoquaient un désir malsain. Il hésita un court instant, avant de les caresser de son pouce ; personne n'en saurait rien. Drago avança. Il transperça de son regard de glace les paupières aux longs cils de Granger, l'enveloppa de la fumée verte qui s'échappait en trop grande quantité d'entre ses dents. Ses traits à lui n'évoquaient rien, ne rappelaient personne et n'avaient aucune signification ; il ne ressemblait pas à Granger et en aucun point. Toutefois, en cet instant il se sentit plus proche d'elle comme il ne l'avait jamais été. Des adolescents perdus qu'ils étaient, promis à un trop périlleux destin : une guerre dont il fallait choisir le camp. Malefoy allongea la tête de son ennemie contre son torse, caressant d'un air pensif les courbes de son visage ou quelques mèches aux parfums de noisette qui s'aventuraient sur son front, un peu comme on caresse son animal de compagnie, une poupée. Dans un sourire amusé, il songea à quel scandale il aurait affaire si Granger se rendait compte avoir passé un moment de son existence, recroquevillée dans ses bras tel un enfant. Il écrasa sa cigarette contre la table, duquel s'échappa un filet vert mentholé.
- Allez debout, lui intima-t-il tout en étant conscient qu'elle ne l'entendait point ; parler le faisait sentir moins seul.
D'un geste de sa baguette il la mit sur pied, redressa sa tête lorsqu'elle retomba mollement en avant, écartant quelques mèches de son fin visage et dépoussiérant ses épaules comme une mère le ferait à son enfant avant de l'envoyer la première fois dans un monde vers lequel elle ne pourra le suivre. Il finit par l'observer quelques secondes avec un soupir satisfait, reprit sa baguette en main.
- J'espère que tu es prête Granger.
Il replaça une de ses mèches touffues derrière son oreille.
- Parce que c'est ici que notre histoire commence.
Dans un silence maître, glacial, les paupières blanchâtres de la jeune femme, soutenues par de lourds cernes bleus, papillonnèrent furtivement comme pour manifester leur accord. Alors, la main de Drago s'abattit sur la joue d'Hermione.
