Arthur sut que quelque chose n'allait pas quand il prit son téléphone et qu'il vit le nom « Alfred » s'afficher sur l'écran.

Il fit un geste du pouce pour accepter l'appel et plaça l'appareil à son oreille, répondant avec un simple : '' Salut ? ''

Il pouvait entendre des bruits de l'autre côté, comme si quelqu'un essayait de calmer ses sanglots. Quelque chose n'allait certainement pas.

'' Alfred ? Est-ce que ça va ? ''

Un sniff. '' A-Arthur... ''

Arthur se leva de son bureau, abandonnant complètement le devoir qu'il devait rendre demain. '' Alfred, qu'est-ce qui ne va pas ? ''

Il y eut encore plus de reniflements, puis, '' A-Artie, viens s'il te plaît... J-Je... J'ai besoin de toi maintenant... ''

'' Est-ce que tu es sur le campus ? ''

'' O-Oui... ''

'' Tu m'expliqueras ce qui s'est passé quand je serai là, d'accord ? '' Arthur ne voulait pas le brusquer encore plus avec des « Tu vas bien ? », il était clair que l'autre garçon était bouleversé.

'' Ouais... juste... dépêche toi... s-s'il te plaît... '' Sa voix se brisa et Arthur put l'entendre sangloter à l'autre bout du fil.

'' Très bien, je serai là bientôt. '' Et sur ce, Arthur raccrocha et couru attraper son manteau dans le placard.

Pile à ce moment,son colocataire, Gilbert, ouvrit la porte, une jeune femme au bras, visiblement une fille qui était en première année. Ils étaient tout les deux ivres.

'' Ooooooh, hey Arthuuuuur... Qu'est-ce que tu- ''

'' Je suis pas d'humeur pour les jeux, Gil. Je vais dans le dortoir d'Alfred. '' Il saisit la clé de sa chambre. '' Ne va pas de mon côté de la pièce. ''

'' Oooh, est-ce qu'Alfred a passé une mauvaise journée ou quelque chose ? Est-ce qu'il a regardé un autre film d'horreur... ? '' sourit Gilbert, la jeune femme riant à son bras. Ils bloquaient toujours la seule sortie de la pièce.

'' Zut, Gil, dégage. C'est grave ! ''

'' D'accord, d'accord, ne le prend pas comme ça. '' dit Gilbert d'une voix pâteuse, tirant la première année avec lui, de façon à laisser Arthur accéder à la sortie.

'' Ne fais pas du gâchis comme la dernière fois ! '' lui cria Arthur en marchant d'un pas rapide vers les escaliers. Il n'avait pas vraiment eut le temps de faire une conférence à Gil sur le fait de ramener des filles aléatoires dans leur chambre, son esprit n'étant occupé que par Alfred.

Il courut dans les escaliers et dans l'air frais de novembre, il ne pouvait s'empêcher de penser à toutes sortes de scénarios possibles qui auraient pu faire pleurer Alfred. La plupart du temps, Alfred l'appelait après avoir vu un énième film d'horreur.

Mais cette fois, c'était différent. Comme si c'était personnel.

Est-ce... est-ce que c'était à propos de cette fille qu'il voyait ?

Alfred était actuellement dans une relation avec une fille avec qui il était depuis le lycée. Tout ce qu'Arthur savait à son sujet, c'était qu'elle avait deux ans de plus que lui et qu'elle disposait d'un emploi du temps permanent en tant qu'infirmière dans un hôpital local. Elle était âgée, et lui était en deuxième année quand ils ont commencé à sortir ensemble.

Arthur la détestait. Cependant, il continuait de garder une expression joyeuse quand Alfred l'emmenait avec lui, ou quand il faisait surgir son nom dans une conversation.

Il avait rencontré la jeune femme à plusieurs reprises et il devait admettre qu'elle était très belle et très gentille, mais il y avait quelque chose en elle qui lui envoyer des panneaux danger, mais Alfred était trop amoureux pour les voir.

Bien sûr, Arthur gardait ça pour lui parce que... Eh bien, il aimait Alfred.

Non, pas le genre d'amour entre deux amis ou frères. Arthur était vraiment, désespérément, et sans équivoque amoureux d'Alfred.

Ce fut donc sans surprise qu'Arthur eut le cœur brisé quand Alfred lui appris qu'il comptait demander cette femme en mariage. Ils ne s'étaient pas parlés pendant des jours après que la conversation ait commencée à chauffer et c'était Arthur qui était allé présenter ses excuses. Et c'était il y a de ça quelques semaines.

Le bâtiment du dortoir d'Alfred était proche, et Arthur dû s'arrêter quelques secondes pour remettre ses idées en place, prendre une profonde inspiration, ajuster ses lunettes de lecture ( qu'il avait apparemment oublié d'enlever, mais merde, son meilleur ami était dans le désespoir. ) et entrer dans le bâtiment.

Après un entretien avec la personne en charge de la réception de l'immeuble, il courut les trois volées de marches et marcha droit devant lui puis tourna à droite avant de se diriger vers la quatrième porte sur sa gauche, qui se trouvait être la chambre d'Alfred.

Il fallut quelques secondes pour se reprendre avant de frapper à la porte. Pas deux secondes s'étaient écoulées lorsque la porte s'ouvrit et un très misérable américain se trouva en face de lui.

Le cœur d'Arthur se serra.

Alfred était horrible. Il portait son bas de pyjama TMNT et un T-shirt Captain América qui avait connu des jours meilleurs. Il ne portait pas ses lunettes à cause du fait qu'il était en train de pleurer, parce que ses yeux bleus ciels étaient injectés de sang, tout son visage était rouge et ses cheveux étaient en désordre.

Quelques secondes passèrent, et Arthur rompit le silence. '' … Al... ? Qu'est-ce qui s'est passé ? ''

Alfred regarda fixement le sol. '' … Salut à toi aussi. ''

Arthur leva les yeux au ciel. '' Alfred, en ce moment, je me fiche des formalités. Tu ne vas pas bien de tout évidence et tu as besoin de compagnie, je connais te bien. ''

Alfred leva les yeux. A en juger par l'expression de son visage, Arthur sut qu'il avait raison. Il se poussa sur côté et fit signe à Arthur d'entrer dans sa chambre.

'' Kiku est avec Matt et restera chez lui cette nuit. Tu peux rester ici si tu veux. '' déclara Alfred d'une petite voix qu'Arthur entendait seulement quand celui-ci était très bouleversé.

'' Merci. Bien que je ne comptait pas rentrer de chez moi de toute façon, puisque Gilbert a de la compagnie ce soir. '' rit Arthur, essayant d'alléger l'atmosphère. Mais apparemment, ça toucha une corde sensible car Alfred tressaillit et claqua la porte, de tout évidence par accident, en raison d'un réflexe.

Arthur enleva son manteau et le posa sur la chaise de bureau d'Alfred, ne s'en souciant pas du tout. Il se tourna vers lui. '' Alfred, je suis là. S'il te plaît, est-ce que tu peux me dire ce qui ne va pas ? ''

Silence. Alfred marcha lentement vers son lit et se laissa tomber dessus. Il tapota l'espace vide à côté de lui, gesticulant pour qu'Arthur s'assoit à côté de lui. Arthur fit comme il lui demanda, et s'assit quelques secondes avant que-

'' Sarah et moi avons rompu. ''

Oh.

Arthur le regarda, stupéfait, son estomac faisant des culbutes tandis que ses yeux s'écarquillaient. ''… Quoi ? ''

'' Tu m'as très bien entendu. '' Alfred refusa de la regarder. Arthur pouvait dire qu'il prenait sur lui pour lui dire ça.

Quelques secondes passèrent et Arthur se racla la gorge. '' Alfred... je suis... je suis désolé... ''

'' … C'est pas ta faute... C'est moi qui ait rompu... ''

'' … Attends... je pensais que- ''

'' Tu veux savoir ou pas ? '' Alfred se tourna vers lui, évidemment très ennuyé par Arthur en ce moment, des larmes commençant à se former dans ses yeux et Arthur dû se battre contre lui-même pour s'empêcher de le tirer dans une étreinte, il ferma la bouche.

Alfred détourna le regard en essuyant ses larmes, il commença. '' Alors... je suis allé à l'hôpital où elle travaillait... j'avais mis un costume et une cravate et j'avais l'anneau dans ma poche. Je prévoyais de lui faire ma demande, évidemment, puisque je t'avais dis que j'allais le faire ce soir. ''

Arthur fit une grimace, reconnaissant qu'Alfred ne l'ai pas vue. De toute évidence, il avait oublié que c'était ce soir.

Alfred poursuivit. '' Eh bien, je marchais vers son bâtiment, ses collègues me regardaient. Le genre de regards plus sympathiques qu'heureux, tu vois ? J'avais pas vraiment fais attention, mais l'une de ses collègues, Bianca ou quelque chose comme ça je crois, elle m'a attrapé et m'a demander ce que je faisais là et... Eh bien... ''

Arthur avait vraiment, vraiment envie de dire quelque chose mais il garda la bouche fermée tandis qu'Alfred continuait.

'' Elle m'a demandé ce que je faisais là. De toute évidence, je venais faire ma demande à la fille avec qui je sortait depuis six ans. Je lui ai dit et elle a répondu qu'aujourd'hui n'était pas vraiment la bonne journée pour le faire. Je pensais : « Oh, elle doit être occupée avec ses patients ou quelque chose, je vais juste revenir une autre fois », mais alors... ''

La voix d'Alfred commença à se briser. Arthur sut exactement ce qu'il allait dire ensuite.

Alfred étouffa, se tournant vers Arthur, de nouvelles larmes apparaissant dans ses yeux. '' Je l'ai vu tourner au coin et... et elle tenait la main d'un des médecins... ''

Alfred n'essuya même pas ses larmes, il les laissa simplement tomber, sa voix continuant à racontait, mais Arthur pouvait dire ce qu'il avait fait ensuite.

'' Je me souviens pas vraiment de ce qui est arrivé après, mais ce que je sais, c'est que je courais dans le bâtiment, ma main et ma gorge me faisaient vraiment mal. Ce qui est sûr, c'est que j'ai frappé ce médecin et que j'ai crié après Sarah. ''

Arthur ne savait pas quoi dire. Un « je te l'avais bien dis. » était définitivement hors de question. Il se contenta juste d'acquiescer en regardant Alfred, l'encourageant à continuer.

Alfred regardait ses mains, qui tremblaient sur ses genoux. '' Elle m'a appelé, m'a envoyé des textos et m'a même écrit sur ma messagerie facebook. Chacun d'entre eux disait qu'elle était désolée et toutes sortes d'autres excuses pour m'avoir trompé. Ça a continuer pendant environ une heure où... je lui ai juste envoyer un texto pour lui dire que c'était fini et j'ai bloqué son facebook et son numéro de téléphone. ''

Ce... c'était un peu extrême de la part d'Alfred. Mais il continua.

'' J'essayais de me calmer quand j'ai reçu un appel de Bianca. Elle était évidemment pas contente que j'ai frappé le médecin, mais... elle m'a expliqué ce qui est arrivé. ''

Cette fois, ce fut Arthur qui prit la parole. '' Et... qu'est-ce qu'elle a dit ? ''

Alfred se tourna vers lui, renifla et dit : '' Elle a dit qu'ils se sont rencontrés quand elle a commencé à travailler là-bas, elle a commencé à le fréquenter un mois plus tard... ''

Arthur tiqua.

'' Tu veux dire qu'elle te trompait depuis plus de deux ans ? ''commencé

Alfred lui lança un regard étonné.

'' Et tu n'as jamais vu le moindre signe ? ''

Alfred le regarda avec incrédulité. Se sentant coupable, Arthur se racla la gorge. '' Désolé, c'était déplacé... ''

Alfred soupira. '' Non, tu as raison. ''

Ce fut au tour d'Arthur de le regarder avec incrédulité.

'' Je l'avais vu venir, elle était plus âgée, elle avait un tas d'amis gars, elle allait faire la fête tout le temps. En sachant que je suis encore mineur et qu'elle avait un emploi à plein dans un hôpital et qu'elle était entourée d'infirmier et de médecin de sexe masculin... ''

Une pause. Et alors...

'' Tu as toujours eut raison, Artie. ''

Arthur continua de le regarder avec incrédulité. C'était bien la première fois qu'Alfred admettait avoir eut tort à propos de quelque chose. Mais...

'' Quoi qu'il en soit, Bianca m'a tout dit et m'a même dit qu'elle était désolée. Mais sérieusement, je voulais de la pitié de personne. Je l'ai juste remercié de m'avoir raconté toute l'histoire et j'ai raccroché. Je pleure ici depuis. ''

Alfred soupira. '' J'ai été tellement... tellement stupide de ne pas l'avoir remarqué... ''

'' Alfred, arrête. ''

Il leva les yeux, mais Arthur le prit par surprise et l'attira dans une étreinte.

'' Alfred Jones, arrête de culpabiliser. Tu étais amoureux d'elle et elle t'a trompé. S'il y a quelqu'un à blâmer, c'est elle. Elle a profité de toi, du jeune garçon attentionné que tu es, pour ensuite aller baiser avec un looser comme ce médecin. ''

'' Artie... ? ''

'' Non, c'est à mon tour de parler. '' Arthur sortit de l'étreinte pour le regarder droit dans les yeux. '' Tu es un jeune homme merveilleux, confiant, et incroyablement bon, qui ferai tout pour ceux qu'il aime. Tu es optimiste, charmant et charismatique. Tu es gentil, affectueux, et tu aimes tout et tout le monde que tu rencontres. ''

Les yeux d'Alfred commencèrent à s'humidifier, Arthur pris son pouce pour essuyer une larme. '' Elle ne mérite pas quelqu'un comme toi. Tu es peut être inconscient de beaucoup de choses mais tu es fais pour l'amour. Voilà ce que tu... enfin tu... ''

Arthur se tut après ça, honnêtement incapable de comprendre quoi que ce soit. Tout ce qu'il disait était vrai, c'était à cause de toutes ces choses qu'il était tombé amoureux de l'américain en premier lieu. Il ne pouvait pas comprendre pourquoi quelqu'un voudrai profiter de lui. Il aurait voulu en dire plus, mais il avait dit tout ce qu'il pouvait pour l'instant, et-

'' Merci. ''

Arthur secoua la tête pour faire sortir ces pensées tandis qu'il regardait Alfred. Il souriait. Arthur avait réussit à le faire sourire. Après ce qui lui était arrivé aujourd'hui, il avait réussit à rendre un peu de joie à l'américain.

Arthur sourit. '' Tu sais que ce que je dis est vrai. ''

Alfred eut un petit rire. '' Ouais, je... je suppose que tu as raison. '' Il détourna le regard et son sourire faiblit. '' Encore... ''

'' Alfred... '' Arthur soupira. Il se leva et se dirigea vers la TV, il saisit la télécommande, se tournant vers Alfred. '' Qu'est-ce que tu penses de ça ? Je vais aller chercher du pop-corn et des sodas et nous regarderons des films sur Netflix toute la nuit ? ''

Alfred le regarda. '' Mais... et tes cours... ? ''

'' Oh, on s'en fiche pour l'instant. Je n'ai jamais manqué une classe de tout le semestre, donc je suis sûr qu'ils seront indulgents avec moi si je manque demain. '' Arthur lui sourit. '' Maintenant, va choisir le film, évite les films d'horreurs et les films romantiques, je reviens. ''

Alfred ne bougea pas du tout, regardant seulement Arthur qui lui jeta la télécommande avant de quitter la pièce pour aller aux distributeurs automatiques au bout du couloir.

Ils finirent tous les deux par regarder Batman Forever et la moitié de Monster Inc. quand ils se retrouvèrent tout les deux recroquevillés côte à côte et qu'ils s'endormirent dans les bras l'un de l'autre.

Kiku n'eut pas le cœur de les réveiller quand il revint le lendemain matin.