Awakened soul (version française) : « Le réveil d'une âme »
Disclaimer : les personnages de Saiyuki ne sont pas à moi (^^ étonnés, hein ?), et je ne reçois pas d'argent pour ce texte, je me fais surtout plaisir…
Légère dimension alternative d'une partie de l'épisode « fated guys ». Litouten avait un pantin-tueur. 500 ans après sa propre mort, un marshal apprend à ses dépens que le Paradis recèle un autre manipulateur.
Quand l'impensable se produit. Quand une âme endormie s'éveille d'un sommeil long d'un demi-millénaire …
Que peut-il y avoir de plus anti-naturel qu'un être humain devenant un youkai ? Il n'existait aucun mot pour décrire une telle métamorphose. Aussi bien les humains que les youkais pensaient qu'ils s'agissaient d'une plaisanterie. Aucun exemple d'une telle monstruosité n'avait été vu sous le soleil (jusqu'à ce qu'un mercenaire malade tente l'expérience sur un insecte, mais ceci est une autre histoire…). Pour n'importe quel être vivant aussi bien sur Terre qu'au royaume du Ciel, il s'agissait d'une impossibilité.
Mais il existe toujours une Exception.
Au plus profond du palais de Hyakugan-mao, dans l'ombre d'une cellule, une femme honorable fit le choix de mettre fin à sa vie…
Un homme : son frère, son amant, ou non, un meurtrier maintenant, en pleura d'angoisse et d'impuissance...
Et un youkai visionnaire appelé Chin-Yisou fit son apparition. Un nouveau tour de la roue du destin se fait à ce moment précis…
Quelques mots plein de venin, et ça y est. Le sang d'un millième youkai est versé. Un youkai est mort ! Que vive le nouveau Youkai !
C'était ce genre de moment : cette fraction de seconde où l'impossible devient réalité. C'était un moment où même le cycle du Kharma pouvait être affecté. L'âme mourante de l'homme appelé Cho Gonou, pour fuir la douleur, atteignit une place qu'elle n'aurait jamais dû, au plus profond de son propre esprit, délaissant un corps presque vide cherchant son souffle et s'appuyant contre la muraille du palais (maintenant dénué de toute autre vie), tandis qu'un fragment d'une âme qui n'aurait jamais dû effleurer de nouveau le stade de la conscience prenait possession de ce corps en pleine mutation. Durant cette seconde d'éternité, Tenpou gensui revint sur terre...
Il y avait de la folie dans cet esprit. Les souvenirs d'un dieu, les souvenirs d'un homme, un tourbillon de caresses, sensations, douleurs, sentiments, rêves, souffrances, essayant de déchirer les deux personnalités maintenant encloses dans ce corps monstrueux. Mais toute personne ayant connu Tenpou gensui savait qu'il était obstiné, déterminé, et par-dessus tout puissant et dangereux. Et il surmonta la douleur.
Et il sut. Qui il avait été. Qui il était maintenant. Et ce qu'il était en train de devenir.
Et il hurla à nouveau contre le Destin. Il avait encore échoué. Une personne qui comptait pour lui était morte à nouveau. Tous les sacrifices en vain. Il n'avait jamais été capable de protéger ses êtres chers.
Kenren, ardent Kenren
Goku, innocent Goku
Konzen, éblouissant Konzen
Pardonnez-moi… J'aurais dû voir ce qui allait arriver… J'aurais du savoir… J'aurais dû éliminer Litouten quand j'en ai eu l'opportunité, au lieu d'attendre qu'il frappe le premier…
Kannan, douce Kannan
Pardonne-moi…Pour ne pas avoir senti ce qu'il se passait, pour ne pas t'avoir protégée, pour être arrivé trop tard, pour t'avoir laissée verser ton propre sang…
C'était son châtiment pour avoir encore défié le royaume Céleste en essayant de protéger les personnes qui comptaient pour lui. L'Amour était-il donc interdit au Ciel ? Il sentit qu'il allait les perdre encore et encore et encore et encore et… Jusqu'à la fin du cycle des réincarnations. C'était si… Evident.
Et le youkai nouveau né hurla son agonie. C'était sûr : ses blessures étaient fatales. Et les cris se répercutèrent bien plus loin, où les complaintes venant de la terre n'auraient jamais dûes être entendues. De petites vaguelettes troublèrent la surface d'un bassin couvert de lotus (aussi rouges que le sang), en face d'un trône où un dieu aux yeux vides et dorés se tenait, catatonique. Peut-être qu'un proche spectateur aurait pu apercevoir un frisson parcourir son corps, mais si imperceptiblement… Mais le jeune garçon resta assoupi.
Mais un autre être se trouvait là. Le bodhisattva regarda l'onde et eut un sourire…
« Le temps est venu, nee, Nataku ? » déclara la créature androgyne.
Dans un brillant éclair de lumière, elle disparut. Lorsque Jiroushin revint avec son plateau de jeu de go, la divinité avait disparu, et avec un soupir, il resta seul à observer la surface d'une onde pure comme le cristal…
***
Le youkai nouveau né était agenouillé, s'étreignant lui-même étroitement, tandis que le sang n'en finissait plus de quitter son corps. Le goût salé de ses larmes se mêlait à celui de son propre sang… Il se balançait doucement d'avant en arrière maintenant, attendant sa mort. Absorbé dans sa propre obscurité, il ne vit pas la lumière lorsqu'une personne apparut devant lui.
« Regarde-moi, Cho Gonou : ton temps n'est pas encore venu... Tu as toujours une mission à remplir. »
Et le youkai leva les yeux. Complètement perdu. Choqué au-delà de toute surprise devant la forme juste apparue.
« Étrange, marshal... Ton visage est toujours aussi kirei qu'il y a 500 ans », ajouta intérieurement la divinité.
Et c'était vrai. L'expression était féroce, les traits anguleux. Les yeux étaient rétrécis en un regard de prédateur avec leurs pupilles fendues, et de fines lignes au motif de lierre parcouraient la chair pâle. Mais cette vision, même si sombre, était à couper le souffle. Un doigt muni d'une longue griffe se tendit vers le nouveau-venu…
« Vous... », siffla la créature qui fit une pause pour reprendre une inspiration difficile.
« …Vieille peau... », ajouta la créature avec un rire rempli d'amertume, plein du souvenir de la voix du blond qui aurait dû utiliser ces mots…
«…Venue pour me railler ? » à peine un murmure...
Pour la première fois depuis un demi-millénaire, les traits de Kanzeon-bosatsu montrèrent de la surprise…
***
Le youkai qui hurlait toujours peu de temps auparavant redevint soudain mortellement silencieux. Le seul son était le martèlement rythmé de la pluie au loin. Et la respiration sifflante de la créature aberrante. Le silence s'étira jusqu'à l'insupportable, et l'on entendit ensuite un rire sans joie…
« Comment cela se peut-il? C'est un... plaisir inattendu de t'entendre à nouveau… Tenpou gensui. » La tête de la divinité était légèrement inclinée dans son saisissement. Elle irradiait presque de sa propre lumière, et les ombres se massaient, toujours plus sombres, autour d'elle.
« Que s'est-il... passé... » cracha le youkai d'une voix rauque.
« Je pensais que c'était évident... Si un humain entre en contact avec le sang d'un millier de youkai, hé bien, il devient un youkai lui-même… Ta réaction fut une bonne équation de ma part, n'est-ce pas ? » répliqua la déesse.
Le corps du youkai et le marshal à l'intérieur essayèrent de se relever, s'appuyant lourdement contre la muraille. L'état du corps affectait sa réflexion, c'est pourquoi il était si difficile à Tenpou de rassembler ses propres pensées tandis qu'il pouvait toujours sentir la douleur de Cho Gonou. Mais la signification de la phrase trancha comme le fil d'un couteau, une sombre illumination…
L'horreur le glaça au plus profond de son être : « Vous aviez tout prévu... » . Une affirmation, pas une question. Il était un stratège. Les enjeux n'en étaient que trop clairs pour lui. « Vous vouliez que je… Il… devienne comme ça… »
« Ben, ouais ! » répliqua-t-elle avec une insupportable insouciance. Et ensuite d'un ton significatif : « J'ai besoin que tu sois fort, Tenpou gensui… Comme je l'ai dit, tu as une mission à remplir. Et le Ciel devenait barbant de toute façon… »
Le marshal s'étrangla presque. « Alors tout était prévu. Kannan, mon amour – l'amour de Gonou – pour elle, son enlèvement, SA MORT ? ». Il sentit à nouveau la folie bouillir sous son crâne, la personnalité de Gonou semblait prendre le dessus, mais Tenpou resta ferme, s'accrochant à chaque étincelle de sa propre personnalité. Il ne pouvait plus vraiment distinguer quels sentiments lui appartenaient, et lesquels n'étaient pas siens…
Il entendit le parfum subtil la persuasion dans la voix de la déesse : « Ne souhaites-tu donc pas que vous soyez tous quatre réunis ? J'ai besoin de vous tous à nouveau réunis… Mais il faut que vous soyez capables de vous défendre vous-mêmes… »
« Vous nous avez tués ! Vous nous avez envoyés ici-bas ! Vous avez enfermé Goku tout seul dans une caverne ! Est-ce que ce n'était pas déjà assez pour le royaume Céleste ? Qu'est-ce que nous sommes maintenant ? Des outils ? DES JOUETS ? » cria le youkai.
Plus de souffrance. Plus de fatigue. Seulement une rage pure et aveuglante. Les mots s'écoulaient comme de l'eau. Une main griffue fendit l'air vers le magnifique visage de la déesse de la Compassion. Elle se déroba, naturellement. Elle s'était déjà débarrassée du Grand Saint égal au Ciel Son Goku d'une seule main par le passé. Quel danger pouvait représenter un youkai à moitié mort pour elle ?
« Du calme… » souffla-t-elle d'un ton apaisant, qui sonnait si étrangement dans sa bouche, mais non dénué d'une once de tendresse. L'ancien humain gisait maintenant sur le sol. Il sentit un frisson glacé quand trois doigts effleurèrent son oreille, une lumière scintillante se transformant en trois petites attaches métalliques. Les contours du corps semblèrent se troubler et retrouvèrent à nouveau une apparence humaine. Effaré, Tenpou fixa ses mains ayant à présent un aspect normal.
« Bien, Je pense que je peux m'en aller maintenant… J'ai une partie de go prévue avec Jiroushin. » dit Kanzeon-bosatsu, regardant vers le plafond comme si elle pouvait voir le dit dieu regardant la scène au travers du bassin aux lotus.
« Matte... Et que se passe-t-il après ? Je... disparais ? ». Le marshal pouvait déjà le sentir, chacun de ses souvenirs, s'effaçant petit à petit… Et remplacés par des épisodes de la vie de Gonou.
« Hé bien, c'est la vie de Gonou, après tout. Ta présence ici… Cela n'aurait jamais dû arriver, et tu oublieras tout ça, alors… Ja ne ! » répliqua-t-elle, indifférente.
« Qu'est-ce qui est arrivé aux autres ? Vous pourriez me le dire, si je suis sur le point de tout oublier… » Les yeux couleur d'émeraude étaient fermés. Résignée à disparaître, l'âme de l'ancien marshal n'aspirait qu'à connaître le destin de ceux qu'il avait aimés. Aimés, parfaitement : ils avaient défié la mort ensemble, pour leur sauvegarde mutuelle… Leur lien ne pouvait pas si facilement être brisé…
***
Un sourire s'agrandit sur les traits de Kanzeon-bosatsu. Elle soupesa un instant l'option de partir sans même se retourner… Mais c'était si tentant. Elle était particulièrement fière d'elle après tout. Échafauder un moyen de réunir les quatre alors qu'ils étaient destinés à ne jamais se revoir pour l'éternité, et même leur donner la force et le pouvoir de survivre (enfin peut-être) à la mission qu'ils auraient à remplir…
La déesse de la Pitié se retourna vers le corps sanglant et commença à parler : « Hmm, c'est vrai, je pourrais te raconter… Non pas que je pense te devoir quelque chose, marshal. Ton petit itan d'ami (Tenpou tressaillit à la mention du mot d'itan) a été récemment libéré, toujours genki, mais affamé, j'en ai peur. Il apparaît qu'il a retrouvé son Soleil… En parlant du loup, mon cher neveu est aussi né humain : il a été élevé par un homme bon, vraiment. Pauvre homme, il fallait bien qu'il meure, si je voulais que Konzen apprenne la volonté de vaincre et de tuer. Tu sais combien il peut se montrer passif, quand il n'a aucun but dans la vie… »
« Alors vous avez aussi joué avec sa vie… » C'était de plus en plus dur de se concentrer sur la signification des mots. « Et Kenren taishou ? », dit-il, essayant de dissimuler le tremblement dans sa voix.
« Il est toujours le même, tu sais… Sa chevelure est toujours aussi flamboyante, mais une flamboyante chevelure de métis, devrais-je préciser. D'un caractère ardent, comme toujours, mais un peu plus amer qu'avant peut-être : cela a souvent cet effet sur les gens, d'être haï par celle dont on désire la tendresse – par tout le monde en fait puisqu'il est un enfant tabou, après tout – ou d'être abandonné par le seul qui l'ait jamais aimé… » Mais l'ancien marshal ne put pas entendre la fin du bavardage de la déesse, Gonou revenait si vite…
« ...Et attends de revoir Goujun, tu vas être ravi… » Ce furent les derniers mots de la déesse aux longs cheveux sombres, avant de disparaître dans un éclair aveuglant de pure lumière… L'obscurité se referma sur Tenpou gensui.
***
Lorsque Cho Gonou regagna (sa propre) conscience, il ne se souvenait plus comment il avait fait son chemin vers la forêt. Sa seule pensée cohérente était de fuir son échec et ses crimes. Comme une déferlante sombre, la souffrance bouleversait son esprit lorsqu'il chuta dans la boue. La pluie tombait violemment sur son corps, son étreinte glacée enserrant son cœur. Il était en train d'attendre sa mort. Seules quelques étincelles de souvenirs étrangers s'attardaient encore dans son esprit, à propos du Ciel et d'un homme lui ressemblant dans une bibliothèque, un petit garçon avec un sourire éclatant, un blond au mauvais caractère et un ardent général. Ensuite, il perdit connaissance.
Lorsque l'homme appelé Sha Gojyo trouva le mourant sur sa route, il le vit sourire. Il s'agissait du dernier instant de lucidité d'un dieu déchu avant sa disparition finale dans les tréfonds de l'esprit de sa nouvelle incarnation…
Fin (ou début de l'histoire…)
