Yo ! Bah voilà un autre drabble, aussi écrit sur le premier prompt des 24H du FoF, à savoir : « Je voulais prendre des fleurs mais je n'en ai pas trouvé ». Donc voilà, je ne sais pas vraiment ce que c'est non plus, mais c'est écrit et puis c'est le jeu aussi. C'est Kairi qui parle, Kairi plus âgée, quelque part entre trente et quarante ans.

Chercher, Vouloir, Gagner, Prendre

Ce matin-là, quand je me suis levée, j'ai voulu prendre mes fleurs, prendre mes fleurs avant de partir. J'avais rendez-vous tôt à l'église. J'avais toujours voulu me marier le matin, même si ça devait faire chier tous les invités. Donc, ce matin-là, j'ai voulu prendre mes fleurs, c'était la seule chose que j'avais à amener – la seule vraie chose, parce qu'il y avait aussi mon téléphone et ma robe, mais ça ne comptait pas vraiment. Mais mes fleurs avaient disparu. J'ai fouillé toute la maison, mais nulle part, rien, aucune trace de mon bouquet. J'ai paniqué, je n'ai osé appeler personne. Je m'étais occupé de tout, pour cette cérémonie, des moindres détails. Si je ne savais pas où était ce bouquet, personne ne le savait. J'ai eu honte, indiciblement honte. Est-ce que vous comprenez ? Je n'avais pas mes fleurs, LES fleurs, celles qu'il fallait absolument.

Alors, comme il n'y avait plus de fleurs, j'ai pris tout le reste, tout ce qui tenait dans ma voiture, comme pour me faire pardonner. Je suis arrivée avec tous mes cadeaux que je ne pouvais pas prendre dans les bras et qui n'étaient même pas des cadeaux vraiment, à trois cents mètres de l'église. J'étais en avance. Tout allait bien se passer. Mais là, j'ai pris trois autres choses : d'abord, j'ai pris peur, cette peur qui succède à la honte, cette peur que les autres aient honte de vous autant, non, plus que vous n'avez eu honte de vous. Ensuite, j'ai pris une décision. Enfin, j'ai pris la route.

J'ai pris, j'ai pris, j'ai pris tout ce que j'avais pour compenser ce que je n'avais pas – les fleurs, je ne trouvais pas les fleurs. Et je suis partie comme ça. J'ai roulé vers l'est, j'ai pris l'autoroute. J'ai pris, pris, pris. Je suis juste partie comme ça, avec tout ce que j'avais pris : ce qui rentrait dans ma voiture, ma peur, ma décision et la route. Peu à peu, je reprenais confiance. J'ai réussi à me débarrasser de la honte au bout d'une semaine à peine. C'est là que j'ai remarqué que j'avais pris mon téléphone, aussi, mais je n'en voulais plus. J'ai vendu tout ce qui était dans ma voiture, et mon téléphone. J'ai arrêté d'avoir peur. Je n'avais plus d'idée, plus de décision.

Ça va faire cinq ans que je roule. Si vous me demandez comment je gagne ma vie, je ne saurais même pas vous répondre. Gagner ? Vous croyez que je gagne quelque chose ? Non, non, je prends, j'emporte, je prends, je me débarrasse, je prends, je vends, je prends, je garde. Ne e demandez pas. Je ne gagne pas ma vie, tous les matins, non, tous les matins je me lève. J'aime toujours le matin. C'est encore mon moment préféré de la journée, et toujours, même si ça fait chier tout le monde. Tous les matins je me lève, et je prends la route.

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Et voici ! Un petit commentaire pour la route ?