Carol s'enveloppa dans ses bras pour essayer de se réchauffer. C'était une nuit d'été typique de la Géorgie, chaude et humide.

Mais elle était glacée de l'intérieur et elle savait que cela lui prendrait beaucoup de temps pour se débarrasser de cette sensation.

Elle aurait dû y réfléchir à deux fois avant de prendre un chien, mais grâce à lui elle s'était sentie plus en sécurité.

"Mme P. .." commença l'officier de police, mais elle l'interrompit.

"Mason. C'est Mme Mason." le corrigea-t-elle avant que l'homme puisse prononcer le nom de famille de son ex-mari.

Les deux hommes échangèrent un regard. Ce n'était pas la première fois qu'elle les rencontrait.

La première fois, c'était à l'hôpital où elle avait séjourné quelques jours après qu'Ed l'ait battue pour la première fois.

Puis à nouveau quelques mois plus tard, la deuxième fois qu'elle avait atterri à l'hôpital. Ce soir était leur troisième rencontre.

L'officier Walsh la regarda, l'air tendu «Ecoutez, Carol." lui dit-il à voix basse, «l'agent Grimes et moi, nous savons qui a fait ça. Mais nous ne pouvons pas l'arrêter. Personne ne l'a vu faire."

Elle fut surprise de l'entendre utiliser son prénom. Ca la rendait malade de penser qu'elle eu affaire à eux tellement souvent qu'elle les connaissait personnellement.

Elle masqua sa détresse en regardant droit devant elle. Elle en avait assez d'avoir peur.

Elle releva le menton, puis hocha la tête. "Je sais que vous ne pouvez pas l'arrêter, mais je devais appeler. J'aurais dû me douter qu'un chien ne suffirait pas à le dissuader."

"Pensez-vous qu'il va se montrer à nouveau ce soir?" lui demanda l'officier Grimes.

«Probablement pas. Je vais bien. Je vous remercie d'être venus. Et ... d'avoir nettoyé." Elle essaya de maîtriser les tremblements de sa voix, mais ça ne fonctionnait pas. Elle était terrifiée. Ed allait recommencer et ils ne pourraient rien faire pour l'en empêcher. Bon, au fond, c'était un lâche, alors il aurait sûrement trop peur de se faire prendre pour revenir ce soir. Enfin, elle l'espérait.

Aucun des deux hommes n'avait l'air de vouloir partir, mais ils ne pouvaient pas rester là toute la nuit.

"Avez-vous quelqu'un auprès de qui vous pourriez rester quelques jours ?" lui demanda l'Officier Walsh.

"Je sais que la dernière fois que nous avons parlé vous n'aviez pas de famille ou d'amis proches, mais peut-être que depuis que vous êtes séparée d'Ed, vous avez fait de nouvelles rencontres?"

Elle était touchée par la sollicitude des deux hommes. C'était de bons gars. Ce n'était pas le cas de tous les flics, mais ces deux là étaient vraiment des gens bien.

"Je ne suis pas beaucoup sortie de chez moi." Dit-elle avec un petit sourire pour chacun d'eux.

"Mais je pense qu'il voulait juste me faire peur ce soir. Il saura que vous êtes venus ici. Je suis sûre que ça va aller."

Ils semblaient tous deux encore indécis. L'officier Grimes se racla la gorge. "Je peux appeler ma femme pour lui dire ce qui se passe. Je suis sûr que vous vous entendriez bien. Peut-être que vous pourriez venir chez moi ce soir et ..."

Carol leva une main. "Non, non merci. Vraiment, je vais bien." Il n'était pas question qu'elle s'impose chez lui. Elle croyait vraiment qu'il allait rester à l'écart. Au moins ce soir. Il n'allait pas recommencer avant un petit moment. Elle essayait de se rassurer elle même.

Ils se regardèrent à nouveau avant de tourner les yeux vers elle. L'officier Walsh lui fit un sourire en coin. "Je finis mon service dans une heure. Je vais garer ma voiture de police juste là devant chez vous. Je n'ai pas de femme alors il ne serait pas très approprié de vous inviter chez moi. Mais je serai là."

Carol le regarda avec de grands yeux. Il ne pouvait pas être sérieux. "Vous ne pouvez pas faire ça."

"Au contraire, madame, je peux. Vous, vous restez à l'intérieur. Gardez la maison fermée à double tour."

Il fouilla dans sa poche et en sortit une carte. L'officier Grimes lui remit un stylo. Il griffonna quelque chose au dos de celle-ci et la lui tendit.

«C'est mon numéro de portable. S'il arrive quoi que ce soit appelez le poste de police, puis contactez-moi à ce numéro."

Elle regarda la carte un instant. Dieu, ces hommes devaient vraiment avoir pitié d'elle pour s'inquiéter autant. Cette ville était petite, c'était une chose à laquelle elle ne s'était pas encore habituée. Elle avait déménagé ici depuis Atlanta il y a quelques années pour prendre soin de sa grand-mère après le décès de son grand père. C'est à ce moment qu'elle avait rencontré Ed. Elle était plus habituée aux policiers des grandes villes, désensibilisés par la violence à laquelle ils devaient faire face tous les jours. Ces policiers de la campagne étaient très différents.

L'officier Grimes se racla la gorge. «Écoutez, vous avez fait tout ce qu'il fallait. Vous avez obtenu votre ordonnance restrictive. Dès que nous l'attraperons en train de la violer, nous ferons tout notre possible pour qu'il soit mis sous les verrous."

Elle leva les yeux vers eux sans pouvoir dissimuler sa tristesse. Le problème c'est que la prochaine fois qu'il romprait cette ordonnance elle ne serait probablement pas en vie assez longtemps pour le leur signaler.

Mais elle garda tout cela pour elle, remercia les deux hommes, et retourna à l'intérieur.

Elle ferma tous les verrous de la porte d'entrée, puis s'adossa contre elle en soupirant. La maison était bien trop grande pour elle. Sa grand-mère la lui avait léguée quand elle était décédée. Il y avait encore une hypothèque à payer et elle n'avait pas les moyens de l'entretenir. La garder fraîche durant les étés et chaude en hiver avec ce fichu climat Géorgien lui coutait aussi trop cher. Et aujourd'hui, elle avait été informée qu'elle était licenciée.

Elle avait rencontré Ed il y a deux ans et demi. Il était la première personne avec qui elle avait sympathisé quand elle était arrivée en ville. Il réparerait le moteur de la tondeuse à gazon d'amis à lui qui habitaient la maison d'à côté. Ils avaient commencé par discuter au travers de la clôture séparant les deux maisons. Il avait été charmant et attentionné, elle avait immédiatement craqué pour lui.

Il l'avait invitée à sortir et elle avait refusé mais il n'était pas du genre à abandonner facilement.

Après quelques semaines, elle s'était dit qu'elle lui avait assez parlé pour savoir que c' était un type bien. Sa grand-mère avait approuvé quand il s'était présenté avec des fleurs, demandant à la vieille femme la permission de faire la cour à sa petite fille. Carol avait été subjuguée.

Six mois plus tard, ils étaient mariés et six mois après leur mariage il avait commencé à la frapper.

Dès qu'ils s'étaient mariés il avait changé. Il était cruel verbalement au début, mais rapidement ça ne lui avait plus suffi et les coups avaient commencé à pleuvoir. Elle avait encore du mal à croire qu'elle était s'était fait avoir si facilement.

Lorsque sa grand-mère était morte en lui laissant tout ce qu'elle possédait, elle l'avait finalement quitté. Mais elle n'était certainement pas débarrassée de lui.

Elle traversa la maison, vérifiant à deux fois les serrures de toutes les fenêtres même celles des trois chambres à l'étage. La maison était verrouillée à double tour. Elle ferma la porte de sa chambre et la verrouilla derrière elle. Elle ne prit même pas la peine d'allumer les lumières, elle alla droit à son lit et se laissa tomber lourdement sur le dos.

Elle se dit que le moment était bien choisi pour s'apitoyer un peu sur son propre sort. Elle n'avait personne d'autre sur qui rejeter la faute pour la façon dont sa vie avait tourné. Elle avait de grands projets dans la vie avant de rencontrer Ed. Elle avait rêvé d'aller à la fac. Elle voulait faire carrière, quelque chose dans le domaine médical, elle voulait rencontrer l'homme de ses rêves, se marier et fonder une famille. Toute sa vie était sur des rails, elle avait un plan. Et puis Ed était arrivé, fichant tout en l'air et piétinant ses rêves.

Et elle avait été assez stupide pour le laisser faire.

Comment avait-elle pas vu cet homme horrible pour qui il était vraiment?

Maintenant, elle avait vingt-quatre ans, pas d'économies, pas d'emploi et passait par un divorce difficile.

Elle n'avait quasi rien à la banque, pas de compétences professionnelles à proprement parler et plus de factures qu'elle ne pourrait jamais en payer.

Ed avait insisté pour s'occuper de tout après leur mariage. Il avait été le seul à travailler, à payer les factures, il avait acheté leur maison et leur voiture. Il avait tout fait, alors qu'elle était restée à la maison, partageant ses journées entre ménage et cuisine, juste pour essayer de rendre son mari heureux.

Elle avait tellement honte d'elle-même.

Honteux d'avoir cru à ses mensonges, honte d'avoir supporté sa violence et ses coups. Et surtout, honte de s'être perdue elle-même. Elle était devenue une femme qu'elle ne reconnaissait même pas et maintenant payait pour ça.

Au bout d' un moment, elle arrêta de s'apitoyer sur elle-même assez longtemps pour jeter un coup d'œil par la fenêtre au travers des rideaux.

Fidèle à sa parole, l'agent Walsh était dans sa voiture, garé juste en face de sa maison. Au lieu de se sentir soulagée, elle se sentait coupable. Ce pauvre homme allait passer toute la nuit assis là à veiller sur elle.

Pourquoi n'avait-elle pas pu craquer pour un homme comme ça? Un homme qui était prêt sacrifier son sommeil et son confort juste pour veiller sur une étrangère ?

Elle soupira puis se passa une main dans ses cheveux. Eh bien, s'il allait passer la nuit là en bas juste pour elle alors le moins qu'elle pouvait faire était de lui donner quelque chose en retour.

Elle se précipita dans les escaliers et alluma les lumières de la grande cuisine. Elle avait toujours trop de nourriture. Elle adorait cuisiner, mais elle en faisait toujours trop et elle avait toujours des restes à ne pas savoir quoi en faire. Après qu'elle ait adopté le chien ils avaient partagé leurs repas. Elle s'était dit que ce n'était sans doute pas le régime le plus adapté pour lui, mais le gros toutou avait été ravi. Elle essuya les larmes de ses yeux. Elle n'arrivait toujours pas à croire qu'il avait tué son chien.

Elle sortit un tup' du frigo et ouvrit le couvercle. Les lasagnes d'hier au soir avaient été une franche réussite. Elle sortit une énorme part et la posa sur une assiette avec des légumes vapeur avant de la mettre à réchauffer au micro-ondes pendant qu'elle remplissait un thermos de thé glacé.

Elle allait probablement être ridicule. Enfin bon, l'homme avait déjà dîné mais il lui avait dit qu'il était seul ce qui signifiait probablement des diners composés de plats surgelés et de fast food.

Elle sortit sur le trottoir avec son chargement. Il était sorti de la voiture avant même qu'elle n'ait fini de traverser la rue et lui adressa un sourire lumineux.

"C'est quoi tout ça?" lui demanda-t-il en désignant l'assiette fumante et le thermos qu'elle avait coincé sous son bras.

"C'est un merci. C'est tout ce que j'ai." Elle lui rendit son sourire quand il a pris l'assiette et la renifla.

"Oh, wow. Vous savez depuis combien de temps je n'ai pas mangé un repas fait maison?" lui demanda-t-il en engloutissant une énorme bouchée.

Elle rit. Le bruit la fit sursauter. Combien de temps s'était-il écoulé depuis la dernière fois qu'elle avait ri?

"Je pense que la dernière fois, c'était à Thanksgiving, l'an dernier. Rick m'avait invité à manger. Mais je dois dire, Carol que je n'ai jamais rien mangé d'aussi bon. Vous êtes une déesse culinaire." Il lui fit un clin d'oeil et elle éclata de rire une fois de plus.

"Eh bien, j'ai pensé que je devais faire quelque chose pour vous. Je me sens mal de vous obliger à rester là." Son sourire s'effaça.

Il s'appuya contre le capot de la voiture et croisa les jambes. Elle s'assit sur le bord du trottoir et serra ses genoux contre sa poitrine.

"Il n'y a pas de quoi vous sentir mal. Je suis un oiseau de nuit de toutes façons. Si je n'étais pas ici pour veiller sur vous, je serais assis à la maison avec mes fesses sur le canapé, en train de manger un plateau-télé".

"Eh bien, je vous remercie, agent Walsh." dit-elle sincèrement.

"Shane. Vous pouvez m'appeler Shane». Il posa l'assiette vide, dévissa le couvercle du thermos et but une longue gorgée. Il roula des yeux de façon spectaculaire. "Continuez à me gâter comme ça et vous ne serez jamais débarrassée de moi. Pas besoin de remerciements."

Elle pris son assiette vide, mais lui dit de garder le thermos avec lui et lui souhaita bonne nuit.

Elle se sentait mieux en sachant que ça n'avait vraiment pas l'air de le déranger de rester debout toute la nuit et qu'il avait apprécié la nourriture. Maintenant que sa conscience était soulagée elle commençait à sentir l'épuisement la gagner. Après avoir nettoyé le peu de désordre qu'elle avait fait dans la cuisine, elle retourna finalement dans sa chambre.

Il ne lui fallut pas trop longtemps pour s'endormir. Rester endormie, c'était une autre histoire. Elle ne cessait de rêver de coups de poings et de chiens mutilés.

Le lendemain matin, elle se réveilla au son de la sonnerie stridente du téléphone posé sur la table de chevet. Groggy, elle répondit sans même prendre la peine de vérifier la provenance de l'appel.

"Bonjour?" marmonna-t-elle

«Il faut qu'on parle."

Elle se redressa dans le lit, son cœur martelant instantanément dans sa poitrine.

"Arrête de m'appeler. Je n'ai plus rien à te dire." dit-elle, détestant la peur qu'elle sentait transparaître dans sa vois.

"Tu penses que ça va m'arrêter? Tu peux te faire tous les flics de cette ville, ça ne m'arrêtera pas. Tu vas arrêter ces conneries et rentrer à la maison . Tu es à moi."

"Comment t'as eu ce numéro? " chuchota-t-elle.

"Tu n'est pas la seule à avoir des relations dans le coin. Laisse tomber Carol, que tu le veuilles ou non, tu vas rentrer à la maison." grogna Ed dans son oreille, avant de lui raccrocher au nez.

Il avait surveillé la maison. Il avait vu la voiture de police et probablement l'avait vue parler à l'agent Walsh hier soir. Elle repoussa les couvertures et se précipita vers la fenêtre. La voiture avait disparu. Bien sûr qu'elle avait disparu. Qu'est ce qu'elle croyait? Qu'il allait rester là toute la journée jusqu'à ce qu'il soit temps pour lui de retourner au poste de police? Elle s'éloigna de la fenêtre en poussant un gémissement de frustration.

Pourquoi ne pouvait-il pas juste la laisser tranquille ? Comment un type comme lui pouvait croire qu'une femme puisse avoir la moindre envie de vivre avec lui ?

Elle était sûre que la situation ne se serait pas arrangée si elle était restée mariée avec lui, bien au contraire. Elle saisit des vêtements sans même les regarder et se dirigea vers la salle de bain dans le couloir.

Une fois déshabillée, elle se retourna grimaça à la vue de son reflet dans le miroir de la porte de la salle de bains. C'était un rituel.

Ed ne l'avait pas seulement battue physiquement au cours de la dernière année et demie de leur mariage. Il avait fait tout ce qu'il pouvait pour la détruire émotionnellement et psychologiquement.

D'après lui, elle était un vrai déchet. Elle était inutile. Aucun homme sauf lui ne voudrait jamais d'une harpie comme elle. Elle était une bonne à rien, juste une chose bonne à être utilisée et jetée. Elle aurait du lui baiser les pieds, rien que pour le fait qu'il accepte d' être vu en public avec elle. Et ça, ce n'était que l'échauffement...

Elle regarda son reflet avec un regard critique. Elle n'était pas une gravure de mode, elle le savait. Mais elle n'était pas du tout comme Ed aurait voulu qu'elle se voie. Elle n'était pas laide. Elle n'était pas spécialement belle non plus, mais elle n'était pas hideuse comme il le lui avait répété encore et encore.

Elle n'avait pas un physique de top model mais elle n'était pas non plus une grosse vache, comme il le lui avait dit mille fois.

Elle n'avait pas que la peau sur les os, mais elle était suffisamment mince. Son ventre était plat, ses hanches et les cuisses bien fermes. Elle n'avait pas honte de son corps comme il l'avait voulu.

Enfin, elle n'en avait pas eu honte en tout cas.

Pas avant cette dernière nuit passée avec lui, quand elle lui avait dit qu'elle en avait assez et qu'elle le quittait.

Cette fois, il avait fait en sorte qu'aucun homme ne soit plus jamais capable de la trouver désirable.

Elle enleva les mains de son ventre, révélant les cicatrices. Neuf au total. Il ne l'avait pas coupée assez profondément pour la tuer. Juste assez pour s'assurer qu'elle resterait marquée à vie. C'était comme s'il avait signé de son nom à chacun d'entre elles.

Quelques-unes étaient longues, profondes et particulièrement hideuses. La plupart d'entre elles, cependant, n'étaient pas si terribles. De toutes façons, elle ne laisserait probablement jamais aucun autre homme les voir.

Elle n'était plus intéressé par les relations de couples de toutes manières. De son point de vue la seule personne à qui vous pouviez vraiment faire confiance, c'était vous-même.

Incroyable, ce que les gens pouvaient vous dire et vous faire croire pour vous attirer à eux, et après vous étiez piégés, coincés dans une spirale de souffrance infernale.

Elle était bien mieux toute seule, elle essayait de s'en convaincre.

Elle ne voulait plus faire confiance aux gens.

Cela ne voulait pas dire qu'elle ne le ferait jamais. Mais elle essayerai de s'en empêcher de toutes ses forces.

Son regard dériva vers ses autres cicatrices. Cinq sur chaque jambe à l'intérieur de ses cuisses, tout en haut. Ses mains tremblaient rien qu'au souvenir de la terreur qu'elle avait éprouvée quand il lui avait infligées celles-ci. Il avait fait en sorte que si un autre homme la touchait un jour, il saurait qu' Ed avait été là avant lui.

Il avait été arrêté pour agression. Il avait passé trois mois en prison. Son cousin était un procureur du district et avait réussi à lui obtenir la peine la plus faible possible.

Elle avait souffert et elle avait survécu, maintenant sa vie était juste ça. SA vie. Elle se détourna de la femme dans le miroir et alluma la douche. Elle avait des choses à faire. Elle allait déjeuner avec son avocat, elle allait appeler la société de prêt hypothécaire pour convenir d'un échéancier de paiement, puis elle allait se trouver un autre boulot. Et surtout, avant de rentrer à la maison, elle allait s'acheter une arme. Le chien n'avait pas suffi à le dissuader, mais même Ed n'était pas à l'épreuve des balles.

C'était une nouvelle journée et elle était une nouvelle Carol. Les choses allaient s'arranger, elle y croyait.

Elle n'avait pas survécu à tout ça pour laisser tomber maintenant. Pas quand la liberté était si proche qu'elle pouvait presque la toucher des doigts.