Coucou mes gens !

"Et Soudain, tout le monde me manque" touchant à sa fin, je vous présente cette idée de scénario qui mûrit dans ma tête depuis décembre,

J'espère que vous apprécierez,

Hâte de vous lire, c'est un réel plaisir, ça motive encore plus et surtout permet de vraiment croire que ce qu'on écrit est agréable.

Des gros bisous


Les bottines noires claquèrent sur le bois de l'escalier. Les pas étaient lourds et trainants. La grande brune souffla quand elle arriva enfin sur son palier ; la nuit avait été très longue. Une fois la porte ouverte, elle jeta son képi sur le comptoir de la cuisine. D'un geste désordonné, elle dégagea ses longues boucles du chignon stricte et enleva la chemise de son uniforme, affichant désormais un débardeur blanc qui mettait en avant sa peau halée et les muscles longs et fins de ses bras.

Elle retira ses rangers d'un geste des pieds et se dirigea à l'aveugle vers la chambre dans le seul but de se jeter sur son lit, son seul salut. La rencontre de son visage avec autre chose que son oreiller la fit sursauter :

- Putain ! s'emporta-t-elle en éclairant la chambre après s'être levée précipitamment.

Là, sur les draps, une robe noire emballée sur un cintre avec un enveloppe sur le dessus. Sourcils froncés et air suspicieux, la jeune femme s'empara du papier comme si la chose sur quoi il reposait pouvait s'enflammer à tout moment. Elle retira la lettre qu'elle lu d'une traite :

Janie,

Je suis sûre que Raphaël te trouvera sublime dans cette robe. N'oublie pas, 18h.

( Je t'interdis d'y aller avec le premier jeans à peu près propre que tu trouveras, suis-je bien claire ?! )

Je t'aime mon Bébé

Au fond de l'enveloppe, Jane trouva quelques billets de cent dollars, et bien sûr, aucune allusion à ceux-là dans la lettre. Ses parents ne cessaient de lui glisser quelques aides pour le loyer par ci par là ; une fois c'était une enveloppe glissée sous sa porte et la fois d'après, quelques billets qui se retrouvaient miraculeusement dans la poche de son blouson. Malgré les réprimandes de la jeune rookie, Angela et Frank avaient toujours continué. Jane contempla les petits bouts de papiers verts. Il était vrai qu'ils allaient l'aider à boucler la fin de mois difficile, mais elle avait également conscience des problèmes d'argent de ses parents, et pourtant…

Elle rangea la lettre et l'argent dans l'enveloppe avant de jeter un oeil sur le vêtement étalé en travers du lit.

Angela lui avait arrangé un rendez-vous avec le fils d'une de ses amies de la paroisse. Jane avait refusé d'y aller dans un premier temps, déclinant tout rendez-vous que sa mère pouvait lui arranger, question de principes après tout. Puis devant l'insistance de cette dernière, Jane savait que le seul moyen de s'en débarrasser était d'accepter une bonne fois pour toute, lui faisant promettre que ce serait la dernière fois qu'Angela s'immiscerait dans sa vie privée, ce à quoi la Mama Rizzoli avait, bien entendu, fait la sourde oreille.

Jane avait horreur des rendez-vous arrangés. Elle ne savait tout d'abord rien de cet homme, même pas à quoi il ressemblait et ensuite, c'était sa nuit de repos, et elle n'avait aucun envie de passer une partie de sa soirée avec un inconnu.

La jeune femme venait de quitter l'académie de police et faisait les rondes de nuit en tant qu'officier à la BPD. Son rêve depuis toujours était de viser le statut de Détective, il était alors hors de question de se détourner de son but ultime en se lançant dans une relation. C'était d'ailleurs pour cela qu'à l'âge de vingt et un ans, Jane n'avait jamais eu de petit ami. Étant plus jeune, les garçons ne s'intéressaient pas vraiment à elle et Jane, de toutes manières, ne s'intéressaient à eux dans le seul but de leur flanquer une dératé en sport ou dans la cours de récréation. Puis, lorsqu'était venu le temps des rencontres et des premiers rendez-vous, la grande brune n'avait que l'académie en tête et rien d'autre. Voilà pourquoi Angela voulait à tout prix lui faire rencontrer quelqu'un ; un homme adoucirait déjà peut-être son impétueuse fille et lui ferait s'ouvrir à autre chose que la police car, il fallait être honnête, le rêve de Jane n'était définitivement pas celui de sa mère.

Déjà le bizutage à l'académie lui avait fait hérisser le poil mais voir sa fille, arme à feu accrochée au ceinturon , être appelée au beau milieu de la nuit pour elle ne savait quoi de dangereux la rendait malade. Et voilà qu'en plus le second voulait suivre les traces de sa soeur et intégrer l'académie après l'obtention de son diplôme…

C'était alors également par « culpabilité » que Jane avait accepté de se plier aux rendez-vous arrangés de sa mère mais aussi pour lui faire plaisir. Il fallait juste jouer le jeu lors d'une soirée et lui dire que ça n'avait pas fonctionné puis attendre quelques semaines qu'Angela lui dégote une nouvelle trouvaille.

Jane accrocha le cintre à la porte de son armoire et pu enfin se jeter sur son lit, trop fatiguée pour se changer.

Dehors, le soleil se levait doucement. Boston se réveillait petit à petit, même si elle n'était jamais vraiment endormie.

[…]

Jane se tortilla dans sa robe, mal à l'aise. Ne prêtant aucune attention à cette soirée, elle n'avait même pas pris la peine de se renseigner sur l'endroit que sa mère lui avait indiqué avant d'y aller. Voilà qu'elle s'était retrouvée devant l'un des restaurant les plus chics de Boston. Elle ragea intérieurement en repensant à il y a quelques minutes plus tôt où un homme chargé du garage des voitures lui avait pris les clés de sa voiture ; un vieux tacot que Jane avait réussi à dégoter pour quelques billets. Le moteur avait tellement toussé et le grincement de la carlingue était si aigu que toute la rue s'était tournée vers elle. Là, Jane Rizzoli ne se sentait définitivement pas à sa place et elle n'avait pas son uniforme sur elle pour en dissuader plus d'un de se moquer.

Elle jeta un rapide coup d'oeil à sa montre : 18h01. Il était en retard et c'était le moment d'être pointilleuse. Jane était déjà prête à récupérer ses clés au voiturier quand on l'héla derrière elle :

- Hey, Jane !

La concernée se tourna pour découvrir un grand jeune homme, peut-être trois ou quatre ans plus âgé qu'elle, dans un costume deux pièces avec une cravate définitivement pas assortie à l'ensemble. Puis elle réalisa qui était ce Raphaël…

- Putain Ma… grogna-t-elle alors qu'il s'approcha, essoufflé.

- Désolé, c'est ma tante qui m'a déposé, ma voiture m'a lâché hier et je n'ai pas eu le temps d'y jeter un oeil… son sourire prit la moitié de son visage quand il fut près de Jane et put enfin la détailler clairement. Je suis content de te revoir, tu as… Tu as changé hein, hésita-t-il afin de rester courtois.

Jane se mordit la joue. Les yeux de l'italien étaient très clairement posés sur son léger décolleté. Toutefois, même si le « par changer, tu veux dire que j'ai de la poitrine ? » voulait à tout prix sortir de sa bouche, elle fit un effort pour rester polie :

- La dernière fois qu'on s'est vu Raphaël, j'avais quatorze ans, alors oui, normale que j'ai changé.

- Arrête ! Si longtemps ? Merde alors…

Son air béat lui rappela l'air de famille et elle maudit sa mère encore un peu plus. Elle n'allait pas la louper sur ce coup là.

- Sérieusement, Raph', on va pas dîner ici ?

Parce qu'aux dernières nouvelles, Raphaël avait le même salaire qu'elle et, tout à l'heure, ses yeux s'étaient curieusement posés sur la carte des apéritifs à l'extérieur lorsqu'elle patientait et elle avait failli s'étouffer en découvrant le prix d'un simple martini blanc citronné. À vingt dollars le verre, elle ne voulait même pas imaginer celui des plats.

Le jeune homme se passa alors nerveusement la main sur la nuque et se racla la gorge avant de prendre la parole, hésitant :

- Eh bien, je me suis dit qu'on pourrait juste boire un verre avant d'aller diner… Il y a une pizzeria vachement sympas un peu plus loin dans le centre.

Jane resta un instant bouche bée. Cela faisait à peine cinq minutes qu'elle était sur place et s'était sentie extrêmement gênée un nombre incalculable de fois juste parce qu'il voulait lui en mettre plein la vue avec une coupe de champagne dans un restaurant de luxe. Avant de sortir de ses gonds, Jane se rappela à nouveau : elle était la seule à savoir que s'était couru d'avance. Elle ne pouvait pas lui en vouloir d'essayer de l'impressionner. Alors elle secoua la tête et commença à s'avancer vers l'entrée. Sa réaction due être mal interprétée car, après un rapide calcul de ses économies et de ce sur quoi il allait devoir faire une croix au cours du mois, Raphaël trotta derrière elle tout en proposant :

- Mais bon, on peut toujours prendre un plat de tapas, hein !

Jane ferma les yeux quand elle entendit quelques ricanements derrière de ceux qui avaient entendu la conversation. Cette soirée allée définitivement être très longue.

[…]

Une fois installés au bar du restaurant avec vue sur toute la salle après avoir déposés leurs affaires au vestiaire, Jane s'excusa poliment et se dirigea vers les toilettes pour dames, son petit sac à la main.

À peine les portes franchies, elle en sortit son téléphone. Il ne fallut quelques secondes pour que l'on décroche :

- Ma tu te fous de moi ?! Raphaël, le cousin de Giovanni, ce Raphaël là ?! Pourquoi tu ne m'as rien dit ?!… Je suis calme !… Mais… Mais je m'en fous qu'il ait son propre garage, putain, Ma !… Je parle très bien !… Non, non, Ma, écout… Écoute moi… Ma, je te préviens… !

Ne pouvant plus en placer une devant la tirade de sa mère, Jane gronda et finit par lui raccrocher au nez dans un « putain » encore une fois très expressif. Elle se retint de claquer le téléphone contre le mur de carrelage et serra entre ses mains la vasque face à elle à la place. Alors elle entendit l'une des chasses d'eau et soupira fortement d'avoir été entendue.

- Il est très impoli de raccrocher au nez de quelqu'un.

Jane finit par ouvrir les yeux et croisa le regard de la jeune femme dans l'immense miroir. Elle se trouva un instant sans voix devant elle. L'élégance incarnée se trouvait là, juste à deux mètres. Les longues mèches de couleur miel ondulée tombaient en cascade sur les épaules nues. La jeune femme aux yeux couleur noisette et aux reflets émeraudes qui avait visiblement le même âge que Jane, portait une robe rouge bustier qui se terminait juste au dessus du genoux. Malheureusement, Jane ne put voir ses jambes qu'elle devina magnifiques vu la démarche de la blonde car elle venait d'arriver au niveau du lavabo et regarder cette femme de haut en bas ne serrait définitivement pas la chose la plus décente à faire.

- Si je me souviens bien, écouter la conversation des autres est aussi une chose très impoli, riposta Jane, son sourire victorieux au coin des lèvres.

La jeune femme arrêta un instant de se laver les mains et leva les yeux vers Jane pour la première fois. Après un instant où la jeune officier la vit hésiter, peut-être étonnée que Jane lui répondre, elle reprit, sans rien laisser paraitre :

- Nous sommes dans un endroit public et vu le volume sonore de cette conversation, nous ne pouvons pas dire que j'ai écouté, disons simplement que j'ai été dans l'obligation d'entendre ce que vous disiez…

Et en plus elle jouait sur les mots. Jane s'appuya d'une main sur le rebord en marbre et finit par se tourner définitivement vers elle, clairement en position de défi. L'inconnue le ressentit et se tourna à son tour en s'essuyant les mains.

Jane retint ses yeux de ne pas dévier vers le bas afin de pouvoir enfin découvrir les jambes bien dessinées qu'elle devinait depuis quelques minutes. Ou alors juste une demie seconde… Oui, juste une demie seconde.

La jolie blonde attrapa le chemin de son regard et ne put retenir un sourire satisfait.

- Et ce n'est définitivement pas un langage à adopter, finit-t-elle.

Dans un sursaut, Jane reporta son attention sur elle. Elle était très certainement restée plus d'une demie seconde finalement et cette femme continuait à lui faire la leçon. Pour qui se prenait-elle ?

- Excusez-moi ? demanda une Jane choquée.

L'inconnue jeta le papier qu'elle avait en main et sortie de son sac à main de quoi se refaire une beauté.

- S'excuser est également irrespectueux. On demande le pardon afin que l'autre l'accepte ou non mais bon… Vous êtes toute pardonnée, sourit la jeune femme.

Jane n'en revenait pas. Cette inconnue n'avait même pas saisi l'ironie de sa question. Elle en était bouche bée. Il lui fallait sortir de là au plus vite. Jane attrapa ses affaires et contourna la jolie blonde pour rejoindre la porte. Cette dernière la regarda alors dans le miroir, étonnée de sa réaction. Pour elle, la brune manquait définitivement de savoir vivre.

[…]

Sur le court chemin menant au bar… et Raphaël. Jane aperçut un mouvement précipité sur sa gauche. Elle tourna alors la tête et découvrit un homme attablé qui rangeait à la hâte quelque chose dans la poche intérieure de sa veste, regardant inquiet autour de lui. Elle remarqua très vite également le verre, certainement rempli de champagne, qui frétillait anormalement, comme si un cachet effervescent était en train de se dissoudre. Son instinct lui disait que quelque chose n'allait pas. Sans même prêter attention à Raphaël et à ce qu'il était déjà en train de lui dire, Jane s'installa sur son tabouret, ne lâchant pas la table une seule seconde. Alors le jeune homme sourit et se leva. De où elle était, Jane ne pouvait pas encore voir qui était cette personne. Enfin il fit le tour de la table et tira la chaise pour accueillir l'inconnue que Jane venait de quitter à l'instant dans les toilettes pour femmes. Elle serra les mâchoires lorsqu'il tendit son verre pour un toast et qu'elle y répondit. À la première gorgée et après avoir détaillé le regard presque prédateur du jeune homme sur la jolie blonde, Jane savait que son sixième sens ne l'avait pas alerté pour rien.

[…]

Malgré toute l'attention du monde et une certaine élégance que son cousin, Giovanni, n'avait pas pour sa part, Jane n'arrivait pas à se laisser séduire par Raphaël. Elle devait bien admettre qu'il était drôle, voire hilarant. En plus de cela, il était très beau dans son costume même si la cravate jurée avec et même si les boutons de la chemise menaçaient de sauter à chacun de ses mouvements, mettant en avant ses pectoraux bien dessinés. Pourtant elle avait du mal à se concentrer sur ce qu'il disait. Jane ne pouvait s'empêcher de jeter un oeil à la table sur sa gauche à peu près toutes les deux minutes.

La jolie blonde perdrait visiblement le contrôle sur sa manière d'agir. Plus d'une fois le bruit de vaisselle qui se percute, de verre qui est près à se renverser. Elle l'entendait rire de plus en plus fort sans compter sur sa nouvelle manière de se tenir à table, un peu plus avachi et définitivement moins classe qu'il y a une demi heure.

Pour Jane, il n'y avait pas de doute, cet homme l'avait drogué. Son cerveau fonctionnait à toute vitesse. Il était inenvisageable de la laisser partir avec lui. Mais comment elle allait s'y prendre ? Ce n'était certainement pas le moment pour faire un scandale dans un tel endroit. Et puis merde, pourquoi elle s'en inquiétait déjà ?!

- Jane ?

Dans un sursaut elle se tourna vers Raphaël. Lorsqu'elle rencontra son regard inquiet, elle devina que son absence avait du durer un certain temps.

- Excuse-moi, tu disais ?

- Si tu allais bien ? Je crois que je viens de parler dans le vide pendant un bon cinq minutes, s'amusa-t-il.

Jane secoua la tête dans un sourire. Alors qu'elle allait reprendre la parole, un nouveau bruit vint de la table qui avait toute son attention depuis un moment. D'un geste de la tête, elle vit l'inconnue, atrocement gênée, essayer de redresser le verre qui venait de basculer. L'homme se précipita en même temps qu'elle afin de l'y aider.

- On peut se mettre en route pour le restaurant si tu veux, proposa Raphaël qui n'avait même pas remarqué la scène en face de lui.

Pour Jane, c'était le moment d'agir :

- Non, Raph', c'est bon.

Dans la panique, la jeune femme avait fait tomber une partie de ses couverts sur le sol.

- Ah ok, on peut rester ici encore un peu alors…

Jane se tourna enfin vers lui.

- Non, je crois qu'on va en rester là pour ce soir.

Le visage du jeune homme se décomposa subitement et Jane lui offrit un sourire forcé, se rendant compte qu'elle avait horriblement manqué de tact. Du coin de l'oeil, elle vit l'inconnue se pencher pour ramasser ses couverts quand cette dernière failli perdre l'équilibre sur sa chaise.

- Vraiment Raph', c'est pas toi, je me sens un peu vaseuse, il vaudrait mieux que je rentre, mentit la grande brune, déjà debout, son sac sur l'épaule.

Le jeune homme se trouva prit de court et se leva à son tour.

- Si tu ne te sens pas bien laisse moi te raccompagner, je prendrai un taxi après t'avoir déposé chez toi.

Alors la jolie blonde qui s'était rattrapée in extremis au coin de la table, finit difficilement par se lever. Elle se tint la tête, étourdie, et s'excusa avant de se diriger vers les toilettes, titubante, son petit sac à la main.

- Non vraiment, c'est bon, c'est gentil d'avoir proposé, insista Jane en regardant la jeune femme partir.

- Bon et bien je t'appelle ? demanda Raphaël, déçu mais plein d'espoir.

- Oui si tu veux, on fait comme ça, lui répondit-elle alors qu'elle n'écoutait même plus, déjà en train de suivre l'inconnue.

- J'ai passé un agréable moment… !

Mais trop tard, Jane avait déjà disparu dans le couloir du fond. La rookie se précipita avant que la porte ne se referme. Là, se tenant difficilement sur le comptoir de marbre, l'inconnue essayait de reprendre son souffle, l'air complètement perdu. Jane s'approcha alors doucement afin de ne pas l'effrayer.

- Hey…

La blonde sursauta, n'ayant pas remarqué sa présence. Elle se tourna alors vers elle et sourit en découvrant le visage familier.

- Ah, c'est vous.

À nouveau la tête lui tourna et ses genoux devinrent faibles. Jane eut juste le temps de lui attraper le coude et les deux femmes se retrouvèrent plaquées contre le mur dans une position plus ou moins suggestive. À ce moment, une femme d'une cinquantaine d'année passa la porte et posa les yeux sur elles. Jane n'eut même pas eu le temps de réagir que cette dernière leva le menton dans un air choqué et rebroussa chemin en secouant la tête. Le corps contre elle devint subitement plus lourd et commença à glisser le long du carrelage murale.

- Non, non, non, restez avec moi ! Hey ! l'appela Jane en tapotant la joue de la jolie blonde qui commençait à perdre connaissance.

Légèrement secouée, elle ouvrit difficilement les yeux. Jane alors passa un bras autour de sa taille afin de la maintenir et, de sa main libre, posa le pouce sur sa pommette, juste en dessous de son oeil et l'index au niveau de sa paupière afin de mieux détailler son iris. La pupille dilatée et le regard hagard confirmèrent ses pensées.

- Le fils de pute, ragea Jane.

Sans qu'elle ne s'y attende, l'inconnue explosa de rire dans ses bras et la rookie eu encore plus de mal à la maintenir debout. Comme si elle se rendit compte de son manque de tenue, la jeune femme posa les mains sur sa bouche afin d'atténuer son rire.

- Langage, rouspéta-t-elle, son sourire difficilement contenu.

- Vous m'avez fait peur, s'amusa Jane, même dans cet état là vous arrivez encore à être coincée.

Se sentant offensée, la jolie blonde voulu se dégager de l'étreinte mais sa tentative fut veine. Elle laissa alors sa tête basculer contre l'épaule. Son corps entier manquait de force, elle était prête à s'effondrer à tout moment.

- Qu'est-ce qu'il m'arrive… bredouilla-t-elle.

Jane fut percutée par la détresse dans sa voix et la berça un instant, à la recherche d'une solution pour la faire sortir d'ici. Soudain, tout était clairement en place dans sa tête. De sa main libre, elle emprisonna la nuque afin de redresser le visage caché dans son cou. Les yeux mi clos qu'elle rencontra lui firent comprendre qu'elle n'avait vraiment plus beaucoup de temps.

- Ça va aller d'accord ? Tout est sous contrôle, vous êtes en sécurité, essaya-t-elle de la rassurer.

Avec difficultés, Jane finit par la conduire vers un toilette. La jeune femme toujours appuyée sur sa hanche, la rookie abaissa la cuvette et la fit assoir. Alors elle la redressa du mieux qu'elle put et lui encadra le visage afin qu'elle rencontre son regard.

- Je suis ici dans à peine deux minutes d'accord ? Je vais vous demander de rester éveiller, vous m'entendez, c'est très important.

- Mmmmmh, mmmmmmh… 'kay.

- Okay, confirma Jane en posant doucement sa tête contre le mur afin qu'elle ne se cogne pas, la drogue ayant atteint la force motrice de son cou.

Elle sortit et referma la porte derrière elle. En une foulée elle était déjà dehors. Furtivement elle jeta un oeil à la table où dinait l'inconnue. Le jeune homme y était toujours présent, l'air inquiet et ne cessait de fixer le couloir qui menait aux cabinets la jambe secouée de spasme.

- 'Chier ! s'emporta Jane.

Après quelques secondes seulement, elle attrapa le premier serveur qui passait près d'elle. Le jeune rouquin, quelque peu étonné, se liquéfia un instant en voyant le regard de la grande brune en face de lui.

- Un problème mademoise… ?

- Vous voyez cet homme là bas ? l'interrompit-elle.

Il hocha la tête, l'air de ne pas comprendre.

- J'ai besoin que vous me rendiez un service…

Alors elle lui exposa son plan. D'abord horrifié de peur de perdre son travail avec ce que Jane lui demandait, il refusa obstinément. Ensuite, la plaque d'officier en argent que Jane lui brandit sous les yeux ne put que le faire changer d'avis. Il s'effaça, la tête rentrée dans les épaules et Jane retourna rejoindre la jolie blonde.

Là, plus affaissée que lorsque Jane l'avait quitté, la jeune femme ouvrit difficilement les yeux et esquissa difficilement un sourire triomphant :

- Pas… do… mie…

Jane sourit tendrement. Il y avait quelque chose avec cette femme, pensa-t-elle.

- Un vrai petit soldat, la récompensa l'italienne en la soulevant à nouveau.

Avec difficulté, elles finirent par atteindre le couloir. Jane traina la jeune femme jusqu'à l'embrasure et attendit le feu vert du serveur. Même pas une minute plus tard, elle le vit, un plateau de coupes bien garnit sur une main et une pile d'assiettes sales dans l'autre. Il croisa le regard de la rookie et, contrit, il suivit le plan. Dans une mise en scène qui lui aurait certainement valu un oscar, il fit mine de trébucher et renversa le plateau sur le jeune homme attablé. Ce dernier se retrouva couvert de champagne et recula vivement sa chaise en se levant. C'était maintenant, pensa Jane. Alors qu'il grondait sur le pauvre rouquin, les deux femmes atteignirent le vestibule d'entrée, là où se trouvait le vestiaire. Jane tendit son ticket et leva les yeux au ciel quand elle se rendit compte qu'elle n'avait pas celui de la jolie blonde. Avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, la femme qui les servait lui tendit deux manteaux.

- Très bonne soirée, Miss Isles.

- 'ci, Myriam… articula difficilement la concernée, se tenant toujours à l'épaule de sa sauveuse.

Étonnée, Jane la dévisagea et reporta son attention sur la dénommée Myriam qui, d'ailleurs, la regardait d'un oeil suspect, considérant le comportement étrange de la blonde.

Jane ne demanda pas son reste et sortit. Après avoir donné le second ticket au voiturier, Jane passa le manteau de la jeune femme sur ses épaules et la serra fortement contre elle. L'air frais avait, pour un court laps de temps, réveiller la jolie blonde avant que celle-ci ne finisse à nouveau par ne plus tenir sur ses jambes. La drogue, en une demie heure de temps, avait complètement fait effet et l'inconnue était totalement inconsciente.

Le voiturier lui ouvrit la porte passager et après l'avoir installé, Jane monta côté conducteur. Dans un bruit assourdissant, elle démarra en trombe.

- Hey, commença l'italienne en agrippant la nuque de la jeune femme alors que sa tête basculée en avant. Il va me falloir votre adresse… Hey !

Juste un murmure inaudible lui parvint. C'était peine perdue… Jane soupira.

- Bien joué, Rizzoli, et maintenant tu fais comment ?

Elle jeta à nouveau un oeil sur la belle inconnue. Sa tête était tournée contre la vitre, les mèches ondulées cachant presque la totalité de son visage. Sa poitrine se soulevait à un rythme régulier, indiquant le profond sommeil superficiel dans lequel elle était plongé. Jane hésita encore un instant ; elle n'allait pas la ramener chez elle, non ? Puis quoi après tout ? Elle n'allait pas la laisser dans le premier hôpital qu'elle allait croiser. Elle démarra une fois le feu passé au vert et se dirigea vers son appartement.

[…]

La montée des trois étages fut fastidieuse car même si la jolie blonde était un poids plume, un corps endormi restait tout de même un poids mort. Jane claqua la porte de son appartement et se dirigea de suite vers sa chambre. Elle installa alors la jeune femme sur son lit et s'assit sur le bord pour reprendre son souffle. La rookie se passa les mains sur le visage et soupira fortement. Son regard se posa sur la jeune femme allongée près d'elle.

La rage la gagna en repensant au salopard qui l'accompagnait… Et dire que si elle n'avait rien vu… La pensée de ce qui aurait pu se passer lui traversa l'esprit et elle secoua la tête. La joli blonde était en sécurité maintenant et c'est tout ce qui comptait.

Elle se leva et alla dans la salle de bain pour se changer, se passant un débardeur et une paire de pantalons de pyjama ample. Avant de revenir dans la chambre, elle amena une lingette démaquillante afin de débarbouiller le visage de la jeune femme dont le mascara avait finit par couler. Doucement, elle s'affaira, dégageant par la même occasion les mèches rebelles qu'elle étala sur l'oreiller. Elle ne pouvait pas arrêter de penser à la beauté de l'inconnue. Puis, juste à sa prestance, elle savait déjà qu'elles n'étaient pas du même monde toutes les deux. Sans compter le « Miss Isles » de cette Myriam tout à l'heure qui lui trottait dans la tête. C'était vraisemblablement une marque de respect. Peut-être que c'était une habitué du lieu ? Peut-être…

Un léger soubresaut et le corps de la blonde bascula sur le coté, recroquevillé sur lui-même. Jane lui retira ses talons hauts et dégagea les couvertures afin de la couvrir pour la protéger du froid. Après un temps à la regarder encore, elle finit par quitter la chambre en refermant doucement la porte derrière elle. Le lendemain matin risquait d'être particulier.