Bonjour à tous ! Je vous présente humblement ce qui devait être au départ un one-shot et qui par la force des choses s'est transformé en mini fanfiction. L'inspiration est une bête curieuse...

Silent Rain traitera de l'amitié complexe qui lie Naruto et Sasuke (attendez-vous donc à des insultes et des pensées à la limite du suicidaire, courtoisie de notre cher Uchiwa) sur un fond de NaruHina (la romance n'est pas le sujet principal ici). Je préviens ainsi les fans de yaoi qu'ils ne trouveront pas leur bonheur chez moi. Je trouve juste leur amitié plus intéressante à traiter. Après je ne suis pas sectaire, rien ne vous empêche de jeter un coup d'œil (je vous y encourage même !).

J'espère que vous apprécierez cet essai de ma part dans l'analyse des méandres de l'esprit de nos deux comparses favoris.

Les personnages utilisés ici ne m'appartiennent pas. Je les emprunte juste à un grand malade : Mister Kishimoto-sama.


La pluie tombait sur Konoha en cette fin de matinée. Des trombes d'eau descendaient du ciel pour venir envahir les rues et gorger les terres, assurant ainsi le rendement à venir des cultures. Un symbole de vie.

Les nuages gris s'amoncelaient et cachaient la lumière, réduisant la visibilité. On ne voyait pas à 20 mètres derrière ce rideau de pluie et de grisaille.

« Pas d'entrainement aujourd'hui alors, hein ? » se dit Sasuke avec ennui, prostré derrière la baie vitrée de son salon donnant sur sa cour intérieur. Malgré sa grande acuité visuelle, le shinobi n'arrivait pas à distinguer la barrière délimitant la maison principale dans laquelle il résidait du reste du domaine Uchiwa. L'entrainement était définitivement banni de l'ordre du jour.

Un soupir de lassitude échappa ses lèvres. A part s'entrainer il n'avait pas grand-chose à faire. 3 options se présentaient à lui : lire un livre, nettoyer la maison ou dormir.

La première option était un de ses passe-temps favoris. Il aimait plonger dans des histoires sans fin et suivre les exploits de héros oubliés. Cela l'empêchait de penser. Le jeune homme avait pour habitude de s'installer dans le vieux fauteuil de son père près de la fenêtre pour procéder à sa lecture, imitant sans le vouloir un vieux souvenir. Il pouvait rester là dès heures. Il lui arrivait parfois de passer des nuits blanches, happé par un très bon roman. Arrivé à la dernière page, il s'effondrait, épuisé. Le sommeil qui s'en suivait était toujours un sommeil sans rêve, sans cauchemar. C'était très reposant.

Oui, Sasuke aimait beaucoup lire. C'est donc avec regret que le jeune homme laissa de côté cette option. Il avait relu au moins 3 fois chaque livre présent dans cette maison. Il lui faudrait aller à la bibliothèque, mais avec ce temps…

Le shinobi considéra l'option n°2 un bref instant avant de se raviser. Sa maison était immaculée. Pas une tache, pas une miette, pas un gramme de poussière ne croisait son champ de vision. Il pensa dans un mélange de fierté et d'amertume que plus aucune trace de sang n'était visible sur les murs.

Ses mains portaient encore les cicatrices de l'époque à laquelle il avait frotté chaque parcelle du domaine Uchiwa avec frénésie. Sasuke se rappel s'être énervé comme un fou sorti de l'asile contre ses mains, qui, après avoir nettoyées la maison de ses grands-parents, avaient à leur tour tachées de leur sang la table de la cuisine, meurtries par trop d'efforts. Il les avait frappées contre les murs avec colère. Tout devait être parfait, absolument parfait.

Son désir d'éradiquer toute preuve visible de la pire nuit de sa vie l'avait conduit dans une transe presque démentielle. Le petit garçon avait alors passé 3 semaines à récurer de fond en comble le domaine Uchiwa tout entier sans jamais s'arrêter plus de 3 heures.

Il avait terminé son grand nettoyage, éreinté et en larme devant l'endroit où avaient git les corps sans vie de ses parents. Peut-être dans le but d'enfoncer encore plus le petit garçon dans le désespoir l'univers lui avait joué un tour ignoble : ça avait été la tache la plus difficile à enlever.

Encore aujourd'hui lorsqu'il entrait dans cette pièce, Sasuke pouvait sentir une faible odeur de vinaigre, l'idéal pour faire partir les traces de sang comme le sait tout bon ninja. Le parquet à cet endroit-là, légèrement gondolé, en était imbibé à jamais. Ce n'est pas étonnant quand on sait les doses industrielles qu'il avait déversé pour faire partir ce maudit liquide pourpre. Mais quel soulagement le petit garçon d'alors avait ressenti en regardant la dernière preuve de l'assassinat de son clan disparaitre à jamais ! Comme si le monde redevenait normal. Depuis le jeune homme avait gardé un certain attrait pour la propreté, proche parfois de l'obsession.

Il ne lui restait donc plus qu'à aller dormir. Il se dit avec ironie qu'il avait une vie très remplie pour n'avoir que 3 options d'occupation par temps de pluie ! C'est le genre de choses qui arrivent quand on se consacre entièrement à un but précis. Pour la dixième fois au moins depuis le début de la journée Sasuke maudit Itachi dans sa barbe en se dirigeant vers sa chambre.

Au moment où le jeune homme allait fermer les yeux pour rejoindre le monde de Morphée, un bruit sourd atteint ses oreilles. Étant un ninja (et un très bon d'ailleurs, il ajouterait) il n'eut aucune peine à en distinguer l'origine : ça venait de la porte d'entrée.

Le shinobi se retourna dans son lit, qui que cela puisse être il n'irait pas répondre. Il n'avait envie de voir personne, enfin, pour être plus précis il n'avait jamais envie de voir personne, et encore moins quand il était si bien installé. Ignorant les coups qui retentirent à nouveau, il ferma les yeux.

« ENFOIRÉ JE SAIS QUE T'ES LA ! OUVRE! » Cria sans aucune pudeur ce qui semblait être à l'Uchiwa son abrutit de coéquipier : Naruto Uzumaki, le ninja le plus bruyant de Konoha. Cet empaffé portait bien son surnom. S'il n'arrêtait pas bientôt de marteler sa porte elle finirait par céder.

Pensant à ses magnifiques boiseries, le jeune homme quitta son doux lit pour rejoindre l'auteur de ce tapage. Il prit une grande inspiration – il ne fallait pas tuer cet idiot – avant d'ouvrir la porte.

Pas de doute, c'était bien lui. Sasuke ne connaissait personne d'autre avec des goûts vestimentaires aussi douteux. Le fait que Naruto soit encore vivant avec une tenue aussi visible en mission (sérieusement, orange?) l'étonnerait toujours. Heureusement, la Godaime n'était pas assez folle pour lui donner des missions d'infiltration, sinon il ne serait sans doute plus de ce monde.

L'Uchiwa se dit que de toute façon, même habillé totalement en noir son ami serait loin d'être discret. Rien qu'en reprenant son souffle il était bruyant. Les mains posées sur les genoux, la tête baissée, il respirait lourdement.

Il était également complètement trempé, ses cheveux blonds d'habitudes rebelles sur sa tête lui tombaient devant les yeux. Le ninja le plus imprévisible de Konoha avait dû courir sous la pluie jusqu'ici.

Le dit ninja releva finalement la tête pour fixer ses yeux bleus, visiblement ennuyé, dans le noir de ceux de Sasuke, impassible :

« _ Bon alors, tu me laisses entrer ? Grommela-t-il

La seule réponse qu'il obtenu fut le claquement de la porte se refermant sur son nez.

_ Salaud ! C'est comme ça que tu traites les amis ?! Ouvre immédiatement ! Tu vas quand même pas me laisser crever sous la pluie ?! » S'insurgea le futur Hokage

Derrière la porte, le brun restait stoïque. Il pouvait entendre Naruto crier à plein poumon, l'invectivant de le laisser entrer. Sasuke considérait tranquillement la question pendant que son meilleur ami restait sous la pluie à attraper la mort. Il avait rarement des jours de congé et la perspective d'en passer une partie avec son coéquipier ne l'enchantait guère.

Soudain les cris s'arrêtèrent. Un silence de quelques secondes s'en suivit avant que la voix du blond ne ressurgisse à nouveau dans un faible murmure :

« Sasuke, j'ai besoin d'aide »

La porte s'ouvrit.


L'opinion qu'avait Naruto de son sombre coéquipier était très changeante. Un jour il était son meilleur ami, un autre son rival. Une fois il le voyait comme un homme brisé, une autre comme un puissant shinobi.

Aujourd'hui, s'était un trou du cul. Un gros trou du cul. Mais son thé était délicieux.

« _ Sérieusement, tu m'aurais laissé geler dehors sous la pluie sans aucun scrupule ? Demanda-t-il amèrement à son ami, dos à lui, occupé à préparer des amuses-gueules sur le plan de travail de sa magnifique cuisine.

Sasuke hocha les épaules. Le blond ne pouvait pas voir son visage mais il était sûr qu'il souriait (enfin un petit sourire d'Uchiwa, imperceptible pour les yeux non-habitués). Quel enfoiré !

Cependant le futur Hokage oublia vite sa rancœur une fois que la nourriture arriva à sa portée. Il était affamé et ces petits gâteaux avaient l'air succulents.

Après en avoir reniflé un suspicieusement (le bâtard pourrait très bien l'empoisonner, sait-on jamais) il le porta à sa bouche. Il ne vit pas son ami rouler des yeux face à son petit manège, trop occupé à mâcher joyeusement la précieuse offrande.

Bientôt il n'en restait plus une miette. Le brun qui s'était assis entre temps en face de lui n'aura pas eu le temps d'en profiter. Cela ne semblait pas le déranger outre mesure, il sirotait son thé en silence en contemplant la pluie par la fenêtre. Il avait l'air serin pour une fois.

Naruto lui accordait ça : le trou du cul savait recevoir. Le plus difficile finalement c'était d'entrer. Néanmoins, une fois à l'intérieur, on avait droit à un homme poli vous offrant à boire et à manger avec tout le décorum. Sasuke, aussi distant et froid soit-il, venait après tout d'une famille noble de Konoha et ainsi avait été élevé en conséquence. S'il le voulait, le shinobi pouvait passer pour un parfait gentleman. Il avait des manières et le blond devait le reconnaitre : une certaine prestance que lui n'aurait jamais. C'était précisément pour cela qu'il était venu.

« _ Sasuke, j'ai besoin de ton aide pour quelque chose, commença-t-il difficilement. Le fait de lui demander une faveur lui pesait beaucoup. Le jeune homme avait sa fierté. Il avala le restant de son thé vert d'une traite et continua devant son ami toujours impassible :

_ Il y a du nouveau dans ma vie et j'ai besoin de toi pour ne pas tout foutre en l'air », termina-t-il dans un souffle en baissant la tête, les joues rouges. Il fixa son regard sur la tasse entre ses mains. L'enfoiré avait un très joli service en porcelaine bleu nuit qui devait sans doute valoir une petite fortune. Ça lui rappelait ses cheveux. Décidément tout le ramenait à elle en ce moment.

Il releva les yeux pour les poser sur l'Uchiwa. Celui-ci le scrutait avec sérieux. Le futur Hokage se dit qu'au moins il avait réussi à attirer son attention. Il se gratta l'arrière de la tête nerveusement : c'était déjà ça de gagné.

Le shinobi solitaire, de par son statut de glaçon le plus frigide de Konoha était très difficile à intéresser. Certes il s'était un peu radouci avec les années mais il restait toujours d'une froideur extrême, au plus grand désespoir de Sakura. Naruto, contrairement à sa coéquipière avait réussi à s'y faire. Bien sûr, il était très volubile, et de ce fait s'était souvent heurté au silence de son ami face à ses tentatives pour commencer une conversation.

Cela avait engendré de nombreux moments horriblement gênants (enfin, surtout pour lui, le bâtard avait l'air de s'en foutre royalement de le mettre dans l'embarras) mais Naruto restait Naruto : il n'abandonnait jamais.

Seulement, le jeune homme avait aussi dû s'adapter. Certes, au fil des ans il avait réussi à obtenir des réponses de son coéquipier, jusqu'à instaurer un climat de confiance doublé d'une amicale rivalité mais le brun, contrairement à lui ne serait jamais quelqu'un de très bavard. Il lui avait donc fallu apprendre à partager ses silences.

Cela avait été très difficile au départ. L'Uchiwa l'envoyait se faire voir à chaque fois qu'il restait plus de 5 minutes à ses côtés en dehors des missions. Et quand le blond restait plus longtemps il finissait toujours par l'ouvrir, au grand dam de son comparse. Dans ces moments-là ils en venaient régulièrement aux mains. Naruto se souvenait d'une journée en particulier où son ami avait été encore plus irritable que d'accoutumé.

Par une belle soirée d'été, Sasuke avait tenté de le tuer.