VOIX OFF : Les hôpitaux sont les endroits où les gens passent le plus de temps à attendre. Attendre un médecin, attendre une naissance, attendre un décès, attendre un peu d'espoir. Il n'y a rien de pire que d'attendre, parce que rien ne dépend de vous. Vous aurez beau essayer de faire changer les choses, au final vous êtes impuissants. Passifs. Si vous regardez dans le dictionnaire vous verrez qu'au mot attendre il est inscrit Rester en place pour la venue de quelqu'un ou de quelque chose… Et bien, c'est exactement ma position aujourd'hui. J'attends.
Chez Meredith.
Méredith et Georges sont debout dans le couloir, devant une porte close. Ils sont en pyjamas et tambourinent contre le bois. « Izzie ! Dépêche toi : On a besoin de la salle de bain ! » Crie le garçon. « ON va être en retard ». la porte s'ouvre sur une Izzie à moitié nue, la brosse à dent dans la bouche et en train de réunir ses cheveux en une longue queue de cheval. « Bah fallait etr'chez. Ch'est ouvert… » Georges ferme les yeux alors que Meredith le dévisage.
« pourquoi tu n'as pas ouvert ?
- Pourquoi tu n'as pas ouvert toi-même ?
- Parce que je t'ai vu en train d'attendre, je me suis dit que c'était fermé. Pourquoi t'es pas entré ?
- Je ne…Ecoutez vous êtes des filles, je suis un garçon. » Meredith et Izzie échangent un long regard. « Brillante conclusion, Sherlock. T'as trouvé ça tout seul ?
- Ce que je veux dire c'est que…on ne peut pas partager une salle de bain, en MEME temps. Vous ne pouvez pas faire comme si je n'étais pas là…OU comme si je n'avais pas d'hormones masculines. Vous comprenez ? » Les filles le regardèrent un instant, puis sourirent. « Très bien. Dans ce cas…Tu seras en retard ce matin. » La porte claque dans un éclat de rire.
Au bord du lac.
Derek est assis au bord du lac, il pêche. Enfin c'est ce qu'il veut faire croire parce qu'en réalité il n'a pas mis d'asticot au bout de son hameçon. Il a déjà de quoi manger pour deux jours, il ne veut pas vider le lac. Il a juste envie d'être tranquille pour réfléchir et cette canne à pêche est un excellent prétexte pour cela. Personne ne vient parler à tort et à travers à un pêcheur. Au contraire, lorsqu'on en voit un on baisse d'un ton, respectant son silence. Derek s'est d'ailleurs longtemps demandé pourquoi ? Les poissons sont sourds de toute façons, ce n'est pas une discussion qui va leur faire peur. Mais aujourd'hui il a compris : le silence n'est pas pour le poisson, c'est pour le pêcheur qui attend patiemment. Et qui réfléchit.
Addison jette un œil par la fenêtre de la caravane : Derek est toujours planté devant ce stupide lac. Elle est sûre qu'il ne pêche plus. Comment ? Parce qu'elle le connaît par cœur. Ils ont déjà trois truites dans le frigo –l'odeur lui soulève le cœur. Et ils n'en n'ont pas besoin de plus. Alors que fabrique t-il sous cette pluie fine qui n'a pas cessé de tomber depuis son arrivée à Seattle ? Rien. Il la fuit sans doute. Il pense à Meredith. La jeune femme sent son cœur se serrer, elle songe qu'elle est en train de se battre contre un rêve, un fantasme. Elle essuie rageusement ses larmes. Etre chirurgien c'est ne pas capituler. Tant qu'il y a de l'espoir, il y a de la vie. Addison est prête à attendre le temps qu'il faudra pour remporter cette bataille.
Oh, oh
... Amour
impossible
Fatiguée d'attendre
De toi des mots tendres
Que
tu ne diras pas
Toi qui ne penses qu'à toi
Quoi de plus terrible
De perdre ou te suivre
Te
rêver, ou vivre. (Patricia Kaas)
