Moonlight Mirage
La lune est claire, ce soir. Usa voudrait pouvoir détourner les yeux, mais la lueur un peu sinistre la fascine, et elle tend presque la main pour mendier un rayon d'espoir. C'est ainsi chaque soir. Demain, elle oubliera, et la douleur qui la mord au cœur ira danser sa valse mortuaire un peu plus profondément en elle, le temps d'un répit. Et puis à nouveau les rayons éclaireront son visage, et elle ne pleurera pas, parce que cette douleur-là est au-delà des larmes.
La terre est bleue et vivante, et l'air frais qui lui effleure la joue ramène à elle les débris du passé. Elle sent les doigts fins de maman, dont la voix douce chante les mystères de l'être. Mais sa mère, sa mère, elle, n'est pas là. Elle ne sera plus là, et c'est ce constat formidable qui s'empare d'elle chaque soir, chaque nuit, quand la lune brille et que la tristesse la surprend à peine. Et un jour, demain peut-être, elle oubliera, dit la voix loin au fond d'elle. Alors Usa a peur, et elle continue de fixer la mort en face, comme pour la retenir près d'elle.
