Prologue
Elle criait, recroquevillée comme une enfant blessée. Elle criait comme elle le faisait parfois sous l'effet du Crucio. C'était la même douleur, mais différente à la fois. Plus concentrée, plus inconfortable, plus naturelle. Plus. Et ça s'arrêtait soudainement, sans qu'elle ne comprenne pourquoi. Elle pouvait respirer, reprendre son souffle, dégager ses cheveux collants de son visage. Mais elle n'avait pas le temps de se redresser que la douleur l'assiégeait encore, plus forte, plus puissante. Elle serra les dents, si fort qu'elle pouvait les entendre grincer dans son crâne.
- Kreattur !
L'elfe apparut aussitôt et salua sa maîtresse, peu troublé par la torture qu'elle subissait.
- Va...chercher...ma...soeur...immédia...tement !
Elle respira enfin à pleins poumons quand la douleur disparut et ferma les yeux, craignant l'instant où elle reviendrait. Elle n'ouvrit même pas les yeux quand elle entendit le pop caractéristique du transplanage.
- Bella, qu'est-ce que tu...
Elle s'arrêta de parler, examinant sa sœur d'un œil critique. Ce n'était pas surprenant pour elle d'être appelée pour la soigner après que Lord Voldemort ait joué avec sa baguette sur sa sœur.
- Qu'as-tu fait ?
Sa voix était à la fois inquiète mais contrôlée, parce qu'elle était une Black après tout, et qu'une Black ne devait rien laisser apparaître.
- Rien... Comme ça, réussit-elle à articuler.
Elle fronça les sourcils et sortit sa baguette de la manche de sa robe. Elle l'agita calmement alors que sa sœur se pliait en deux sous l'assaut de la douleur.
- Par Merlin, souffla-t-elle. Tu es enceinte, Bella.
Son masque d'indifférence explosa en morceau et elle porta sa main à sa bouche, surprise, horrifiée, troublée. Envieuse.
- Im...Impossible !
- Tu as des contractions à cet instant, Bella. Tu ne le savais pas ?
La brune hocha la tête.
- Comment n'as-tu pas pu avoir la moindre idée ?
- Je ne... sais pas ! S'énerva-t-elle, en serrant les dents. Aide-moi !
- Je préviens un Médicomage.
- Non ! Toi ! Juste toi !
Bellatrix cria, d'une voix si stridente que Narcissa attrapa finalement la main de sa sœur, qu'elle serra avec force. Elle ordonna à l'elfe de l'eau chaude, des serviettes et des potions anti-douleurs. Des dizaines de potions anti-douleurs.
Elle se releva ensuite, se déshabilla de sa cape verte en velours, la plia puis la déposa sur une des chaises de la chambre et retroussa finalement ses manches avant de plonger ses mains dans l'eau chaude. Elle inspira une grande bouffée d'oxygène avant de dévêtir sa sœur d'un sortilège.
- Tu me seras certainement redevable, Bella, annonça-t-elle clairement alors qu'elle vérifiait l'élargissement du col de l'utérus de sa sœur. Elle ouvrit de grands yeux.
Elle ne répondit rien et se contenta de respirer tel un petit chien.
- Tu as des contractions depuis combien de temps ?
- Ce…matin…
Elle lança à nouveau un sort de diagnostic, expira et se reprit.
- Tu peux pousser.
Elle cri a, et cria encore, jusqu'à ne plus avoir de voix, jusqu'à ce que tous les fluides de son corps se soient répandus sur le sol sous le regard dégoûté de Narcissa. Et comme la douleur apparut, elle disparut. Pas totalement, évidemment. Bellatrix s'écroula sur son lit, alors que plus loin des petits cris se faisait entendre. Narcissa utilisa sa baguette pour couper le cordon ombilicale puis elle lança un rapide sort de diagnostic sur le bébé avec un petit sourire.
- Elle va bien, déclara avec soulagement Narcissa en approchant la fillette près de sa mère, ne la lâchant pas du regard. Elle appela son elfe pour s'occuper du nouveau-né pendant qu'elle termina de suturer le périnée de sa sœur.
Elle s'absenta ensuite, laissant sa sœur reprendre ses esprits et canaliser le peu d'énergie qui lui restait et elle revint. Souriante, scintillante, immaculée portant un petit paquet rose dans ses bras.
- Tue...la, annonça Bellatrix de sa voix froide et épuisée, sans même lui accorder un regard.
Elle resserra sa prise sur la fillette et recula d'un pas, comme pour la protéger de la folie de sa mère.
- Quoi ? Non.
- Il le faut. Donne-moi ma baguette.
Elle ne bougea pas.
- Tu ne peux pas faire de magie. Et je ne la tuerai pas.
Elle berça la petite fille avec un sourire, puis quelque chose la frappa, si fort qu'elle aurait pu en lâcher le bébé.
- Elle n'est pas de Rodulphus.
Elle ne posait pas une question, mais voyait clairement l'évidence dans ce visage aux traits fins.
- C'est pour ça qu'il faut la tuer.
Elle leva les yeux et croisa ceux de sa sœur. Elle avait peur. Et c'était une vision étrange. Troublante.
- Non. Elle n'y est pour rien.
- Je m'en fiche d'elle ! Elle n'est rien ! Je ne vais pas tout gâcher à cause d'elle. Tue-la !
Narcissa pouvait sentir la magie dans l'air, cette force obscure et dangereuse qui se trouvait toujours autour de sa sœur. Elle devait y être habituée maintenant, pourtant elle frissonna.
- Non Bella !
Elle n'avait pas la réputation de hausser la voix, et ce signe l'interpella.
- Donne-la moi, ordonna-t-elle.
Narcissa s'approcha du lit, doucement, un air suspicieux sur le visage.
- Je veux juste la voir, la prendre dans mes bras pour voir si elle mérite que je la garde.
Elle tendit la petite à sa mère, qui dès l'instant où elle fut collée contre sa poitrine serra son minuscule cou dans sa main. Le bébé se réveilla et pleura autant que l'oxygène commençait à lui manquer.
- Stupéfix ! S'écria Narcissa arrachant sa nièce des bras meurtriers de sa sœur.
Elle berça la petite à nouveau, faisant réveiller en elle un instinct maternel dont elle ne connaissait pas encore l'existence puis après quelques minutes, elle annula le sortilège.
- Tu ne peux pas la tuer. C'est une Black et elle mérite de vivre.
Bellatrix n'eut pas le temps de répondre que sa sœur reprit la parole. Elle ne lui parlait pas à elle, mais à la petite fille dans ses bras.
- C'était ta Mère, et bien que ça m'attriste de l'admettre, il te sera beaucoup plus profitable de ne plus la revoir, petite sorcière.
Elle serra le bébé avec force contre sa poitrine, ferma les yeux pour évacuer toute la colère contre sa sœur et disparut en un instant.
Deux heures plus tard, quand elle retourna au chevet de la brune, tout était différent. Tout était si propre, si normal. Bellatrix était assise sur son lit, les jambes croisées, sa tenue impeccable.
- Je l'ai déposé...
- Je m'en fiche.
Elle pointa sa baguette vers l'aristocrate blonde qui eut à peine le temps de froncer les sourcils.
- Oubliette.
Le sort la toucha avant même qu'elle ne put réagir et bientôt son visage perdit en contenance et elle se retrouva dans la chambre matrimoniale de sa sœur, perdue.
- Tu oublies ta cape, Cissy, Bellatrix fit remarquer en désignant la chaise dans le coin de la chambre.
Elle lui fit un signe de tête, et disparut, non sans être légèrement perturbée par cette visite sans intérêt.
