Hey !
Je reviens avec une toute nouvelle fic, cette fois ci du point de vue de Lovino. J'aime beaucoup ce personnage, je trouve qu'il s'adapte très bien à des thèmes plus sérieux en gardant une touche d'humour (même si dans cette fic l'humour sera peut être pas le plus présent, j'essaierai de faire en sorte qu'il y en ait quand même suffisamment) - tout ça pour dire, cette fic traitera de pas mal de sujets pas forcément joyeux, mais importants à mon sens, alors vous voilà prévenus ! :3
Le développement sera sans doute plus lent que ce que je fais d'habitude, avec une gradation plus marquée, et je ne suis pas encore entièrement sûre de ne pas changer de point de vue et écrire à travers les yeux d'un autre personnage pour un chapitre de temps en temps. On verra, laissons une place au mystère !
J'ai quand même bien pour projet de finir celle-là, j'ai déjà un chapitre de prêt et un plan de fait, cette fois, vous aurez une fic entière, promis, même si je mettrai parfois du temps à poster. J'ai mis le pairing SpaMano, mais ce ne sera pas le plus important, bien qu'ayant une place centrale. Ne vous attendez pas à une avalanche de romance, vous risqueriez d'être déçus, et c'est pas un truc donc on a envie, ni vous ni moi ^w^
Il est possible que le titre, le résumé, le rating changent un peu, et que des personnages soient ajoutés !
N'hésitez pas à me donner vos avis, les critiques aident toujours, et les commentaires motivent !
Bonne lecture~


PROLOGUE

Tu t'es déjà senti comme ça ? Dis-moi. Tu t'es déjà senti écrasé et tu t'en foutais ? Tu t'es déjà senti vide et tu voulais crever ? T'as déjà regardé ton reflet dans le miroir et pensé « c'est pas moi, moi je suis loin, bien loin, parti » ? T'as déjà eu envie de t'envoler, regardé par le fenêtre, et voulu tenter ? T'as déjà tenté ? Putain, dis-moi, t'aurais tenté ? Quand tu vois les oiseaux, t'as déjà eu envie qu'ils s'écrasent ? Écrasés, écrasés comme toi, comme nous, comme moi. Écrasés et crevés, comme moi, comme moi, comme moi.

Tu t'es déjà senti comme moi ? Paraîtrait qu'on est tous pareil. Tous aussi barges et seuls et cons et tristes. Qu'on a tous déjà regardé par la fenêtre, et été tentés. Alors dis-moi, dis-moi, est-ce que tu t'es déjà senti comme ça ? Aussi sale et usé, aussi terne et délavé, aussi paumé, aussi déglingué ?
Moi, je me sens comme ça tous les matins. Et tous les matins, tous ces putains de matins, quand j'ai le malheur de me réveiller, je te hais un peu plus. Toi, là. Et j'aimerais que tu crèves, t'as pas idée à quel point. Oh, c'est vrai, tu m'connais pas. T'as pas besoin. De toute façon si tu me voyais dans la rue, t'en aurais rien à foutre, tu passerais à côté en me jugeant, comme tous les autres. Alors, dis-moi, dis-moi..

Dis-moi pourquoi à travers les mots, à travers les pages, tu voudrais essayer de me comprendre, de lire mes sentiments, mes défaites et mes hontes, alors que si tu me voyais demain dans le bus tu m'regarderais même pas ? Pourquoi, dis-moi, dis-moi, pourquoi ? Va parler à ton voisin, à ce débile sur le banc, à ce gamin qui sort de l'école, à cette vieille qui crèvera demain. Parle-leur, à eux, à ceux que tu vois tous les jours, au lieu de t'enfermer dans ton confort hypocrite et ta philanthropie sélective.

La beauté dans ce monde, la beauté des gens, la bonté, tout ça c'est des conneries, moi non plus j'y crois pas. J'y ai cru, un jour. Et ce jour-là, j'ai du mal à même m'en rappeler distinctement, mais j'en sais tout de même assez pour te dire : c'était une erreur. Faire confiance, c'est signer ton arrêt de mort. Je suis pas tombé dans le panneau, moi, j'ai vu l'embrouille dès le début. Quand le réveil sonne, chaque matin, que je pars pour le lycée, chaque matin, que je m'assois seul dans le bus, chaque matin- en fait, non, plus vraiment. Parce que tu vois, maintenant, y'a ce mec, ce type un peu bizarre, un étudiant transféré qui s'assoit à côté de moi.

Il me dérange, je lui ai dit, mais les profs nous ont collés ensemble. J'aime pas ça, non, pas du tout. Mais comme il est espagnol, que je suis italien, qu'on est en France, les profs se sont dit « deux étrangers ça va bien ensemble » et nous forcent à rester ensemble. Comme si Espagne et Italie, c'était la même chose. Comme si il me rappelait mon pays, ma maison, ma famille, comme si il me réconfortait, comme si on était lié. Je te l'ai dit, les gens sont cons. Alors on fait semblant de pas trouver ça raciste ou complètement débile et on se contente de dire qu'on parle tous les deux français -tu crois quoi ?- et qu'il sait marcher tout seul dans les couloirs. Mais non, rien n'y fait.

Je pense qu'il a fini par y prendre goût, au fil des semaines, maintenant il proteste même plus, il vient même squatter dans le bus. Et comme Feliciano – mon frère jumeau – n'a même pas le même emploi du temps, j'ai aucun argument pour le virer. J'ai essayé le « j'aime pas ta sale tronche », il a fait semblant de pas comprendre.

Feli, c'est la seule personne que j'aime. Ça fonctionne bien avec lui : il parle, il sait rien faire tout seul et il est ultra-sociable et naïf. Mon exact opposé. Des fois, tu sais, je me dis qu'à la naissance on a été coupés en deux, lui c'est la bonne partie, et moi la mauvaise. Il n'y a que lui qui me rend bon, et que moi qui le rend mauvais. Tu vois si je suis pas un salaud.

Quand je me suis assis dans le bus ce matin, l'espagnol était déjà là. Comme à chaque fois, il m'avait gardé une place, alors je m'y suis assis. Il m'a souri, mais il a rien dit. Pour ça je peux pas me plaindre : il dit presque jamais rien. En tout cas, pas avec moi. Je l'entends, parfois, parler pendant des heures avec animation en cours ou au téléphone. Mais quand il est à côté de moi, il sourit et il se tait. Au début il parlait un peu. En Français, parfois en Espagnol, et il a même essayé l'Italien. Puis il a laissé tombé, et c'était mieux. Même avec un sourire niais sur la tronche, au moins il respecte le silence. Enfin, si, des fois il fait du bruit. Il chantonne, souvent des berceuses, des chansons aux airs calmes et aux accents chantants. Ça me gênait, au début, puis je m'y suis fait. Maintenant, je m'en fous.

Alors, d'une certaine façon, je le tolère, cet espagnol. C'est pour ça que, ce matin, quand je l'ai vu assis dans le bus, je me suis assis à côté. Je lui ai pas souri – tu me prends pour qui, franchement – mais il en avait rien à faire, et moi non plus. Il a pas dit un mot de tout le trajet, moi non plus. Quand on est arrivé devant le lycée, on s'est levé et on est sorti, j'ai marché jusqu'à la salle à travers les couloirs déserts, et il m'a suivi sans faire de bruit, même ses pas je les entendais à peine. Et quand j'ai fermé les yeux, j'ai pu oublier qu'il était là, et c'était presque supportable.

Maintenant, c'est ça, ma nouvelle routine. Oh, crois pas, ça change pas grand-chose au fond. Les jours passent, toujours pareil. Tu sais, parfois, il se passe un truc dans ta vie, c'est comme un grand chamboulement, et pourtant le jour passe, toujours pareil, les même minutes et les mêmes heures, et au final, sur ton lit de mort, tu t'en foutras. Parce que ça changera jamais rien. Tu me crois pas ? D'accord. Regardes, peut être bien que là, là, juste là, à l'autre bout du monde, une bombe vient d'exploser dans le coeur d'un mec. Qu'est-ce que ça change pour toi ? Que dalle.

Ce qu'on oublie, en revanche, c'est que ce type à l'autre bout du monde, maintenant qu'il a une bombe à la place du coeur, on va tous dire qu'il a plus de coeur. Est-ce qu'on aura tort ? Non. Est-ce qu'on sera des connards ? Ouais. Et si tu crois que je me suis contredis, en disant que cette bombe comme coeur il s'en foutra ce mec, alors t'as rien compris. Toi, là, t'essaies de le comprendre, et t'y arrives pas. Son coeur il s'en fout, il en a plus, penses bien. Toi à sa place tu t'en foutrais peut être pas, mais une fois que c'est fait… Crois moi, moi j'ai un trou noir à la place du coeur. Et j'en rien à branler, t'as même pas idée à quel point.

Maintenant, regarde. Relis-moi, depuis les début, depuis mes premiers mots. Tu te sens comment ? Tu me comprends, tu me cernes ? Même un petit peu, tu comprends, tu crois ? J'ai peut être un truc à te dire, alors. Je t'ai peut être menti. Depuis le début. Et sur toute la ligne, en fait. Hypocrisie pour hypocrisie, on s'est bien trouvés toi et moi.