Au risque de ne pas paraître original, mais puisqu'il faut le faire quand même je tiens à préciser que rien n'est à moi.
Gris. Tout est gris, la ville, le ciel, les gens, mon cœur.
Est-ce l'hiver approchant qui me rend si mélancolique ? Je ne sais pas. Je n'aime pas me poser trop de question. Le vent souffle. Une bonne claque glacée sur mon visage, me remet les idées en place. Je frisonne. Je serre un peu plus mon manteau contre moi. Vaine tentative de conserver un peu de chaleur. C'est idiot. Je le sais. Je m'en fiche un peu. Je déteste me sentir inutile.
Je pense à mon chien. Il doit m'attendre à la maison. Sagement. Lui au moins il est heureux de me voir ! Quoi que je fasse. Il sera là. Je remercie tous les jours le ciel de l'avoir mis sur ma route. Je ne suis peut être pas le meilleur des maîtres, mais il s'en fiche. Il m'aime comme je suis. J'ai l'impression qu'il me comprend. C'est idiot. Ce n'est qu'un chien. Mais il m'attend quand même. J'accélère le pas.
Une goutte. Puis deux. Je lève la tête. Il pleut. Je m'arrête un instant. Ce ne sont que quelques gouttes. Mais je sais que le gros de l'orage est à venir. Je m'en fiche un peu. J'aime marcher. Je pourrais conduire. Ce ne serait pas pareil. Je conduis bien assez pendant mes heures de bureau ! Dès que je le peux je laisse la voiture pour me balader. Aujourd'hui il pleut. Je le savais ce matin en me levant. Pourtant je n'ai pas eu envie de me gâcher ce petit plaisir. Marcher. Seule. Réfléchir. A rien. A tout. A moi. A lui ?
Je soupire à cette pensée stupide. Penser à lui… Est-ce qu'il pense à moi lui ? J'aimerai y croire. Croire qu'il me voit comme je suis. Qu'il m'aime malgré tout. Qu'il me choisira entre toute. Me surprendre à rêver qu'ensemble nous braverons les préjugés. Les interdits. Vains espoirs, je le sais. Je ne suis plus une petite fille pourtant ! Allons Riza ! Reprend toi ! Ça n'existe pas les contes de fées !
Je regarde autour de moi. La vie n'a rien d'un conte de fée ! Il fait froid. Les rues sont désertes. Je suis donc la seule dans cette ville grise ?
Gris, c'est le mot. Il décrit bien ce temps monotone. Les gens, si sombres. Son regard, si dur. Mon cœur, blessé.
Je continue d'avancer. Le vent fouette mon visage. J'ai les cheveux dans les yeux. Je déteste ça. Pour une fois que je les portais détachées ! Je me promets de ne plus jamais les laisser libres ! Pourtant, je ne le ferais pas. Je le sais. « Vous êtes ravissante les cheveux libres lieutenant. » Une réflexion, comme ça. Il l'a probablement oublié. Idiote que je suis. Des détails, des attentions, si minimes, comme on en accorde à n'importe qui, voila à quoi tient le peu d'espoir qu'il me reste. Depuis, je fais des efforts, j'essaie de les laisser détachés le plus souvent. J'y ai cru. Puis je suis redevenu invisible.
Doucement la pluie s'intensifie. Certains trouvent ça triste. Eux le sont. La pluie se contente de tomber. Rien ne vaut un bel orage pour rompre avec le climat lourd qui a envahie la ville depuis une semaine. La pluie semble redonner vie à cette ambiance morne.
Une petite fille me dépasse. C'est vrai qu'à force de réfléchir je n'avance pas bien vite. Elle trottine en sautant dans les flaques. Charmante petite. Elle aussi semble bien s'amuser. Je ne comprends pas comment on peut détester la pluie.
Lui la déteste.
Suis-je vraiment obliger de tout ramener à lui ? Je l'aime. C'est vrai. Je ne peux le nier. Mais que vient faire l'amour dans cette obsession mélancolique qui s'empare de moi à tout instant ?
Soudain plus rien. Il ne pleut plus ? Autour de moi, la pluie continue de tomber. Alors pourquoi ne suis-je pas mouillée ? Je lève la tête. Rouge. Depuis quand le ciel est il rouge ? Je me retourne pour découvrir à quelques centimètres seulement du torse de mon colonel. Oh mon dieu. Je recule violement. Pourvu que je ne rougisse pas. Il me regarde rieur. Quel gamin !
« Allons lieutenant, ne faites pas l'enfant. Vous allez être trempée. Venez vous abriter. »
Parce que c'est moi qui fais l'enfant peut être ? Et lui alors ? Ce grand gosse de trente ans ? Il ose me dire ça ? Mais je ne lui dis pas. Je ne lui dis pas non plus que j'aime marcher sous la pluie. Il ne comprendrait pas.
Il ne me comprend pas.
Je le remercie simplement d'un signe de tête. Après tout, il pense à moi. C'est déjà ça. Ça me suffit.
On marche en silence. Tous les deux serré sous son parapluie écarlate. On ne parle pas. On en a jamais eu besoin. Toute notre relation est basée sur ces silences.
Il est soucieux, cela se voit.
Dis moi Roy à quoi penses tu ? Tu ne me répondras pas si je te le demande. Tu es trop fier pour ça. Tu es plus que troublé ces derniers temps. Tu penses que je ne le vois pas ? Tu te trompes Roy.
Depuis tout ce temps je sais lire dans tes yeux. Rien ne semble te détourner de ta tristesse. J'espère que la blonde que tu sortais hier a su te changer les idées. C'est étrange l'amour. Je t'aime à en crever. Pourtant je ne peux arriver à te souhaiter du mal. Même quand tu souris à une autre. Mais hier tu ne souriais pas. Dis moi Roy, tu penses encore à la guerre ? On a vu des choses horribles tous les deux. Mais non. Ce n'est pas ça.
Serais tu inquiets pour Edward ? Tu l'insultes et tu le taquines dès que tu peux. Je suis la première à te réprimander pour cela. Mais je ne râle que pour la forme. Ça aussi tu le sais. Quelqu'un qui ne vous connaissait pas pourrait penser que tu le hais. Pourtant c'est un jeu. Un drôle de jeu, certes. Mais votre jeu à tous les deux. Tu l'as pris sous ton aile depuis le premier jour. Tu le défends bec et ongles contre tes supérieurs.
Tu ferais ça pour moi ?
Oh non ! Maudit croisement. Je vais devoir me séparer du colonel. Je m'arrête pour lui dire au revoir. Il me regarde curieux.
« Un problème lieutenant.
- J'habite par là. Dis je en désignant un côté du croisement.
- Ca tombe bien ! C'est sur ma route. »
C'est un mensonge. Tu habites de l'autre côté de la ville. Mais je ne dis rien. Ton mensonge me fait plaisir. Pourquoi as-tu fais ça ? Et puis, non ! Je suis heureuse de ne rien savoir. Comme ça je peux croire que tu fais ça pour moi. S'il te plais ne dis rien. Laisse moi rêver qu'on puisse être heureux tous les deux. Encore une minute rien qu'une minute.
Nous sommes bientôt arrivés. J'ai beau marché aussi doucement que possible, je ne vais tout de même pas reculer ! Et puis ce ne serait pas gentil pour ce pauvre colonel. Ce qu'il peut détester l'eau celui là ! Un vrai chat ! Je me surprends à l'imaginer avec de oreilles de fourrure. Je ris doucement.
Il le remarque et me dévisage.
« Qu'y a-t-il ? »
Je fais tout pour retarder notre séparation. Simplement pour rester avec toi. Même si c'est sous la pluie. Même s'il fait froid. Même si tu ne m'aimeras jamais. Parce que moi Je t'aime. Je t'aime à en crever. Et que ça me rend malade de me sentir invisible à tes yeux. Suis-je donc transparente ?
« Rien. Nous sommes arrivés. »
Nous sommes sur le pas de la porte. Au moins nous sommes à l'abri. Il plie son parapluie. Je l'invite ou pas ? Il doit avoir autre chose à faire non ? En même temps il a tenu à me raccompagner. Je plonge mon regard dans le sien.
Il semble mal à l'aise. Il veut me dire quelque chose ? Je l'encourage d'un regard. Ce n'est pas son genre d'hésiter. Est-ce si grave ? Ou suis-je si peu digne de confiance ?
- Riza… Euh je….
Je suis surprise par le prénom. Riza… C'est la première fois qu'il m'appelle comme ça.
- Je euh…
Allons Roy un effort ! Il baisse les yeux.
- Je n'y arriverais pas. Riza. D'avance pardonnez moi.
Quoi ? Ça veut dire quoi ça ? Pardon ? Je cherche à comprendre. Il ne m'en laisse pas le temps. Il pose ses lèvres sur les miennes. OH. MON. DIEU.
Doucement il s'écarte. Et s'en va. Il s'en va ? Deux minutes. Pourquoi s'en va-t-il ? Après m'avoir embrassé qui plus est ! Il s'avance sous la pluie. Il semble pressé de partir. Il n'a même pas ouvert son parapluie. A-t-il si peur de ma réaction ? Il n'aurait quand même pas pris mon silence pour un refus ? Si ? Je me repasse la scène en boucle. C'est vrai que je n'ai pas réagi. Mais c'était si… Soudain, inattendu, inespéré, merveilleux. Et maintenant il part ? L'imbécile.
« Colonel ! »
Je l'appelle. Il se retourne. Décidément je n'arriverais jamais à l'appeler par son prénom. Je le regarde, mais aucun son ne sort de ma bouche. Quelle idiote je fais !
Il pleut des cordes et nous sommes trempés. Black Hayate hurle dans la maison depuis qu'il a entendu mas voix. Roy me regarde et m'accorde un sourire triste.
« Imbécile ! »
Je le tire à moi et l'embrasse. Seigneur que c'est bon ! Un baiser. Un vrai notre premier.
Autour de nous la tempête fait rage, le vent me glace le sang. Je ne m'en aperçois même pas. Mon chien hurle à la mort. Je ne l'entends pas. Je ne l'entends plus. Autour de nous la ville. Triste et grise, morne.
Et je n'en ai plus rien à faire.
Je suis si bien dans ses bras.
Et voila. Mon premier Oneshot. Simple sans prétention. Je ne sais même pas ce qui m'a prit de l'écrire. D'habitude je suis incapable d'écrire une histoire de moins de cinq pages. Et pourtant… Je pensais aussi faire le point de vue du colonel. Peut être plus tard. Je suis en plaine période de flemiite aigue.
Dites moi si vous avez aimé en tout cas.
Vous savez quoi ? Depuis cinq minutes, il pleut.
