Prologue :

Ses lèvres... Elles étaient si douces... Elles lui rappelaient tant de souvenirs... de mémoires... d'atrocités...

Il désirait tant tendre la main à son sein, l'englober pleinement sous sa coupe, pour en laper le jus déroutant – enivrant de la vie. Sa jambe cambrée vers l'avant, sa chevelure dorée qui cascadait sa nuque, ses marques délicieuses à ses joues... tout l'émerveillait chez elle... absolument tout...

Ils avaient partagé tant de choses ensemble... Il avait vécu à travers elle... Il l'avait vu grandir, s'éveiller, mûrir, aimer – et aussi détester... Sa tristesse, sa peine, sa haine... Il avait tout ressenti à sa manière... isolé... seul... méprisé...

Et alors, au cours d'une succession d'événements ; elle lui fut enlever. Il n'en connaissait la raison, mais il ne la chercha pas en vérité, car il savait que c'était de son propre plein gré qu'elle s'était détachée de lui – à la fois pour son bien et celui du monde.

Toutefois, dans ses rêves, elle continuait de le persécuter. Il tenta maintes fois d'y échapper, mais cette image continuait de le poursuivre perpétuellement. Toutes les fois où il essayait de penser à autre chose, son visage s'interposait au sien. Son si doux visage...

Alors il serra sa main...

… Et du sang y coula

Pourquoi après tout ce temps, elle était toujours aussi présente dans son esprit. Ne pouvait-il s'absoudre de son joug envoûteur ? Était-ce sa punition ? À lui ? Qu'avait-il fait en réalité ? Non... Plutôt, que n'avait-il pas fait ?

Ceci était la véritable question.

Il fit alors une liste. Beaucoup de choses à vrai dire... Des faits inachevés, des tentatives pernicieuses, une présence plus que dérangeante qu'il aurait pu lui épargner. Oui... Quand on y réfléchissait, il méritait ce sort... d'une certaine manière... Que lui aurait-elle dit si elle avait été là, elle ?

Il ne le savait pas.

Ces questions l'irritaient. Elles rampaient dans ses pensées, tels des vers qui ramperaient sur sa peau. Elles étaient insolubles, comme le métal dans l'onde pure. Elles étaient indissociables de son âme, comme son esprit de son corps.

Ce corps d'ailleurs... Lui appartenait-il réellement ? Qu'avait-il fait pour le mériter – Non... Qu'avait-il faire mériter de vivre ? Lui – dans sa lâcheté moribonde...

Une veine éclata...

… Quelle aubaine !

« Ne pleure pas... », murmura cette voix.

Tais-toi !

« Pourquoi attends-tu ? Pourquoi ne me rejoins-tu pas ? », lui questionna cette femme avec cette voix terrible – lascive... terriblement lascive. Ses bras ronds accueillants, pourquoi lui paraissaient-ils si loin ?

Je ne veux plus t'entendre !

Silence...

Il était seul, une fois de plus. Mais sa paix n'était que de courte durée. Il savait qu'elle reviendrait encore, toujours, sans cesse, à l'infini...

Il pleura.

Ses larmes coulèrent son visage, à la fois réel et immatériel. Il languissait encore sa présence, et c'est pourquoi elle lui revenut. Sa peau délicate s'enfermant sur la sienne... sa main faisant des vas et viens sur son dos moite de sueur.

Un cri, plusieurs cris.

À qui appartenaient-ils ?

À Elle... et à lui. Souffrance, extase, réunies en symbiose. Bonheur absolu et perdition dissolue. Alors qu'il allait la saisir enfin, il se réveilla soudainement...

Et elle s'était déjà envolée...