Note : Coucou les gens ! Me revoilà pour une nouvelle série d'OS tirés des nuits HPF. Ce texte est donc le premier écrit de la session de Juillet. J'ai délibérément repris le titre pour faire écho à la participation d'une auteure de Fanfictions pour le concours 2015 de Short Édition. Je ne m'étalerai pas sur le talent rédactionnel de l'artiste. On va dire que c'est juste un clin d'œil innocent.
ps : J'ai été beaucoup complimenté sur ce texte, et le fait qu'il évolue graduellement et qu'on ne voit pas arriver la fin. C'est normal : je n'avais aucune idée de comment j'allais terminer lorsque j'ai commencé. L'idée de la concrétisation du couple Jilly m'est venue en repensant à Verum Tempore, la superbe fic Time-turner de Chupee Chan.
Disclaimer : Tous ces gentils persos viennent de l'univers de JK Rowling et lui appartiennent. Seule Léonor vient de mon imagination, de même que l'histoire en elle-même.
Crédits image : Comme d'hab', c'est le logo du forum où j'ai posté ces OS pour la première fois.
Titre : Les amours de Poudlard
Thème : Printemps
Fandom : Harry Potter
Nombre de mots : 1023
Personnages : OC + génération maraudeurs
Rating : Tous publics
Ça y était, on ne pouvait plus se mentir à présent. Depuis plusieurs mois, Leanor redoutait ce moment, mais cela ne l'avait pas empêché de se manifester, bien plus rapidement qu'elle ne l'aurait voulu. Bien entendu, elle savait pertinemment ce qui pouvait arriver dans ces moments-là sa mère lui avait souvent parlé des abeilles qui butinent les fleurs pour leur offrir une seconde vie. Mais lorsqu'elle était arrivée pour la première fois dans ce château austère et implacable, elle s'était dit que peut-être ce lieu sacré - où rigueur et sérieux étaient de mise - l'épargneraient de ces visions niaises et quelques fois cauchemardesques qui s'imposaient à elle lorsqu'elle accompagnait sa mère dans le monde moldu à cette période de l'année. Elle s'était dit que les sorciers, avec leur pudeur et leur goût pour le secret, seraient sûrement plus discrets dans leur attitude et leur manière de faire ce qu'il convenait de faire dans ces cas-là. Mais elle avait eu tort à Poudlard, comme ailleurs, le printemps était chaque année synonyme d'horreur.
A grands renforts de froufrous et de mièvrerie insupportable, le château tout entier transpirait la citrouille molle et les paillettes de Farfadet. Léanor détestait cette période. Et encore plus depuis qu'elle s'était rendue compte que les habitants Poudlard, en plus de respecter cette tradition érogène depuis la nuit des temps, étaient encore plus virulents et plus niaiseux que les moldus, lorsqu'il s'agissait de déclarer son amour ou de l'afficher en public. L'année précédente, cette idiote de Mary McDonald avait fait pleuvoir sur la cour intérieure des milliers de cœurs volants dans l'espoir de faire chavirer le cœur du beau et timide Rabastan Lestrange. Pauvre fille, se dit Leanor en y repensant, Mulciber et Avery ne l'avaient pas ratée pour ces Serpentard idiots et maléfiques – dangereux mélange des genres – rien n'était plus choquant que de voir une taitre à son sang de Gryffondor essayer de s'accoquiner avec l'un des leurs, dont le sang-pur ne devait s'entacher sous aucun prétexte. Personne ne sut jamais comment Rabastan aurait réagi à cette déclaration, car avant même qu'il eût pu voir cette démonstration d'amour gluant de niaiseries, ces grosses brutes avaient annulé le sort et envoyé Mary directement à l'infirmerie.
Et elle n'était pas la seule à avoir subi les frais de la trop grande confiance que l'on pouvait porter en l'amour, le vrai, le beau, le grand, celui dont chantaient les ménestrels et les sirènes, et qui faisaient faire les pires idioties aux plus « romantiques ». Trois ans auparavant, alors qu'elle terminait tranquillement sa première année, Léonor fut témoin de la démonstration d'affection la plus stupide et la moins réfléchie de toute l'histoire du château. Un jour de mai, Bertha Jorkins, idiote sans limites de son état, avait tenté de charmer le Ténébreux Sirius Black en ensorcelant son quatre heures pour qu'il prenne la forme de deux sorciers enlacés l'un contre l'autre. Leanor n'avait jamais pu voir « l'œuvre d'art » en question, car Black l'avait réduite en cendres au moment même où il y avait reconnu son visage et celui de Bertha. Mais la réplique devait être sacrément fidèle pour qu'un type arrogant, narcissique et adepte de la lotion lissenplis comme l'était Sirius Black reconnaisse quelqu'un d'autre que lui en portrait ou en figurine. D'un autre côté, il fallait reconnaître que Bertha était particulièrement laide. Et lorsque Black lui avait jeté un sort qui avait rendu cette dernière aussi marron et gonflée que la chocogrenouille qu'il était sur le poing d'engloutir, certaines mauvaises langues avaient affirmé que la jeune pipelette en chef de Poudlard était encore facilement reconnaissable à ce moment-là. La même année, à peine quelques jours plus tard, quelqu'un avait repris l'idée avec Severus Rogue. Personne n'avait su si c'était pour se moquer du plus grand solitaire de l'école, ou pour réellement lui conter son amour éternel. Toujours est-il que la malheureuse avait dû fortement regretter son geste, car ce que lui avait Rogue n'était décemment pas explicable pour quiconque ayant une once de morale et d'amour propre. Or, comme c'était le cas de Léanor, elle s'était toujours gardée de parler de ce fâcheux incident et d'évoquer ne serait-ce que la première syllabe du nom de la malheureuse, tant la seule évocation de ce jour-là la remplissait d'horreur et de pitié.
Toutes les autres années où elle avait dû subi le printemps de Poudlard, elle avait été témoin de tant d'agissements écœurants qu'elle hésitait chaque année à se lancer un sort à elle-même pour atterrir à l'infirmerie et échapper à tout ça. Au moins, comme cela, elle réviserait au calme dans son lit sans subir les gloussements surexcités de ces idiotes prétendument amoureuses ou les gonflements de biceps de ces abrutis vicieux qui ne regardaient leurs prétendantes dans les yeux.
Et ce jour-là en particulier, durant ce funeste après-midi du vendredi 7 avril 1978, Leanor fut l'horrible témoin de la déclaration la plus exubérante et la plus stupide qu'il lui fut donné à voir. Des papillons multicolores avaient envahi la bibliothèque – lieu sacré qui aurait dû être zone anti-couple depuis la création de l'école – et semaient sur leur passage un immense arc-en-ciel scintillant d'où semblait provenir l'insupportable ballade de Celestina Moldubec, « Un chaudron plein de passion ». Et le pire dans tout cela. Le plus improbable, le plus inexcusable, le plus incompréhensible, ce fut que la destinataire de ce message stupide, cliché, pompeux et indigeste à souhait, après avoir repoussé les avances de ce tocard au fil des ans - toutes plus stupides et improbables les unes que les autres, devons-nous le préciser – finit par éclater d'un grand rire désabusé ce jour-là, avant d'accepter avec un sourire aussi épuisé qu'amusé.
Oui, en cette année 1978, alors que la guerre faisait rage au-dehors, que les attaques d'Inferi s'intensifiaient, que la Marque des Ténèbres était devenue courante au-dessus des foyers, et que les élèves de Poudlard perdaient des membres de leur famille les uns après les autres, l'école connut sa plus grande catastrophe depuis le départ de Salazar Serpentard mille ans plus tôt : Lily Evans avait finalement dit oui à ce crétin fini et bouffi d'orgueil de James Potter !
