William et Julia étaient mariés depuis à présent six mois. La vie à l'hôtel se passait bien mais tous deux savaient qu'ils ne pourraient y rester éternellement. William réfléchissait sérieusement à acquérir un terrain et d'y faire bâtir une maison, leur maison, un lieu où enfin ils pourraient vivre leur vie de couple et ne dépendre de personne. Les enquêtes occupaient beaucoup William et l'engagement politique de Julia ne cessait de croître. Cependant, elle venait de prendre une décision importante, ne plus se présenter comme candidate aux élections tout en restant engagée. Si elle faisait cela, c'était par amour, elle préférait préserver William et sa carrière plutôt que de le mettre en danger. Les menaces de l'inspecteur Brackenreid n'étaient pas restée dans l'oreille d'un sourd.

L'asile occupait les journées du Docteur Ogden qui avait donc moins de temps pour aider le poste 4, d'ailleurs ils avaient le Docteur Grace pour les aider. Mais cela ne l'empêchait pas de donner des conseil et d'aider son époux. Il était important pour l'un comme pour l'autre de garder ce lien de collaboration qui les avait rapproché dès leur première rencontre.

Un point pesait encore sur leur relation, fonder une famille. Julia ne pouvait pas avoir d'enfant et ce point avait un temps séparé les deux tourtereaux. Bien que William lui ai assuré qu'il l'aimait elle et qu'ils pourraient adopter s'ils décidaient un jour d'avoir une famille, la jeune femme doutait. Elle souhaitait le rendre heureux et pensait que devenir père était le seul moyen d'y parvenir pour lui.

Ce soir là, elle devait lui annoncer son retrait de la politique mais son époux rentra tard et en piteux état. Il revenait d'une affaire hors de la ville qui l'avait secoué et l'avait mené avec Georges jusque dans une forêt où ils s'étaient fait tirés dessus. Fort heureusement aucun d'eux n'avait véritablement été blessé et en dehors de petites plaies venant des branches qu'ils avaient heurtés durant leur poursuite. Julia accueillit donc son époux lui servit son repas qu'elle avait fait conservé au chaud puis elle alla chercher de quoi désinfecté les plaies que William avait sur le visage. C'est là qu'elle engagea la conversation sur ce qui la préoccupait.

-William, te souviens tu de notre conversation de la semaine dernière sur les suffragettes ?

Murdoch arqua un sourcil et hocha la tête, il ne voyait pas bien ou elle voulait en venir. Julia poursuivit.

-Bien, alors tu n'as sans doute pas oublié l'impact que ma candidature pourrait avoir sur ta carrière au sein de la police. J'y ai bien réfléchit et je pense me retirer et laisser ma place à quelqu'un qui n'a pas autant à perdre...

-Comment ? Tu te laissez donc intimider ?

-Non, mais je ne mettrais pas en danger la carrière de celui que j'aime, je préfère renoncer.

Elle lui adressa un fin sourire, elle n'avait guère envie d'argumenter d'avantage et espérait qu'il comprenne son choix.

-Je comprends ton choix mais je réitère mon soutien, quoi que tu décides et quel que soit ton engagement je serai là à tes côtés. Je respecterais tes choix comme tout époux se doit de le faire.

-Tout époux ne respecte pas sa femme mais je suis ravie d'avoir une telle rareté que toi William !

L'ambiance était un peu moins pesante, chacun savait les sacrifices que l'autre faisait et les acceptait. William remercia son épouse pour les soins qu'elle venait de lui prodiguer. Il était parfois utile d'avoir épousé un médecin même s'il ne l'avait pas épousé pou cela loin de là.

-Nous devrions chercher une maison où nous pourrions être une famille, vivre à l'hôtel n'est guère envisageable à long terme ne crois-tu pas ?

Le silence qui suivit traduisit le malaise de Julia, elle se trouvait face à ce qu'elle redoutait, la volonté d'avoir une famille de William. Elle prit cependant son courage à deux mains et lui répondit d'une voix un peu tremblante.

-Mais ne sommes nous pas heureux tout deux ici ?

-Oh mais si, je ne voulais aucunement te blesser, je parlais de famille en faisant référence à toi, tu es ma famille à présent ne l'oublies pas Julia.

Il s'approcha d'elle et lui prit la main. La pudeur de leur relation en faisait aussi la force. Il ne fallait pas croire pour autant qu'ils n'y avaient pas d'amour, d'attention plus personnelle entre eux, mais ils ne le montraient simplement pas en public, respectant ainsi les bonnes mœurs de la société. Ils restèrent en silence, elle blotti dans ses bras durant un long moment. Ce fut elle qui brisa le silence.

-J'aimerais tellement te faire le plaisir de devenir père William, mais tu sais que c'est impossible...

-Tu n'as pas à t' en vouloir, je vous aime pour ce que tu es pas pour avoir des enfants. Et nous pouvons toujours adopter si vous le souhaitez. Nous pouvons très bien rester à deux et vivre heureux. Nous avons suffisamment attendus pour l'être et nous le méritons bien.

Il le pensait sincèrement. Ne pas le lui dire l'avait fait la perdre une fois il n'était pas prêt à la perdre de nouveau et était prêt à tout pour la rendre heureuse. William espérait ainsi l'apaiser et lui prouver que ce désir qu'il avait pu avoir de fonder une famille avec des enfants n'était plus sa principale préoccupations bien au contraire. Julia quand à elle était rassurée d'entendre cela mais la culpabilité n'en était pas levée pour autant. Un bruit sourd vint briser le silence qui régnait de nouveau dans la pièce. On venait de frapper à la porte. William alla ouvrir. C'était l'agent Crabtree. Il y avait du nouveau sur leur affaire et la présence du détective était demandée. William devait donc repartir et laisser son épouse seule après une discussion difficile. Une chance qu'il ne fut pas déjà en habit de nuit ! Il laissa Georges à la porte le temps de dire au revoir à Julia, il l'embrassa et passa sa main sur sa joue se voulant rassurant.

-Je rentrerai tard, ne m'attends pas.

Puis il disparu emportant au passage son chapeau et sa veste.