Bonjour à tous et à toutes :)
Me revoici avec une fic composée de treize chapitres ! Elle est entièrement écrite et la merveilleuse EpsilonSnape l'a déjà relue, il ne reste qu'à corriger les dernières erreurs de chaque chapitres avant de les publier, au rythme d'un chapitre par semaine. Je publierai tous les mercredi. En tout cas, pas de risque d'abandon !
Il s'agit d'un Charlie Weasley / Harry Potter, un couple que j'ai appris à apprécier il y a quelques années mais sur lequel on trouve peu de fic ! Il y a maintenant plus d'un an j'ai donc décidé d'en écrire une, mais elle a mijoté très longtemps entre les deux premiers chapitres et la suite !
En tout cas, je vous la partage maintenant, et j'espère que vous apprécierez l'histoire !
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Avertissement : il s'agit d'une histoire relatant d'une relation homosexuel entre deux hommes. Si vous ne tolérez pas ce genre de couple, passez votre chemin :)
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Titre : Dragonii refugiu
Disclaimer : L'univers d'Harry Potter appartient bien évidemment à JKR. Je ne fais que réutiliser sa merveilleuse propriété. Seule l'histoire et l'écriture sont de moi.
Pairing : CW/HP
Rating : T
Statut : Terminée - 13 chapitres
Résumé: Dragonii Refugiu, le Refuge des Dragons : un endroit dans lequel Harry n'aurait jamais pensé trouver ce qu'il a longtemps recherché. Pourtant, il y a là-bas bien plus que de simples dragons. Au-delà des observations qu'il peut faire sur ces magnifiques créatures, une véritable aventure humaine attend Harry.
Bêta : EpsilonSnape et AudeSnape (merci les filles !)
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CHAPITRE 1
Les vibrations provoquées par l'atterrissage de l'engin s'arrêtèrent soudainement, tandis que les moteurs étaient éteints par le pilote. Après quelques secondes, les passagers furent autorisés à détacher leur ceinture. Commença alors un joyeux branle-bas pour savoir qui récupérerait son sac le premier et qui sortirait avant tout le monde, tandis que les hôtesses de l'air et les stewards faisaient de leur mieux pour évacuer l'avion. Indifférent à toute cette agitation, rangée dix-sept place A, Harry Potter dormait paisiblement, la tête contre le hublot.
Ses cheveux, qu'il avait maintenant très courts – Merlin merci, il avait réussi à les discipliner sitôt sa scolarité terminée –, étaient complètement aplatis par endroits et sur sa joue commençait à se former une ligne courbée, reflet de la vitre de l'avion. Ses jambes étaient recroquevillées contre son torse, simplement retenues par ses bras qu'il avait croisés autour de ses genoux. S'il n'avait pas porté un costard-cravate, on aurait pu croire qu'il était loin d'avoir vingt-six ans.
Après avoir esquissé un sourire à la vue du dernier passager – elle s'étonnerait toujours de la position dans laquelle certaines personnes pouvaient s'endormir, Marryan, hôtesse de l'air fraîchement diplômée, s'approcha du siège occupé et vint secouer légèrement le jeune homme.
- Monsieur?
Elle avait parlé d'une voix douce afin de le surprendre le moins possible. Certains de ses collègues, elle le savait pour l'avoir vécu, ne prenaient aucune précaution envers leurs passagers. La raison était simple: les dormeurs intempestifs leur faisaient perdre de précieuses minutes sur leur temps de pause, déjà trop court à leurs yeux. Mais Marryan avait toujours rechigné à l'idée de réveiller brutalement une personne. Déjà toute petite, elle attendait sagement que ses parents soient réveillés avant de faire du bruit. Cependant, devant l'absence de réaction évidente de l'autre, elle se vit obligée de réitérer sa question un peu plus fort.
- Monsieur?
La paire d'yeux en face d'elle s'ouvrit soudainement. Après quelques instants, Harry reprit pied dans la réalité. Il se tourna vers la femme-réveil et lui adressa un sourire chaleureux. Alors qu'il commençait à s'étirer, dépliant ses jambes pour y faire circuler le sang qui semblait les avoir quittés, l'hôtesse s'adressa à lui :
- Je vous prie de m'excuser de vous avoir réveillé, monsieur, mais nous sommes arrivés. L'avion s'est posé à Târgu Mures il y a exactement huit minutes. Il est 16h47 et il fait vingt-six degrés à la sortie de l'aéroport.
Marryan attendit patiemment que son passager émerge une fois son discours terminé. Elle pensa un instant avoir parlé dans le vide, mais ce dernier finit par lui offrir un hochement de tête pour lui signifier – enfin supposa-t-elle – qu'il avait entendu. Après s'être passé une main sur le visage, il se leva de son siège dans un soupir. Marryan se recula pour le laisser passer. Elle l'observa ouvrir la soute pour récupérer son ou ses bagages, elle nota donc le léger froncement de sourcils du brun. Il se racla la gorge et tourna la tête vers elle. Ce fut avec une voix enrouée qu'il s'adressa à elle.
- Ce dernier sac n'est pas à moi.
Il accompagna sa déclaration d'un mouvement de main et, attrapant le sac en question, présenta à Marryan un bagage léger bleu marine.
- Il me semble l'avoir vu sur le dos d'un petit garçon…
Il s'arrêta de parler comme pour réfléchir.
- Blond. Huit ou neuf ans. Avec un pull jaune. Ça ne vous rappelle rien ?
Surprise d'obtenir autant de détails, Marryan resta muette. Le jeune homme en face d'elle fixa longuement le sac, et il la surprit de nouveau en reprenant la parole.
- Matheo. Il s'appelait Matheo.
Il lui fit un grand sourire et remit le sac à sa place. Il attrapa alors son propre bagage, remercia l'hôtesse de l'avoir réveillé avant de sortir de l'avion. Marryan resta quelques secondes interdite. Elle finit par reprendre ses esprits et s'adressa à ses collègues qui avaient attendu près de la porte.
- Prévenez la sécurité qu'un sac a été retrouvé dans une soute. Alexandre, regarde s'il y avait un Matheo sur la liste des passagers s'il te plaît.
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Le soleil était encore haut dans le ciel quand Harry sortit de l'aéroport. Un regard sur sa montre lui confirma qu'il était resté bien trop longtemps dans le bureau du Directeur en Chef. 19h04. Il soupira de frustration. Il était resté plus de deux heures à discuter. Deux heures qui lui en avaient semblé être quatre. Deux longues heures inutiles pour qu'on lui annonce que ses malles étaient perdues à Londres.
Dans un énième soupir il chercha un taxi du regard. Il ne pouvait que s'en prendre à lui-même, c'était lui qui avait décidé de voyager à la mode Moldue, lui qui avait pris le risque que ce genre d'événement arrive. Il rumina ses pensées jusqu'à ce qu'une voiture s'arrête devant lui.
- Hôtel Municipal s'il vous plaît.
Il ferma la porte arrière de la voiture et seule la voix du conducteur l'empêcha de replonger directement dans ses pensées.
- Vous n'avez pas de bagages?
Il confirma d'un mouvement de tête.
- Non. Juste mon sac.
Juste son sac. Dans lequel il avait rangé une unique tenue de rechange et, heureusement, ses papiers. Un unique sac à la place de ses deux valises, perdues il ne savait où dans et par l'aéroport londonien. Peu soucieux de la présence du conducteur, il lâcha un juron bien senti et s'avachit sur la banquette arrière de la voiture. Selon ses informations, il en avait encore pour vingt minutes de route avant d'arriver à son hôtel. Vingt minutes durant lesquelles il ruminerait sa rancoeur contre «ces incapables qu'étaient les services londoniens», à moins qu'il cessât de s'apitoyer sur son sort pour discuter avec son chauffeur. Il tenta le tout pour le tout et s'adressa donc à l'homme dans un roumain qui, tout en restant très approximatif, était compréhensible. Il espérait ainsi appréhender ses limites dans cette langue nouvellement apprise.
- Vous habitez dans la ville?
L'autre homme, surpris qu'un étranger s'adresse à lui et surtout que ce dernier fasse l'effort d'utiliser le roumain, jeta un regard à son client dans le rétroviseur. Avisant l'expression sincère de celui-ci, il sourit avant de répondre.
- Non. J'habite dans une petite ville pas très loin. A Panêt.
Il avait parlé d'une voix lente et articulée pour être compris du jeune homme. Harry hocha la tête pour indiquer qu'il avait effectivement compris. Il chercha ses mots un instant.
- Panêt? Vous roulez tous les jours?
Il grimaça de frustration. Il savait sa phrase inexacte mais n'avait pas trouvé de meilleure périphrase pour exprimer sa pensée. Mais le roumain ne sembla se formaliser et répondit, toujours avec le sourire, à sa question.
- Tous les jours oui. Je pars le matin à six heures pour prendre mon service. Je rentre à dix-huit heures. Les week-ends je travaille surtout la nuit.
Encore une fois, Harry hocha la tête. Il avait conscience que l'homme formulait des phrases simples et courtes délibérément et il le remercia mentalement pour ça.
- Je suis anglais. J'habite à Londres et mon travail n'est pas aussi fatiguant.
Il n'avait pas su exprimer exactement ce qu'il souhaitait. Le travail de conducteur de taxi était impressionnant d'une certaine manière: entre les clients – qui ne devaient pas toujours être agréables -, la pollution, les bouchons… Il rageait intérieurement de ne pouvoir exprimer des idées simples en roumain, alors qu'il était capable de tenir une conversation sur les Droits des Animaux Magiques. Les formations LEO – Langue Étrangère à Objectifs – avaient leurs limites.
La suite du trajet se fit calmement. Ils échangèrent quelques paroles sur la ville et bien vite, la voiture s'arrêta devant une bâtisse.
- Vous êtes arrivé.
Harry jeta un regard par la fenêtre et haussa les sourcils de surprise. Il devait avouer qu'il n'avait fait aucune recherche sur la situation socio-économique de Târgu Mures. Il s'était donc créé une image mentale d'un l'hôtel assez… déplorable, persuadé que, qu'importe la ville où il se trouverait, l'Etat étant pauvre, il ne devait pas s'attendre à quelque chose de luxueux. Or le bâtiment devant lui, s'il ne brillait pas de feuilles d'or, brillait par sa prestance et sa taille.
- C'est un bâtiment très ancien. Mais très bien conservé. Vous y dormirez bien.
Le jeune homme acquiesça. Avant de sortir du véhicule, il tendit quelques billets au chauffeur.
- Gardez la monnaie. Et merci pour le voyage.
Ce fut au tour du plus âgé d'hocher la tête, il lui adressa un dernier clin d'œil avant de partir, à la recherche de nouveaux clients. Son sac sur l'épaule, Harry se tourna vers l'hôtel et, en quelques pas, fut dans le hall. Un simple coup d'oeil sur l'ameublement le renseigna sur l'état des lieux. Comme l'avait dit son chauffeur, le bâtiment, même s'il faisait un peu vieillot, avait été très bien conservé. Il afficha un grand sourire et se dirigea en direction de qu'il supposa être l'accueil.
- Je vais être bien ici.
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Harry avait à peine déposé son sac sur le lit qu'il sentit son portable vibrer dans sa poche. Comme nombreux de ses amis ayant une grande part d'éducation Moldue, il n'avait pas pu résister à cette nouvelle technologie. Lui et Hermione avaient acheté leur téléphone ensemble deux ans auparavant, et n'en déplaise aux sorciers, c'était un moyen de communication bien plus rapide que les hiboux et bien plus pratique que la cheminée. Il sortit donc la petite machine de sa poche, s'assit sur son lit, regarda le nom sur l'écran et finit par décrocher.
- Oui 'Mione?
- Harry? Super, tu captes! Je me suis dit que je ne te dérangerai pas en t'appelant maintenant. Comment s'est passé le vol? Tu es bien installé? Et ta conférence? Aahh! Pourquoi tu ne nous as pas appelés plus tôt! Ca fait une semaine que tu es arrivé! J'étais morte d'inquiétude et Ron n'arrêtait pas de me répéter que tu n'aurais jamais dû prendre un moyen de transport moldu. Franchement Harry! Tu aurais pu nous envoyer ne serait-ce qu'un message! Et puis…
Le sorcier ne chercha même pas à interrompre son amie, ou à répondre à toutes ses questions. Quand elle partait dans ce genre de discours mi-sermon mi-interrogatoire, rien ne pouvait l'arrêter tant qu'elle n'avait pas fini. Harry se contenta donc de l'écouter, un sourire aux lèvres, heureux d'entendre la voix de sa meilleure amie. Il profita de n'avoir rien à dire pour se caler entre ses coussins, dos au mur et ferma les yeux, se laissant bercer quelques secondes par la voix d'Hermione.
- Tu m'as manqué aussi, finit-il par déclarer.
A l'autre bout du fil, silence se fit. Il pouvait presque voir, en gardant les yeux fermés, le visage de son amie. Il l'imaginait les paupières serrées pour empêcher ses larmes de couler et se mordant légèrement la lèvre inférieure.
- Idiot…
L'insulte n'avait été qu'un souffle et Harry sourit de plus belle.
- Tu vas bien?
- Je vais bien 'Mione. Mon vol s'est bien passé et je suis installé à merveille. Il fait bien trop chaud pour ma santé mentale mais la ville offre un tas de lieu où se poser. Je rentre tout juste de ma dernière conférence et j'aurais un tas d'infos à te transmettre pour t'aider dans ton projet de loi.
- C'était intéressant alors?
- Très! Savais-tu que lorsque la Colombie a proclamé pour la première fois des droits pour les Créatures Magiques, l'Angleterre et la France avaient cherché à rompre tous contacts commerciaux avec le pays? Ce n'est pas étonnant que tu rencontres autant de difficultés avec ton projet! Et pourtant c'était il y a cent cinquante sept ans! Cent cinquante sept ans, tu te rends compte 'Mione? Alors que ça fait à peine trente ans que les Loup-Garous sont considérés comme des sorciers chez nous.
Il aurait pu continuer des heures si on n'avait pas frappé à sa porte. Il s'excusa et promit à la brune de la rappeler plus tard dans la soirée. D'un pas rapide, il alla ouvrir. Il fut surpris d'apercevoir trois individus sur son pas de porte, dont un qu'il reconnut aussitôt.
- Marc! Qu'est-ce que tu fais là?
Ledit Marc sourit et d'un geste simple pointa ses camarades.
- On avait l'intention d'aller boire un verre avec Julia et Xin Jo. Comme je savais dans quel hôtel tu logeais, il ne me restait plus qu'à demander ta chambre à l'accueil. Tenté?
Harry avait rencontré l'homme le deuxième jour de leur séminaire: Marc Trendel, biologiste pour le département magique français, trente-trois ans, divorcé, deux enfants et surtout, locuteur trilingue: roumain, anglais et français. Quand Harry avait remarqué ça, il avait fait en sorte de s'en faire un ami et ne regrettait toujours pas son choix plusieurs jours plus tard.
- Je viens juste de rentrer de ma dernière conférence. Laisse-moi le temps de me changer et j'arrive.
Il les fit entrer dans la pièce, attrapa une chemise propre et fila dans la salle de bain. Quand il en sortit, il récupéra quelques billets dans son sac, remercia silencieusement Hermione qui lui avait fait garder le plus gros de sa monnaie sur lui et se tourna vers les trois autres.
- Je suis prêt.
Le bar dans lequel les emmena Marc s'appelait A l'ombre et se situait dans le quartier Sorcier de Târgu Mures. Harry avait été surpris de voir qu'il n'existait qu'un seul lieu de la sorte dans la ville. Certes, elle n'était pas aussi grande que Londres, mais il avait déjà visité des villes bien plus petites qui contenaient trois à quatre quartiers sorciers.
- La communauté sorcière de Roumanie est peu présente dans les grandes villes, lui avait expliqué Marc pendant une conférence. Contrairement aux pays de l'Europe de l'Ouest, dans lesquels vivre dans une Métropole est de plus en plus recherché, notamment pour les Né-Moldus car ça leur permet de concilier leurs deux mondes, ici, s'éloigner de chez soi est mal perçu. La communauté sorcière est bien plus étendue dans certains villages ou encore dans les montagnes.
La conversation s'était terminée alors qu'un nouveau tour de parole commençait sur la question de la législation des traitements expérimentaux sur les animaux déjà condamnés. Harry n'avait pas relancé le sujet les jours suivants mais s'était promis de se renseigner sur les différentes cultures magiques du monde.
A l'Ombre était un bar que le français avait découvert peu de temps après s'être installé en Roumanie. La tenancière Lucie, dite Lulu, était une française, exilée peu de temps après la Seconde Guerre Mondiale. Alors âgée de seize ans, elle avait fui le pays avec son jeune frère et avait rencontré un sorcier roumain qu'elle avait épousé. Ils avaient ouvert ce bar qu'elle dirigeait d'une main de fer depuis quarante ans.
En rentrant dans l'établissement, l'ambiance transportait les clients dans un café parisien des années trente, et si l'idée paraissait légèrement vieillotte de prime abord, Lulu avait su concilier moderne et ancien en décorant ses murs avec des objets anachroniques.
Les quatre amis entrèrent donc et vinrent s'installer à une table proche du bar, loin du soleil et de la chaleur de cette fin d'après-midi. Ils firent de rapides présentations comme Julia n'avait pas encore eu l'occasion de parler à Harry et Xin Jo, commandèrent quatre bières et partirent dans de longues et passionnées discussions sur la semaine qui venait de passer. Ils étaient en plein débat à propos la place et au statut à accorder aux Elfes de Maison quand une voix teintée de surprise les interrompit.
- Harry? Harry Potter?
L'interpellé, prêt à sortir l'habituel «Oui je suis Harry Potter. Non je ne signe pas d'autographe. Non je ne veux pas prendre de photos, ni vous serrez la main etc», se retourna un masque neutre sur le visage.
- Oui?
Il fut étonné de voir que l'homme arborait un grand sourire, le genre de sourire que l'on offre à un collègue proche ou à un ami. Harry avait appris à les distinguer des sourires d'adulations qu'un fan offre à son héros, de ceux intéressés et surtout des sourires «seule-ta-renommée-m'intéresse» charmeurs. Surpris, le brun porta à son interlocuteur plus d'attention qu'il n'en aurait donné habituellement. Il ne se gêna pas pour l'observer de haut en bas. L'homme portait de longues bottes qu'il supposa être en cuir de dragon, un jean simple brûlé ça et là, une chemise blanche et des cheveux roux et courts. Il lui tendit la main.
- Charlie Weasley.
Harry ouvrit grand les yeux. Charlie Weasley, le grand frère de son meilleur ami. Celui qui étudiait les dragons…
-… en Roumanie!
Il ne se rendit pas immédiatement compte qu'il avait exprimé ses derniers mots à voix haute. Seul le rictus qu'affichait Charlie, qui semblait avoir suivi le fil de ses pensées, lui fit comprendre qu'il n'avait pas fait que penser. Se rappelant la main tendue du roux, Harry la serra avec vigueur.
- Charlie! Je ne m'attendais pas à te croiser!
C'était peu dire. En réalité, il n'avait pas imaginé une seule seconde rencontrer le second fils Weasley, pour la simple et bonne raison qu'il avait complètement oublié son existence. Les deux hommes s'étaient croisés en tout et pour tout cinq fois depuis qu'Harry avait rencontré la famille Weasley, et rarement plus d'une ou deux heures.
- Et moi donc! Personne ne m'a prévenu que tu serais en Roumanie, s'exclama Charlie. Tu imagines ma surprise quand je t'ai reconnu.
- Il a mis presque un quart d'heure avant de venir. Vous auriez vu!
La tablée se tourna vers celui qui venait de prendre la parole. Il se tenait juste à la gauche de Charlie et le dépassait d'une bonne tête et, en comparaison au roux, semblait porter des vêtements propres de l'instant. Il affichait un large sourire et ses yeux pétillaient de malice. Il posa une main sur l'épaule de son ami et son visage prit soudain un air mi-étonné, mi-songeur.
- Est-ce que c'est? Non… ça ne peut pas! Si? Mais pourquoi serait-il… Non, je dois halluciner. Mais en même temps…
Le jeune homme continua encore quelques secondes ainsi sous les regards amusés de la tablée et de ses propres camarades. Seul Charlie semblait gêné que son ami l'imite ainsi. Il finit par faire taire l'autre d'un coup de coude dans les côtes et reposa son attention sur Harry.
- Désolé. Ne faites pas attention à lui, dit-il en souriant. On ne va pas s'imposer plus longtemps. C'était sympa de te voir Harry. Si tu restes encore un peu dans le coin, faudrait qu'on se fasse un truc. Ca fait longtemps que j'ai pas eu d'info de vive voix concernant ma famille!
Et une fois que chacun eut lancé les habituels «bonne soirée», les deux amis s'éloignèrent pour aller s'installer un peu plus loin. La soirée s'écoula ensuite lentement mais agréablement, et quand Harry quitta le bar, il ne put s'empêcher de jeter un regard vers la table du roux. Son regard croisa les deux orbes bleus et un sourire orna ses lèvres. D'un geste de la main, il salua le frère de Ron puis disparut dans la foule de la rue.
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- Tu as croisé Charlie? s'exclama Ron.
La voix résonna dans toute la pièce et Harry se dépêcha de désactiver le mode haut-parleur. Il porta le téléphone à son oreille et s'installa dans son canapé.
- Oui. Hier soir, on était dans le même bar.
- Eh ben… ça c'est de la coïncidence. Comme tes conférences étaient bien plus à l'ouest de là où il travaille, je ne l'avais pas prévenu. Ça a dû lui faire un choc.
Harry l'entendit ricaner à l'autre bout du téléphone.
- Je suis sûr qu'il a hésité trois plombes avant de venir te parler.
La remarque fit sourire le brun. Si Ron disait cela, alors ce qu'avait dit l'ami de Charlie à la soirée était probablement vrai.
- Je pense rester un peu plus longtemps, finit par déclarer Harry. Ton frère avait l'air de vouloir entendre de vos nouvelles, je vais essayer de le voir au moins une fois avant de partir.
- Pourquoi pas… Comment vas-tu faire pour ton avion?
Le brun haussa des épaules, geste tout à fait inutile comme Ron ne pouvait pas le voir.
- Je ne sais pas encore…
Il changea le téléphone d'oreille, le cala avec son épaule et sortit son billet pour l'observer.
- Je pense pouvoir l'annuler. Et je chercherai un Portoloin ou une cheminée internationale pour rentrer.
Ron ne chercha pas à en savoir plus, dépassé par le fonctionnement de ces engins volants moldus. Il lui fit comprendre qu'il lui faisait confiance pour rentrer à temps. Sa remarque les amena sur un autre sujet, plus sensible.
- Comment elle va? demanda Harry, soucieux.
- Bien. Enfin aujourd'hui. Hier elle a été incapable d'utiliser la magie de toute l'après-midi. Les Médicomages disent que c'est normal dans ce genre de grossesse mais ça fait toujours peur. Elle se repose dans la chambre en ce moment.
- Et le bébé?
C'était la première grossesse d'Hermione. Après un premier mois de réjouissance dans la liesse générale de l'annonce, le couple Weasley-Granger avait vite déchanté: la jeune fille était atteinte d'une désinflation de magie. Si ce genre de pathologie n'était pas rare, elle n'en restait pas moins sans risque pour le bébé et pour la mère. Ainsi Hermione avait dû arrêter de travailler et n'avait échappé à huit mois d'internat hospitalier que par sa force de persuasion.
- Il va bien aussi. Mais 'Mione et moi, on songe à prendre une chambre à Sainte-Mangouste pour les dernières semaines. Si jamais ce genre de chose arrive alors qu'elle est seule à la maison… on ne sait pas ce qui pourrait arriver.
- Tu pourrais demander à ta mère de venir chez vous, proposa Harry, un sourire moqueur sur les lèvres.
La renommée de Molly Weasley n'était plus à faire, il voyait mal comment Hermione, aussi patiente qu'elle était, pourrait supporter de l'avoir constamment auprès d'elle pour les semaines à venir. La réaction de son meilleur ami ne se fit pas attendre.
- Je tiens à ma vie Harry! Non, le Docteur Kurban nous a proposé une chambre individuelle pour son dernier mois. On va sûrement accepter.
- Faites au mieux Ron. Pour le bébé, et pour 'Mione.
Il discutèrent encore un moment. Ce fut juste après avoir raccroché qu'Harry se souvint de la raison première de son appel. Il recomposa le numéro en vitesse.
- Ron! J'ai oublié de te demander où travaillait ton frère exactement.
- Au Dragonii refugiu, ou un truc du genre. Dans les chaînes montagneuses, la vallée Panaci. Pourquoi?
- Je n'ai pas pensé à lui dire que je résidais en quartier Moldu, ça va être difficile pour lui de me contacter.
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Il avait longtemps hésité, entre envoyer un hibou pour organiser une rencontre avec Charlie ou se rendre directement sur son lieu de travail. La deuxième option le démangeait depuis qu'il avait décidé de rester plus longtemps dans le pays. Il rêvait de voir de ses yeux un centre d'élevage de dragons, d'étudier de lui-même les conditions de vie des créatures mais aussi les conditions de travail des éleveurs, la capacité d'accueil, l'encadrement… et, il devait bien l'avouer, de croiser – peut-être – une ou deux créatures mythiques.
Harry avait finalement opté pour les deux: il avait donc envoyé un hibou à la réserve, prévenant de son arrivée en sa qualité de chercheur puis s'était rendu sur place par voie magique. Il se retrouvait donc en ce lundi matin devant la Réserve Naturelle de Panaci pour Dragons et Dragonnes, une vallée magiquement protégée afin d'éviter toute invasion moldue, un sourire enfantin sur les lèvres.
- J'y crois pas, murmura-t-il.
Il dut s'empêcher de courir pour rejoindre l'unique bâtiment qui se trouvait sur sa droite. Son cœur battait la chamade alors qu'il parcourait du regard la chaîne de montagnes qui entourait la vallée. Il sentait ses mains devenir moites au fur et à mesure qu'il approchait et il eut une subite envie d'hurler son bonheur au monde.
Harry Potter, du haut de ses vingt-six ans, ne le savait pas encore, mais au moment même où ses yeux avaient survolé ce paysage, à l'instant même où ses pieds avaient foulé le sol de la réserve, du plus profond de son âme, il était tombé amoureux. Et sans qu'il le sache, ce sentiment grandirait, encore et encore, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus jamais l'oublier.
§ § § Voilà pour le premier chapitre !
J'espère qu'il vous aura plu ! Si c'est le cas, n'hésitez pas à laisser une review, ça fait toujours plaisir ; si ce n'est pas le cas, n'hésitez pas non plus à laisser une review pour dire pourquoi !
La suite mercredi prochain !
A bientôt,
Pauu_Aya
