Salut à tous ! Nouvelle série, nouvelle histoire. Cette fois, on s'attaque à Assassin's Creed. Si l'histoire se déroule pendant Black Flag, on aura des allusions aux jeux précédents et aussi à Desmond Miles.
Vu que j'ai d'autres séries en travail à côté et que je redécouvre Assassin's Creed à côté, la publication de cette histoire sera sporadique, au mieux. Je vous pris donc de m'excuser par avance si cela ne va pas assez vite à votre goût.
J'espère néanmoins que ce premier chapitre vous plaira.
Je vous souhaite une bonne lecture et à bientôt.
Je précise que les longs passage en italique sont les rêves/passage d'animus bref, les souvenirs des ancêtres. Dans ces moments là, les pensées d'Ace seront en écriture classique en guillemet.
Ace ouvrit les yeux encore une fois sur cette chambre blanche dénudée.
Sa nouvelle prison.
Avec un soupir, il passa ses mains sur son visage, habitué à l'affaiblissement constant subi à cause du kairoseki qu'on lui avait mis autour du biceps gauche. L'anneau collait trop à sa peau pour qu'il puisse le retirer seul.
Cela devait faire deux ans qu'il était dans les laboratoires d'Abstergo. Il se souvenait encore de l'instant où on l'avait fait quitter Impel Down. Sengoku avait dû se douter de quelque chose, mais l'ordre venait des Tenryubito. Il ne pouvait pas dire non. Et il avait eu raison de se méfier, parce que les quelques jours convenus durant lesquels, il devrait « aider » cette puissante entreprise qui collaborait utilement avec Vegapunk, s'étaient transformés en maintenant deux longues années. Ils avaient rendu à la Marine un clone, une parfaite copie du Hiken no Ace qui aurait dû être exécuté. Avec la mémoire génétique de l'original afin que personne ne se rende compte de quoi que ce soit.
La porte coulissante électroniquement contrôlée de sa chambre s'ouvrit et un scientifique entra.
- J'arrive, grogna Ace en se redressant dans son lit.
L'homme ne dit rien et fit demi-tour, la porte se refermant derrière lui.
Ace pivota sur lui-même et s'assit au bord du lit, les deux pieds au sol. Il se massa les tempes.
Apparemment, à cause de son D., il avait une mémoire génétique lui permettant d'accéder aux souvenirs d'aïeuls qu'il n'avait jamais connus, et qui intéressaient énormément Abstergo. Il n'était pas le seul cobaye. Un dénommé Desmond Miles avait subi le même genre de chose, devant revivre la vie de deux gars de son côté. Altaïr et Ezio. Enfin, avant qu'il ne s'échappe. Et plus de nouvelles de lui depuis. Ace ne lui en voulait pas de ne pas l'avoir aidé à s'échapper ce jour-là. Après tout, il était dans l'Animus à cet instant, et on avait essayé de le synchroniser (sans succès) avec un possible ancêtre qui aurait vécu au Siècle Perdu durant cette simulation. Ensuite, il n'avait jamais aimé cette blonde assistante avec qui il avait pris le large. Son instinct de pirate avait senti le coup foireux.
En grognant, il attrapa sa chemise jaune et ses chaussures avant de se lever.
En toute logique, il devrait songer à s'échapper, mais sa capture lui avait prouvé qu'il n'avait pas le niveau. Et l'Animus lui permettait de s'entraîner d'une certaine façon.
Ace se leva et quitta la chambre, activant ce qui avait été nommé comme la Vision d'Aigle, par ses ancêtres. Ses yeux devinrent dorés derrières ses mèches folles alors que le monde s'étalait en noir et blanc autour de lui. Le médecin près de la machine lui apparut en rouge.
Ennemi.
Cela serait pratique dans le futur.
Il désactiva sa Vision d'Aigle avant qu'on ne le remarque et rejeta ses cheveux vers l'arrière.
- Eh bien, Doc'. Je vais jouer qui cette fois ?
Il gratta la légère cicatrice sur sa lèvre, tic nerveux qu'il avait développé. Cicatrice qui lui restait de son combat avec Teach. Celle qui avait failli le rendre borgne, une longue balafre en diagonal sur l'œil gauche, c'était sa tentative de fuite quand il avait appris la mort de Shirohige. On avait dû changer l'Animus à cause de cette fois-là.
- Vu ta coopération, je pense que tu peux sortir d'ici. Tu vas rejoindre un autre de nos sièges qui travaille sous couverture dans l'industrie du jeu vidéo, ce qui fait fureur sur notre île. En attendant que ton chauffeur et ton escorte arrivent, prends place dans l'Animus, histoire de te mettre en bouche avec le dernier ancêtre que tu as en commun avec Mr Miles. Edward Kenway.
Ace s'assit sur l'Animus et attendit d'en savoir un peu plus, au grand regret du scientifique. User de la force contre lui ne servait à rien. Il était un sujet trop précieux pour qu'on puisse se permettre de le perdre et trop fin pour se laisser avoir par les manipulations.
- Nous savons d'Edward Kenway qu'il a eu deux mariages. Un triste et couronné d'échec auprès de Caroline Scott, et un autre vers la fin de son existence avec Tessa Stephenson Oakley. Du premier mariage, il eut une fille du nom de Jennifer Scott. Elle a refusé le nom de son père… et peu savent qu'elle a eu un enfant, une fille. Le point de liaison avec la lignée des Portgas. Mr Miles descend du fils d'Edward, Haytman Kenway, né du second mariage.
Ace eut un reniflement narquois en s'allongeant dans l'Animus. Il avait un point commun avec une de ses aïeules. Voyons donc qui était cet Edward pour que sa fille renie son nom…
Le scientifique mit en marche la machine et lança la synchronisation.
Il était là, dans la tempête, affrontant la pluie et le vent. Un canon était sur sa gauche et il avait un boulet entre ses mains.
« Ooooh, nous voilà donc en mer… il y avait longtemps. Encore une fois, tout à l'air si réel avec l'animus, c'est si bon de revoir la mer, même avec ce temps. » songea Ace en se mettant dans la peau de son aïeul.
Edward Kenway ne prit pas le temps de retirer ses cheveux blonds trempés de son visage. Il ne pouvait pas se permettre ce loisir quand ils étaient en plein conflit. Il arma le canon et le poussa jusqu'à la rambarde pour le mettre en position de tir.
- IL EST SUR NOUS ! cria un homme.
Edward manqua de se manger le pont quand un canon fit impact avec leur navire. Il se prit les pieds dans une grille et tomba sur le pont, se plantant un éclat de bois dans le bras. Il se releva immédiatement en retirant l'écharde de sa plaie et revint aussi vite qu'il put vers le bord.
- Quelqu'un le voie ? demanda-t-il.
Pas besoin de répondre, il le vit clairement.
L'autre navire était là, devant lui. Un homme monta sur une planche, et s'avança vers eux.
La tenue bleue et blanche à capuche attira son attention. Cet homme n'était pas banal.
« Voilà donc notre ami Assassin. » songea Ace en reconnaissant la tenue.
- Kenway ! Attrape cette foutue roue ! cria un marin.
« La roue ? Il parle de la barre ? Il ne peut pas utiliser le bon vocabulaire cet idiot !»
-Hughes est mort, Edward, il faut que tu ailles barrer !
- Faîtes pas dans vos frocs, j'y vais ! rugit Ace par la bouche d'Edward.
« J'aime bien son nom en tout cas. Le même qu'Oyaji. » songea Ace en se mettant à courir vers la barre.
Difficilement, essayant de ne pas se faire avoir par les éclats de bois qui volaient sous les coups de canons, il fit sa route vers la poupe du navire. Le corps à proximité lui disait en effet que le timonier était mort. Il referma ses mains sur la barre et orienta le navire au mieux, jugeant d'un œil expert le meilleur timing possible pour donner l'ordre de faire feu. En plus du gros navire avec l'assassin, il y avait quatre autres navires à détruire. Des schooners.
- FEU ! rugit Edward.
BOUM !
Edward ne put étouffer le rire satisfait qui déchira sa gorge quand les canons eurent raison d'un des navires.
Plus que trois.
Un éclair déchira le ciel comme dernier adieu au deuxième schooner qui prit un aller simple pour le Royaume de Davy Jones.
Le troisième aussi. Après tout, jamais deux sans trois.
Le quatrième schooner ne fit pas long feu non plus.
« Bande d'amateurs, le Shin Sekai a des merdes plus monstrueuses que ça. » sourit intérieurement Ace.
- Kenway, arrête de sourire et rattrape ce salopard qui ose fuir la queue entre les jambes ! aboya un homme en montrant le dernier navire, le plus gros, qui prenait de la distance.
- Alors augmentez les voiles, bande de chiens galeux ! Je veux bien tenir la barre, mais il nous faut de la vitesse !
Leur navire prit rapidement de la vitesse et rattrapa le fuyard.
- FEU !
Impact, mais pas suffisant.
- Que quelqu'un repère l'artillerie pour la faire sauter ! rugit Edward en faisant virer le navire au mieux, esquivant de justesse des tirs.
Il remit le navire droit, maudissant la maniabilité pourrie du vaisseau et ordonna le tir d'une nouvelle volée de canons.
- J'ai trouvé l'artillerie ! cria un homme.
- FEU A VOLONTE SUR L'ARTILLERIE !
Les hommes aux canons se firent un plaisir d'obéir. Quand les canons rencontrèrent la réserve de poudre et d'armes, cela fit un magnifique feu d'artifice. Le navire était fini.
Avec un sourire, Edward relâcha la barre et redescendit sur le pont pour recevoir les félicitions pour avoir tenue la barre, alors que lui en distribuait aux tireurs victorieux. L'adrénaline lui faisait tourner la tête. C'était si bon, si nostalgique.
Une odeur de brûler lui parvint.
Qu'est-ce que…
Il avisa des flammes à proximité des tonneaux de poudre sur le pont.
- LA POUDRE ! ELLE VA SAUTER !
- Et merde… jura Edward.
Le capitaine du navire poussa un homme vers les flammes pour les lui faire éteindre, avant qu'il ne se fasse tuer par derrière. Le corps bascula vers l'avant, dévoilant l'assassin, les lames secrètes dehors. Et il se tourna vers Edward.
« Et merde ! Les capacités d'Edward peuvent être transférées à mon corps d'origine, mais pas l'inverse ! » jura Ace en reculant avec prudence.
Il n'était pas encore assez habitué à ce corps pour foncer ainsi, comme il le faisait d'habitude, surtout qu'il y avait toujours le problème de la poudre.
Le souffle de l'explosion ne le surprit qu'à moitié et il se retrouva éjecté dans la mer. Le contact avec l'eau froide, si réel malgré la virtualité de la chose, le figea un instant.
Edward regarda, à moitié sonné, son navire partir en flamme depuis l'obscurité de la mer.
Ace se figea, un flash-back dans les oreilles. Il entendait l'orage trop clairement, alors qu'il était sous l'eau. Il entendait une voix de femme lui parler :
« C'est dangereux ? »
Qu'est-ce qu'y est dangereux ? Qui est-elle ?
« Être corsaire, c'est dangereux ? »
« C'est pour ça qu'ils payent si bien. » répondit la voix d'Edward.
Oh, donc, Edward Kenway était un corsaire.
Ace retint un reniflement dédaigneux. Il n'aimait pas les corsaires. Que ce soit les classiques, ou les Shichibukai.
« Mais il y a la marine royale ! Tu toucheras une bonne solde et tu seras entouré d'hommes d'honneur ! » pointa la femme.
Elle avait l'air si inquiète, si désespérée.
« Au diable la marine royale. Pour chaque berry que je gagne, le commandeur en prend six cent. C'est pas comme ça que je ferais fortune. »
L'or pour l'or, donc ? Ace aimait de moins en moins cet homme.
« Qui te demande de faire fortune ?! » s'impatienta la femme.
Oui, qui donc ?! La fortune sans but n'a rien de réjouissant !
« Je veux pas faire fortune, Caroline. Je veux manger à ma faim. Je veux un toit solide au-dessus de ma tête. Je veux une vie décente. »
Ses arguments se tenaient, Ace pouvait le lui accorder. Néanmoins, il remercia Edward de mettre un nom sur l'identité de la femme. Caroline. Son aïeule, donc ?
La femme resta un instant silencieuse, avant de dire…
« Tu seras parti avec ces corsaires combien de temps ? »
Elle avait l'air presque résignée.
« Un an, je dirais. Deux, tout au plus. »
« D'accord, pas plus de deux ans… promets-le-moi… »
Il avait une promesse à tenir. Même s'il n'aimait pas plus que ça cet Edward (il allait devoir prendre son mal en patience le temps qu'Abstergo obtienne ce qu'ils cherchaient), il ne pouvait pas rester sans rien faire et devait tenir cette promesse.
.
Le noir s'éclaira un instant et Edward ouvrit la bouche pour la refermer en voyant des bulles s'échapper.
« Baka ! Edward n'a pas d'akuma no mi ! Qu'est-ce que j'attends !? » songea rageusement Ace.
Un regard autour de lui fut suffisant pour savoir qu'il était le seul survivant de son équipage. Il força sur ses muscles et entama une remontée vive et énergique pour finir par jaillir de l'eau.
Le temps venait enfin de se dégager sur un ciel limpide.
Edward emplit ses poumons d'air. Air, saint air ! Pur oxygène bienfaiteur dans ses poumons malmenés.
Il n'était peut-être toujours pas tiré d'affaire, mais il y avait du progrès, surtout que le rivage était juste en face. Il fit d'abord quelques brasses, avant de partir dans un crawl effréné entre les débris des navires en flammes qui flottaient sur sa route. Il finit par sentir sous ses pieds le sable du fond et difficilement, marcha jusqu'au bord, avant de se laisser tomber sur la plage d'une île tropicale. Mort de fatigue, il tomba à quatre pattes et se tira jusqu'au sable humide, avant de tomber avec un rire nerveux. Il regarda des oiseaux traverser le ciel. Il ferma les yeux, laissant le soleil réchauffer ses blessures.
« Le bruit des vagues… même si j'ai mal comme un chien, qu'est-ce que c'est bon de les entendre de nouveau. » songea Ace.
Un bruit d'eau lui dit qu'il n'était pas le seul survivant. Un bref regard sur sa gauche lui apprit qui c'était : l'Assassin. La façon dont il se tenait laissait présager qu'il était grièvement blessé. Enfin, plus que lui, en tout cas.
Edward eut un petit rire.
- Ehehehe ! Ça t'a plu à toi aussi ? demanda Ace en songeant au saut forcé à l'eau suivi de la joyeuse baignade.
- La Havane. Il faut que j'aille à La Havane… souffla l'homme.
La Havane ? C'était dans le South Blue, ça. Dans les simulations précédentes, Ace avait eu droit à Arabasta, brièvement, puis principalement West Blue. Il n'avait jamais navigué dans les eaux de South et North Blue.
Ce serait l'occasion de découvrir son pays natal.
Malheureusement, le gars semblait oublier leur situation.
- Eh bien, j'ai plus qu'à nous construire un navire ! ironisa Ace de la bouche d'Edward.
- Je te paierai. L'or, ce n'est pas tout ce que cherchent les pirates ? Un millier de berrys !
En silence, Edward se rassit et remarqua une bouteille pas loin de lui, miraculeusement intacte. Un coup d'œil au goulot lui fit dire néanmoins qu'il n'aurait pas la moindre goutte d'alcool.
Un coup d'œil au second naufragé lui dit qu'il était vraiment dans un sale état. Il frissonnait salement.
- J't'écoute.
Ace grogna mentalement. Il avait espéré pouvoir continuer à agir comme bon lui semblait, mais la mémoire venait de prendre le dessus. Il n'aurait jamais eu cette réplique dans le cas contraire. L'or n'était pas la priorité du moment dans ces conditions. Mais apparemment, son ancêtre songeait à autre chose.
- Alors, tu vas m'aider oui ou non ? demanda l'assassin blessé.
Edward se leva et alla le voir.
Cet homme ne ferait pas long feu dans son état. Il était plié de douleur, sa respiration était difficile et il tremblait.
« Animus ! Carte de la région ! » exigea Ace.
La carte apparut en hologramme devant lui, dans l'air. C'était une invention de la dernière version. Un animus intelligent… qu'il avait pu corrompre, apparemment. Elle était indépendante et ferme. Une amie dans ce monde de serpents. Après, elle en était peut-être une d'espionne, elle aussi, faite pour se glisser sous sa garde, comme cette blondasse avait fait pour Desmond.
« Je suis où ? » demanda Ace en observant la carte qui avait mis la mémoire en pause.
« Cap de Bonavista, Ace. » lui dit la voix de femme de la machine.
Une croix apparut sur la carte, montrant où il était exactement.
Du doigt, il suivit la route qu'il devrait prendre pour aller jusqu'à la Havane. Cela ferait un bon bout de chemin. L'homme ne survivrait pas.
« Je te mets une mini-carte dans la main. » annonça la femme.
« Merci Animus. Tu peux remettre en route la mémoire.» remercia Ace en voyant une mini-carte apparaître dans le creux de sa main.
Edward regarda l'homme à ses pieds.
- Et t'as tout cet or sur toi, bien sûr ? dit-il narquoisement.
Il voulut lui prendre le bras pour l'aider à se redresser, mais l'homme dut mal interpréter son geste, parce qu'il brandit un flingue, faisant reculer Ace. Il avait appris dans la douleur qu'il n'était plus un logia dans l'animus mais un simple humain. Alors, autant ne pas tenter le diable. Même si c'était au mieux que les choses soient ainsi.
- Misérables chiens de pirates !
Ace essaya de ne pas sourire. Il connaissait ce genre de pistolet, et il savait très bien ce qu'il se passait une fois dans l'eau.
L'homme appuya sur la gâchette, mais rien ne partit. Pas de bol, mec, la poudre a été mouillée. D'abord surpris, il s'énerva et jeta son arme inutile avant de prendre la fuite.
Un sourire maniaque étira les lèvres d'Edward. Ace eut un rire silencieux.
Ce mec l'avait cherché ? Eh bien il allait le trouver.
Il allait l'avoir.
Et il partit en sprint, traversa un pont de singe qui mena de la plage à l'intérieur de la jungle. Il sauta par-dessus un tronc d'arbre et courut sur les traces de l'assassin au travers ce monde luxuriant.
L'Animus lui offrait une liberté de mouvement qu'il n'avait plus dans le monde réel. Mais c'était son choix. Qu'ils le remarquent ou pas, Ace avait noté des changements sur son corps. Son corps portait les cicatrices de ses combats dans ce monde virtuel. Ses muscles, dans une telle inaction, auraient dû se réduire et s'affaiblir, mais devenaient plus dur, plus souples et plus puissants à chaque séquence étudiée. Ses ancêtres lui léguaient leur propre force. Quand il retrouverait les Shirohige (s'il avait toujours une place parmi eux) et son frère, ils n'auraient plus aucune raison de s'en faire pour lui.
Il devenait plus fort.
C'était son entraînement personnel.
Ses bottes trouvèrent un chemin de sable et des traces lui indiquèrent que sa proie était passée par là. Surprenant qu'elle arrive à courir si vite malgré ses blessures. Edward accéléra, trouvant un abri rocheux avec des traces d'ancienne présence humaine, menant à un autre pont de singe qu'il traversa toujours aussi vite que ses jambes le pouvaient.
- La Havane est à plus de cent lieues ! cria Ace avec amusement. Tu ne vas tout de même pas y aller à pied !?
Il devait repérer sa proie.
Se stoppant dans une zone herbeuse, il regarda autour de lui et remarqua des constructions faites d'arbres blanchis par le temps. Sans chercher à en savoir plus, Ace l'escalada. Si Edward était aussi rapide qu'une tortue, Ace n'avait pas à se plaindre de son agilité, parce qu'en deux trois mouvements, il se retrouva dans la fourche de la construction. Son nouveau point de vue lui permit de mieux identifier les lieux. Il y avait un vieil échafaud de bois un peu plus loin, à moitié envahi par les plantes grimpantes, et donnant sur chemin de sable hors de portée par un tout autre moyen. Sans chercher plus loin, Ace se jeta souplement sur l'échafaud et se rattrapa en une roulade, avant de foncer vers le chemin. Que sa proie puisse réussir cela ne le surprenait pas. Après tout, c'était un Assassin qu'il poursuivait. De là, il trouva une tourelle qu'il escalada tout aussi aisément, finissant sur un balcon de bois, avec une avancée sur laquelle il alla s'accroupir, observant les alentours, tel un aigle cherchant sa proie.
Le paysage paradisiaque tournoya autour de lui. Et il respira l'air marin. Parfois, la mémoire s'interrompait et c'était à lui de prendre le contrôle. Pour que tout reprenne, il devait accomplir un objectif, comme s'il avait une mission. Mais en attendant, il était Libre.
Avec un grand rire, Ace sauta à l'eau au-dessous de lui dans un saut de la Foi qui le fit plonger dans les eaux cristallines avant de revenir à la surface. Un bref coup d'œil à droite lui montra un coffre dans l'ombre de rochers. Une fois de retour sur la plage, il donna un bon coup de pied dans le coffre et trouva une poignée de pièces d'or qu'il fourra dans ses poches. C'était pas grand-chose, surtout en sachant qu'il y avait mille berrys qui attendaient sans doute à La Havane, mais c'était déjà ça d'assurer.
Il marcha sur la plage, écoutant les bruits de l'environnement pour retrouver sa proie, avant que ses pieds ne percutent une bouteille vide. En la ramassant, il remarqua immédiatement un morceau de papier dedans. Arrachant des dents le bouchon, il fit glisser le message dans sa main avant de rejeter la bouteille à la mer.
« Ceci est un bout de rapport au sujet de ce qu'on appelle l'Observatoire. Il est question d'un sage qui aurait été enlevé par un certain Baham, qui en réalité n'a fait que le sauver de deux Templiers qui convoitaient les savoirs que ce sage cachait en son esprit, surtout sur l'Observatoire qui est un lieu, apparemment. » lui résuma l'Animus.
« L'Observatoire ? » demanda Ace en reprenant sa traque.
« Oui. Toujours d'après le rapport, ce Baham apparemment aurait déclaré que c'était au Sage de choisir s'il voulait partager ou pas ses secrets. »
« Assassin, hun ? »
« Probable. L'Observatoire est ce que cherchent Abstergo, et plus généralement, les Templiers, avec Edward Kenway. »
« Dans quel camp es-tu ? »
« Celui de ma conceptrice. Rebecca Crane. Je suis peut-être issue d'une technologie volée, mais je suis telle que ma mère m'a faite. A l'image de notre organisation. C'est de leur faute pour m'avoir installée sur la nouvelle version d'Animus qui a remplacé la destruction que tu as causée il y a deux ans environs. D'où le Bleeding Effect que tu subis depuis et les changements que tu as remarqués. Que ça reste entre nous.»
C'était si ironique. Si drôle.
Edward escalada une nouvelle construction pour gravir le flanc rocailleux de sa destination, un petit rire au fond de la gorge.
Il donna un coup de pied dans un nouveau coffre au passage pour se remplir les poches et continua sa route. Où était ce foutu Assassin ?
En grimpant de nouveau, il atterrit dans ce qui avait été des habitations. Certes rudimentaires, avec des toits de paille, mais des traces de vie tout de même. Un bruit lui fit dire que sa proie était là, devant.
- On devrait pouvoir s'entendre, non ? lança Ace alors que sa cible sautait plus loin, agile malgré sa blessure évidente.
Pas de réponse. Il sauta sur un arbre penché et disparut de son champ de vision. Avec un long soupir, Edward se mit en marche.
Si Edward Kenway semblait las de ce jeu du chat et de la souris, Ace s'amusait comme un petit fou. Il fila vers une construction de bois et grimpa à son sommet, dérangeant un aigle pour se tenir au bord.
« Cet homme avait de la chance d'avoir vécu dans un monde si magnifique. » songea Ace.
Il plongea à l'eau au-dessous, évitant de peu de se fendre le crâne dans la roche et revint à la surface en souriant. L'Assassin était en vue.
- Garde tes distances !
Il tira. Seule l'expérience pour les coups tordus permit à Ace de ne pas se faire avoir.
Et l'homme fila de nouveau.
- T'aurais pas dû faire ça, grogna Ace.
Il allait le buter.
Pas de merci.
Il fonça à sa poursuite, l'odeur de la poudre dans l'air excitant ses sens. Passant par-dessus les branches, se balançant aux lianes, sautant au-dessus des chutes d'eau et des ravins, Ace poursuivit sa traque. Avant il voulait discuter. Maintenant, il allait l'étrangler avec ses entrailles pour lui avoir tiré dessus.
On ne pointe pas son arme sur quelqu'un si on n'est pas prêt à mettre sa propre vie en jeu.
Sautant une dernière fois, il se retrouva dans une zone rocheuse qui empestait le souffre. L'assassin cessa de fuir et se mit en garde. Il avait son pistolet et deux lames cachées. Edward avait deux rapières de pacotille. Mais c'était déjà ça. Il les tira et partit à l'assaut, ses années d'expériences parlant pour lui, ajouté à ce que l'Animus avait appelé les gains dus au Bleeding Effect. Edward para une attaque et dans un mouvement vif, se saisit du col du manteau de son adversaire pour l'attirer à lui, avant de s'effacer, déséquilibrant l'homme, et lui infligeant une sale blessure dans le dos. Il tomba à terre et Edward attaqua sans relâche.
Ace resta froid face à ce qu'il faisait. Avant, il n'aurait jamais attaqué un homme à terre, il l'aurait laissé se relever. Aujourd'hui, il avait appris le coût de ce genre de concession. Cela avait manqué de le faire tuer plus d'une fois. Certes, il ne pouvait pas mourir dans l'Animus, mais les désynchronisations brutales étaient douloureuses.
Les deux rapières trouvèrent rapidement le cœur et mirent fin à la vie de l'homme. D'un geste négligeant, il chassa le sang de ses armes et les rangea. Il ramassa le corps et l'attira sur des pierres sèches avant de le fouiller. Il prit la sacoche de l'homme et l'ouvrit. Tout ce qu'il trouva était un étrange objet translucide et une lettre.
- « Señor Duncan Walpole, j'accepte votre généreuse proposition et attends votre venue avec impatience. Si vous détenez les informations que nous désirons, nous vous récompenserons généreusement. Votre visage m'est certes inconnu, mais je crois pouvoir reconnaître la tenue qui a rendue votre Confrérie si tristement célèbre. Par conséquent, gagnez en toute hâte La Havane. Je vous assure que vous y serez reçu comme un frère. Votre très humble serviteur, le Gouverneur Laureanon y Ayala. »
Puisque la récompense attendait Duncan Walpole, il irait la chercher. C'était risqué, mais au point où il en était… Le pire serait une autre désynchronisation. Il n'en avait pas eu depuis les premiers temps où il découvrait le monde de l'Animus, mais ce n'était pas le monde réel. Il déshabilla l'homme et le cacha dans un tas de feuilles. Il servirait de nourriture aux charognards de l'île. Il revint ensuite vers le manteau de l'homme. La tenue des Assassins. Taillée pour ne gêner aucun mouvement, de nombreuses caches dans le tissu, des ceintures pour ses armes, et bien entendu, la capuche qui tombait sur ses yeux, mettant son visage dans l'ombre sans pour autant lui couper son champ de vision. Un regard pour les lames secrètes et il les jeta au loin. Elles étaient cassées, pas la peine de se prendre la tête avec. Il trouverait bien un moyen de s'en trouver d'autres à La Havane. Il s'habilla de la tenue d'Assassin, ravi de voir qu'elle était à sa taille et rabattit la capuche sur son crâne, après avoir serré la ceinture de tissu rouge qui rattachait l'ensemble de cuir et coton blanc et bleu du manteau.
- Monsieur Walpole, allons toucher votre récompense… grogna Edward.
Cela mit un arrière goût dans la bouche d'Ace. Cet homme n'avait donc aucun honneur, hein ? Eh ben, puisque c'était son ancêtre du côté Portgas, il semblerait que même la famille de sa mère avait des mauvaises surprises pour lui.
Edward se mit en marche, attiré par un étrange bruit.
En s'avançant, il arriva au bord du promontoire rocheux et avisa un schooner. Le drapeau, l'Union Jack, lui annonça à quoi il avait affaire. Des gars d'East Blue. Eh ben, ils étaient bien loin de chez eux, après, il savait que les anglais avaient à une époque colonisé quelques îles du côté de South Blue, d'où leur présence… L'inverse était vrai, aussi, les portugais de South Blue avaient colonisé Dawn à une époque.
« Merci Speed pour tes livres d'histoire. » sourit amèrement Ace.
En attendant, il devait aller à La Havane, sur l'île de Cuba. Cette mémoire lui permettrait-elle de voir Batterilla ? Il aimerait bien. Mais il était certain que le schooner sous ses yeux serait un parfait navire pour se rendre à destination, pour l'instant. Il verrait plus tard pour trouver mieux.
Edward grimpa à un arbre dont une branche donnait sur le bas de la falaise et accessoirement de la falaise pas loin, et s'accroupit dessus, dérangeant au passage un autre aigle. La vue était magnifique.
« Un jour, je viendrai ici, dans la vraie vie. Vu que le temps est passé, ça ressemblera sans doute plus à ça, mais je voudrais revoir ces paysages. Qui sait, j'arriverai peut-être à venir avec Luffy. Il trouvera cet endroit tout aussi magnifique. » songea Ace.
« C'est bien de garder espoir. » lui dit l'Animus.
« J'ai que ça pour l'instant. »
Edward plongea donc et termina encore une fois à l'eau. Il allait pas se plaindre, vu qu'il n'avait pas d'akuma no mi dans l'animus, et pouvait donc nager, et aussi, l'eau était chaude, grâce au soleil. En revenant à la surface, il entendit des voix, et veilla à se faire discret tout en les écoutant :
- Le commandant est parti pour Kingston, nous avons ordre de réquisitionner le navire de ce gros balourd pour le suivre.
- P-pardon, Kingston ? bégaya un homme apparemment effrayé. Non, non, non, nous allons à La Havane. Je ne suis qu'un simple marchand…
- Silence, sale pirate ! Tu seras pendu pour ce que tu as fait ici !
- Monsieur, je n'ai pas pris part à cette attaque. Nous avons mouillé pour faire de l'eau et embarquer des vivres !
Edward grimpa en silence sur la berge et se cacha derrière un arbre, arrangeant sa capuche sur sa tête, avant d'activer sa Vision d'Aigle. Le monde noir et blanc lui répondit, froid et rassurant.
- Donne-moi une seule raison pour ne pas t'ouvrir le crâne…
-Prenez mon sucre ! Prenez tout ce que vous voudrez ! Je vous paierai ! Tout ce que vous voudrez !
Edward balaya de sa cachette les environs. Deux tâches rouges, dans le lointain, lui parvinrent… au travers la roche.
« Euh… Animus ? Depuis quand je vois à travers les murs ? »
« Edward Kenway avait cette variation de la Vision d'Aigle. Seule sa fille en a hérité. » lui expliqua l'Animus.
« Oooh… pratique. »
Il fonça jusqu'à des herbes et se cacha dedans, se rapprochant lentement de sa cible. Il sauta en contrebas, accédant au niveau de la plage, et se cacha dans les herbes denses qui faisaient de la résistance dans les environs. Soulevant une large feuille qui lui masquait la vue, Edward regarda ses cibles.
Ils étaient six à présent en rouge, maintenant qu'il était plus près. Lentement, il s'approcha d'un premier homme armé, désactivant sa Vision d'Aigle. Il jaillit des fourrés quand l'homme lui tourna le dos, une main sur sa bouche et l'attira avec lui dans l'herbe, l'étouffant de toute la force de ses bras, avant de le laisser tomber à terre, sans jamais avoir attiré l'attention de quiconque. Au pas de course, il fonça de l'autre côté du chemin pour changer de cachette, se rapprochant de sa nouvelle cible. Elle finit elle aussi étouffée dans les buissons aux larges feuilles. Toujours se rapprochant du marchand effrayé, Edward fit une autre victime qui termina sa carrière dans la Marine Royale comme futur nourriture pour les charognards.
Se rapprochant des dernières cibles, Edward s'arrêta un instant. Elles étaient trop proches les unes des autres. Il ne pourrait pas tous les avoir avec discrétion. Il roula vers une autre cachette et tira ses rapières. Il les saisit par les lames, assez courtes pour avoir la longueur d'un poignard, et jaillit des fourrés, prenant les deux gardes devant lui avec un genou dans le dos, les renversant. Dans la chute, il planta ses armes dans leur cou, avant de se dégager pour parer l'arme du dernier garde qui avait été averti par le bruit. Edward bloqua l'épée venant vers lui d'un coup de lame, tournoya sur lui-même et planta la seconde dans le ventre de son adversaire. Il lui refit face et sa seconde lame finit dans la gorge de l'homme. Il dégagea ses armes et observa de nouveau les alentours avec sa Vision d'Aigle. Rien d'intéressant, outre le marchand, un homme blond aux cheveux très courts et coiffés vers l'arrière, assez enrobé, qui lui apparaissait en bleu.
Edward chassa le sang de ses lames en désactivant sa Vision d'Aigle, avant d'aider le marchand à terre à se relever, retirant sa capuche au passage. Il essuya un peu de sueur de son front. Il avait oublié ce que ça faisait d'avoir chaud ou froid, et là, il crevait sous la chaleur.
- Le ciel soit loué, monsieur, vous m'avez sauvé. Tous mes remerciements !
Le regard d'Edward fut attiré par un navire qui avait meilleure mine que le schooner de tout à l'heure.
- C'est le tien ?
- Euh oui, mais… voici son malheureux capitaine… soupira le marchand.
Il montra un homme mort à la peau café au lait, qui était étalé dans le sable gorgé de sang.
- Et je ne connais rien à la navigation.
Cela fit rire Ace. Lui, il connaissait beaucoup en navigation. Il connaissait l'Enfer, après tout.
- Je le piloterai moi-même, ne t'en fais pas, assura Ace.
- Vous ne comptez pas vous enfuir à son bord, dîtes ? s'enquit le marchant.
Ace retint un reniflement narquois. Il en connaissait beaucoup des hors-la-loi qui disaient leurs intentions ?
Et contre toute attente, Kenway se la joua finement.
- Je suis Duncan, quel est ton nom mon ami, demanda Edward en allant lui serrer la main.
- Stede. Stede Bonnet.
L'homme souriait.
- Eh bien monsieur, que cela reste entre nous… mais je suis en mission secrète pour sa Majesté, Dieu veille sur lui, et je dois rejoindre La Havane au plus vite.
Il ne fit aucun commentaire en voyant l'homme s'essuyer sa main sur son manteau.
- Ah… vous me voyez soulagé, monsieur ! La Havane est aussi ma destination. Nos destins nous réunissent !
Ce gars était crédule… pire que Luffy.
- C'est la chance mon ami, lui dit Kenway.
Il tira une de ses armes et alla jeter un œil aux deux caisses sur le sable. Déformation professionnelle.
- Oh, vous me rassurez, mon ami. Quand je vous ai aperçu, j'ai bien cru avoir affaire à un pirate !
- Ah oui ?
« J'ai vraiment la tête de l'emploi ? » songea Ace.
Il verrait plus attentivement son reflet dans l'eau.
- Oui, continua le blond sans voir ce que faisait Edward. Vous avez une… une démarche assez peu commune. Rapide et aisée si je puis me permettre. Vous m'avez flanqué la frousse.
Edward s'éloigna du dernier chargement et Bonnet s'empressa d'aller refermer correctement la caisse avant de hâter le pas pour suivre son nouvel ami et sauveur.
- Mais tout bien considéré, je crois que cette journée a plutôt bien tourné, n'est-ce pas ?
Edward lui lança un regard qui voulait tout dire, faisant fondre le sourire des lèvres du marchand, avant de se tourner vers le navire.
- Je vous conseille de charger vos marchandises, on lève l'ancre quand ça sera fait.
Edward s'approcha de l'eau et regarda son reflet dedans. Visage fin et aminci, des yeux vifs et légèrement cernés enfoncés dans leur orbite. La crasse de son visage et l'odeur lui disaient qu'il aurait bien besoin d'une douche, et ses cheveux blonds, avec quelques mèches noires, réunis en un grossier catogan, avaient bien besoin d'un shampoing. Voire même d'un dépouillage.
- Sans barque, j'ai bien peur que nous ne devions nager jusqu'au navire, lui dit Bonnet en s'avançant vers l'eau.
- Hmpf, ça pourrait être pire, Bonnet. L'eau pourrait être infestée de requins ou de kai-ô.
Il repéra un squelette pas très loin et alla le voir.
- C'est soit la nage, soit finir comme ce pauvre homme.
Bonnet frissonna et plongea à l'eau, pendant qu'Edward fouillait les poches du cadavre, y trouvant une carte.
Une carte au trésor, apparemment.
Cela tira un sourire à Ace. Les cartes aux trésors avaient toujours un étrange charme, qu'elles soient vraies ou fausses.
- Oh… oh je suis à la peine… j'aurai dû enlever mon manteau… se plaignit Bonnet.
Cet homme était affligeant.
Edward entra dans l'eau et partit dans un crawl vers le navire, dépassant aisément le marchand qui peinait à en faire de même. Il se hissa agilement à bord et attendit que le marchand arrive lui aussi, avant de monter à la barre qu'il prit en main, savourant le contact du bois dans ses paumes calleuses.
- Bienvenue à bord, Duncan ! Ce n'est qu'un modeste schooner, mais il convient idéalement au convoyage de marchandises de ma plantation, dit le marchand.
- Beau navire, approuva Edward.
« Pas à la hauteur du Moby Dick » réfuta Ace.
Il remarqua le vent changer légèrement.
- Le vent forcit, on ferait mieux d'envoyer toute la voile, non ? lança Edward.
- Bonne idée !
Le marchand fit un signe et les deux trois hommes d'équipages lâchèrent plus de voile. Immédiatement, le navire accéléra. Edward écouta d'une oreille ce que disait Bonnet qui s'était assis sur une caisse et eut un sourire. Finalement, même si l'homme était un cas, il aimait sa façon de voir les choses. La mer le faisait se sentir libre, avec tant de possibilités. Elle était apaisante, bienfaitrice.
- J'aime ta façon de voir les choses, Bonnet.
Edward manœuvra le navire hors de la baie. C'était pas ce qu'il y avait de plus facile, heureusement que le navire n'était pas très grand. Il fit pivoter la barre pour esquiver un rocher qui sortait de l'eau. Il n'y avait pas encore assez de profondeur pour se détendre vraiment.
- Nous voguons à belle allure, Duncan ! commenta joyeusement Bonnet en s'asseyant sur une caisse pas très loin de la barre.
- Attendez qu'on soit en haute mer pour dire ça… grogna Edward, la langue entre les dents.
- Les matelots semblaient inquiets qu'il y ait des pirates écumant ces eaux. Pensez-vous qu'il s'agisse d'un réel danger ?
La bouche d'Edward parla sans qu'Ace n'y soit pour quelque chose :
- Pas vraiment. La plupart des pirates rôdent dans la Passe au Vent, entre Cuba et Hispaniola. Nous sommes pas loin de Baterrilla, et il faudrait être fou pour chasser sur le terrain de jeu des Portgas. Ce sont peut-être des métis, mais on raconte des choses sur eux…
Ace en resta abasourdi.
Whouawe, la famille de sa mère avait une telle réputation à l'époque ?
Il consulta la mini-carte dans sa main. Il voyait une pointe de l'île de Baterilla dessus. Pouvait-il s'y risquer ? Non, plus tard, quand il n'aurait pas un gars comme Bonnet à bord.
- Je vois… en effet, la Passe au Vent est très fréquentée, mais j'avais jamais entendu le nom de Portgas, auparavant. Ce sont des pirates ?
- Nan, mais ils ne leur manqueraient qu'un navire et une bonne raison de prendre le large pour ça. Et le jour où ils le feront, on le sentira tous passer. Mais ils ont une haine tenace contre les Gouvernements. Anglais ou Espagnol, c'est du pareil au même pour eux. Des toutous aux bottes du Sekai Seifu. Enfin, pour eux… c'est sa majesté qui me paye, je vais pas me plaindre ! Ahahahahaha !
Bonnet eut un rire nerveux quand même.
« Je sens que je vais adorer cette histoire. » songea Ace.
« C'est en effet l'occasion d'en apprendre plus sur les Portgas. » approuva l'Animus.
- Pour revenir sur les pirates, je n'ai rien à craindre d'eux. Mon navire est trop petit pour les intéresser, et je ne transporte rien de bien précieux… de la canne à sucre, de la mélasse et du rhum… fit Bonnet.
« Connard, j'aurais pas craché sur un schooner quand j'ai pris le large, crois-moi. » grinça mentalement Ace.
- Pas un pirate au monde ne tournerait le dos à un tonneau de rhum.
- Ma foi, vu sous cet angle, vous avez raison.
- Soyez juste chanceux que ce ne soit pas du saké, c'est une denrée rare à notre époque. Certains pirates tueraient père et mère pour en avoir.
- Le riz pousse mal par chez nous, malheureusement. Mais j'aimerais bien une fois dans ma vie goûter au saké.
- J'en ai déjà bu. Chaque île qui en produit a sa recette, sa variante, raconta Ace par la bouche d'Edward. Pour l'instant, aucun n'égale le goût du saké de Dawn, dans l'East Blue.
- Ahahahahaha ! Qu'est-ce qu'un grand gaillard comme vous a-t-il pu bien faire dans la mer la plus faible du monde !?
Edward donna un ordre pour qu'on réduise la voile, histoire de contourner un passage un peu difficile et ne pas échouer bêtement le navire dans le sable, avant de continuer la route, jusqu'à un immense éperon rocheux qui marqua la fin de la baie.
- TOUTE LA VOILE DEHORS ! ordonna Edward.
Les matelots allaient s'exécuter quand…
Fiiiiiiiiiiiiiiouff…. Plouuuufff !
Avec une gracieuse lenteur, une énorme baleine venait de sauter hors de l'eau pas très loin du navire pour replonger, les éclaboussant au passage.
- Quelle magnifique créature, n'est-ce pas ?! sourit Bonnet.
- On aurait eu plus de souci s'il avait s'agit d'un kai-ô, renifla narquoisement Edward.
« Cet homme est-il donc incapable d'admirer les choses simples et magnifiques du monde ? » s'indigna mentalement Ace.
Bonnet se leva finalement et passa derrière Edward.
- Vous êtes un marin né, Duncan ! dit-il.
- Forcément, j'ai déjà eu l'occasion de faire mes preuves. Durant deux ans, parmi les corsaires ! lui dit Edward en lui jetant un bref regard, avant de regarder de nouveau devant lui.
- Dieu saint du ciel ! Duncan, votre vie respire l'aventure ! Que de péripéties, mon ami ! C'est merveilleux !
- C'est vrai que j'ai vu mon lot de choses étranges, et pourtant, j'ai pas encore trouvé l'occasion de m'aventurer sur la Grand Line !
Ils avaient quitté la baie à présent, et le monde s'ouvrait à eux.
Ace sourit et ferma les yeux, laissant le soleil et le vent salin lui caresser le visage.
Et la séquence s'acheva au grand regret d'Ace.
Ace papillonna des yeux en revenant à la réalité et se redressa sur la machine. Deux hommes, deux malabards en costard et lunette de soleil étaient là.
- Ils vous escorteront jusqu'à la voiture, annonça le scientifique. Vous serez logé dans les locaux. Nous sommes peut-être hors du monde et de ses dangers, sur cette île, mais vous devez rester anonyme… que dirait-on si on apprenait que le fils de Roger continuait de vivre une belle vie, malgré tout…?
Ace plissa des yeux, mais suivit les deux hommes en noir et sans doute bien armés hors de la pièce. Il traversa des couloirs vitrés jusqu'à un ascenseur dans lequel ils entrèrent tous les trois.
- J'ai envie d'une clope… marmonna Ace. Vous fumez ?
Aucune réponse des deux murs de muscles.
Pas qu'Ace voulait vraiment fumer, il voulait juste détourner leur attention un bref instant pour récupérer quelque chose. Il observa les doigts de ses gardes, et remarqua les ongles de l'un d'eux, montrant des signes évidents de tabagisme.
Faisant exprès de s'étirer, Ace accomplit son vol rapidement, sans alerter le proprio du briquet et du pistolet qu'il venait de voler. Pistolet qui disparut dans l'arrière de son bermuda, coincé dans sa ceinture, caché par sa chemise.
Quelle idée de laisser ce genre de joujou à portée d'un pirate libre de mouvement.
L'ascenseur arriva enfin à un garage souterrain et on força Ace à monter à l'arrière d'une voiture à vitres tintées. Et bien sûr, les deux gorilles l'encadrèrent.
« Patience Ace, fais cet ancêtre et tu auras sans doute assez pour reprendre la mer. » songea Hiken.
Il referma une de ses mains sur le gênant anneau de kairoseki à son bras. Il devrait trouver un moyen de s'en débarrasser rapidement.
En attendant, son aïeul et l'entraînement l'attendaient.
