Disclaimer : Ils ne sont pas à moi

Saison 3. Episode 2 alors spoiler pour ceux qui ne l'ont pas vu.

1 ) Rodney

-Docteur McKay, vous voulez que je vous apporte un sandwich ?

-Non, merci, je n'ai pas faim, grogna le scientifique en se renfonçant dans son siège.

La jeune japonaise soupira. Cela faisait plusieurs heures que son patron adoré se tenait là, dans un coin du labo, fixant d'un air vague l'écran de l'ordinateur installé en face de lui. N'importe qui aurait pensé qu'il travaillait mais pas Miko. A force de l'observer elle finissait par le connaître et en ce moment elle savait que quelque chose le tourmentait.

Il avait fait irruption dans le laboratoire en fin d'après-midi, pale et fatigué, la mine soucieuse. Miko ne l'avait pas souvent vu souriant et détendu, elle l'admettait mais cette fois ci c'était pire.

D'habitude quand il avait un problème ou bien qu'il était de mauvaise humeur il en faisait profiter tout le monde. Il criait, tempêtait contre les incompétents qui l'entouraient, les traitait de singes savants et les accusait au mieux d'essayer de faire sauter les laboratoires et la cité avec mais là rien.

Miko l'avait observé parcourir les labos, tripoter machinalement quelques objets anciens, et même faire remarquer d'un ton las à un jeune scientifique une erreur dans une équation. Sans crier. C'était étrange, on aurait dit un autre homme. Finalement il s'était installé dans un siège face à un écran allumé ou défilaient interminablement des centaines de petites étoiles.

La jeune japonaise se mordit les lèvres. Il se faisait tard et tout le monde était parti depuis longtemps. Les laboratoires étaient silencieux. Quelques heures auparavant, les lieux rappelaient une ruche bourdonnante, les gens s'interpellaient, discutaient, les appareils fonctionnaient, les radios crépitaient. Les laboratoires lui semblaient étranges ainsi, silencieux, vides, elle leur trouvait même une nouvelle dimension, ils lui semblaient encore plus grands.

Miko reporta son attention sur la silhouette enfoncée dans son fauteuil, répugnant à le laisser seul. Elle hésita, tiraillée entre le désir de lui demander s'il allait bien et la crainte de faire preuve d'indiscrétion. Elle l'admirait, c'était un génie, l'homme le plus intelligent qu'elle connaisse, le plus travailleur aussi, il ne comptait pas ses heures et en bonne japonaise Miko reconnaissait cette qualité comme primordiale. Elle considérait que c'était une chance et un honneur immense de travailler avec lui. L'homme était un exemple et elle avait un faible pour lui. En fait, elle osait parfois s'avouer qu'elle en était même amoureuse mais elle savait bien que le docteur McKay ne voyait en elle qu'une excellente scientifique. Enfin elle espérait qu'il reconnaissait au moins ses compétences. Quand à se qu'il se rende compte qu'elle avait des sentiments à son égard elle n'y pensait même pas.

Elle se demanda encore une fois si elle pouvait le laisser là, seul dans le labo désert. Il n'avait vraiment pas l'air bien. De par son éducation elle trouvait de la plus extrême impolitesse de le déranger alors qu'il désirait manifestement rester seul. Mais elle avait maintenant assez vécu avec les occidentaux pour oser quelques audaces qu'elle ne se serait jamais permis auparavant.

Elle finit par se décider.

-Docteur, est-ce qu'il y a quelque chose que je peux faire pour vous ? Demanda t-elle en se triturant nerveusement les mains, je ne voudrais pas être indiscrète mais cela fait bientôt trois heures que vous êtes là et tout le monde est parti, il ne reste plus personne et…

Elle se tut brusquement, consciente qu'elle commençait à bafouiller. Elle pensa tout d'abord que l'homme perdu dans ses pensées ne l'avait pas entendu mais à sa grande surprise il pivota sur son siège.

Miko l'examina. Il semblait fatigué et avait la mine défaite. Ses yeux cernés de rouge lui donnaient l'air vulnérable.

-Quelque chose ne va pas ? S'enhardit le jeune femme en songeant que son père ferait une syncope s'il la voyait interroger ainsi son patron. Il penserait qu'elle manquait de retenue.

Elle songea qu'il allait la renvoyer plutôt sèchement à ses affaires et fut surprise quand il lui répondit.

-Si quelque chose ne va pas ? Répondit le scientifique avec un petit rire amer. C'est le moins qu'on puisse dire. Je me sens un peu comme un monstre en ce moment, je me demande où est passée ma conscience si j'en ai une, figurez-vous.

-Vous êtes quelqu'un de bien docteur McKay, répondit la jeune femme en rougissant.

-Vous penserez toujours ça si je vous dis que j'ai peut-être contribué à la mort d'une centaine d'humains, si ce n'est plus, aujourd'hui ?

-Je suis persuadée que vous n'avez fait que votre devoir, rétorqua la jeune japonaise avec confiance, parfois nous n'avons pas le choix.

-C'est drôle, vous parlez comme Sheppard. Il a eu exactement les mêmes mots : « Nous n'avons pas le choix », répliqua l'homme d'une voix lasse. Après tout c'est peut-être moi qui déraille. Je n'aurais jamais pensé que j'allais supprimer des vies humaines quand je me suis embarqué là-dedans. C'est vrai qu'il n'y avait aucune alternative. La vie des habitants d'Atlantis était en jeu.

-Vous ne déraillez pas docteur. Rappelez-vous toutes les fois où vous nous avez sauvé. C'est grâce à vous que nous sommes encore là, renchérit la jeune femme avec fougue. Je ne sais pas ce qui s'est passé aujourd'hui mais parfois, c'est terrible à dire mais des sacrifices sont nécessaires afin d'épargner plus de vies. Nous comprenons peut-être plus ce genre de chose dans mon pays, nous sommes plus fatalistes. Parfois la fin justifie les moyens comme on dit chez vous.

Rodney la regarda avec étonnement.

-C'est vous qui dites ça ? Quand les bombes atomiques sont tombées sur vos villes, vous pensez que les américains ont eu raison, qu'ils devaient le faire pour arrêter la guerre ? Qu'il n'y avait pas d'autres solutions ? C'était justifié ?

Miko détourna la tête et prit la direction de la porte.

-Attendez, excusez-moi, je ne voulais pas dire cela, j'ai été maladroit là, s'exclama Rodney en se levant, nom de dieu, mais qu'est-ce qu'il lui prenait d'agresser Miko ? Je ne voulais pas vous offenser, c'était de mauvais goût, vous vous inquiétez pour moi et je me conduis comme un…hum, je ne peux pas dire un imbécile quand même mais…

Surprise Miko revint sur ses pas. C'était bien la première fois qu'elle entendait l'homme faire des excuses, et puis elle n'était pas rancunière.

-C'est oublié, assura t-elle devant le regard embarrassé de son patron, je sais que vous ne vouliez pas m'offenser, ce que je voulais dire, c'est que comme vous l'avez fait remarquer, vous n'aviez pas d'autres solutions . Je pense que votre devoir était de sauver les vôtres. C'est ce que j'aurais fait, ce que nous aurions tous fait ici. Pour ce qui s'est passé au Japon à la fin de la guerre il y aurait beaucoup à dire mais je suis persuadée que dans ce cas là la fin ne justifiait pas les moyens, il y avait d'autres alternatives que celle de tuer des milliers de personnes d'un coup sans compter les séquelles mais ce n'est pas le propos ici.

Le scientifique hocha la tête, encore gêné par ses propos et par l'agressivité gratuite dont il avait fait preuve. Décidément pour un génie, il lui arrivait de sortir des énormités. Il était vraiment sous le coup de ce qui s'était passé.

-Merci Miko, déclara t-il et encore une fois, désolé si j'ai…

-C'est oublié docteur. Seigneur là c'est une crise cardiaque que ferait son père. Couper un homme en train de parler et son patron qui plus est ! Cela nous arrive à tous d'avoir des paroles qui dépassent nos pensées, maintenant si vous n'avez besoin de rien je vais m'en aller. Bonsoir docteur.

Rodney McKay suivit des yeux la fine silhouette qui quittait le laboratoire et se rassit dans son fauteuil. Miko avait beau dire, il avait déclenché le tir comme John Sheppard le lui avait ordonné. Ensuite ils n'avaient plus détecté aucune vie. Bizarrement ses scrupules l'avaient pris quand John lui avait ordonné de viser le camp. C'était là qu'il avait vraiment réalisé ce qu'il s'apprêtait à faire parce qu'auparavant il n'avait pas fait tant d'histoire quand il avait reçu l'ordre de déclencher la bombe qui n'avait finalement pas fonctionné.

Les wraith avaient dû la trouver et bloquer le mécanisme de déclenchement.

Mais viser le camp, tirer…c'était une autre affaire. Il avait essayer d'argumenter, d'exprimer son appréhension . Ils avaient détecté sur la planète vingt ou trente wraith mais aussi une centaine d'humains. « C'est ma décision » avait rétorqué Sheppard. Et Rodney avait fini par obéir, à contrecœur mais il l'avait fait.

Le scientifique soupira. Finalement Sheppard avait eu le courage de prendre une décision. Il n'avait pas peur de se salir les mains quand il le fallait lui. Il ne fuyait pas ses responsabilités. Et puis c'était un militaire, il n'avait pas d'état d'âme quand il s'agissait de passer à l'action.

L'écran devant lui s'éteignit brusquement. Rodney agita machinalement la souris et le ballet des petites étoiles reprit.

Il se sentait un peu hypocrite avec sa conscience qui le démangeait. Cela faisait longtemps qu'il travaillait avec les militaires et même pour eux et parfois le contrôle de ses propres inventions et de ses découvertes lui avaient échappé. Il avait travaillé sur des projets classés « secret-défense » et ne s'était pas toujours demandé comment l'armée avait exploité les résultats de ses recherches.

Oui, il n'avait pas toujours été aussi regardant.

Mais là il avait été aux premières loges et acteur du massacre, enfin du sacrifice. Si cela avait eu lieu bien sur. L'autre vaisseau ruche était arrivé et leur avait tiré dessus. Personne ne pouvait dire s'ils avaient terminé le travail. Ils n'étaient certains de rien.

Rodney se demanda qu'elles étaient les pensées de John Sheppard en ce moment. Est-ce qu'il dormait comme un bébé avec la satisfaction d'avoir accompli son devoir où bien revivait-il cette journée difficile ?

Est-ce qu'il se posait des questions lui aussi ?

A suivre….