La pierre était froide, si froide qu'elle frigorifiait jusque la moëlle de ses os, en passant par sa chair et son sang. Tout en lui était froid, mis à part une petite partie dans son coeur, qui représentait son passé, son passé si doux et si amère à la fois, un passé fort en émotions, rassemblant bonheur et naïveté, le peu d'humanité qui lui restait. Un passé qu'il avait trahi, il n'avait fallu qu'une nuit.

Il marchait sur ce sol, dans ce château emprunt de souvenirs. Ses pattes, dont une sans doigt, tremblaient en se rappelant ces belles années. Cela faisait dix ans et il ne regrettait rien. Il avait choisi la bonne voie, pas forcément celle de la "lumière" mais celle de la survie sans aucun doute. Il avait survécu à ses anciens amis: deux morts, un sans nouvelles et l'autre en prison. Lui, il était libre, certes condamné à être dans un corps de rat, mais chaque situation a ses inconvénients et il préférait de loin être en rat des champs, qu'avoir la compagnie des détraqueurs, ces êtres immondes dans leur cape noire, qui se nourrissaient de la peur des autres. Et lui, il en avait beaucoup des peurs, en fait il avait peur de tout, son passé, son futur, son présent.

Il marchait sur les dalles en pierre froides de souvenirs. Cet endroit il s'en rappelait, un simple bout de couloir pour les autres élèves, mais lui il se rappelait les blagues des Maraudeurs, ce coin était à l'époque, une zone stratégique, les Serpentards ne faisaient jamais attention à cette partie de couloir, et combien se sont fait avoir! provoquant les rires de James et Sirius, sans oublier les réprimandes de Lily et de Remus, qui prenaient leur rôle de préfet à coeur.

Il continuait à arpenter les couloirs et se souvenait de petits détails, comme les disputes entre Sirius et son frère Regulus, qui avait fini par trahir Le Seigneur des Ténèbres, et sa vie a été écourtée aussi. C'était des disputes plutôt violentes, et Sirius en ressortait tout chamboulé, même si il ne voulait pas le montrer.

Il marchait et arriva finalement à la salle commune des Gryffondors. Une salle chaleureuse, décorée de tapisseries rouges et dorées, et d'un feu qui brûlait dans l'âtre. Il sauta sur le fauteuil, à gauche de la cheminée, et se mit à somnoler. Il s'endormi, tout en entendant les rires de ses anciens amis, un son ténu et riche en émotions.

Peut-être que dans le fond, il regrettait ses choix.