Disclaimer: Ni l'auteure ni moi ne possédons House. Et c'est bien dommage !

Auteure : Cardio Necrosis (si vous lisez l'anglais, allez lire ses histoires, elles sont excellentes!)

Traductrice : Saturne, pour vous servir ! La fanfic fait 17 chapitres, que du bonheur ! J'espère que ça vous plaira autant que ça m'a plu...

Résumé : Dans un moment d'égarement, Wilson souhaite que House et lui ne soient jamais devenus amis, et il se retrouve projeté dans un monde où c'est le cas. L'histoire prend place au milieu de la saison 5 (après l'épisode Joy to the world)

A New Divide

Chapitre Un

"Et voilà d'où vient toute notre amitiési tu ne t'étais pas ennuyé ce week-end là, elle n'aurait même jamais existé." - Wilson

Je ne sais même pas pourquoi ça m'a autant perturbé. Honnêtement, il n'y a pas de quoi en faire tout un plat. Bon d'accord, ça aurait agacé n'importe qui – J'en connais plein que ça aurait rendu furieux. Mais la plupart des gens ne sont pas le meilleur ami de Gregory House. Quand je pense à toutes les saloperies qu'on s'est faites mutuellement pendant toutes ces années, je ne comprends pas pourquoi ça m'a dérangé à ce point.

C'était juste un cadeau. Bon, il s'agissait d'un cadeau très coûteux que j'avais été sûr qu'il adorerait, au lieu de quoi, il n'avait même pas pris la peine de l'ouvrir. Je savais que House n'avait jamais été très enclin à célébrer Noël (ni aucune autre fête d'ailleurs) alors j'avais toujours évité d'y mettre les formes. A chaque fois que je voulais lui offrir quelque chose, je le lui tendais sans paquet-cadeau, ni carte, et surtout sans avoir l'air de célébrer la fête en question. Je ne m'attendais pas non plus à ce qu'il me rende la pareille. Je me suis toujours pointé à son appartement pour le jour de fête (avec de la bière et des plats à emporter, bien entendu) et lui filais le cadeau. Il levait toujours les yeux au ciel en marmonnant quelque chose de condescendant, mais rien de plus.

Je n'avais même pas prévu de lui acheter quoi que ce soit – pas que j'en avais pas envie, mais parce que je savais qu'il ne voulait pas que je le fasse. Mais bon, chaque année c'était la même chose – Je me promettais de ne rien lui acheter, et puis une babiole attirait mon regard et il fallait absolument que je l'achète. Mais le fait est que je cherchais un cadeau pour Amber – elle venait d'être licenciée, nous étions encore dans une relation secrète qui débutait tout juste – et le livre avait attiré mon regard. Étant donné que j'avais déjà prévu quelque chose avec Amber, je n'avais pas le temps de me pointer devant sa porte avec de la bière et de la bouffe, alors je me suis contenté de l'emballer dans le papier-cadeau vert que je savais qu'il aimait (uniquement parce que Julie l'avait détesté) et ça ne m'était même pas venu à l'esprit qu'il ne l'ouvrirait pas.

Je suppose que c'est pour ça que j'ai attendu toute l'année qu'il vienne se moquer de mon sentimentalisme, mais il n'a jamais abordé le sujet.

Je ne pensais pas particulièrement qu'il serait heureux de recevoir quelque chose. Je savais qu'il n'aimait pas les fêtes, ni par conséquent les gens qui les célèbrent – ce qui, bien sûr, ne l'empêchait pas d'utiliser les fêtes comme excuse pour recevoir ce qu'il voulait – mais tout de même, j'avais cru qu'au moins il l'accepterait, même de mauvaise grâce.

Le pire, c'est que je ne pouvais m'empêcher de me demander s'il l'aurait ouvert si c'était Cuddy qui le lui avait offert. Il avait forcé sa nouvelle équipe à lui acheter des cadeaux de Noël en douce et les avait tous ouverts – alors pourquoi n'avait-il pas pris la peine d'ouvrir le mien ? Cependant, j'étais certain que si Cuddy avait pris la peine de lui offrir quelque chose, il aurait été plus qu'heureux de l'ouvrir et de se vanter comme quoi elle voulait coucher avec lui.

Honnêtement, on parle de House, bordel. Pourquoi ça m'a tant perturbé qu'il n'ait pas fait preuve d'un minimum de considération envers moi ? Il ne l'a jamais fait. En fait, j'aurais dû m'y attendre. Mais pourquoi ? Pourquoi n'a-t-il pas voulu l'ouvrir ? Ce n'est pas comme si j'avais espéré quelque chose en retour. House prend toujours sans jamais rien donner – alors pourquoi n'avait-il pas voulu prendre ce foutu cadeau ?

Plus j'y pensais, et plus ça m'énervait. Depuis le temps qu'on était amis, il ne pouvait même pas le montrer en appréciant mon cadeau ? Il n'avait même pas besoin de l'aimer – tout ce qu'il avait à faire c'est de l'ouvrir, et il n'en était même pas capable. Il avait toujours été un connard ; Je n'attendais rien de gentil de sa part – ce qui prouvait à quel point notre relation était tordue – mais avait-il donc si peu d'estime pour moi qu'il ne prenait même pas la peine de déchirer un papier-cadeau ?

Je savais que je comptais pour lui, mais qu'est-ce que cela signifiait, au juste ? Ça ne voulait pas dire grand chose, si même après avoir utilisé mon cadeau pour faire une blague à son équipe, il ne portait toujours aucun intérêt à ce qu'il y avait à l'intérieur.

Peut-être que c'était ça – Peut-être que ce n'était pas le fait qu'il ne l'ait pas ouvert qui me dérangeait. Peut-être que ce qui m'énervait, c'était de ne pas savoir pourquoi il ne l'avait pas ouvert. Il avait montré à plus d'une occasion que je comptais pour lui, mais jamais lorsque j'aurais voulu qu'il le fasse. Je faisais tout mon possible pour lui, par moments j'avais l'impression que ma vie entière tournait autour de lui, et malgré tout ce qu'on a traversé ensemble, il n'avait pas pris quelques secondes dans sa journée pour ouvrir un cadeau que son meilleur ami lui avait offert.

J'avais renoncé il y a longtemps à ce qu'il me rende toute l'affection que je lui portais. Je ne me suis jamais attendu à ce qu'il ressente pour moi ce que je ressens pour lui, et j'avais renoncé à ce que notre amitié évolue en quelque chose d'autre. J'étais assez âgé pour supporter un amour à sens unique. J'étais assez âgé pour soit conserver cette amitié et supporter la douleur, soit partir et essayer de m'en remettre. J'avais essayé de partir, et ça n'avait pas marché, alors j'avais décidé que je n'avais qu'à ravaler en silence et ne jamais obtenir ce que je voulais.

J'avais abandonné tout espoir d'obtenir un jour quoi que ce soit le concernant.

Alors peut-être que c'était puéril de ma part d'être bouleversé par quelque chose que j'aurais dû voir venir, et en tout cas je voyais bien tout ce qu'il faisait pour moi – parce qu'en fait il en faisait beaucoup, même si c'était parfois difficile à déceler – mais j'avais l'impression de toujours donner et qu'il n'hésitait jamais à prendre.

Mes deux derniers mariages avaient échoué par sa faute – personne ne pourrait dire le contraire. Et il m'est arrivé, certaines nuits, de pester intérieurement et de le haïr pour ça, mais la plupart du temps, ça ne m'avait pas gêné plus que ça. J'aurais préféré être sur son canapé que dans mon lit à côté de ma femme. C'est pour cette raison que j'avais fini par décider de déménager de chez lui. J'avais fini par accepter mes sentiments pour lui, mais être si près de lui – vivre avec lui – c'était trop dur à supporter pour moi. Alors même si c'était de sa faute, c'était aussi de la mienne – je n'avais jamais rien fait pour éviter ça.

House n'était pas le premier homme pour qui j'avais des sentiments, mais il était le seul homme que j'aie véritablement aimé. Je n'étais pas homosexuel – pas que je sache. J'ai aimé mes épouses, et Amber, mais jamais de la façon dont j'aimais House. Je ne savais pas ce qui était le pire – le fait d'être amoureux de mon meilleur ami visiblement hétéro, ou le fait que je m'étais tellement habitué à sa personnalité que, contrairement à la plupart des gens, je n'avais même pas envie de le faire changer. Je l'aurais pris tel qu'il était, avec ses imperfections, ses défauts et tout, plutôt que de ne pas être avec lui. Je ne voulais pas le changer, parce que je l'aimais tel qu'il était...

Mais je ne voulais pas être amoureux de lui. Pourquoi n'étais-je pas plutôt tombé amoureux de quelqu'un de moins obsessionnel et égocentrique ? Pourquoi n'avais-je pas pu aimer mes épouses ne serait-ce qu'un dixième autant de ce que j'aimais House ? Ma vie aurait été tellement plus facile si je ne l'avais jamais rencontré, si je n'étais jamais devenu ami avec lui, si je n'étais jamais tombé amoureux de lui. Et jamais je n'aurais eu à me torturer l'esprit sur quelque chose d'aussi simple que le refus de mon meilleur ami d'ouvrir mon cadeau, alors qu'en réalité je n'aurais pas dû en faire tout un plat. J'aurais dû trouver ça cruel – mais à la place, je comparais ça à toutes les choses bien pires qu'il m'avait faites tout au long de ma vie, et je me disais que je l'aimais malgré tout ça – ou peut-être à cause de ça.

Ma vie aurait été meilleure si nous n'avions jamais été amis – j'en étais persuadé. Et pourtant, je repensais à toutes les fois où j'avais été en colère contre lui. J'y repensais toujours, même si je savais que je ne devrais pas. Je savais que j'aurais dû franchir le point de non retour depuis longtemps. Je savais que je n'aurais pas dû revenir auprès de lui après l'enterrement de son père. Mais j'avais besoin de lui autant qu'il avait besoin de moi – si ce n'est plus.

Je ne voulais pas l'aimer. Je ne voulais pas trouver amusantes ses farces, même si elles étaient puériles.

Je ne pouvais analyser pourquoi il n'avait pas voulu l'ouvrir. En temps normal, je savais pourquoi il faisait ce qu'il faisait, même quand personne d'autre n'aurait pu le deviner. Mais là je ne pouvais assembler les éléments qui me permettraient de comprendre pourquoi il ne voudrait pas ouvrir un cadeau. Je ne voyais pas quel était l'intérêt là-dedans.

Alors, au lieu de rentrer dans l'appartement que j'avais partagé avec feu ma petite amie, ou de passer chez House comme j'en avais l'habitude à Noël, je me suis retrouvé à errer et aller dans un bar, rageant contre quelque chose qui n'en valait pas la peine de toute façon.

En fin de compte, plutôt que d'être énervé contre House pour avoir agi comme un connard, j'étais surtout énervé contre moi-même. Si je voulais être son ami et accepter le fait que mes sentiments ne seraient jamais réciproques, je devrais au moins mieux gérer les choses. Il faudrait que j'agisse comme un homme de mon âge au lieu d'agir comme un lycéen dépressif (je m'apitoyais sur moi-même, n'est-ce pas ? Dieu merci House n'était pas là, sinon il ne m'aurait plus jamais lâché avec ça). La vie serait mieux sans lui – bon sang, je commençais même à croire que sa vie aurait été meilleure si je n'avais pas été là à lui faire la morale ou à attendre de lui des choses dont il était incapable. J'étais un aussi mauvais ami pour lui qu'il ne l'était pour moi.

Je n'en étais qu'à la moitié de ma bière lorsque quelqu'un s'assit sur un tabouret à côté de moi. Je jetai un œil et vis une fille à qui on n'avait pas dû demander sa carte d'identité lorsqu'elle était entrée alors qu'elle n'avait pas l'air assez âgée pour acheter des films pour adultes ni pour boire de l'alcool, ou peut-être qu'elle avait été contrôlée tant de fois que le barman s'était habitué à la servir sans rien lui demander.

Elle avait des cheveux blonds clairs avec des boucles anglaises, et des yeux bleus humides. Elle était pâle, mais pas excessivement. Elle avait même un visage d'ange, une bouche pleine et une robe blanche. Pour être honnête, on l'aurait crue tout droit sortie d'une carte de Noël – elle ressemblait à l'un de ses anges aux cheveux blonds et bouclés que je voyais partout en décembre. Il ne lui manquait que les ailes.

Sans même prendre sa commande, le barman lui demanda sa carte d'identité. Elle posa son sac sur le comptoir et lui sourit en lui tendant joyeusement sa carte. Il scruta sa carte d'identité puis son visage pendant quelques secondes, avant de la lui rendre et de lui demander ce qu'elle prendrait. Elle commanda un jus de canneberge et repoussa quelques mèches derrière son oreille, l'innocence même.

"Du jus de canneberge ?" j'ai demandé, amusé de voir qu'elle avait montré sa carte d'identité pour finalement commander une boisson non-alcoolisée.

"Il est encore tôt," répondit-elle avec un sourire espiègle qui était soit complètement innocent et inconscient, soit intentionnellement timide et aguicheur. Il fallait encore que je décide de quel sourire il s'agissait. "J'attends juste des amis. Alors, comment se passe votre Noël ?"

"Je suis juif," lui ai-je dit.

"Oh, pardon," dit-elle rapidement, puis replaça ses cheveux derrière son oreille. "Alors joyeuse Hanukkah. Ça s'est bien passé ?"

"Oui," mentis-je.

"Vous en êtes sûr ? Vous n'en donnez pas l'impression ." Ses sourcils pâles et fins étaient froncés avec un air inquiet évident. Bizarrement, ce n'était pas nouveau pour moi. Beaucoup de gens me regardent avec inquiétude ou compassion, uniquement parce que je suis ami avec House. Ça me changeait agréablement d'être regardé de cette manière par quelqu'un qui ne connaissait pas House.

"C'est juste que..." J'ai réfléchi à la manière d'expliquer la situation à quelqu'un qui ne connaissait pas House. D'ailleurs, j'étais sûr que ça semblerait encore plus ridicule dit à haute voix que dans ma tête. Sans compter que j'étais certain qu'elle n'était pas venue dans un bar pour m'écouter parler de mes problèmes. "Rien qui ne vous intéresserait."

"Parfois ça peut aider de dire ce qu'on a sur le cœur, vous savez." J'ai haussé les sourcils et l'ai regardée, en me demandant si elle était vraiment intéressée. Pas par mes problèmes, en soi, mais par moi. C'était assez flatteur d'intéresser quelqu'un de probablement à peine assez âgé pour boire alors que je fais deux fois son âge. Elle leva les deux mains. Elles étaient longues et fines, sans vernis. Maintenant que j'y prêtais attention, je remarquai que le seul maquillage qu'elle portait était un peu de mascara et du gloss. "Vous n'êtes pas obligé d'en parler si vous n'en avez pas envie. Je proposais juste une oreille amicale, c'est tout."

"C'est... difficile à expliquer." Je bus une gorgée en plissant les yeux pensivement.

"J'écouterai attentivement," promit-elle timidement, alors que le barman lui donnait sa boisson.

J'eus un gloussement et bus encore un peu de bière. Elle flirtait avec moi. C'était encore plus flatteur que de savoir que j'avais l'habitude de me faire draguer presque à chaque fois que je venais dans ce bar.

Elle fouilla dans son sac et tendit un billet au barman. "Gardez la monnaie," dit-elle, et il acquiesça avant de s'éloigner. Elle reporta ses yeux sur moi, après avoir siroté sa boisson. "Eh bien, je sais que c'est pas évident d'être juif à Noël."

Ce n'était pas la première fois qu'on supposait que c'était la fête qui me dérangeait.

"Je m'y suis habitué," lui dis-je, chose que j'avais souvent dite à plein de personnes tout au long de ma vie. "En fait, je fête plus Noël que je ne fête Hanukkah, de toute façon."

"Pourquoi ça ?" Là aussi, elle n'était pas a première à me poser cette question.

"Mon meilleur ami."

"Il est Chrétien ?"

Je me mis à rire, House, un Chrétien ? Mais bien sûr. "Il est Athée, en fait. Il ne fête même pas vraiment Noël, mais... enfin si, d'une manière un peu étrange..." Je fronçais mes sourcils, réfléchissant à un bon moyen d'expliquer ça, mais sans succès, alors je soupirai. "Eh bien, j'aime bien passer du temps avec lui."

J'attendais qu'elle me demande pourquoi je prenais cette peine alors qu'il n'aimait même pas cette fête. Nombreux étaient ceux qui me le demandaient plusieurs fois chaque année. Souvent des gens qui essayaient de le comprendre, ou de me comprendre moi, ou pourquoi nous étions amis depuis si longtemps.

Au lieu de quoi elle me demanda : "Alors pourquoi n'êtes-vous pas avec lui ?".

J'ai pensé qu'elle se fichait de savoir pourquoi nous étions amis, ou pourquoi je prenais cette peine. Ou peut-être que cela n'intéressait que les gens qui savent à quel point House peut être un connard.

"C'est... difficile à expliquer."

"Ah," dit-elle, comme si cela expliquait tout, bien que je doute fort que ça soit le cas. "Donc... Vous vous êtes disputés ou quelque chose de ce genre ? Vous n'êtes pas obligé de me le dire si vous n'en avez pas envie." Ses grands yeux étaient innocents et confiants, et je savais ce qu'aurait dit House s'il savait que j'envisageais de raconter mes problèmes à une inconnue dans un bar, surtout s'il savait à quoi elle ressemblait. Elle avait l'air vulnérable et douce – le genre de filles chez qui selon lui je verrais quelqu'un à sauver.

"Non, pas... pas une dispute, en soi. C'est... vraiment difficile." Elle ne détourna pas le regard ni ne parut soudain ennuyée. Elle prit une petite gorgée de son jus de canneberge et je sirotai ma bière, et elle chassa ses mèches bouclées de devant ses yeux. "Je... je lui ai acheté un cadeau, et..." Je poussai un soupir. "Oh, laissez tomber. C'est... vraiment stupide."

"Et vous n'en avez pas reçu en échange."

Je secouai la tête. Je ne voulais pas qu'elle me prenne en pitié pour quelque chose qui n'était pas vrai. "Non, j'ai eu des cadeaux."

"Mais pas de lui."

"Eh bien, non, mais il ne m'a jamais vraiment offert quoi que ce soit. Des babioles, peut-être. Des petites voitures ou des choses comme ça. De temps en temps."

Elle cligna des yeux et les plissa brièvement.

Je soupirai. J'avais beau être fâché contre House à ce moment, je n'avais pas envie que les gens le prennent pour un véritable enfoiré. D'accord, c'était bel et bien un enfoiré, mais là n'était pas la question. C'était même encore plus énervant d'entendre les gens me dire tout le temps qu'il était un mauvais ami, que le fait qu'ils avaient probablement raison. Ce n'est pas comme si j'étais parfait, moi non plus, et même s'il le méritait, je n'aimais pas que les gens aient de tels préjugés. "Faites-moi confiance, ce... ce n'est pas ce qui me perturbe. Honnêtement, je m'en fiche complètement. Il n'aime pas Noël. Ni aucune fête, d'ailleurs. Mais... C'est tellement stupide" Je secouai la tête et pris une longue gorgée de bière, comme si cela suffisait pour me soûler et me donner le courage d'expliquer quelque chose que je n'étais même pas sûr de comprendre moi-même. "Je lui ai acheté quelque chose l'année dernière, et je viens d'apprendre qu'il n'avait même pas daigné l'ouvrir."

Elle inclina la tête et sirota son jus de canneberge. "Et pourquoi ça ?"

Je me frottai la nuque et secouai légèrement la tête. "Je ne sais pas. Il ne l'a pas fait, c'est tout."

"Peut-être que vous devriez lui demander."

"C'est ce que j'ai fait. Il n'a rien expliqué, il a juste... changé de sujet comme il le fait toujours. Je ne sais pas pourquoi ça me perturbe autant – honnêtement, il a déjà fait bien pire. Il n'y a vraiment pas de quoi en faire tout un plat."

"Bien sûr que si," me rassura-t-elle, en posant brièvement sa main sur mon bras.

C'était bien sûr ce que quiconque ne connaissant pas House dirait. "Non, vraiment, ce n'est rien d'important. Si vous le connaissiez, vous comprendriez."

Elle soupira et leva les yeux au ciel, comme si j'avais insulté son intelligence – comme si elle était offensée par le fait que j'avais pensé qu'elle ne comprendrait pas. Mais honnêtement, elle ne pouvait pas comprendre puisqu'elle ne le connaissait pas. "Il a fait pire que de refuser d'ouvrir votre cadeau. Bien sûr qu'il a fait pire – si on est assez proche de quelqu'un pendant assez longtemps, c'est normal de faire pire que ça. Mais qu'il ne veuille pas ouvrir quelque chose venant de vous, son meilleur ami... ça c'est grave. Ça signifie quelque chose." Elle fronça les sourcils et sirota son jus de canneberge, plongée dans ses pensées, avec le même air que House quand il rumine un cas intéressant.

J'ai haussé les épaules. "Sans doute. C'est juste que... Oh, laissez tomber."

Elle leva les deux mains. "Hé, si vous ne voulez pas en parler, vous n'y êtes pas obligé. Je trouve juste que c'est... intéressant qu'il n'ait pas voulu ouvrir quelque chose venant de son meilleur ami. Vous êtes-vous disputés ?"

"Pas à l'époque, non. C'est juste que... ça ne devrait pas me perturber. En fait, je devrais être capable d'oublier ça. Et peut-être... Peut-être..." J'hésitai à admettre que peut-être que c'était ce qui m'avait perturbé – le fait que ce ne soit pas le pire qu'il m'ait fait – et souvent, en plus. Admettre ça me donna l'impression de le trahir et d'inviter la fille à me dire que je devrais couper les ponts avec lui. Même ma psychiatre m'avait dit de couper les ponts avec lui (je ne l'en blâme pas – ce n'est pas comme si notre relation était saine, de toute façon.) "Je suis désolé, vraiment, je ne fais jamais ça. Je ne... Je ne décharge pas mes problèmes sur des inconnues sans méfiance. Vraiment, je suis désolé."

Elle pressa sa main sur mon épaule et m'adressa un chaleureux sourire. "Non, c'est bon. Vraiment. C'est moi qui ai demandé."

Je réalisai qu'elle avait raison. Je ne savais pas pourquoi, mais je me sentais à l'aise lorsque je lui parlais. A aucun moment elle n'avait insinué que j'étais une personne horrible, ni n'était allée trop loin dans le flirt, restant amicale. Elle n'était pas trop insistante, et même si ça paraît cliché, je sentais que je pouvais lui faire confiance. Et puis se confier aux inconnus pouvait être réconfortant. "Vous avez raison," admis-je. Elle avait demandé. "Je m'appelle James, au fait."

"Moi c'est Noël," se présenta-t-elle en serrant ma main. Ça faisait bizarre. En général les gens ne se serrent pas la main quand ils se présentent sauf dans le cadre du travail ou pour faire vieux jeu. Ou pour vendre quelque chose. D'une manière ou d'une autre, je ne pense pas qu'elle était vieille ou en voyage d'affaires. "Enchantée de faire votre connaissance."

"Noël ? C'est un nom très approprié pour la saison."

Elle remua légèrement la tête. "Je ne me lasse jamais d'entendre ça au mois de décembre," marmonna-t-elle ironiquement en buvant sa boisson.

"Je suis désolé. Je devine que vous avez dû déjà entendre ça auparavant."

"Je m'y suis habituée," me dit-elle, avant de sourire timidement. "Alors vous pensez que vous ne devriez pas être perturbé par le fait que votre ami n'a pas ouvert votre cadeau ? Je vois bien pourquoi ça vous contrarierait."

"Eh bien, ce qui me contrarie le plus c'est le fait que ça ne devrait pas me perturber. S'il avait été quelqu'un d'autre, ça n'aurait rien d'étrange que je sois aussi agacé, mais après tout ce qu'on s'est fait mutuellement... Parfois j'ai le sentiment... Oh, je ne sais pas. Laissez tomber."

"Parfois vous avez le sentiment..." me pressa-t-elle en traçant des cercles avec sa main sur mon épaule.

"Que ça aurait été mieux pour nous deux si nous n'étions jamais devenus amis," avouai-je calmement, me haïssant de le dire à haute voix, bien que je me sois déjà posé cette question auparavant. Difficile de ne pas y penser, avec tous ces coups de fil intempestifs en pleine nuit, les insultes, la drogue, et les divorces...

Non seulement j'admettais que parfois House m'énervait au point de souhaiter ne jamais l'avoir rencontré, mais que peut-être je n'avais fait qu'empirer sa vie. Personne d'autre ne l'avait trahi durant cette affaire avec Tritter. Personne d'autre (bon, sauf Cameron, peut-être, au début, même si elle avait appris à ne plus le faire) ne lui permettait tout comme je le faisais. J'étais assez mature pour réaliser que je n'y pensais que dans la colère, mais je me demandais aussi si c'était vrai. Ce n'est pas parce que je n'y pensais que quand j'étais furieux que cela voulait dire qu'il n'y avait pas du vrai. N'étais-je devenu qu'un obstacle pour lui ? Était-il un si mauvais ami que je devrais, comme ma psychiatre me le dit tout le temps, couper les ponts avec lui ? Était-ce à cause de lui, et non de ma bisexualité latente qui n'était pas si latente, que j'étais sous antidépresseurs ? Est-ce que nous ne faisions que nous blesser l'un l'autre ?

Elle termina son jus de canneberge cul-sec, puis se mit à fredonner. Les lumières du bar se reflétaient sur sa peau pâle, ses cheveux, ses yeux et sa robe, et elle semblait presque immatérielle, en quelque sorte. "C'est intéressant."

"De quoi ?"

"Vous avez dit 'pour nous deux.' Vous n'avez pas dit que vous seriez mieux sans lui, ou juste lui... mais vous deux."

Je souris en pensant qu'elle parlait comme House. "Vous commencez à me faire penser à lui."

"Devrais-je prendre ça comme un compliment ?"

"Eh bien il est mon meilleur ami, alors..."

"Merci," claironna-t-elle, posant sa main brièvement sur mon genou avec un sourire lumineux. "Écoutez, peut-être que vous ne devriez pas trop vous torturer sur pourquoi ça devrait ou non vous perturber, et peut-être vous demander un peu plus pourquoi il ne l'a pas ouvert. Je suis sûre qu'il a une bonne raison."

Elle semblait plus sûre d'elle et moins séductrice que durant tout le reste de la soirée. Et je réalisai qu'elle n'avait pas tort, et que c'est le genre de choses que ma psychiatre aurait dit si elle avait été moins obsédée par l'idée de me forcer à arrêter cette amitié. Elle avait été si heureuse quand je l'avais quitté après la mort de Amber, mais avait été 'très déçue' lorsque j'avais cédé à ma faiblesse et étais retourné vers lui. "Êtes-vous psychologue ?" demandai-je d'un ton sarcastique, mais à moitié sérieux.

"Quelque chose dans ce genre," répondit-elle énigmatiquement, puis elle descendit de son tabouret. Elle était assez petite. "Écoutez, je dois y aller, mais j'ai bien aimé discuter avec vous," me dit-elle en plaçant sa main chaude sur mon épaule pour la presser.

"Et vos amis ?"

"Je n'ai jamais dit que je les attendais ici." Elle me sourit à nouveau, ses lèvres brillantes se recourbant timidement.

Quelque chose dans mon esprit fit tilt lorsque je réalisai qu'elle ne flirtait plus du tout ni ne prenait de précautions, mais en fait, elle semblait presque arrogante, comme si elle venait de gagner à un jeu. Je réalisai que j'avais été manipulé – elle attendait quelque chose de moi je ne savais pas ce que c'était – mais elle l'avait obtenu. Je ne voyais pas en quoi le fait que je me plaigne lui apporterait quoique ce soit, mais je savais que j'avais joué son jeu. Après avoir été l'ami de House autant de temps, j'arrivais encore à me faire manipuler. Le pire c'est qu'elle était venue vers moi, naïve et innocente, chose que j'avais faite assez souvent dans ma vie pour réaliser qu'elle l'avait fait aussi.

"Vous êtes venue ici exprès pour me parler," je déclarai, la fixant en me demandant si House était derrière ses manigances. Je ne sais pas pourquoi il aurait fait ça, mais ça ne m'aurait pas vraiment surpris.

Elle haussa les épaules. "Peut-être que j'aime bien leur jus de canneberge, c'est tout. A la prochaine." Elle fit un petit signe de main et s'en alla.

Je restai assis là, les yeux rivés à ma bière, et repensant à sa main sur mon genou. Rapidement, je cherchai mon portefeuille, pour être sûr qu'elle ne m'avait pas volé. J'eus un soupir de soulagement en le trouvant mais fronçai les sourcils, confus, en réalisant que j'avais vingt dollars de plus qui n'étaient pas là avant son entrée.


Mon humeur s'était améliorée lorsque l'heure de rentrer vint, pas assez saoul pour devoir appeler un taxi, mais assez éméché pour devoir conduire extrêmement prudemment, et pourtant je ne pouvais plus m'arrêter de penser à ce foutu cadeau et au fait qu'il ne l'ait pas ouvert. Je n'arrivais toujours pas à comprendre pourquoi il n'avait pas voulu l'ouvrir, mais plus je pensais à ce que Noël avait dit, plus je me disais que la prochaine fois que nous nous parlerons, je lui demanderai directement pourquoi, sans écouter ses plaisanteries ni le laisser changer de sujet.

Il était presque minuit lorsque je retirai mes vêtements et m'effondrai sur le lit que j'avais partagé avec Amber, ressentant une peine aiguë dans la poitrine en réalisant que je refusai toujours de dormir de son côté, et que je n'avais toujours pas touché à son oreiller. Je m'attendais à ce que House appelle d'ici trois heures étant donné que nous n'avions pas beaucoup traîné ensemble aujourd'hui, et de toute façon House appelait vers trois heures du matin au moins quatre fois dans la semaine, si ce n'est plus, mais c'était une... tradition. House et moi traînions toujours ensemble le lendemain de Noël (à se demander pourquoi j'étais debout) ce qui au fond était un code pour "J'ai faim bordel amène-moi manger quelque part et paye pour moi." Je ne sais pas comment on en est arrivés à faire ça chaque année, mais c'était comme ça.

La dernière chose à laquelle j'ai pensé avant de m'endormir, juste avant que le 23:59 devienne 00:00, était que malgré la merde dans laquelle on se foutait mutuellement, j'espérais vraiment qu'il n'arrêterait pas ses coups de fil au beau milieu de la nuit, et que même si nous serions peut-être mieux sans l'autre, je ne le saurais jamais et je ne pouvais qu'espérer que je me trompais.


Wilson était assis dans la cellule de prison, le dos appuyé contre le mur, les jambes pendant de la planche qui était sûrement supposée être son lit. Il n'était pas complètement ivre, mais était encore un peu éméché – toutefois, il avait suffisamment dessoûlé pour savoir à quel point il s'était foutu dans la merde en balançant cette bouteille dans ce coûteux miroir antique. Non seulement il se trouvait dans une ville qu'il ne connaissait pas bien, fraîchement sorti de la fac de médecine et sans argent, mais il savait ce qui était dans le paquet de la poste qu'il avait dans une boîte quelque part hors de la cellule, gardé avec ses autres affaires par un gros flic avec un accent à couper au couteau.

Il laissa tomber sa tête entre ses mains et retint les larmes qui menaçaient de couler. Il n'arrêtait pas de repenser aux cours de physique qu'il avait suivis, à cette discussion à propos du chat dans la boîte. Tant qu'il n'ouvrait pas la boîte, le chat pouvait être simultanément vivant et mort, étant donné qu'il ne pouvait pas en être sûr tant qu'il n'avait pas soulevé le couvercle. Une fois que c'était ouvert, le destin du chat deviendrait évident, et par conséquent, il ne pourrait plus être les deux à la fois. Il se souvenait avoir pensé à l'époque que cette théorie était stupide. Il pensait que juste parce qu'il ne connaissait pas la réponse ne voulait pas dire qu'il n'y en avait pas. Si un enfant de trois ans ne sait pas que deux et deux font quatre, ça ne veut pas dire que la réponse pourrait être quarante-sept. Il avait toujours contré ce genre de pensée, et c'est peut-être pour cette raison qu'il allait être docteur et pas physicien.

Et pourtant, maintenant, que faisait-il ? Il appliquait cette même théorie à ce paquet qu'il avait gardé avec lui, qui, il le savait, contenait les papiers du divorce, mais tant qu'il ne l'ouvrait pas, alors il pouvait contenir n'importe quoi d'autre. Comme si, tant qu'il resterait fermé, elle se ficherait qu'il soit parti et ait fait quelque chose de stupide avec leur camarade tout ça à cause d'une dispute avec sa femme. Il pouvait prétendre qu'elle ne lui avait pas hurlé dessus quand il avait avoué ce qu'il avait fait, en espérant en vain qu'elle le pardonnerait, et qu'il pourrait se sentir moins coupable.

Mais il savait ce qui était dans le paquet, et il l'avait su tout ce temps où il l'avait porté, c'était comme un poids se pressant contre lui, empirant peu à peu sa journée, jusqu'à ce qu'il craque et déclenche sans le vouloir une bagarre, écarlate alors que les flics l'arrêtaient et qu'un grand type aux yeux bleus le fixe avec un regard mauvais, en riant du début à la fin.

Il se pinça l'arête du nez, puis renversa la tête en arrière, il ne s'était jamais senti aussi seul, et se demanda si c'était ce que Danny avait ressenti lorsqu'il l'avait trahi.

Peut-être qu'il le méritait. Peut-être qu'il méritait le divorce. Bordel, il méritait bien pire encore.

Mais il fallait qu'il rentre chez lui, et pour ça il ne pouvait rester assis en prison à écouter un type essayer de se masturber discrètement dans la cellule voisine. Il décida qu'il devrait ravaler sa fierté et demander à ses parents de payer la caution, et les rembourser dès qu'il aurait l'argent. Il avala la boule dans sa gorge, se dirigea avec hésitation vers les barreaux et ferma les yeux très fort, faisant de son mieux pour ne pas pleurer. "J'aimerais passer mon coup de fil," dit-il au gros policier une fois les barreaux atteints.

Le policier acquiesça et rajusta sa ceinture, et Wilson tâcha de penser à un moyen d'annoncer la nouvelle à sa mère sans éclater en sanglots.