La page blanche, par Avril

Hermione stressait devant son parchemin, la plume à la main, une goutte d'encre noire à son extrémité qui ne demandait qu'à tomber.

Elle avait un blanc. Un blanc énorme, indéfinissable, aussi angoissant que si il s'était déclaré durant un examen.

Et pourtant, le sujet qu'elle traitait était tout ce qu'il y avait pour elle de plus fertile pour son imagination.

Le sujet, c'était Ron. Elle aurait écrit des pages et des pages sur lui et son éternel don pour trouver le sujet qui fâchait entre eux, sur lui et son sourire tellement inimitable, exceptionnel, sur lui et sa mine déconfite la fois où elle lui avait attrapé machinalement la main, sur lui et…

Mais elle avait un trou. Toutes ces choses, il les savait, c'était de lui qu'elle parlait là… Mais elle n'arrivait à écrire strictement aucune ligne sur ce qu'elle ressentait pour lui.

C'était confus, indescriptible, un vrai casse-tête à rendre dingue. Il était son meilleur ami depuis la première année, mais elle ne le voyait plus de la même façon au fil du temps. Il était plus beau, plus troublant, plus charmant chaque année… Elle avait vraiment pensé ça ?

Lavande l'avait toujours beaucoup agacé avec son attitude de fanatique perpétuelle, mais à présent, elle la voyait comme une sale peste gesticulante et superficielle. Elle la voyait ainsi depuis l'année dernière. Depuis son idylle avec Ron. Depuis…

Jalouse ? On n'est pas jalouse de son meilleur ami ! Pourtant, on décrivait ça exactement comme tel. C'est stupide ! Jalouser son meilleur ami…

Non, il était plus que ça. Plus qu'un meilleur ami, même sans jamais l'avoir avouer. Elle aurait très bien pu préférer Harry, le célèbre Harry Potter, le survivant ! D'ailleurs, en 4e année, cette horrible blatte de Rita Skeeter avait écrit un article sur leur pseudo amourette avant la première épreuve. Mais non, il avait fallu qu'elle tombe sur Ron, le petit garçon roux un peu benêt avec sa baguette dans le Poudlard Express. Il avait fallu qu'elle cache tout ça pendant des années sous un nom totalement contradictoire à ses vrais sentiments, un mot infâmement commun mais qui avait le mérite de la couvrir : c'était l'amitié. Oui de l'amitié, elle en ressentait bien pour Harry, à couvrir ses excursions sous la cape de son père, ou ses entorses fréquentes au règlement. Ron, dès qu'il passait une porte, c'était une épreuve de contrôle de son rythme cardiaque, de peur de se faire repérer. C'était…

Elle avait trouvé. La goutte arrêta sa menace et plongea sur le papier pour tracer quelques pleins et déliés. Il avait suffit d'une phrase.

« Ron Weasley, je t'aime ».

Elle partit dans un délire de tournures de phrases incessantes, inspirée par sa trouvaille.

Oui, elle l'aimait. Elle avait réussi à trouver.

Foi de Merlin, ça valait le coup de se creuser la tête !