Bonjour ou rebonjour d'ailleurs,

C'est calme ce matin au boulot alors je ne peux pas résister ... je poste le premier chapitre de ma nouvelle histoire.

Comme je vous l'ai dit à la fin de Bodyguard, elle est différente et cette fois, c'est Castiel qui a le plus de problèmes à régler et Dean qui vole à son secours.

Cette histoire m'a été inspirée après avoir vu le film Up and Down avec notamment Aaron Paul où 4 personnes se retrouvent sur le même toit un soir, prêtes à sauter. Elles décident alors de se laisser un an pour trouver une raison de vivre et de se redonner rendez vous sur le même toit s'ils ne réussissent pas.

Je tiens ici à préciser que j'ai voulu cette histoire légère et drôle mais qu'elle traite d'un sujet grave puisqu'elle traite du suicide. Ce n'est pas un sujet à prendre à la légère et ce n'est pas ce que j'ai voulu transmettre comme message. Le suicide est grave. La dépression également. Cette histoire n'est en aucun cas un moyen pour moi de me moquer des gens qui traversent de telles difficultés.

Ceci étant dit, j'ai inclus dans mon histoire le personnage de Jesse Pinkman. Il s'agit du personnage de la série Breaking Bad (que je vous conseille vivement d'ailleurs). J'ai repris le passé du personnage et l'histoire se situe après la fin de la série Breaking Bad. Je ne l'ai pas noté en Crossover puisqu'aucun autre personnage de la série n'apparaît dans mon histoire. Je ne pense que vous avez besoin de connaître la série pour lire mon histoire mais si vous avez des questions, je suis là pour vous répondre. Enfin, dernière précision, le personnage de Jesse Pinkman est interprété par Aaron Paul donc si vous voulez voir à quoi il ressemble, tapez son nom sur Google !

Bien, je crois en avoir assez dit ! Place au chapitre. J'espère qu'il vous plaira. J'attends vos avis avec beaucoup d'impatience.

Bonne journée et à lundi

Sydney8201

Musique du chapitre :

Victim d'Avenged Sevenfold

PS : dernière précision, ma liste de lecture pour cette histoire est volontairement uniquement composée de chansons qui pourraient être issues de la playlist de Dean Winchester (et qui d'ailleurs sortent toutes de la mienne puisqu'on a les mêmes goûts)

Chapitre 1 : Rencontre

« Le suicide, ce n'est pas vouloir mourir, c'est vouloir disparaître »

Georges Perros

En matière de première rencontre, Castiel avait tout connu. Ou du moins, il estimait avoir fait le tour de la question durant les trente premières années de sa vie.

Il y avait les premières rencontrés enthousiasmantes qui nous donnaient envie de revoir la personne. D'en apprendre plus sur elle. De la découvrir. Jusqu'à ce qu'on finisse par être déçu inévitablement. Que ce soit en amitié ou en amour, la fin était sans cesse prévisible. On finissait par rompre tout contact et par oublier. Ou tenter d'oublier dans le cas de Castiel.

Il y avait les premières rencontres décevantes d'entrée. Celles qu'on savait être les prémices d'une catastrophe ou d'un moment gênant. Celles qu'on aurait aimées éviter. Elles étaient difficiles bien souvent mais moins que la première catégorique. La déception était immédiate et on ne ne se faisait aucune illusion.

Il y avait enfin les premières rencontres explosives. Celles qui se terminaient forcément par une nuit de sexe incroyable ou par une dispute. Celles qui étaient chargées d'électricité dès les premières secondes. Elles étaient plus rares mais laissaient bien souvent des traces profondes. Elles étaient un moyen d'évacuer les tensions et de prendre une bonne bouffée d'oxygène.

Mais aucune de ses catégorie ne définissait correctement le moment où Castiel Novak, trentenaire banal et désabusé, rencontra Dean Winchester, un homme de cinq ans son cadet, qui avait choisi de brûler la vie par les deux bouts et de ne pas se poser la moindre question.

Ils étaient totalement différents l'un de l'autre. Les exacts opposés. Et pourtant, cette rencontre allait changer la vie de Castiel sans qu'il ne le sache à la première seconde.

Tout commença le soir où, fatigué par son travail qui ne lui donnait aucune satisfaction et agressé par son propre chat en tentant de le nourrir, Castiel prit une décision radicale et foncièrement stupide.

Il sortit de son petit appartement triste et vide de toute décoration, une veste sur le dos et en laissant derrière lui son téléphone et ses papiers d'identité, fatigué de vivre une vie qui n'était en rien ce qu'il avait imaginé étant enfant.

Il remonta les rues de New York, sa ville d'adoption, lui le garçon qui avait grandi à la campagne, sans réel but et sans destination en tête.

Il faisait nuit et il faisait froid. Mais Castiel était occupé à observer les gens autour de lui. Il se demandait combien connaissaient les mêmes problèmes que lui. Combien avaient la sensation que la vie leur échappait. Qu'ils n'avaient aucune maîtrise sur les événements. Aucun contrôle sur ce qui se passait.

Castiel traînait ce sentiment depuis de nombreuses années à présent. Depuis qu'il avait rejoint la compagnie pour laquelle il travaillait et avait accepté un poste au service clientèle. Il passait ses journées au téléphone à se faire reprocher tout ce qui ne fonctionnait pas sans pouvoir apporter la moindre solution. Il était enfermé entre trois cloisons dans un espace voulu ouvert et conviviale. Il n'aimait pas son travail. Il n'aimait pas ses collègues. Et il n'aimait pas son patron.

Il avait toujours rêvé de faire autre chose de sa vie. Écrire avait longtemps été une de ses passions. Il avait entamé un roman. Puis deux. Trois. Et les avait tous abandonnés. Il avait des factures à payer et n'avait pas vraiment eu d'autre choix. Le marché du travail était difficile pour quelqu'un qui avait un diplôme en littérature et qui refusait catégoriquement d'enseigner.

Castiel n'aimait pas les gens. Il les trouvait pour la plupart inintéressant, stupide et ennuyeux. Il ne s'en cachait pas et ne tissait aucun lien durable. Il avait des connaissances mais pas d'amis. C'était peut être une partie de son problème.

Grandir entouré de sept frères et sœurs l'avait poussé à se renfermer sur lui même. A tenter de disparaître. Il n'était pas agoraphobe comme sa mère l'avait pensé. Juste un solitaire.

Son homosexualité, dont il avait pris conscience très tôt, était peut être un frein à sa vie sociale. Il avait grandi dans une famille extrêmement catholique qui ne l'aurait pas acceptée. Ils ne l'auraient pas rejeté mais l'auraient traité différemment après. Cela ne l'avait sans doute pas aidé à s'assumer. Il n'avait pas rencontré d'autres personnes dans sa situation, n'en avait pas fait une force et avait fini par déménager le plus loin possible de sa famille pour ne plus avoir à les voir.

New York n'avait rien changé à ce qu'il ressentait. La ville était immense et sans doute très excitante pour quiconque habitait là. Il y avait tout pour mener une vie sociale riche et remplie. Culturellement parlant, elle était idéale. Mais Castiel n'aimait pas le théâtre. Il n'aimait pas le cinéma. Et il détestait la foule plus que tout au monde.

Sa vie se résumait en fin de compte à son travail, son appartement et son chat qui le détestait cordialement. Il n'y avait pas grand chose à en dire. Pas de quoi en faire un roman.

Les seuls moments où Castiel dérogeait à sa routine étaient ceux où il ressentait un besoin physique qu'il ne pouvait pas satisfaire seul. Ce n'était pas nécessairement fréquent mais cela lui arrivait parfois. Il sortait alors pour rencontrer quelqu'un. Le sexe lui apportait alors une satisfaction évidente. Mais elle était seulement physique. Jamais émotionnelle. Pas d'engagements. Pas de relation sérieuse. Juste du sexe.

Castiel pensait pouvoir survivre ainsi jusqu'à s'éteindre. Mais il était fatigué. Il n'avait pas envie de mourir. Non. Il voulait juste disparaître. S'effacer de l'équation pour laisser le monde continuer à tourner sans que personne ne se soucie de lui. Ça ne changerait pas grand chose de toute façon. Personne ne l'appelait jamais.

Sans réellement s'en rendre compte, Castiel se trouva au pied d'un immeuble désaffecté qui avait autrefois accueilli des bureaux classieux. Il poussa la porte qui n'était plus fermée depuis que l'entreprise avait déposé le bilan et grimpa au dernier étage sans hésiter.

Une fois sur le toit, il observa les lieux une seconde. Tout était désert et triste. Un peu comme sa vie. Il n'aurait pas pu trouver d'endroit plus idéal pour en finir.

Il s'approcha du rebord. Il n'avait pas laissé de mot avant de quitter son appartement. Il avait toutefois rempli la gamelle de son chat. Cela devrait suffire jusqu'à ce quelqu'un le récupère. Cet animal était démoniaque mais il ne méritait pas de mourir de faim. Il serait sans doute plus sympathique avec son nouveau propriétaire. Castiel était sans doute responsable de la haine qu'il lui vouait.

Une fois devant le muret qui le séparait du vide, il prit une grande inspiration et grimpa dessus. Il jeta ensuite un coup d'œil en contrebas. L'immeuble était haut. Il ne pouvait pas survivre à la chute. On retrouverait son corps brisé sur le trottoir. Castiel était désolé pour ceux qui auraient à assister à ce spectacle. Mais il n'aurait pas à s'en soucier longtemps.

Le jeune homme avait souvent entendu dire que les gens qui sautaient ainsi finissaient par regretter leur choix. Que les gens qui tentaient de se suicider s'apercevaient qu'ils souhaitaient vivre une fois leur geste accompli. Du moins, c'était ce que les rares survivants disaient après. Mais dans son cas, il en doutait. Il était trop fatigué par tout ce qui l'entourait et tout ce qu'il faisait quotidiennement. Il était grand temps d'y mettre un terme.

Le vent soufflait autour de lui. Ce n'était pas suffisant pour lui faire perdre l'équilibre. Il allait donc devoir sauter. Castiel étira ses bras de chaque côté de son corps et ferma les yeux. C'était maintenant ou jamais.

- Vous allez sauter ?

La voix dans son dos le fit sursauter et il manqua de perdre l'équilibre. Il vacilla une seconde avant de faire volte face pour voir qui s'était adressé à lui. Il faisait trop sombre pour qu'il voit clairement les traits de l'inconnu sur le toit mais il devinait qu'il s'agissait d'un homme. Le fait qu'il n'ait pas déjà couru dans sa direction semblait signifier qu'il n'avait pas l'intention de l'empêcher de le faire. Peut être même était il là pour la même raison.

- Je ne veux pas vous forcer à vous dépêcher … je suis juste curieux, ajouta l'homme en s'approchant de lui.

Castiel le suivit des yeux, incapable de dire quoi que ce soit. Il avait la sensation d'avoir basculé dans une dimension étrange où le suicide n'était plus quelque chose qu'on tentait d'empêcher. Ou les gens faisaient la queue pour sauter du même toit.

- Je vais juste m'asseoir et attendre alors. Prenez votre temps.

Une fois à son niveau, l'homme s'assit sur le muret, juste à la droite de Castiel. Ce dernier pouvait le voir clairement à présent. Il était jeune, sans doute un peu plus jeune que lui, et séduisant. Il avait les cheveux châtains foncés courts et un visage qui ne semblait souffrir d'aucun défaut. Ses yeux étaient verts et sa bouche épaisse et pulpeuse. Il avait des traits étrangement féminins que sa mâchoire carrée ne faisait que souligner et mettre un peu plus encore en avant. Il portait un jean usé et une veste à capuche qui semblait trois taille trop grande. Dans ses mains, il tenait ce qui ressemblait à une cigarette mais n'en était probablement pas une.

- A vrai dire, je ne pensais pas avoir un public pour … enfin … je suis un peu gêné de sauter avec vous pour regarder, confia finalement Castiel, conscient de l'absurdité de ses propos.

Le jeune homme à côté de lui leva la tête dans sa direction et Castiel aperçut alors un piercing dans le coin gauche de sa bouche. Il y avait également des tatouages qui recouvraient son cou. Son joint était entre ses lèvres mais il ne l'avait toujours pas allumé.

- Je peux tourner le dos si ça vous arrange, proposa t-il.

Il ne semblait pas le moins du monde gêné par la situation. Il ne semblait pas déstabilisé d'être assis à côté d'un homme suicidaire. Il n'allait visiblement rien tenter pour l'en empêcher. Castiel devait reconnaître qu'il était un peu énervé que ce ne soit pas le cas. Il ne comprenait pas le sens de sa présence ici s'il n'était pas venu pour l'aider.

- Vous pourriez aussi … je ne sais pas moi … aller fumer ailleurs, répliqua t-il en descendant du muret.

Il ne s'en éloigna toutefois pas. Il n'avait pas encore abandonné son projet mais refusait de faire quoi que ce soit en présence de cet homme. Le suicide devait être quelque chose de privé.

- Peut être oui, concéda l'inconnu avant d'allumer son joint. Mais j'aime la vue ici et puis … sauf si vous êtes le propriétaire des lieux, je ne vois pas pourquoi je partirais.

- Vous êtes venu sauter ?

Castiel ne savait pas vraiment pourquoi il posait la question. Il se fichait pas mal de la vie de cet homme. Il se fichait de savoir s'il était suicidaire ou non. Ce n'était pas son problème. Mais il ne pouvait s'empêcher de voir son arrivée comme un signe. Il n'était simplement pas sûr de savoir encore un signe de quoi.

- Non, je ne pense pas mais hé … je déteste faire des projets. Je vis les choses au jour le jour. Peut être qu'un jour je sauterais. Mais pas ce soir. Ce soir, ça va.

C'était la chose la plus étrange et déstabilisante que Castiel ait entendu de sa vie. On ne décidait pas de se suicider sur un coup de tête. C'était quelque chose de mûrement réfléchi. Ou du moins, ça devait l'être. Mais Castiel était sans doute mal placé pour tenir de tels propos. Il n'avait pas su qu'il prévoyait de sauter avant de se trouver au pied de l'immeuble.

- Mais si vous, vous voulez le faire, je ne vous en empêche pas. Je peux comprendre … enfin, vous devez avoir de bonnes raisons pour avoir pris une telle décision non ? Votre vie doit craindre sacrément.

Castiel soupira longuement avant de s'asseoir à côté du jeune homme. Il ne sauterait pas ce soir. Il n'en avait plus la force. Il n'était de toute façon pas sûr d'avoir « de bonnes raisons » de le faire. Il était juste fatigué.

- Elle craint pas mal oui, concéda t-il en baissant les yeux sur ses pieds.

- Ok, dites moi en quoi ?

Castiel n'avait pas envie de répondre à cette question. Il n'avait pas envie de parler de lui. Et encore moins à un homme qu'il ne connaissait pas et qui était en train de fumer de la drogue sous son nez. Sans se soucier qu'il puisse être de la police. Cet homme était étrange.

- Je déteste mon travail, confia t-il alors malgré lui.

Il fut surpris d'entendre sa propre voix et se força à fermer la bouche pour ne pas en dire plus. A côté de lui, son compagnon expira lentement la fumée de son joint par le nez. Castiel la suivit des yeux, fasciné.

- Ce n'est pas une bonne raison … vous pouvez en changer, asséna l'homme.

- Mon chat m'a mordu, tenta t-il alors parce qu'il avait besoin que son compagnon comprenne qu'il n'était pas là sur un coup de tête.

Même si c'était le cas très probablement. Il n'avait toutefois pas l'obligation de le dire.

- Faites le piquer … ou donnez le à un refuge et prenez en un autre. Ce n'est pas quelque chose d'immuable.

Castiel savait bien qu'il était totalement stupide. Il était totalement incapable de justifier sa décision et il savait bien que son compagnon devait l'avoir deviner.

- Mais je ne vous juge pas hein ? Je suis le roi des mauvaises décisions. Je sais qu'on ne peut parfois pas s'en empêcher.

- Vous êtes sûr que vous n'êtes pas là pour sauter ? Parce qu'à la façon que vous avez de parler, je n'ai pas l'impression que votre vie craint moins que la mienne.

Son compagnon ricana une seconde avant de finir son joint lentement. Il l'écrasa ensuite du bout du pied puis appuya ses mains sur le muret pour se pencher en arrière et lever le visage vers le ciel étoilé.

- Oh mais ma vie craint … juste pas assez pour faire le grand saut … sans mauvais jeu de mots bien sûr.

Castiel ricana à son tour, surpris d'être amusé par cet inconnu. Il n'avait pas pour habitude de parler avec les gens. Il ne voulait pas tisser de liens. Mais il se sentait étrangement à l'aise avec cet homme. Après tout, ils étaient tous les deux sur un toit désert en plein milieu de la nuit. Cela leur faisait un point commun.

- Je m'appelle Castiel, lâcha t-il alors.

Il lui semblait logique de donner son nom à cet homme après avoir manqué de sauter sous ses yeux. Ils ne se reverraient probablement jamais. Ce n'était donc pas vraiment important.

- Un prénom pareil, c'est une bonne raison de se tuer, plaisanta son compagnon. Et je suis Dean.

Castiel secoua la tête en détournant les yeux de son compagnon. Il avait souvent entendu les gens qu'il rencontrait lui dire que son prénom n'était pas commun. Il ne l'aimait pas beaucoup lui même. Mais ses parents avaient tenu à donner à tous leurs enfants un prénom d'ange. Il y en avait sans doute des plus faciles à porter. Au moins, il avait échappé à Lucifer.

- Vous venez souvent ici ? Demanda alors Castiel.

C'était une parodie de première rencontre dont l'ironie n'échappait pas à Castiel. C'était le genre de question qu'on posait dans un bar à quelqu'un qu'on tentait de séduire. Mais lui la posait sur un toit dont il avait prévu de sauter à un homme visiblement couvert de tatouages qui venait tout juste de fumer de la drogue sous son nez. Sa vie ne pouvait pas devenir plus bizarre.

- Parfois oui. Il n'y a personne en général et j'aime l'endroit. Je sais pas, c'est … c'est un peu comme un refuge pour moi. Allez comprendre … je suis bizarre.

Castiel hocha la tête. Dean était effectivement quelqu'un d'étrange. Mais il l'était lui aussi. Cela leur faisait un deuxième point commun.

- Vous avez dit tout à l'heure que vous pourriez un jour envisager de sauter. Pourquoi ? Je veux dire … il faut une bonne raison n'est ce pas ?

- Ça m'arrive d'y penser en effet. Je n'ai pas vraiment de raison … je veux dire. Je n'ai pas eu une enfance particulièrement difficile. J'aime mon travail. Et aucun chat ne m'a mordu récemment. Je suis allergique de toute façon. C'est juste … parfois ma vie est … insignifiante vous voyez ? Juste … je suis un pion de plus et parce que je n'ai pas grand chose à donner, je préfère encore ne pas être là. Pourquoi vivre dans ce monde si on n'y a pas sa place ?

Devant le silence de Castiel, Dean s'empressa d'enchaîner.

- Mais je ne suis pas dépressif. Juste fatigué … las est le bon mot je pense.

Castiel pouvait parfaitement le comprendre. Il ressentait plus ou moins la même chose. Mais de toute évidence, Dean semblait plus enclin à se raccrocher à la vie. Il devait peut être suivre son exemple. Et n'avoir recours au suicide que s'il ne trouvait vraiment rien d'utile à faire. Rien d'excitant à vivre.

- Vous aimez votre métier ? Vous avez de la chance, commenta t-il en repensant à son bureau et à son téléphone.

Dean tira alors sur le col de sa veste et de son tee shirt révélant plus de tatouages encore le long de son sternum. Il semblait réellement en être totalement recouvert. Castiel n'était pas un grand fan des tatouages. Il ne comprenait pas l'intérêt de se recouvrir d'encre de façon permanente. Mais il supposait qu'il était mauvais juge. Il ne trouvait d'intérêt à rien depuis longtemps.

- Je suis tatoueur, expliqua alors Dean. Perceur aussi parfois. Mais ce que j'aime avant tout, c'est dessiner. Et comme je ne peux pas travailler pour Pixar ou Disney, je me contente de le faire pour des clients. Mon sponsor m'encourage à tenter ma chance dans le domaine de l'animation mais … je crois qu'il a un peu trop confiance en mon maigre talent.

Castiel fronça les sourcils en entendant le mot « sponsor ». Il voyait clairement ce que cela signifiait. Mais il n'était pas sûr de pouvoir poser la question. Ce n'était probablement pas un sujet que Dean souhaitait aborder avec un inconnu.

- Sponsor comme ? Laissa t-il toutefois échapper une nouvelle fois malgré lui.

Dean tourna le visage vers lui et l'observa une seconde. Ses yeux étaient d'un vert sombre que de petites tâches dorées soulignaient à la perfection. Il était réellement séduisant.

- Sponsor comme sponsor. Je suis accroc à la drogue et un ancien alcoolique. Je vais à ces réunions pour en parler et j'ai un sponsor. Jesse. C'est un ancien drogué lui aussi. Il est cool.

- Je n'ai pas l'impression que vos réunions sont très efficaces, déclara Castiel en repensant au joint que Dean avait fumé devant lui.

Le jeune homme éclata alors de rire et ne put pas parler pendant de longues minutes. Quand il eut retrouvé un semblant de calme, il se frotta le visage puis soupira longuement.

- Et bien je ne bois plus donc c'est déjà ça. Mais la drogue c'est … vous n'êtes pas de la police hein ? Parce que ce serait bien ma chance de tomber sur un type des stup et de confesser mon addiction devant lui sans m'en rendre compte.

- Je ne suis pas de la police, assura Castiel.

Dean hocha alors la tête avant de détourner les yeux et de regarder à nouveau le ciel. Il sembla fasciné une seconde par ce qu'il voyait. Castiel n'y trouvait quant à lui aucun intérêt. Mais une nouvelle fois, rien ne le passionnait vraiment. Pas comme l'écriture. Et cela faisait un moment maintenant qu'il n'avait plus tenté d'écrire quoi que ce soit.

- La drogue c'est … c'est comme s'échapper de son corps. C'est comme voler quelque part au dessus de soi et ne plus se soucier de rien. Et je veux dire … c'est mal, je le sais. Et personne ne devrait faire ce que je fais … surtout pas les jeunes mais … je n'ai jamais réellement réussi à m'en passer. J'aime la sensation que ça me procure. Et puis je ne consomme rien de très dangereux. Pas de cocaïne ou d'héroïne. Juste un peu d'herbe et parfois de la meth. De l'ecstasy aussi.

- Pourquoi me dire tout ça ?

Castiel était réellement surpris que son compagnon se confie ainsi à lui. Il ne le connaissait pas. Et il ne pouvait pas être sûr qu'il n'allait pas le juger. Lui faire des reproches. Pourtant, il lui parlait comme on pourrait le faire avec un psychologue. Ou un ami.

- Vous m'avez posé la question, déclara alors Dean le plus sérieusement du monde.

C'était d'une logique sans faille. Mais également totalement et profondément ridicule. Personne ne se montrait aussi honnête simplement parce qu'on leur avait posé une question. Dean était quelqu'un qui ne ressemblait à personne. Il était déstabilisant. Mais Castiel était également fasciné par son honnêteté et sa façon de dire les choses telles qu'elles lui passaient par la tête.

- Peut être oui mais on ne se connaît pas, rappela Castiel en inclinant la tête sur le côté.

- Justement, c'est plus simple. Je ne peux pas en parler à mes collègues parce qu'ils me hurleraient dessus. Je ne peux pas l'évoquer avec mon frère parce qu'il débarquerait dans la seconde et ne me laisserait plus tranquille. Et je ne peux pas le dire à Jesse ou il penserait qu'il a échoué. Le dire à un inconnu c'est sans risque. On ne se reverra probablement jamais et vous m'aurez oublié d'ici demain.

Castiel en doutait. Il n'avait jamais rencontré quelqu'un comme Dean et il était presque sûr qu'il se souviendrait de lui. Mais il refusait de le lui dire. Ca ressemblait bien trop à un engagement. De surcroît, il y avait quelque chose que son compagnon lui avait dit et qui l'avait surpris.

- Vous avez un frère ?

Dean se passa à nouveau les mains sur le visage et Castiel remarqua alors qu'elles étaient également recouvertes de tatouage. Il y avait une fleur sur la gauche et plusieurs lettres sur la droite. Il n'avait pas fait attention jusque là. Seuls ses doigts étaient libres de tout dessin. Ils étaient longs et élégants. Dean portait un anneau en argent à l'annulaire droit. Une alliance. Mais qui ne lui appartenait visiblement pas. Il avait envie d'en savoir plus sur elle. Sa présence à sa main expliquait peut être en partie la souffrance qui était évidente chez lui.

- J'ai un frère oui … Sammy … Sam, un petit génie. Quoique petit ne s'applique plus vraiment à lui depuis qu'il avoisine les deux mètres mais il reste mon petit frère … il a quatre ans de moins que moi. Et il est réellement très intelligent.

Castiel devinait l'affection de Dean dans la façon qu'il avait de parler de son frère. Il était évident qu'il l'aimait énormément. C'était étrange d'entendre ce genre de propos dans la bouche d'une personne qui évoquait le suicide aussi franchement.

- Vous êtes proches ? Demanda alors Castiel qui souhaitait en savoir plus.

Dean sortit un paquet de cigarettes de sa poche et prit le temps d'en allumer une. Cette fois, il s'agissait de tabac ordinaire. Castiel était soulagé. Même si l'odeur lui déplaisait fortement. Il ne comprenait pas l'attrait de la cigarette. Il ne voyait pas l'intérêt de se détruire la santé ainsi. Bien sûr, une nouvelle fois, il avait pour projet de sauter de cet immeuble. Fumer était une forme de suicide. La mort était simplement plus lente.

- On peut dire qu'on l'est oui. Enfin, je veux dire … quand on était gosses, on était inséparables. Et puis, Sam est parti en Californie pour faire ses études de droit à Stanford et je suis resté au Kansas … quand je suis venu ici, on … disons que je refuse de prendre l'avion et qu'il ne peut pas se permettre de s'acheter un billet souvent. Il y a la totalité des États Unis entre nous mais on se parle régulièrement au téléphone.

Il y avait un peu de regret dans la voix de Dean. De toute évidence, la distance qui existait entre son frère et lui lui pesait beaucoup. Peut être aurait il été judicieux pour lui de tenter sa chance en Californie. De se rapprocher de son frère pour avoir enfin l'impression que sa vie avait un sens. Il refusait toutefois de le lui conseiller. Il estimait ne pas en avoir le droit.

- Je sais ce que vous vous … ce que tu te … je peux te dire tu ? C'est plus simple.

Dean ne laissa pas le temps à Castiel de répondre par « oui » ou par « non » et enchaîna aussitôt après avoir tiré une bouffée de sa cigarette.

- Je sais ce que tu te dis … pourquoi ce garçon qui a visiblement un frère qu'il aime et qui l'aime songe t-il au suicide ? C'est sans doute bizarre mais … j'ai quasiment élevé Sam et il est devenu quelqu'un de bien. Aujourd'hui, je ne pense plus avoir grand chose à lui apporter et … il n'a plus besoin de moi.

Castiel avait envie de protester. Il doutait que le frère de son compagnon verrait la chose de cet œil. Il serait probablement bouleversé par la mort de Dean. Mais il ne les connaissait pas vraiment. Il ne pouvait pas en être sûr. Et le soulever risquait de faire fuir le jeune homme. Castiel appréciait la conversation qu'ils avaient ensemble. Il n'avait pas envie qu'elle se termine pour le moment.

- Tu sais quoi ? Je crois que j'en ai suffisamment dit sur moi. Je dois commencer à t'ennuyer et … je t'ai interrompu alors peut être que je devrais filer. Tu vas sauter quand je serais parti ?

Castiel prit une seconde pour réfléchir. Il était monté sur ce toit sans vraiment s'en rendre compte. La décision de sauter s'était imposée d'elle même à lui. Il avait grimpé sur le muret sur un coup de tête. Il ne se voyait pas recommencer. Il ne s'imaginait pas sauter après le départ de Dean. Ce n'était simplement plus le bon moment.

- Non, je ne pense pas que je le ferais, répondit il sincèrement.

Dean jeta alors le mégot de sa cigarette droit devant lui et se leva du muret en un bond. Il fit quelques pas en direction de la sortie avant de faire volte face et de poser ses mains sur ses hanches.

- Ok tant mieux parce que je viens d'avoir une idée brillante !

Castiel fronça les sourcils surpris par le brusque changement d'attitude de son compagnon. Il y avait quelque chose d'extrêmement déstabilisant chez Dean.

- Oh, lança t-il un peu bêtement parce qu'il ne voyait pas quoi dire d'autre.

- Oui, c'est … ok … quelles étaient les chances que je vienne sur ce toit au moment même où tu t'apprêtais à sauter ? Je veux dire honnêtement … selon toi.

Castiel n'était pas forcément très doué pour les statistiques. Et il ne voyait pas du tout où Dean voulait en venir. Il se contenta donc d'hausser les épaules et d'aller au plus simple.

- Elle étaient faibles je suppose, concéda t-il.

Dean hocha la tête en pointant un indexe dans sa direction.

- Elles étaient minimes et en conséquence, je pense qu'il s'agit là d'un signe.

Castiel ne put s'empêcher de ricaner en l'entendant. Il n'était plus croyant. Il avait perdu la foi. Et il trouvait la théorie de Dean un peu ridicule. Mais il était amusé. Et cela ne lui était plus arrivé depuis un moment maintenant. Il aurait été idiot de chasser son compagnon simplement parce qu'il ne partageait pas son avis. Il avait envie d'en entendre plus.

- Je ne crois pas à tout ça, expliqua t-il toutefois.

Dean leva les mains au ciel en souriant largement. Il y avait quelque chose d'extrêmement juvénile chez lui quand il souriait de la sorte. Il semblait bien plus jeune brusquement.

- Moi non plus et c'est justement ça qui est dingue ! Mais pour une fois dans ma vie, j'ai envie de voir un signe dans quelque chose qui s'apparente certainement plus à une coïncidence qu'à quoi que ce soit d'autre. Et donc je veux te proposer quelque chose.

Castiel fit signe à Dean de poursuivre. Il ne voyait pas quoi dire en réponse à ce qu'il venait d'entendre. La théorie de son compagnon était plaisante. Même si elle était un peu stupide et naïve.

- On va se laisser un an … une année entière et ensuite, dans trois cent soixante cinq jours exactement, on se retrouvera ici. Si on veut toujours en finir, alors on sautera. Et si l'un de nous deux a changé d'avis, il n'aura pas le droit de tenter de convaincre l'autre de renoncer ok ? On s'engage sur ce point. Un an et ensuite on prend notre décision.

Castiel ne comprenait pas ce que cela pourrait changer à sa vision des choses. Cela faisait maintenant presque trente ans qu'il ne voyait aucun sens à sa vie. Qu'il avait la sensation d'évoluer en marge du reste des gens. Une année de plus ne ferait pas de miracles. Ce serait juste trois cent soixante cinq jours de torture en plus. Castiel n'était pas sûr de pouvoir y résister.

- Je ne vois pas ce qu'une année changera à ce que je ressens et … à ce que tu ressens aussi apparemment !

Dean ne répondit pas immédiatement et regarda durant de longues secondes le toit autour de lui. Il hocha ensuite la tête, haussa les épaules puis reporta son attention sur Castiel.

- Tout ou rien … c'est là la beauté de la vie non ? Et oui, je sais que c'est ironique que quelqu'un comme moi puisse dire que la vie est belle mais … chaque jour nous apporte son lot de surprises. Elles peuvent être bonnes ou mauvaises mais tout peut changer en l'espace d'une seconde. Une année nous permettra peut être de voir la vie sous un autre angle ou au contraire de confirmer ce qu'on pense ce soir.

- Et qu'est-ce qu'on fera durant cette année ? Demanda Castiel, de plus en plus curieux.

Dean pointa à nouveau son indexe dans sa direction avant de venir à sa hauteur. Il s'agenouilla ensuite devant lui et posa ses mains sur ses genoux pour garder son équilibre. D'aussi prêt, Castiel pouvait voir les tâches de rousseurs qui recouvraient le nez et les joues du jeune homme. La couleur incroyable de ses yeux. Et les petites rides qui apparaissaient au coin de ses yeux quand il souriait. Dean était définitivement quelqu'un de très séduisant.

- Tout ce qu'on a toujours rêvé de faire mais qu'on s'est interdit jusque là. Des trucs dingues … des trucs géniaux.

- Je n'ai pas vraiment de rêve, déclara Castiel.

C'était vrai. Il avait abandonné l'idée d'écrire et il n'avait aucun projet. Il n'y avait rien qui le faisait secrètement rêver. Rien qui lui donnait envie d'avancer. Il ne serait pas monté sur ce toit si c'était le cas. Dean ne pouvait pas l'ignorer.

- Ok, tu as raison, mauvaise idée … de toute évidence, tu es quelqu'un de déprimé et que rien ne fait rêver et moi je suis passé maître dans l'art de prendre les mauvaises décisions me concernant alors … on va faire différemment d'accord.

Castiel se surprit à acquiescer. Il ne savait pas ce qui le poussait à accepter la proposition du jeune homme. Mais il était comme envoûté. Peut être Dean était il ce dont il avait besoin pour voir la vie d'un autre œil.

- Chacun dira à l'autre ce qu'il doit faire durant cette année. Si on s'engage, on ne pourra pas reculer ensuite. Pas de joker et pas de refus. On devra faire ce que l'autre nous dit de faire.

Cela revenait à donner le contrôle de sa vie à un inconnu. Castiel ne connaissait pas Dean. Et l'inverse était également vrai. C'était dangereux. Mais ce serait probablement la chose la plus excitante que Castiel ferait de sa vie. Cela valait peut être la peine d'essayer.

- Disons que je l'envisage … qu'est ce qu'on … qu'est ce que tu entends par des choses dingues ?

Dean lui adressa un petit sourire avant de se redresser. Il posa cette fois ses mains sur les épaules de Castiel et se pencha dans sa direction. Il sentait le tabac froid et la marijuana. C'était un parfum étrange mais entêtant.

- On ne peut pas demander à l'autre de tuer quelqu'un ou de faire un truc illégal mais … on peut … je ne sais pas moi … lui suggérer de sauter en parachute … de se faire tatouer ou … de gravir l'Everest.

Castiel espérait sincèrement qu'il s'agissait là d'exemples donnés sans réfléchir. Castiel s'imaginait mal sauter en parachute. Il doutait également d'être capable de gravir l'Everest. S'il tentait sa chance, il mourrait très probablement. Et cela irait définitivement à l'encontre du projet de Dean. Quant au reste …

- Je ne suis pas franchement un adepte des tatouages, confessa t-il en laissant ses yeux vagabonder sur ceux que Dean avait dans le cou.

Il s'agissait de formes abstraites. Elles ne semblaient pas signifier quelque chose en particulier. Castiel était fasciné par elles.

- Un piercing alors ? Suggéra Dean en souriant.

Castiel grimaça. Il n'aimait pas plus l'idée qu'on lui perce la peau avec une aiguille pour y mettre un bijou. Il n'en voyait pas l'intérêt. C'était douloureux et inutile. Bien sûr, il ne le dirait pas à Dean. Le jeune homme n'apprécierait sans doute pas.

- Je ne crois pas, souffla t-il en observant la petite boule métallique que Dean avait au coin de la lèvre inférieure.

Le jeune homme fronça alors les sourcils pendant quelques secondes. Il semblait surpris qu'on puisse ne pas aimer les piercings. C'était probablement logique pour quelqu'un qui travaillait dans ce domaine.

- Tu as tort tu sais. Le piercing est une expérience incroyable. Il procure des sensations à celui qui le fait et il apporte aussi beaucoup de plaisir à ceux qui en profitent ensuite.

Castiel savait que certains piercings étaient réputés comme pouvant apporter des sensations agréables quand on couchait avec quelqu'un. Mais il n'était toujours pas tenté. Il commençait en revanche à se demander si son compagnon parlait d'expérience. S'il avait d'autres piercings sur son corps. Sa curiosité dut se lire sur son visage puisque Dean rit une seconde avant de reprendre la parole.

- Ok, je vais répondre à la question que tu meurs d'envie de me poser et que tu n'oses pas prononcer … oui, mon corps est en grande partie recouvert de tatouages … du moins de mon cou à mes chevilles parce que tatouer les pieds c'est extrêmement douloureux et … J'ai également d'autres piercings que ceux que tu voient.

Castiel fronça à nouveau les sourcils et Dean lui relâcha l'épaule pour pointer son piercing à la lèvre du doigt puis celui à son oreille.

- Il y a ces deux là bien sûr et … celui là aussi, expliqua t-il avant de tirer la langue.

Castiel vit alors une boule métallique au dessus et en dessous de la langue de son compagnon. Il grimaça malgré lui arrachant un nouveau petit rire à son compagnon.

- J'ai aussi mes deux tétons percés et … j'ai ce qu'on appelle une guiche.

Castiel écarquilla les yeux en l'apprenant. Il se maudit d'imaginer à quoi les tétons de son compagnon pouvaient ressembler, traversés chacun par une barre métallique. Quant au dernier piercing, il n'avait aucune idée de ce dont il s'agissait. Mais quelque chose lui disait qu'il s'agissait probablement d'un piercing nettement plus intime.

- Une quoi ? Demanda t-il.

- Une guiche, répéta Dean inutilement.

Il se racla ensuite la gorge.

- C'est un piercing qu'on fait au périnée. Un petit anneau en ce qui me concerne.

- Le … le périnée ? S'écria alors Castiel.

Il ne savait même pas qu'il était possible de se faire percer à cet endroit. Il n'en avait jamais entendu parler. Bien sûr, il n'avait jamais été intéressé par le sujet. Et il n'avait jamais connu quelqu'un qui semblait autant apprécier qu'on fasse des trous dans son corps. Dean relâcha sa seconde épaule et croisa ses bras sur son torse.

- Le périnée est la zone qui se situe entre …

- Non, non, je sais ce que c'est … c'est … c'est juste que je ne comprends pas bien l'intérêt d'un tel acte.

Dean sourit alors de plus belle. Il semblait réellement amusé par les réactions de Castiel. Il n'y avait rien de méchant dans son comportement. Il ne se moquait pas de son ignorance.

- Crois moi, c'est un piercing que je ne regrette absolument pas. Bien sûr, les premières semaines, c'est un peu galère mais ensuite … il te procure des sensations incroyables quand on joue avec … et c'est pareil pour les gens avec qui tu couches … jamais aucun ne s'est plaint avec moi en tout cas.

Castiel était presque sûr que Dean était prêt à lui donner plus de détails sur sa vie sexuelle et sur le rôle que son piercing jouait dedans mais il préférait ne pas s'embarquer sur ce chemin là. Il allait déjà avoir du mal à effacer l'image que son cerveau lui fournissait à présent. Il était préférable d'en rester là sur ce sujet.

- Ok, je te crois … je … ne me demande simplement pas de me faire percer là, souffla t-il en frissonnant.

Dean hocha la tête. Il s'étira ensuite longuement. Sa veste et son tee shirt se soulevèrent alors dévoilant une bande de peau au dessus de la ceinture de son jean. Et comme Dean le lui avait dit, il y avait également des tatouages à ce niveau là. Sa peau n'était même plus visible sous la multitude de dessins qui la recouvrait. Castiel détourna les yeux alors que Dean sortait son téléphone de sa poche.

- Bien, je pense qu'on devrait se laisser une semaine pour réfléchir d'accord ? Je veux dire … tu as l'air partant mais tu n'es pas dans ton état normal et je veux que tu me donnes ton accord en ayant toute ta tête donc … tu vas entrer ton numéro dans mon téléphone pour que je t'envoie l'adresse du salon où je travaille. Et dans une semaine, tu viendras me voir pour me dire ce que tu as décidé. Si tu me dis non, je n'insisterais pas. On ne se reverra plus et tu seras libre de sauter d'un toit ou de te trancher les veines. Je ne préviendrais pas la police. Mais si tu me dis oui alors tu ne pourras plus reculer. On sera engagés l'un vis à vis de l'autre.

Castiel hocha la tête en prenant le portable de Dean dans ses mains. Il y entra son numéro rapidement. Il ne prenait aucun risque en le faisant. Il était libre de ne plus jamais prendre contact avec le jeune homme. Il était convaincu que son compagnon ne tenterait rien pour le dissuader de se tuer. Il le savait sincère.

- C'est complètement dingue tu sais, souffla t-il en rendant son téléphone à Dean.

Ce dernier le rangea dans sa poche en souriant.

- Je sais mais franchement, on est pas très équilibrés toi et moi et les gens comme nous font des choses dingues constamment non ?

Castiel supposait que c'était une nouvelle fois logique. Il hocha donc la tête. Dean lui tapota ensuite l'épaule gauche puis acquiesça avant de tourner les talons. Castiel le suivit des yeux en repensant à ce qu'il lui avait dit jusque là. Un détail lui revint alors en mémoire et il appela Dean avant qu'il ne puisse quitter le toit.

- Aucun ? Lança t-il.

Il ne l'avait pas remarqué sur le coup mais à présent, cela lui semblait crucial. Dean avait employé le masculin en évoquant ses partenaires. Il l'avait peut être fait par erreur ou simplement sans y penser. Mais cela pouvait également signifier autre chose. Et Castiel avait envie de savoir.

- Aucun oui … pas aucune, répondit Dean en lui adressant un clin d'œil.

Castiel déglutit avec peine alors que le jeune homme lui faisait un petit signe de la main.

- Bonne nuit Cas.

- Castiel, corrigea t-il aussitôt.

Il n'avait jamais été un grand adepte des surnoms. Il n'aimait pas forcément son prénom mais il avait fini par s'y habituer. Et il n'était pas forcément à l'aise quand on le raccourcissait de la sorte. Bien sûr, personne ne le faisait vraiment. Il manquait peut être simplement d'habitude.

- Bonne nuit Cas, répéta alors Dean avant de tourner les talons à nouveau.

Castiel ne le reprit pas une seconde fois. Il ne le salua pas non plus. Il regarda simplement le jeune homme quitter le toit en silence. Il devait admettre qu'il était un peu sous le choc de ce qu'il venait de vivre. Il était venu ici pour en finir avec la vie et il envisageait à présent de s'accorder encore une année. Pour donner une chance à la vie de le surprendre. Une année qu'il remettrait entre les mains d'un homme qu'il connaissait à peine. D'un homme entièrement tatoué et percé qui était également suicidaire. Un ancien alcoolique qui avouait sans gêne consommer de la drogue régulièrement. Il n'en revenait pas de ce qu'il avait vécu en quelques minutes. Il n'en revenait pas non plus d'envisager sérieusement de donner son accord à Dean.

Castiel quitta finalement le muret sur lequel il était assis et prit le chemin de la sortie à son tour. Il devait rentrer chez lui et réfléchir à la décision qu'il devait prendre. Il y verrait sans doute plus clair après une nuit de sommeil. Dean avait raison. Il n'était clairement pas dans son état normal. Il avait besoin de réfléchir. De se poser les bonnes questions. De peser le pour et le contre. Il refusait de s'engager sur un coup de tête. Une année c'était beaucoup.

Castiel quitta finalement l'immeuble avec l'esprit embrouillé et une drôle de sensation au creux de l'estomac. Il se demanda finalement en reprenant le chemin de son appartement – où son chat risquait de lui faire payer son départ précipité – si sa rencontre avec Dean, un homme à l'opposé de lui, un homme qu'il n'aurait jamais pensé rencontrer un jour, était réellement un signe. Et si ces quelques minutes partagées sur le toit avec lui le soir où il souhaitait en finir n'allaient pas en fin de compte changer sa vie pour de bon.