Ne me rejetez pas! Je suis fatiguée, (semaine de 45 h) veuillez me pardonnez, mais en ce moment j'ai un gros faible pour les histoires spéciales. Hélas, pour les pauvres âmes sensibles, je ne compte pas m'arrêter là.

Ça fait longtemps que cette histoire est au placard. J'avais envie de l'écrire, l'histoire du flic et du type pas net, classique mais les classiques ne sont-ils pas les meilleures?

Bref, savourez et pardonnez les fautes, ces putains de fautes. Quand à Mon Bel Inconnu, pour être honnête, je bloque. Je vais continuer, j'ai déjà les idées dans ma tête je sais même comment les tourner, mais rien à faire j'y arrive pas à écrire. Je veux qu'il soit parfait à mes yeux alors je risque d'être très difficile sur la suite :)

Je m'en excuse d'avance.


Je ne suis plus qu'un flot de désir.

Je me consume littéralement.

La plaisir m'étouffe, m'étreint tel un serpent et ressert son étau de plus en plus autour de moi.

- Ahh!

Un petit cri m'échappe et de justesse, j'évite de me mordre la langue. Mes pieds se crispent douloureusement sous un de ses énièmes coup de rein trop puissant et d'une précision alarmante, effrayante, si rigoureuse pour mon pauvre cœur qui n'a jamais le temps de redescendre la pression qui monte toujours plus rapidement de seconde en seconde. C'est tout bonnement fou que j'arrive encore à prendre conscience de mon corps et des détails qui nous entoure. Je suis arrivé à une limite où le plaisir m'a complètement bousillé les neurones, je suis incapable de parler, de réfléchir, de penser. La seule chose que je suis encore apte à faire est pousser des gémissements et des cris incompréhensibles, et ce contre ma volonté.

Je brûle de partout.

C'est insoutenable. Je fonds, je ne plus que de la gelée dans ses mains.

Le piège se referme délicieusement, je suis une proie, une proie ravie d'avoir été attrapé par son prédateur. Un prédateur qui ne me tue pas, non mais qui m'empoissonne à petit feu, avec son poison et ce, dans le but de me rendre totalement addictif et de ne plus avoir envie de vivre sans ce poison aphrodisiaque. C'est bon, terriblement bon, dangereusement bon. Ma gorge est complètement irrité à cause de mes cris et de ma respiration difficile. J'ai de plus en plus de mal à m'accorder une micro-pause pour reprendre mon souffle convenablement. Je voudrais toujours respirer de cette façon, à la limite de suffoquer, d'être sur le point de tomber du bord de la falaise, ce petit moment, juste avant où tout n'est adrénaline, un moment où on se croit invincible, à même d'affronter l'inconcevable.

C'est ma faute. Je suis trop con. Je suis vraiment très très con. Je n'étais pas assez sur mes gardes. Je n'ai pas fait assez attention, j'ai relâché ma vigilance. J'ai cru que ça serait un jeu d'enfant, d'entrer ici, et de repartir ni vu ni connu. Mais cet endroit, ce lieu, c'est malsain. La rumeur est vraie. J'avais eu tort de ne pas y croire et désormais, je regrettais amèrement de m'être jeter dans l'antre du Diable comme ça, sans faire attention ni prendre la moindre précaution. C'est trop tard pour faire machine-arrière. Et je ne le veux plus maintenant. Je ne le veux plus. Je ne veux pas redescendre sur terre, j'ai presque envie de pleurer en sachant que ce que nous sommes en train de faire en cet instant précis, à une fin et qu'elle est proche.

Dans un effort surhumain, je tends ma main droite, sans trop savoir pourquoi je le fais, dans l'espoir d'arriver à saisir, ne serait-ce qu'un petit truc de lui. Je n'arrive pas bien à le distinguer, ma vision est trop flou, je ne perçois que sa silhouette à travers le voile brumeux qui couvre mes yeux. Mon bras retombe mollement, il est trop faible. Je n'ai plus de force et son odeur me monte à la tête.

Tout en lui est un poison.

Seigneur, comment j'en suis arrivé là?

Qu'est-ce que je fais ici?


Deux heures plus tôt.

- Excusez-moi, monsieur?

Je sursaute et me redresse comme un imbécile. La femme qui vient de me faire peur, pince les lèvres dans un signe d'amusement mais ne laisse rien transparaître de plus.

- O-oui?

Bravo Eren.

Au lieu de réagir avec sang froid et élégance, tel un adulte, je donne l'impression d'être un petit lapin pris au piège et en proie à l'hystérie. La grande classe comme toujours. Peu importe comment j'essaie (en vain) de paraître cool et nonchalant, je ne suis rien de plus qu'un petit garçon qui piaille de honte quand on le chope en plein délit.

Et puis je transpire beaucoup trop. Et j'ai les mains trop moites. Sans parler de mon cœur qui est, sans doute, prêt à sortir de ma poitrine et se faire la malle. Je déglutis en espérant que ça soit discret. Hélas, le sourire, de plus en plus moqueur, de la jeune femme en face de moi, me montre que ma nervosité ne passe clairement pas inaperçu. Merde, j'aimerais effacer son air taquin de son visage. Il m'insupporte.

Aux yeux de cette fille, je passe clairement pour le pire des abrutis. Mieux, pour une jeune vierge effarouché. Et je ne peux pas le nier. Manifestement, c'est l'impression que je donne. Je suis très mal à l'aise, et vraiment pas bien dans cet endroit. J'essaie de ne regarder que cette employée, de ne pas fixer le reste ainsi que les... autres. Je fais mine de pas entendre les rires, les conversations portés sur des sujets anodins mais qui dans ce décor paraissent complètement absurdes.

Un raclement de gorge me ramène à la brusque réalité. La femme ne paraît plus autant amusée et me regarde avec suspicion. Visiblement, mon hésitation plus que visible lui a mis la puce à l'oreille. Désormais, elle m'étudie avec méfiance, comme si elle avait flairer quelque chose d'étrange. Comme si elle savait la réelle raison de ma présence et pas celle que je tente de lui faire avaler. Elle a de l'instinct, elle commence à flairer le piège et pour ma part, même si j'essaie de reprendre contrôle de mes émotions, je n'en mène pas large. Je suis littéralement paniqué à l'idée qu'elle devine qui je suis et ce que je fais ici. Dans ce club. Dans cet endroit, où je n'aurais jamais imaginé mettre les pieds, du moins pas dans ce genre de club.

Les boîtes où les gens se foutent sur la gueule, se droguent où se prostituent, c'est plus mon domaine. Ça et les violences conjugales, les braquages, les petites frappes qui veulent imposer leur loi, les petits voleurs. C'est déjà plus proche de mon monde. Celui-ci, avec sa sensualité et son ambiance privée, voir beaucoup trop intime me filent des frissons. Je ne suis pas à ma place. Ce genre de lieu ne me rappelle que trop bien pourquoi je choisis des missions simples, prévisibles et habituels.

Parce que j'ai horreur de l'inconnu. Ça me terrifie.

Bon, du calme Eren.

Il faut que je retrouve mon sang-froid. Immédiatement. Je ne dois pas éveiller les soupçons et cette femme me paraît trop intelligente d'un coup, trop calculatrice. Je prends une posture montrant ma (fausse) indifférence. J'enfile le masque du parfait acteur en laissant sortir une assurance qui n'était pas encore là, il y a moins de quelques secondes. Je suis sûr de moi. Je sais ce que je fais ici, je ne suis pas du tout un amateur - hum enfin on va dire ça. Je suis entraîné pour ce genre de situation, je n'ai pas le droit à l'erreur. Je ne peux pas commettre une bourde juste parce que je me sens tout sauf bien dans un endroit comme ça. De toute manière, on me demande pas d'aimer le lieu, juste d'essayer de percer son secret, le décortiquer pour avoir toutes les cartes en main.

Et foutre derrière les barreaux celle qui dirige ce club.

Je suis ici pour faire mon boulot, point. C'est juste un travail comme un autre.

Mon regard de comédien croise celui de mon interlocutrice. Elle me scrute avec un air songeur. Je me raidis une fraction de seconde. Je connais ce genre de regard. Elle est en train de m'analyser. Elle a mis le doigt sur quelque chose et elle essaie de piger sur quoi. Je ne dégonfle pas pour autant. Je maintins son regard, il est hors de question que je baisse les yeux. Et elle non plus. Un espèce d'échange se fait. Elle ne pipe pas un mot. L'air devient légèrement tendu.

Je m'accroche et ne lâche pas le morceau.

Et puis aussi soudainement qu'elle s'était braquée, son visage se fend d'un franc sourire, dénuée de tout hostilité. Visiblement, la fille n'est pas payé pour chercher plus loin que son nez. Tant mieux, dans un certain sens. Elle n'a pas l'air envie de se prendre la tête où peut-être respecte-elle tout simplement la vie privée des autres? C'est fort probable. Avec un travail comme le sien, elle a dû en voir des choses. Et un petit nouveau terrifié et bizarre ne semble pas quelque chose qui sort de l'ordinaire pour elle. C'est sûr qu'entre les assassins et les malfrats qui fréquentent ce club, je fais tâche. Je suis sans doute la seule chose normal qu'elle ait vu depuis un bail.

- Bien, Monsieur Ferris. J'aime l'ironie quand elle prononce mon faux nom Les faux noms, elle doit en voir à la pelle. Cette femme a un don pour mettre ses clients à l'aise, ça fait plaisir. Votre boulot est très facile. Vous avez juste à circuler dans la salle Émeraude, et vous mettre au service des clients. Leur proposer à boire, leur demander si ils désirent des amuses-gueules, être prêt à anticiper leurs envies. Leur donner tout ce qu'ils veulent. Même si leurs demandes s'avèrent spéciales, termine t-elle en se mordant la lèvre supérieure.

Le sous-entendu passe comme une lettre à la poste. Je deviens livide. Et j'ai un haut-le-cœur quand je prends pleinement conscience de ce qu'elle vient de m'ordonner. Je tente de rester calme et de ne rien laisser paraître sur mon soudain malaise. Je ne devrais pas être étonné. Ce genre de pratique doit être courante ici, voir tout ce qu'il de plus habituel. Je dois rentrer dans la peau de mon personnage. Je suis là pour servir les clients de ce club, c'est tout, comme un serveur. Néanmoins, si il prenait l'envie à l'un d'entre d'eux d'exiger plus de moi et d'essayer de faire un geste déplacé, il est fort possible que ça soit moi qui me retrouve en prison pour meurtre avec violence enragé. Il est évident que je n'écarterais pas facilement les jambes devant n'importe qui. Et certainement pas avec le sourire.

Mon employeuse doit sentir que je suis en plein tourmente intérieure, parce qu'elle soupire. Décidément, je ne lui facilite pas la vie, on dirait. Mais elle reste pro jusqu'au bout.

- Écoutez, si vous vous ne sentez pas à la hauteur, je vais vous demander de partir. Tout de suite. Nos clients sont ici dans l'intention de se détendre et relâcher la pression de leur vie. Nous ne sommes pas là pour les juger où les conseiller. Honnêtement, peu importe qui ils sont, du moment qu'ils paient bien et qu'ils ne causent pas de problème.

Elle s'arrête une minute de parler avant d'ouvrir de nouveau la bouche:

- J'ai conscience que c'est votre premier soir chez nous. Et de plus, je commence à me demander si Scott n'a pas fait une erreur en vous recommandant pour le remplacer le temps de quelques heures. Ma patronne n'aime pas trop les imprévus. Je risque mon boulot mais je ne peux pas me permettre de manquer du personnel lors d'une soirée aussi chargée. Quitte à devoir supporter des novices incompétents comme vous.

Ouah. Cette salope ne mâche pas ses mots. Elle est pas l'air pour jouer la fille tendre et me le fait comprendre sans détour. Son attitude bienveillante n'est qu'une façade. Son travail n'est pas de me tenir la main, plutôt me jeter dans l'arène comme sacrifice. Je devine sa mauvaise foi. Elle comptait présenter un hors d'oeuvre (Scott) et se retrouve avec un plat banal et sans saveur (moi). Visiblement, elle aime son employé. Mais ça n'excuse pas ses critiques. Elle me prend de haut et je déteste ça. La colère me guette. Je vais vraiment finir par tuer quelqu'un et ça ne sera pas un de ces pervers aux mains baladeuses.

Pour répliquer, j'éprouve l'envie de lui balancer que son chouchou l'a trahi et a fait rentrer un flic à sa soirée, juste pour éviter de se taper quelques mois à l'ombre. Je ne sais pas pourquoi mais je pense que cette nouvelle serait loin de lui faire plaisir. Mais je la ferme et encaisse son venin, sans broncher. Je joue le rôle. Je suis un nouveau serveur, timide et empoté qui se laisse facilement dominer par la première garce qui se juge trop importante.

Elle me tourne le dos et là, je me demande si elle me laisse pas l'occasion de faire demi-tour. C'est un test. Elle me laisse le choix. Partir ou rester. Mais tout dans son attitude réveille mon instinct. Je n'aime pas ça du tout. C'est comme si elle m'offrait la possibilité de me sauver alors qu'en réalité, j'ai la nette sensation qu'elle n'a pas du tout l'intention de me laisser partir.

Entourloupe. A plein nez.

Cependant trop tard pour faire demi-tour. J'avance. Et je jurerais voir l'ombre d'un sourire manipulateur sur le coin de ses lèvres.

- Bien.

Elle m'entraîne à sa suite sans prendre la peine de me faire visiter toutes les pièces que renferment ce club. Nous traversons les salles les unes après les autres sans ralentir notre rythme. Je vois beaucoup de visages et essaye d'en retenir certains. Aucun ne m'est familier. Le seul point commun, c'est le sourire que tous ces gens ont adopter sur leurs lèvres. Ils sont contents d'être ici. Le seul qui ne l'est pas, c'est moi.

On traverse encore quelques couloirs avant de déboucher sur une porte en bois sombre.

- C'est ici.

La fameuse salle Émeraude.

J'inspire un bon coup et entre à la suite de la femme, n'ayant toujours pas communiqué son nom.

Ma première réaction est de rester cloué sur place. C'était pas du tout ce à quoi je m'attendais. Mais alors, vraiment pas. Je ne connais pas réellement ce genre de milieu de sadomasochiste, de relation de dominant à dominé, de sexe sauvage et sexy, alors je m'étais fait tout un tas de film basé sur les films que j'avais vu et les dires de mes collègues. D'après eux, c'était toujours la même rengaine, toujours la même chose. Une fois que tu avais vu un de ces clubs, tu les avais tous vu. Eux sont habitués à ce genre d'univers, mais moi je ne fais que le découvrir. Et j'avoue que c'est pas du tout à quoi je m'attendais.

La pièce est si banal que j'en tombe des nues. Et pourtant, la pièce est magnifique. Sérieusement, c'est un salon incroyablement séduisant. Classe et élégante mais classique. Très surtout cosy. La teinte qui domine tout est sans aucun contexte le blanc cassé. Le blanc illumine tout et apporte au salon une touche apaisante. C'est petit mais assez grand pour accueillir divers canapés en cuir fané également, envahi littéralement de coussins beiges et moelleux. Une immense table en marbre séparent les divans, sur laquelle reposent quelques coupes de champagnes et divers accompagnements. Mais le meilleur de la salle Émeraude, c'est sans aucun doute, la cheminé grandiose d'un gris tel que je n'avais jamais vu. Le miroir gigantesque qui surplombe cette petite merveille n'est pas en reste non plus. Rien d'extravagant, mais avec un petit côté d'extraordinaire. Une ambiance légère mais lourde, douce et forte, un air de simplicité séduisant. On ne dirait pas la pièce la plus sélecte du club le plus en vu de la ville mais plutôt la pièce de quelqu'un ayant un minimum d'argent, du goût et un petit faible pour le confort prononcé.

C'est si cosy et ordinaire que je me surprends immédiatement à apprécier cette pièce. Autant les autres me donnaient mal au ventre, autant celle-ci me plaisait. Elle me plaisait énormément. Depuis que j'avais posé les pieds ici, je me sentais enfin véritablement à l'aise. Je ne sais pas pourquoi. Elle paraît si normal, le genre de pièce qu'on peut voir chez n'importe qui. C'était peut-être l'effet recherché. Aménager une pièce de sorte à ce que tout le monde se sente à l'aise.

D'ailleurs les quelques personnes présentes semblent effectivement prendre goût à cette décoration pour le moins particulière pour ce type de club.

Je me rappelle très vite que la femme sans nom doit guetter la moindre de mes réactions. Je dois laisser mon flair de flic au placard et prendre un air intimidé et désintéressé.

Je me tourne vers elle et lui adresse mon sourire le plus convaincant, le seul que j'ai en stock. Elle semble s'en satisfaire et d'un signe de tête m'indique de la suivre jusqu'à un petit coin éloigné des autres. De là, elle me tend une serviette, un plateau et me regarde une dernière fois.

- Faites ça bien. Sinon, c'est elle qui s'occupera de vous. Sa bouche s'ouvre sur un rictus menaçant. Vous savez pour qui vous travaillez ce soir, n'est-ce pas?

Je ne réagis pas et lui renvoie un regard plein de défiance.

Bien entendu que je le sais, petite conne. Impossible de ne pas savoir qui elle était.

Avant que je n'ai le temps de dire ouf, elle disparaît. Pouf, comme ça! Elle me lâche en plein dans l'arène sans aucune autre précision et explication. Putain, tu m'étonnes que le marché du travail s'effondre. Avec des employeurs comme ça, on n'était pas prêt de s'en sortir.

Je me tourne vers le centre de la pièce. Il y a là beaucoup de monde. Elle ne plaisantait pas. C'est vendredi soir, ce qui explique peut-être que le club soit plein. Vendredi soir, le meilleur moment de la semaine pour les truands de s'abandonner aux vices et d'oublier qu'ils ont bousillés des centaines de vies. Tellement de vies brisés et eux, ils sont tous là, en train de rire, indifférents. Tous ces gens si insouciants font doucement brûler une colère que je réprime depuis fort longtemps. Je ferme les yeux. Je ne peux pas laisser mes émotions privés interféraient maintenant. Je dois me ressaisir, ne pas me laisser aller. Je suis là pour travailler. Pas pour autre chose.

Je jette un coup d'œil autour de moi. Personne ne me prête attention. Ça m'arrange. J'en profite pour tout analyser, retenir le moindre détail. Je me remets de l'ordre dans les idées. Cette pièce chaleureuse me laisse un goût amer désormais. Pourtant, je sais que Jean aurait tué pour voir cette fameuse salle.

La salle Émeraude est vachement populaire chez nous, c'est la pièce la plus mystérieuse que seuls quelques élus ont le droit d'atteindre. Les hommes qui sont là n'ont pas l'air de citoyens comme les autres, ils dégagent tous quelque chose de différent. Chaque personne présente ici a commis quelque chose de terrible où est un homme de pouvoir. Quand je les vois tous là, et que je réalise que je suis enfermé avec eux, je suis perplexe. Qu'on laisse entrer un nouveau serveur dans cette endroit me laisse sans voix.

Mais je ne suis pas là pour eux. Je suis là pour Petra Ral.

La patronne de club. Enfin, pas vraiment la patronne plutôt celle choisie pour diriger celui-ci.

Petra Ral. Elle ne peut qu'être là. En plus de ce club, elle a la charge de trois autres, éparpillés dans la ville. Le Sanctuaire, cependant, est son favori. Elle y passe tout ses week-ends, entre deux activités illicites. Histoire de décompresser après avoir rendu accro un autre pauvre vieux endetté, elle doit avoir besoin de divertissement. Faut être compréhensif. Ce vendredi n'échappe pas à la règle. Même si je ne l'ai pas encore aperçu, je sais qu'elle est là, quelque part dans ces lieux. Généralement, ce club est bien fréquenté mais ce soir, il est vraiment un peu trop. Elle est donc forcément ici. Les abeilles se sont tous rassemblés pour la reine.

Honnêtement, je n'en n'ai rien à foutre de Petra Ral. Je sais à quel point il est important pour mon ami ainsi que ses supérieurs de la mettre hors d'état de nuire mais elle ne m'intéressr pas plus que ça. Elle est pas du tout mon boulot. Moi, mon boulot, c'est gérer les femmes en crises, les hommes violents, les fêtes qui tournent en vinaigre, les violences de rues, les jeunes se prenant pour des rois, bref, de la visite de routine quoi. Je fais de la patrouille et je me demande une fois encore pourquoi j'ai accepté de me foutre dans une tel merde, et surtout d'accepter de faire le travail de ces connards de stups. Crétin de Reiner. Putain de crétin de Reiner. Il bosse sur elle depuis plus de trois ans et il est même pas foutu de faire avancer l'enquête.

De plus, l'obsession que porte Reiner et ses collègues à cette femme me laisse un peu perplexe. Je veux dire, il y a de plus gros poissons à attraper. Largement plus gros. Du style Erwin Smith où Hanji la femme sans nom. Eux, c'était d'un autre calibre. Et ils sont beaucoup plus intéressants. Cependant, mon ami reste persuadé que pour chopper les gros calibres, autant commencer par les plus faciles. Ha. Ha. Il court après Petra depuis trois ans. Cherchez l'erreur.

Et puis il y avait... lui. Lui est carrément hors catégorie.

Celui qui avait la main mise sur toute la ville. Celui qui avait l'emprise sur tout ce qui flirtait avec la criminalité.

Mais là, je peux faire l'effort de comprendre pourquoi Reiner ne s'attaque pas à lui. Même moi, je ne veux pas du tout croiser sa route. Quand j'étais petit, c'était lui le monstre de mes cauchemars. Alors que je ne savais pas à quoi il ressemblait. On ne s'attaque pas directement au Diable. Tout au plus, on prie pour qu'il n'apprenne jamais notre nom. Personne dans cette ville n'ignore qui il est. Et personne dans la ville, n'ignore pas que c'est lui qui fait la pluie et le beau temps. Sa légende est plus vieille que moi. Sans parler des rumeurs.

Et le pire, c'est que je ne sais que son nom et que je n'ai jamais vu une seule photo de lui.

Ce n'est pas le grand méchant loup que je veux, c'est un de ses sbires.

Et pour ça je dois m'intégrer à cet univers.

Je redresse les épaules et la tête bien droite, je file droit sur "mes" clients sans montrer une once d'hésitation. Je m'arrête à la hauteur d'un homme joufflu qui sourit aussitôt en attrapant mon regard sur lui. Pire qu'un gosse. Il est content d'avoir l'attention d'un plus jeune. Son regard reste froid.

- Et ben, voyez-vous ça, la petite Sophie a engagé de nouvelles putes.

Tous les autres éclatent brusquement de rire comme si c'était la blague de l'année. Personnellement, je suis déjà en train de jeter les membres de cet homme dans une rivière, à l'intérieur de ma tête.

- Tu parles d'une pute. Je croyais qu'elles étaient censés être un minimum sexy.

Je décerne l'Oscar du connard de l'année à cet homme à qui il manque la moitié de l'oreille.

- Laissez-le, soyez un minimum gentils avec lui. Je veux pas avoir de mal à lui faire écarter les jambes tout à l'heure.

Les rires fusent. On se croirait dans une cacophonie. Je sens un froid se faire un chemin à travers mes os. J'ai mal au ventre et je tremble un peu. Je suis un policier, certes mais je ne suis pas habitué à ce genre de situations. Quand je vois les regards de ces hommes qui me fixent avec une cruauté sans nom, je me sens à l'étroit, pris au piège et je dois vraiment me faire violence pour ne pas plonger ma main sur ma cheville où mon arme n'attends qu'une seule chose: servir. Je n'aime pas ça. J'aime avoir le contrôle et je déteste avoir la sensation que la situation m'échappe. Je n'ai pas peur. J'ai juste une furieuse envie d'arracher avec les dents la gorge de ces porcs.

Mais j'ai bien peur que ma couverture ne soit grillé après ça.

Alors j'encaisse et imite parfaitement le rôle d'un gamin soumis, trop timide pour repousser les mains baladeuses et violentes. Chaque contact est un calvaire et mon arme brûle de plus en plus ma peau. Mes doigts s'agitent nerveusement alors que je leurs sers du champagne en évitant habilement leurs mains. Au fil des heures, je perds de plus en plus mon calme factice. Pourquoi il m'a demandé ça à moi, hein? Même lui m'appelle le psychopathe de la patrouille 17. Quand tout les flics nous donnent un tel surnom, on pige que nous demander un service est un peu risqué.

Trois quart d'heures après, des femmes entrent et l'attention des pervers est détourné sur elles. Je regarde avec dégoût l'une d'entre elle embrasser à pleine bouche le joufflu en imitant un gémissement de plaisir. Même Sasha est plus douée que ça. Bientôt, un spectacle répugnant s'offre à moi. Je ne devrais pas être surpris. Le Sanctuaire est spécialiste dans ce genre de trucs. Je ne dois pas détourner le regard, il ne faut pas que ça l'air de me toucher.

Néanmoins, je m'éloigne et m'adosse au mur. J'observe la scène se déroulant sous mes yeux avec une certaine gêne à présent. Le Sanctuaire est un lieu de sensualité et d'Érotisme, en bas, je sentais l'ambiance chaude du sexe mais là, c'est écœurant. Peut-être qu'en bas, c'était parce que c'était limité dans les gestes en public, mais là il n'y a aucune limite. Et je le vois bien.

Sans m'en rendre compte, je me dirige lentement vers la sortie. La part de moi, celle qui n'est pas flic, veut fuir cette scène. Et le flic en moi a juste envie de leur hurler que même ma grand-mère est plus sensuelle que ça. Petra Ral n'est pas ici. Je pensais avoir une chance ici, dans la salle Émeraude mais elle n'a pas l'air d'éprouver l'envie de aire une apparition. Genre, là, elle serait cachée dans ce fauteuil qui tourne dos à la pièce et se retournerait de façon dramatique. Ça, ça serait le seul truc un peu marrant que je verrais de la soirée.

Je me recule vers la porte en bois sans quitter des yeux la pièce et mais la porte s'ouvre avant que je n'atteigne la poignée.

Et tout mon être se paralyse.

Je ne peux plus bouger. Du tout. Il y a quelqu'un derrière moi.

C'est son aura qui me percute, me renverse si fort que je manque de tomber à genoux. Ma vision se fait floue et je ne fais plus attention à ce sens. Je me concentre sur la présence derrière moi qui grandit et grandit jusqu'à à effleurer mon dos. L'atmosphère dans la pièce change. Tout change. Je ne sais pas qui est derrière mais je ne ressens intégralement sa présence. Chaque fibre de mon corps se crispe délicieusement. Ma respiration se fait laborieuse, difficile. Je sens le poids d'un regard sur ma nuque, qui me caresse et me griffe au passage. Ma peau se couvre de frissons et je tremble. Je tremble de partout. Mon corps glisse délicatement vers l'arrière et quand je sens la chaleur d'un homme contre mon dos, je me retiens de gémir à ce simple effleurement.

J'ai froid. J'ai chaud.

Il faut que je retourne, je dois me retourner.

C'est comme une fièvre. Une fièvre violente qui me terrasse alors qu'elle n'a fait que m'effleurer. Je deviens fébrile et j'ai l'impression que mon corps est aimanté de plus en plus vers l'arrière.

Retourne-toi, retourne-toi, retourne-toi. Vite, vite!

Mais quelqu'un décide à ma place.

Avant que je ne réalise, je suis plaqué avec une violence inouïe sur le mur, à tel point qu'un gémissement de douleur m'échappe. Ma tête me fait horriblement mal et cette douleur me réveille le temps d'une seconde. Je peux voir le visage glacial d'un homme aux cheveux noirs comme la nuit avant que sa main, chaude et puissante, remonte le long de mon corps avant de se poser fermement sur ma gorge. Il serre. Fort. A m'en faire mal. Je souffre. Mais je ne suis pas du tout effrayé. Il ne va pas me tuer, hein? Hein? Je vais mourir comme ça? Alors que tout mon corps hurle à quel point il veut être touché par l'homme qui est en train de m'ôter la vie? Je ne respire presque plus quand il relâche son étreinte et qu'il m'attrape fermement par la taille avant de se plaquer contre moi et de passer sa main droite sous ma cuisse. J'avale une bouffée d'air. Tous mes sens sont électrisés. Je me frotte contre lui, inconsciemment. Mes mains jusqu'au là, pendantes, trouvent le chemin de la nuque de l'homme et je l'entoure de mes bras.

Je suis taré. Je suis un putain de taré. Oh putain, oh putain, non. Je dois arrêter ça. Cette attraction animale, c'est mal. C'est mal. Stop, stop!

Je tente vainement de me soustraire à sa poigne mais aussitôt il resserre ses mains, en guise d'avertissement. Si je bouge, il me fera mal. C'est un animal, il ne pense qu'avec son instinct et mon animal à moi ne réagit que trop bien à son toucher, il réclame plus, je réclame plus.

Sa main posé sur ma taille descends avec une brutalité excitante et soudain, je sens sa main forte, si forte contre la peau de mes fesses. Il les caresses, les pinces, joue avec mon intimité et je me surprends à aimer ça. Ma peau part à la rencontre de la sienne. J'enroule ma jambe qui maintient autour de sa taille et me déhanche contre lui.

- Toi.

Je sursaute au son de sa voix. C'était la deuxième fois aujourd'hui. Le timbre de sa voix brûle ma peau et me donne l'envie de gémir encore plus.

- Toi, il continue avec la même voix froide et impassible.

Il lâche finalement ma jambe et agrippe mon menton pour que je puisse croiser son regard.

Mon souffle se brise dans ma gorge. Gris acier...

Une lueur sauvage et prédatrice passe dans ses yeux.

- Je vais bien m'amuser avec toi.

Putain. Je sais pas pourquoi, mais j'ai la nette sensation d'être dans la merde.


Je vous ai eu, hein?! Et non la scène moins de 18 ans est coupé en deux, comme dans Le Dominant. La suite au prochain numéro, que ceux qui veulent voir le flic se faire bouffer, lèvent la main!

Bye-bye!