J'ai tenté d'imaginer une scène qui se déroulerait à peu près pendant la saison 3. Lorsqu'Hannibal est introuvable et que Will retourne plusieurs fois dans son bureau pour y faire le deuil de sa perte. Les personnages ne m'appartiennent pas, évidemment.


Il y avait quelque chose de spécial à pénétrer une pièce. Le moindre détails permettait à quiconque de saisir l'aspect extérieur de son propriétaire. Une tasse de thé abandonnée. Un livre sur une étagère. Une veste négligemment suspendue au coin d'une porte.
Lorsqu'on se retrouvaient seul à marquer les lieux d'une présence, d'une émotion, alors tout devenait sanctuaire d'un instant, d'une seconde.

Will s'en était rendu compte dès l'instant où ses pieds avaient effleurés le sol du cabinet du Dr Lecter.

Et pour une énième fois, encore, cette sensation fut plus frappante encore que les précédentes. Il eut l'impression d'être éclaboussé par plusieurs émotions simultanément. Curiosité. Colère.
Tristesse.

Cet espace ne lui appartenait pas. Il y était intrus. Tout semblait à l'identique de la personne qui habitait ces lieux. Stricte, soignée.

Et quand Will y pensait encore, il n'avait qu'à fermer les yeux pour se projeter de nouveau dans cette pièce, l'image imprégnée sous ses paupières.

C'était lorsque l'angoisse lui montait à la gorge. Lorsque les mains protectrices, bestiales, ne faisaient plus l'offense de se poser sur son épaule ou contre son bras pour prétendre le guider, que Will prenait une profonde inspiration. Alors seulement, seulement, il pouvait se laisser bercer par la note que faisait le stylo sur le papier. Par ce parfum au caractère doux, enivrant. Par le regard appuyé du psychiatre. Par les inflexions de sa voix, lorsqu'il ses mots semblaient lui tendre la main, encore.

Oui. Depuis qu'Hannibal avait déserté ce bureau, l'ancien profiler à l'extrême sensibilité de ce qu'avait pu être cette porcelaine brisée, tentait vainement de se reconstituer un souvenir, celui-ci encore entaché par la couleur d'une perte importante.
Will ne venait plus seulement pour Abigail.

Il lui en fallait plus. Et puisque rien ne semblait suffire au retour du psychiatre, il lui fallait se noyer un peu plus à travers cette empathie exacerbée. Alors seulement, l'odeur du thé et la chaleur d'une main dans le dos permettait à l'homme de se retrouver un peu.
Ou de retrouver un peu de lui.