Tout à JKR. Rien à moi sauf Lancelot Crews et Daniella Goldearth.


Âpreté frivole


Marchant un peu au hasard, ses mains talentueuses enfoncées dans les poches de son jean, le regard vague, Olivier Dubois déambulait tranquillement et paresseusement sur le Chemin de Traverse. C'était les vacances d'été et comme tous les ans, il avait une permission de deux mois. Deux mois où il pouvait tout faire, sauf se percer les mains. Cela ne ferait pas bon ménage à sa rentrée, vu qu'il était gardien titulaire au Club de Flaquemare, qui l'avait engagé initialement comme gardien remplaçant et à qui il était resté loyal durant toutes ces années.

Il faisait chaud, et l'idée de s'acheter une glace pour se rafraîchir un peu avant d'aller se balader un peu dans le Londres moldu lui traversa l'esprit. Chez Florian Fontârome qui avait ré-ouvert sa boutique, les glaces étaient toujours délicieusement confectionnées, et le goût n'était jamais le même. Mais avant même qu'il n'atteigne son alléchante destination, il bouscula une jeune femme sans le faire exprès. Balbutiant quelques mots d'excuses, Olivier la redressa sur ses jambes, et épousseta un peu ses vêtements avant de lever ses yeux vers le visage de la jeune femme, entouré de boucles noires.

-Pénélope ? Pénélope Deauclaire ? S'étonna Olivier, en reconnaissant l'ancienne préfète de Serdaigle.

La jeune femme lui sourit doucement, acquiesçant.

-Olivier Dubois, le fanatique de Quidditch.

Voilà. Tout de suite, elle aussi l'avait reconnu en un fanatique de Quidditch. Tous ses anciens camarades de cours qu'il croisait étaient aussi catégoriques : Olivier Dubois était et serait toujours un accroc au Quidditch et puis, il était également un fanatique qui avait réalisé son rêve de jouer dans une équipe britannique bien cotée. Pour ça, il était aussi respecté.

Olivier eut un pincement au coeur en détaillant le visage de Pénélope. Quand la jolie préfète était sortie avec son camarade de chambrée et ami, Perceval dit « Percy » Weasley, il n'avait pas compris pourquoi. Pourquoi elle sortait avec Percy et n'avait jamais voulu sortir avec lui. Pas qu'il ait déjà tenté sa chance, mais il lui semblait évident qu'un jour, elle lui demanderait. Mais c'était Percy qui s'était déclaré et c'était Percy qui avait possédé Pénélope pendant trois ans alors que tout le monde s'accordait à dire que Percy était ennuyeux, inintéressant, barbant, coincé, rigide et sec. Mais Percy était son ami et Olivier n'avait rien dit, et il avait effacé Pénélope de sa mémoire, se re-concentrant sur le Quidditch. Et voilà, qu'elle se cognait avec lui sur le Chemin de Traverse. Le monde était mal fait.

-Qu'est ce que tu deviens ? Demanda le brun aimablement.

Autant en finir rapidement avec les politesses d'usage pour pouvoir aller déguster sa glace et ne plus revoir Pénélope avant un bout de temps. Et l'oublier une nouvelle fois.

-Je travaille au Département de la Justice Magique maintenant au service des Usages abusifs de la Magie, répondit Pénélope en grimaçant un peu. Et toi, star de Quidditch ?

-Pas vraiment, répliqua Olivier modestement.

Ce n'était pas faux. Cela faisait tout juste un an qu'il avait été nommé titulaire et il considérait qu'à vingt-cinq ans, c'était une grande chance. La presse ne parlait pas encore beaucoup de lui sauf dans Quidditch Magazine qui avait fait un article sur lui de deux pages quand il avait été nommé titulaire. Sinon son nom n'apparaissait que dans les commentaires de matchs.

-Tu as des nouvelles de Percy, toi ? Demanda Olivier, désireux de changer de sujet.

Mais le visage de Pénélope se ferma quand le prénom de son ancien petit ami fut prononcé. De suite, Olivier comprit que c'était un sujet sensible et allait s'excuser de son indiscrétion mais elle répondit avant :

« On s'est séparés à la mort de son frère, Fred, et depuis je n'ai pas eu de nouvelles. »

L'émotion transparaissait dans sa voix et Olivier, peiné et se sentant coupable, l'invita à aller prendre un verre à un petit café sorcier juste à côté du marchand de glaces. La noiraude accepta, ses grands yeux bleus mouillés, et suivit Olivier qui lui avait pris la main pour la guider jusqu'à une table.

-Qu'est-ce que vous prenez ? Leur demanda une serveuse, une grande et jeune blonde, sûrement étudiante et bossant pour gagner un peu d'argent pendant les vacances d'été.

-Deux jus de citrouille, commanda Olivier sachant que tout le monde aimait ça.

Mais Pénélope s'excusa et commanda pour elle un jus de carotte. Elle n'avait jamais vraiment apprécié le jus de citrouille. Ce qu'il ne fallait pas entendre, songea Olivier en observant plus en détail la silhouette assise de la jeune femme. Elle semblait un peu trop mince dans une robe blanche trop grande pour elle et dévoilant ses épaules frêles et ses jambes minces et fuselées. La noiraude n'était pas non plus maquillée et ses cheveux semblaient un peu ternes, éteints.

La Pénélope Deauclaire qu'Olivier Dubois connaissait était certes un peu guindée, mais ouverte et prenait toujours soin d'elle. Elle pétillait toujours de vie même si elle ne faisait que s'intéresser à ses études... et à Percy ; et même si elle était un peu sévère, elle avait toujours été très gentille avec tout le monde. Enfin, elle avait ce qu'il fallait d'autorité pour s'imposer.

Mais là, Olivier ne voyait qu'un fantôme de la Pénélope de ses années. Une pâle copie, frêle et fragile. Il lui semblait qu'au moindre coup de vent, elle allait s'effondrer.

-Qu'est ce qui ne va pas, Pénélope ? Tu sais que tu peux me parler, commença Olivier d'une voix douce en enveloppant dans ses mains celles de la jeune femme qui étaient posées sur la table.

Elle sursauta et lança un regard apeuré au gardien du Club de Flaquemare. Ses lèvres s'entrouvraient, puis se refermaient. Ce manège dura une ou deux minutes avant qu'Olivier ne décide d'exercer une petite pression sur ses mains pour apaiser la jeune femme. La tendresse, ça n'avait jamais été son truc sauf avec les enfants, et encore. Son jeune frère avait été un enfant quand lui avait dix-sept ans, et jamais, ô grand jamais, il n'avait eu un geste tendre envers lui. Peut-être à la limite, une caresse dans ses cheveux pour le féliciter d'avoir su marquer un but contre lui. Une fois.

Donc là, Olivier Dubois était un peu hésitant mais il savait que si il montrait qu'il paniquait à l'idée de consoler une femme en pleurs, Pénélope ne se confierait pas. Elle était intelligente et verrait tout de suite si il y avait un malaise.

La serveuse leur apporta leur commande, posa le jus de carotte devant Pénélope et le jus de citrouille devant Olivier, avec un petit sourire charmeur en prime. A cette marque d'attention, le brun répondit par un rictus crispé. Il détestait net ceux et surtout celles qui essayaient d'attirer son attention uniquement parce qu'il était un joueur de Quidditch, comme par exemple cette serveuse qui de toute évidence l'avait reconnu si il en jugeait les grands signes qu'elle faisait à sa collègue vers lui.

-Penny, chuchota Olivier, utilisant le surnom de la jeune femme, espérant que ça la mettrait plus en confiance.

De toute évidence, quelque chose l'effrayait et personne n'avait réussi à l'aider correctement. Cela faisait quatre ans que la Guerre était finie, et comme Pénélope était une Née-Moldue, peut-être qu'elle avait peur de représailles. Mais ça faisait quatre ans déjà, et le monde sorcier s'était à peu près remis dans l'ordre, … à peu près. Les Mangemorts n'avaient pas tous été éradiqués, et certains collabo n'avaient pas encore été découverts, le Ministère le sachant d'une source sûre mais qui refusait de révéler les noms.

-Olivier, j'ai fais quelque chose de terrible pendant la Guerre, révéla Pénélope du bout des lèvres.

Sursautant légèrement, Olivier lui adressa un sourire crispé avant de prendre quelques noises pour payer les jus, qu'ils avaient à peine consommés. Puis il se leva, attrapa la Deauclaire par la main et l'entraîna dans la foule du Chemin de Traverse.

-Olivier, qu'est-ce que tu fais ?

-Tu es folle, n'importe qui pouvait t'entendre, murmura Olivier entre ses dents serrées avant d'aller dans la ruelle spécialement conçue pour le Transplanage. Tiens-moi bien la main.

-Mais où on va, Merlin ? Demanda Pénélope, paniquée, tout en s'accrochant au bras d'Olivier, si fort qu'il sentit un des ongles de la jeune femme s'enfoncer dans la peau de son bras.

-Non moi, c'est Olivier, répondit celui-ci, dans une piètre tentative d'humour avant de transplaner.

Il n'eut seulement le temps de la voir sourire doucement avant de sentir son nombril happé par un crochet invisible. Sensation désagréable du transplanage.

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-Tu es en train de me dire que tu as aidé des Mangemorts pendant l'occupation de Lord Machin au Ministère ? Récapitula Olivier en servant un verre d'eau à Pénélope qui venait d'avouer son pêché.

Pour être sûr que les révélations de l'ancienne préfète soient à l'abri d'oreilles indiscrètes, Olivier l'avait emmené dans son studio moldu à Kensington, au centre sud de Londres.

La noiraude acquiesça tristement. Pendant l'occupation du Ministère, elle n'avait pas écouté les préventions de ses collègues et s'était retrouvée mêlée à une magouille sinistre : dénicher les Nés-Moldus qui se cachaient. Etant elle-même une Née-Moldue et le « chef » du groupe de Mangemorts qui devait s'occuper de cette recherche, un groupe indépendant des Rafleurs, ayant été un de ses anciens amours à Poudlard en deuxième année, elle avait été désignée pour les aider. Bien entendu, elle ne doutait pas que quand elle ne leur servirait plus à rien, elle allait être aussi éliminée mais elle vivait sur le moment, et cela lui suffisait. Pénélope Deauclaire ne possédait pas le courage suicidaire des Gryffondor et même son intelligence de Serdaigle ne lui avait pas permis de trouver une solution à son problème.

-Je suis une collabo, Olivier. Une putain de collabo, se lamenta Pénélope en serrant des poings furieusement sous la table.

Passant une main dans ses épais cheveux bruns, le gardien de Flaquemare réfléchissait à toute vitesse, assimilant toutes les conséquences que cela pouvait résulter pour l'ancienne Serdaigle. Les collaborateurs étaient sévèrement punis, même si ils avaient agi sous la menace. Et le pire dans tout ça était qu'Olivier approuvait totalement les mesures radicales que le Ministère avait prises. Mais c'était la première fois qu'il se retrouvait en face d'une collabo qu'il connaissait et qui était franchement désespérée. Une femme qui avait livré des gens comme elle en pâture, pour sauver sa vie, pour la rallonger de quelques mois, voir quelques années, de plus.

En plus d'être pathétique, c'était écoeurant. Pénélope Deauclaire lui montrait une toute autre facette d'elle, et Olivier ne pourrait dire si il en était dégoûté ou au contraire fasciné car malgré toute la couardise dont elle avait fait preuve, à chaque fois qu'elle le pouvait sans danger, elle prévenait les familles ou les personnes visées qui ensuite pouvaient s'enfuir. Devant un tribunal, ça pourrait passer sans une grande peine à la clé, mais les jurés étaient tellement à cheval sur ce genre d'actes qu'ils descendraient de suite la pauvre Deauclaire et la condamneraient au minimum à un an à Azkaban. Surtout si cela faisait quatre ans et qu'elle ne s'était pas dénoncée d'elle-même dès la fin de la domination de Voldemort.

Quatre ans à se ronger les sangs, pensa Olivier. Quatre ans à vivre dans la peur d'être lynchée comme collabo.

-Tu sais Pénélope, ça fait quand même quatre ans. Et même si ce que tu as fait est... horrible, tu peux toujours n'avoir qu'une peine de quelques mois.

En espérant que quelques mois ne soient pas quelques mois d'enfer complet, pria Olivier en son for intérieur.

Elle était déjà si détruite, la pauvre. Si fragile. Cette femme était devenue un concentré de paradoxes pour Olivier. Avant, à Poudlard, il avait connu une jeune fille intelligente, pleine de vie, un peu hautaine, autoritaire, mais toujours généreuse. Maintenant, il découvrait une femme apeurée, couarde, lâche, frêle et égoïste. Pour le Gryffondor qu'il était, cette nouvelle facette de Pénélope le révoltait.

Il la comprenait et en même temps, la désapprouvait complètement.

-Olivier... tu vas me dénoncer ? Demanda Pénélope d'une petite voix.

Des images de personnes appelant à l'aide, découvertes par les Mangemorts, des images d'éclaboussures de sang, des images du corps inerte de Fred Weasley dans la Grande Salle, des images de sourires sadiques, des images de tortures lui vinrent à l'esprit. Même en ayant peu participé à la Guerre, Olivier l'avait vécue. Quand sa famille avait dû se cacher, étant des Sang-Pur sympathisants des Nés-Moldus, il avait vécu une séance de torture qui s'était effacée de son esprit peu après quand le Lord était mort, et c'était maintenant, maintenant que tous les souvenirs de la Guerre qu'il possédait revenait hanter son esprit.

Sans un mot, ne donnant aucune réponse, Olivier quitta brusquement la cuisine dans laquelle ils se trouvaient et alla s'enfermer dans sa chambre. Pénélope ne bougea pas, baissant les yeux sur son verre, comprenant et cernant le tumulte du coeur d'Olivier Dubois, son ancien camarade de classe. Quand elle avait commencé à « travailler » sous les ordres de Lancelot Crews, l'ancien Serpentard qui l'aimait quand ils avaient douze ans, Pénélope en avait été malade pendant des mois. Des nausées l'avaient prises tous les jours, dès qu'elle y pensait un peu trop. Son teint avait été beaucoup plus pâle que maintenant, il était maladif. Ses joues étaient devenues creuses, des cernes s'étendaient sous ses yeux bleus, autrefois pétillants de vie et animés d'une lueur de peur perpétuelle. Et depuis la fin de la Guerre, elle se sentait à peine mieux. Le danger de Lancelot était écarté, celui du Lord également, mais restait maintenant celui du Ministère. Tout aussi dangereux pour elle au final.

Pénélope Deauclaire avait été une collabo, et elle ne comprenait que mieux les réactions d'Olivier Dubois, même si elle espérait secrètement qu'il l'aide, qu'il lui offre une solution. Leur rencontre hasardeuse devait être un signe. Qui d'autre qu'un joueur de Quidditch maintenant connu pourrait l'aider ? Il devait sûrement pouvoir influencer quelques membres du Ministère. Quant à Percy, elle ne voulait plus entendre parler de lui. Il l'avait laissée au moment où elle avait le plus besoin de lui, et lui reprochait partiellement son détachement de sa famille alors que c'était lui, et lui seul, qui, aveuglé par son ambition, avait coupé les ponts avec les Weasley.

-Est-ce que tu veux te dénoncer ? Demanda faiblement Olivier, derrière elle.

La jeune femme sursauta. Elle ne l'avait pas entendu sortir de sa chambre et revenir dans la cuisine.

-Je veux me dénoncer, oui. Mais je veux qu'ils comprennent. Qu'ils comprennent que c'était dur de dire non. Que c'était dur de penser à mourir. Que c'était dur d'aider ceux que je dénonçais. Oui, je veux surtout qu'ils comprennent. Ils jugent. C'est facile, eux ils n'ont pas eu à faire ce choix.

-Ils répliqueront qu'eux, auraient préféré mourir que de condamner des vies innocentes, répliqua Olivier, amer.

-Je ne suis pas courageuse, Olivier. J'ai passé mon adolescence dans les bouquins, à surveiller des gamins turbulents, à respecter scrupuleusement toutes les règles établies dans ce monde. Je n'étais pas faite pour subir la Guerre.

-Personne ne l'était, fit remarquer âprement le gardien de Flaquemare.

Pénélope garda le silence, préférant taire son indignation. N'importe qui d'un peu humain aurait réagi comme elle, par Merlin ! Personne n'a envie de mourir, non personne. Et elle savait qu'elle aurait eu droit à une mort terrible. Elle savait que Crews rêvait de la toucher maintenant qu'elle était devenue une femme, et en faisant ce qu'il voulait, son corps lui échappait également. Oui, c'était de l'égoïsme. Et alors ? Elle en avait le droit. Tout était permis en temps de Guerre, où les informations étaient si filtrées qu'on ne savait même pas qui gagnait. Ajoutons à cela que Potter était porté disparu. Harry Potter, le gamin qui devait tous les sauver, ne leur avait adressé aucune parole de réconfort et n'avait même pas signalé qu'il était encore en vie pendant cette longue et terrible année.

Comment aurait-elle pu se sacrifier ainsi vainement ? Elle soutenait bien entendu les rebelles mais elle ne souhaitait pas en faire partie. Etait-ce si répréhensible ? Beaucoup avaient fait comme elle. Et puis, une collabo, c'était quelqu'un qui adhérait aux idées noires du Lord, non ? Elle ne pouvait pas être une collabo, … elle n'y adhérait pas.

-Olivier, les collabo sont punis. Mais si je n'adhérais pas à l'idéologie de Lord Voldemort et si j'agissais sous la contrainte, je pourrais ne pas être condamnée n'est-ce pas ?

-Tu as eu quatre ans pour réfléchir à ça, Pénélope. Bien sûr que non, tu ne serais pas considérée comme une collabo, mais tu serais quand même condamnée. Tu as mal agi.

-Olivier...

-Je ne sais même pas quoi te dire d'autre. Je te promets de t'aider.

Pourquoi avait-il eu cet élan de générosité ? … Olivier le savait très bien. Il ne supportait pas de voir Pénélope Deauclaire ainsi, si pétrie de douleur et de regrets, des fantômes la hantant chaque jour, chaque nuit, depuis maintenant quatre ans. Et puis, il n'avait aucun entraînement de prévu avant deux mois. Libre comme l'air, il pouvait sans aucune peine s'atteler à la défense de l'ancienne Serdaigle.

Et puis voir à ses paroles un sourire sincère et éclatant naître sur les lèvres pleine de la belle noiraude lui réchauffait le coeur.

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Je sentais la mort autour de moi, le regard de Crews posé sur moi, noir comme de l'encre, un sourire sadique accroché à son visage dévoilant ses canines qui lui donnaient un air de prédateur. Il pointait du doigt un groupe de personnes tremblantes de peur, des Nés-Moldus, des familles. Les plus jeunes s'accrochaient aux jambes de leurs mères, appréhendant ce qui allait se passer pour eux. Malgré leur jeune âge, ils sentaient, savaient même que ce qui allait suivre serait leur mort prochaine. Ou au mieux, leur torture et la vision de leurs parents morts près d'eux. Douce vision d'horreur accompagnée des rires gras et sardoniques de leurs bourreaux.

Si coupable. J'étais si coupable de tout ça. Toute cette frayeur était en partie de ma faute. C'était moi qui les avait livré aux Rafleurs et aux Mangemorts, et je m'en voulais terriblement. Mon âme me semblait perdue, et j'étais bien loin de la sage et ordonnée Serdaigle que j'étais avant. Oui, avant... Ma vie était si simple, avant. Maintenant, j'étais soumise au bon vouloir de Lancelot Crews, et je remerciais chaque jour les dieux pour m'épargner d'autres souffrances que celle du dégoût de soi-même et de la culpabilité écoeurante.

Au final, c'était comme si j'avais du sang sur les mains. J'étais une meurtrière.

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Détendue, elle savourait le moment présent. Pénélope Deauclaire était lavée de toute faute. Olivier Dubois avait tout orchestré d'une main de maître. Une de ses anciennes amies travaillait en tant qu'avocate en droit magique et Olivier l'avait contacté pour aider la jeune femme. Daniella Goldearth. Celle-ci avait été convaincue par ce que Pénélope avait traversé et la comprenait parfaitement. Ainsi, avec une avocate excellente à ses côtés, une plaidoirie exemplaire, quelques paroles arrachées au Vertisaerum et une condamnation minime à quelques travaux d'intérêt général, Pénélope était maintenant officiellement reconnue comme non-collabo mais comme une énième victime des agissements de Tom Jr. Jedusor.

-Respire un bon coup, et ensuite ouvre les yeux Penny. Ton calvaire est fini, s'exclama quelqu'un à sa droite, enjoué.

Olivier Dubois, l'homme auquel elle devait tout. Elle avait beau avoir appartenu à la maison des vifs et intelligents, elle n'avait pas trouvé de solution à son problème, et dès qu'elle s'était confiée à l'ancien Gryffondor, la solution lui était apparue petit à petit. C'était comme si elle avait levé un voile. Olivier était devenu son soleil, effaçant le brouillard dans lequel elle errait telle une âme perdue dans les limbes.

-Je te dois tout, Olivier. Tu ne sais même pas à quel point je te suis redevable, lui avoua Pénélope en lui souriant tendrement.

-Moi j'ai une petite idée de la manière dont tu pourrais me remercier, susurra Olivier, moqueur.

Juste en voyant la tête du brun, ses yeux pétillant malicieusement, Pénélope savait qu'il lui préparait un mauvais coup. Elle avait appris à mieux le connaître ces deux derniers mois, et elle avait vraiment découvert Olivier Dubois. Il était passé de « fanatique de Quidditch » dans son esprit à « ami le plus proche et le plus compréhensif ». Olivier était un soleil, la réchauffant par son enjouement et sa bonne humeur, toujours à établir des tactiques pour tout et n'importe quoi. Il lui avait même raconté que gamin, quand il s'amusait avec son frère et ses cousins, il inventait déjà des tactiques pour qu'ils puissent chaparder les gâteaux dans la cuisine ou pour plein d'autres petites choses. Il était également très doué pour dicter aux autres ce qu'ils devaient faire, et les épuiser par la suite.

-Comme par exemple ? Demanda Pénélope, un sourire amusé aux lèvres.

Au final, Olivier avait compris quels avaient pu être les sentiments de Pénélope pendant l'Année noire, et comment Percy n'avait rien pu remarquer, préoccupé comme il l'était pour sa famille et délaissant progressivement sa fiancée. Il lui avait pardonné ses fautes, et avait passé l'éponge sur toutes ses erreurs passées. La rédemption qu'elle avait amorcée lui suffisait, et qu'elle se dénonce et entame une procédure de défense l'avait soulagé. Il n'aurait jamais pu continuer à lui parler normalement si il avait su et qu'il l'avait vu rester sans réagir.

La lâcheté était ce qu'Olivier détestait le plus.

-Tu te dois de venir voir un de mes matchs maintenant que la saison a repris !

S'attendant à une proposition de ce genre, la noiraude se mit à rire doucement, et en posant un baiser sur la joue d'Olivier, presque à la commissure des lèvres, elle répondit : « Avec plaisir. »


Premier OS de mon recueil sur les personnages oubliés de la génération HP en ligne. Pairing un peu rare, je dois avouer, mais Olivier me fascine et puis Pénélope gagne un peu de terrain dans les personnages que j'aime bien. Surtout que je m'attendais à ce qu'elle finisse mariée à Percy Weasley.

Un peu sombre comme OS, j'm'essaie à cette ambiance petit à petit. Je ne suis pas sûre de réussir mais j'en ai un peu marre du tout rose, tout niais, comme si après la Guerre, tout le monde s'en était sorti indemne. Après tout, on ne sait pas comment ça s'est passé pour tous les autres pendant qu'Harry faisait mumuse avec les Horcruxes, hein ! :p Cet OS est un peu court, rapide dans le temps, mais bon. J'avais la flemme, et peut-être que je le reprendrai lui aussi... un jour.

J'espère que vous avez aimé. :) Le prochain OS sera normalement sur Su Li et Zacharias Smith. Voilà, voilà.

Bisous. !