Parce qu'en 1996, la première fois que j'ai rêvé d'un univers de Blake et Mortimer, Olrik échappait à toutes les polices - et les narguait - en se faisant passer pour une femme.
Un après-midi de septembre 1954
"Lieutenant ! Lisa est à l'hôpital !" L'agent qui crie presque la nouvelle en entrant dans la pièce semble paniqué. "Et l'échange se fait ce soir !"
Son supérieur, plus expérimenté, est bien plus calme lorsqu'il s'enquiert de la situation. "Son état ?"
"Appendicite, sir. A cette heure-ci elle doit être sur la table d'opération."
L'officier hoche la tête. "Arabella ?"
"Sous couverture avec un pied dans le plâtre."
"Penny ?"
"En mission à Glasgow."
Le lieutenant soupire, passant en revue les possibles candidates pour remplacer au pied levé son agent malade. "Alice Lawson ?"
"N'a pas l'accréditation nécessaire."
"Mathilda Brown ?"
" Pareil. "
Commençant à froncer les sourcils, l'officier se prend la tête entre les mains pour mieux se concentrer. "Miss Mawdsley ?"
"N'est pas à Londres en ce moment."
"Miss Mansfield ?"
"Non plus."
"Merci Harvey." Le lieutenant Piwett se lève de son bureau. "Je crains de devoir faire escalader cette situation."
Quelques heures plus tard, à la sortie du bureau du directeur de l'I.S., le colonel Dorian Cartwright, le capitaine Francis Blake, chef du M.I.5 est en grande discussion avec son homologue du M.I.6, le Commander William Steele.
"Enfin William, vous êtes vraiment certain de n'avoir personne à nous prêter pour cette mission ?"
"Hélas, non." Le commander ne peut tout de même pas s'empêcher d'afficher un léger sourire.
"Cela vous amuse beaucoup, beaucoup trop." grommelle le capitaine Blake en ouvrant la porte d'un bureau de son service. "Et je ne vois absolument pas pourquoi nous ne pouvons pas promouvoir un agent pour ce simple échange de documents."
Son interlocuteur hausse les épaules. "Vous connaissez la sensibilité de la mission."
"Promettez-moi, William, promettez-moi que dès demain vous appuierez ma demande de faire accéder plus d'agents féminins aux accréditations supérieures. Nous avons clairement besoin de plus de redondance pour les cas comme celui-ci !"
Cette fois-ci, William Steele laisse échapper un éclat de rire. "Accordé, Francis, accordé !" Puis il se fait un peu plus sérieux. "Il est vrai que sur une mission plus critique, l'effet aurait pu être désastreux."
"Plaisantez tout ce que vous voulez !" Se plaint alors Blake en s'asseyant devant le miroir d'une table de maquillage et lissant sa moustache. "Ce n'est pas vous qui allez devoir porter une postiche tout le mois prochain !" Puis, se tournant vers son ami et collègue : "Même miss Pound pourrait s'acquitter de cette mission sans problème !"
" Elle est en congés à Florence, Francis, je suis désolé. "
"Et sa remplaçante ?"
"Alan Matthews ?"
Blake grimace en songeant à la barbe fournie du jeune homme en question.
A ce moment-là, la porte s'ouvre et l'adjoint du capitaine Blake, David Honeychurch entre avec tout l'équipement nécessaire.
"David, je suis certain que vous pourriez ..." Tente une nouvelle fois Blake.
"Désolé, capitaine." Honeychurch hausse les épaules. "Je ne suis pas un bon acteur à ce point là."
Blake soupire. Il semblerait qu'il n'y échappera pas.
