Let me be
Auteur : Sahad.
Note : Oui, je sais que j'ai plein d'autres fics en ligne mais ça fait un bail que j'ai envie de la taper celle-là, elle traîne depuis un bon moment dans mon classeur alors...
Chapitre 1 :
La lourde porte en fer grinça, un râle de fer et de rouille, s'ouvrant sur une grande cour. Un sol de bitume encadré par des bâtiments dont les murs étaient en béton ; pas une couleur, pas un arbre, rien. Rien à par le souffle du vent. Un homme traversa l'encadrement de la porte et fit face à une camionnette qui venait d'arriver. Il était assez grand, sa peau était claire et lisse, ses cheveux se soulevaient en mèches blondes frivoles aux caprices du vent, ses yeux d'un violet profond jetaient un regard las au véhicule et épousaient le noir de ses vêtements. Un homme descendit de la fourgonnette et le dévisagea, laissant transparaître un instant sa surprise :
« Vous êtes surveillant ? »
« Oui. » répondit le blond en lâchant un soupir de fumée qu'il avait arraché à sa cigarette. « Ça vous étonne ? »
« Un peu... » avoua son interlocuteur. « Je ne pensais pas trouver ici quelqu'un qui soit si... Jeune. »
« Visiblement, vous pensiez mal. » lâcha sarcastiquement le jeune homme. « Alors ? Qu'est-ce que vous nous amenez ? »
Le transporteur s'était renfrogné à la remarque mais la question sembla la lui faire oublier : il tourna un regard inquiet vers la camionnette. Le blond remarqua le changement sur le visage de l'homme et l'interrogea du regard.
« C'est un cas... » souffla le livreur. « Il ressemble plus à une bête qu'à un gamin... »
« A vous entendre, on croirait que vous parlez d'un diable... » lança le jeune pion en soufflant un nouveau nuage de fumée.
« C'est tout comme ! » répliqua sèchement l'homme. « Et je vous conseillerais de le croire aussi, Monsieur... »
« Genjô Sanzô. » compléta le blond.
« Eh bien, monsieur Sanzô, je vous conseille de vous tenir sur vos gardes avec lui ! »
Le surveillant jeta au transporteur un regard presque dubitatif et se tourna vers le véhicule :
« On a l'habitude des cas difficiles... » lâcha-t-il simplement. « Cet établissement à été construit pour ça. »
« Je vous aurais prévenu... » soupira l'homme en ouvrant la portière.« Ne vous approchez pas trop. »
Dans les sombres entrailles de la camionnette se découpait la silhouette d'un adolescent, assis, les bras levés, les poignets menottés à un grillage qui séparait la cabine de l'espace conducteur. Sanzô haussa un sourcil en voyant que le jeune garçon avait une cagoule sur la tête :
« C'était vraiment nécessaire ? »
« C'est le seul moyen qu'on a trouvé pour qu'il se calme... » répondit le transporteur.
Le jeune pion leva les yeux au ciel et s'approche doucement du captif ; il fut surpris lorsque, ayant fait grincer le sol de la camionnette de son pied, il vit l'adolescent se redresser d'un coup, le visage, bien que cagoulé, tourné vers lui. Un grognement parvint aux oreilles de sanzô qui se rappela des paroles du livreur :
''Il ressemble plus à une bête qu'à un gamin.''
Néanmoins, il s'approcha encore et, d'un geste vif, attrapa la cagoule et l'enleva. La cagoule noire dévoila des cheveux de feu, trois longue mèches tombant au sol, rejoignant ses reins ; un regard de jade se figea dans les yeux couleur crépuscule. Sanzô resta quelques instants à le considérer, comme hypnotisé par ces deux lacs émeraudes, puis il baissa les yeux et remarqua les dents blanches qui semblaient prêtes à se planter dans la première main qui passerait à leur portée.
Le jeune homme l'étudiait en silence, silence seulement brisé par les bruits environnants et surtout par les grognements de l'adolescent qui le dévisageait avec rage. Ce jeune garçon ressemblait effectivement à un animal acculé qui grondait pour faire reculer un adversaire...
« Il y en a un autre mais il arrivera un peu plus tard... » murmura le transporteur.
« Parce qu'il y en a un autre ? » grimaça le pion.
« Oui... » soupira le livreur.
« Putain, on n'est pas à la SPA... » grogna le blond. « Bon, débarquez-le. »
« M-Moi ! » balbutia l'homme en reculant.
« Vous êtes livreur, non ? C'est votre boulot. » lâcha Sanzô.
« M-Mais... ! » tenta le transporteur.
Le regard crépusculaire qui se posa sur lui le glaça, le jeune homme le dévisageait gravement, froidement et, semblait-il, se tenait prêt à se jeter sur lui, le tuer. Comme un prédateur... Cette atmosphère ne sembla pas avoir échappé à l'adolescent, celui-ci cessa de gronder, fixant le blond qui lui tournait le dos.
L'homme ne put qu'acquiescer et s'approcha du captif, le détachant du grillage mais le laissant tout de même menotté. L'adolescent en profita, quelques instants d'inattention, il se dressa sur ses jambes et enfonça ses dents dans le bras du transporteur, jusqu'au sang. L'homme lâcha un hurlement alors que des gouttelettes carmines voltigeaient dans l'air ; le jeune surveillant assistait à la scène d'un air presque absent, pourtant il s'avança et attrapa le nuque de l'adolescent, pressant fortement. Le rouquin s'immobilisa, ses yeux vert-feuille se tournant vers Sanzô qui murmura d'un ton froid :
« Lâche. »
Le jeune garçon hésita puis, la poigne sur son cou se resserrant, consentit à desserrer les dents et à lâcher sa proie.
L'adolescent était assis sur une chaise, face à un bureau ; ses poignets avaient été déliés, il restait silencieux, les yeux dans le vague. Sanzô était derrière, adossé au mur, les bras croisés ; la porte s'ouvrit sur un jeune homme brun, souriant. Ce dernier s'installa au bureau et commença à pianoter sur le clavier d'un ordinateur :
« Alors... Voyons. Tu t'appelles ? »
« Kôgaiji... » répondit le rouquin.
« ... ? » le brun leva les yeux. « Ton nom ? »
« J'en ai pas... » réplique l'adolescent.
« Tout le monde à un nom de famille... » remarqua le jeune homme.
« Dans ce cas, je ne le connais pas. » rétorqua sèchement Kôgaiji.
« D'accord... Ce n'est pas grave... » sourit à nouveau le brun. « Ton âge ? »
« 17 ans. Pourquoi vous me le demandez puisque vous avez mon dossier sur votre ordinateur ? » bougonna le jeune garçon.
« Contente-toi de répondre aux question. » lâcha Sanzô qui n'avait pas ouvert la bouche jusqu'alors.
« C'est une simple vérification... » rétorqua plus aimablement l'autre homme.
Kôgaiji soupira, les coudes sur les genoux. Il lança un regard presque mauvais au blond qui y semblait totalement indifférent ; tout à coup, des éclats de voix attirèrent leur attention :
« Il m'a mordu, le p'tit con ! »
« T'as qu'à lui en coller une ! »
Sanzô atteignit la porte en quelques enjambées et l'ouvrit presque à la volée : les deux gardes s'immobilisèrent, l'un une main dans la bouche d'un adolescent, l'autre la main visiblement prête à frapper. Le jeune garçon avait une tignasse châtain foncé et des yeux de la couleur de l'or ; il tourna la tête vers la salle et lâcha la main qu'il mordait :
« Kôgaiji ! »
« Gokû ! » s'exclama l'intéressé.
Le jeune châtain s'extirpa des mains des gardes et se précipita dans la pièce pour se jeter dans les bras de son ami. Il n'y eût aucune parole, le blond haussa un sourcil : il avait l'impression d'entendre de jeunes chiots heureux de revoir leurs parents. Les gardes demeurèrent interdit quelques instants avant de s'avancer pour agripper le nouveau venu :
« Viens là, toi ! Tu vas aller en cellule ! »
« Lâchez-moi ! » s'écria Gokû en s'accrochant désespérément à son ami.
« Dans tes rêves ! » grogna l'un d'eux.
« Vire tes sales pattes ! » feula Kôgaiji.
Accompagnant ses propres paroles, le rouquin s'était élancé et avait planté ses ongles dans le visage de l'homme, le faisant hurler de surprise et de douleur. Sanzô était sidéré : il n'avait même pas eu le temps d'esquisser le moindre geste pendant cette attaque fulgurante. Gokû alla se blottir dans les bras de son protecteur et ami qui foudroyait les deux gardes du regard. Le brun, qui se tenait derrière son bureau, décida d'intervenir :
« Allons, allons, calmez-vous messieurs... Allez à l'infirmerie pour votre visage. Gokû ? »
« Oui ? » répondit l'intéressé.
« Tu veux rester avec Kôgaiji ? » demanda gentiment le jeune homme.
« Je peux ? » un grand sourire fendit le visage du petit châtain.
« Hakkaï, t'es sûr ? » murmura le blond.
« Ne t'inquiète pas, va... » rétorqua le dit Hakkaï. « Au fait, quel âge as-tu, Gokû ? »
« ... ? » l'adolescent lui lança un regard interrogateur avant de répondre. « 15 ans. »
Sanzô leva les yeux vers les deux jeunes garçons : comment pouvaient-ils mal tourner si jeunes ? Ce n'étaient que des gamins à ses yeux, qu'est-ce qui pouvait les pousser dans cette voie ? La voix de Hakkaï le tira de ses pensées :
« Vous savez pourquoi vous êtes là, n'est-ce pas ? »
« Oui... » répliqua Kôgaiji. « Nous savons. »
« Ça fait beaucoup... » commenta le brun d'un air attristé.
« Vol à l'étalage, braquage, vol, coups et blessures aggravés et volontaires sur un agent dans l'exercice de ses fonctions, tentative de fuite, dégradation de véhicules de la police... » énuméra le rouquin d'un ton las.
Le blond écarquilla les yeux, il les savait délinquants mais pas à ce point. Hakkaï hocha la tête et se tourna vers eux, cependant Kôgaiji le devança :
« Dans les cellules, on sera séparés ? »
Cette question installa un grave silence, le jeune châtain lança un regard inquiet à son ami puis au jeune homme ; ce dernier les considéra quelques instants, leur posant une question muette. Gokû fut le premier à briser le silence :
« Je serais pas avec Kô ? »
« Eh bien... C'est délicat... » murmura Hakkaï.
« Je ne veux pas être séparé de mon grand frère ! » s'exclama le garçon aux yeux d'or.
Le surveillant haussa un sourcil en scrutant les adolescents de son regard crépusculaire : la réaction du jeune châtain était exagérée mais surtout elle ne correspondait pas à un adolescent de 15 ans. Le brun le consulta du regard quelques secondes et reporta son attention sur les deux délinquants, le sourire aux lèvres :
« Il ne devrait pas y avoir de problème. On va vous y emmener. »
Aussitôt dit, aussitôt fait : un garde entra dans la pièce et les emmena. Lorsque la porte se ferma, Hakkaï se leva pour s'étirer en regardant par la fenêtre ; Sanzô, toujours adossé au mur et bras croisés s'autorisa à prendre la parole :
« Tu m'expliques ? »
« Je sais que c'est quelque chose de rare mais je préfère faire comme ça... » murmura le brun. « Et je pense qu'ils ont déjà suffisamment souffert... »
« Je te rappelle que ce sont des criminels. En culotte courte, certes, mais des criminels quand même... » grimaça le blond.
« Voyons Sanzô... » sourit son supérieur et ami. « Ce sont avant tout des enfants, des êtres humains. Je pensais que tu l'avais compris ici... Surtout toi. »
A cette remarque, le jeune surveillant haussa les épaules en fermant les yeux, préférant ne pas répondre. Hakkaï tourna la tête vers la fenêtre qui donnait sur la cour :
« Ils n'ont pas fait tout ça par simple plaisir... Tu crois en la loi de causalité ? »
« D'où veux-tu en venir ? » lança Sanzô.
« La loi de causalité... Chaque chose en engendre une autre. Je pense qu'il en va de même pour eux... » expliqua-t-il. « Leurs actes ne sont que le résultat de quelque chose... »
« Tu sous-entends que c'est des saints ? » lâcha sarcastiquement le blond.
« Non... » nia calmement le brun.« Mais je veux dire qu'il ne faut pas les condamner sans réfléchir... »
Sanzô considéra son ami, cherchant à comprendre sur quoi il se basait pour dire ça. Ce dernier retourna à son ordinateur :
« Sais-tu ce que l'on ressent lorsque l'on t'abandonne ? »
« ... ? » le blond ne répondit pas.
« Kôgaiji, abandonné dès la naissance, mais curieusement il n'y a aucune trace de lui dans un quelconque orphelinat... » exposa Hakkaï.
« Il a vécu dans la rue... ? » s'étonna Sanzô.
« Exact... » approuva le brun. « Le deuxième, Gokû, a subi un choc psychologique : ses parents sont morts sous ses yeux lors d'un braquage. Il a arrêté de ''grandir'' à l'âge de huit ans. »
« Ça explique certaines choses... » murmura le jeune pion. « Mais pas leurs actes. »
« Sanzô, tu es une tête de mule... » soupira son supérieur. « C'est de la survie. Les ''crimes'' énoncés ne se reportent qu'à Kôgaiji. »
« Qu'à lui ? Mais... Et l'autre alors ? » le questionna son ami en allumant une cigarette.
« Il est accusé de meurtre. »
La nouvelle eût l'effet d'une bombe dans la tête du blond qui dévisagea HakkaÎ, son briquet allumé toujours en main :
« Pardon ? »
« Je t'explique : Gokû semble voir Kôgaiji comme son grand frère et aurait tué un homme pour le protéger... » répondit le brun. « C'est en tout cas ce que dit le dossier. »
« Avec sa mentalité, je ne l'aurais pas cru... » avoua Sanzô en rangeant son briquet.
« C'est bien ça le problème... » soupira Hakkaï. « Les faits parlent d'eux-mêmes, il y avait une caméra de surveillance sur les lieux... Mais Gokû ne semble pas s'en souvenir... Ce n'est même pas qu'il n'assume pas, c'est comme si son cerveau avait effacé cette information... Je pense que c'est une répercussion du meurtre de ses parents... »
« Causalité, hein... ? » grogna le blond. « C'est vrai que t'es psy, toi... »
Sur ces quelques mots, le surveillant se décolla du mur et se dirigea vers la porte ; il posait la main sur la poignée lorsque son ami lui lança :
« Ne sois pas trop dur dans ton jugement... Après tout, toi aussi, tu connais bien ces murs. »
Le blond hocha la tête et s'en alla. Dans ces couloirs dépourvus de toute couleur, le béton pour seule tapisserie, seuls ses pas résonnaient. Son esprit était assailli par les souvenirs au fur et à mesure qu'il avançait. Combien de fois avait-il parcourut ces couloirs ? Il ne savait plus... S'arrêtant devant une fenêtre, il y colla son front, scrutant la cour. Des voix lointaines lui revenaient par les bribes de ses souvenirs... Il ne sut combien de temps il était resté ainsi, perdu dans ses pensées... Sa cigarette avait simplement diminué de moitié...
A suivre...
Sahad : Désolée, c'est vrai que j'ai plein de fics en chantier mais fallait que je l'écrive celle-là ! Bisous les gens !
