5 mai 1524, Baltigo,

Quartier Général de l'armée Révolutionnaire, premier sous-sol

-Rapport no783, agent Levins.

Dragon releva la tête de ses rapports afin d'écouter son subordonné. Ce dernier, un homme blond, déposa un dossier sur son bureau.

-Il avait pour mission d'enquêter sur la disparition de l'équipage de Kurohige Marshal D Teach, continua l'agent en posant les mains sur le dossier d'une chaise. Le dernier contact remonte à douze jours. Un équipe de six agents a été envoyée sur la dernière île ou il s'est rendu d'après son dernier compte-rendu. L'équipe est arrivée à destination il y a deux jours et depuis, aucune nouvelle.

Le chef des révolutionnaires posa les coudes sur la table de bois et appuya son menton sur ses poings fermés. Encore une équipe disparue. Dix-sept hommes en comptant l'équipe partie à la recherche de Levins. Il soupira en se saisissant d'une plume et d'une feuille.

-Donne-moi les noms.

-Levins, Pascal, Thomas, Johnson, Victoria, Randall et Lois...

Sans se départir de son air impassible, Dragon nota le nom de chaque disparu sur une fiche différente et les rangea soigneusement dans un tiroir qu'il ferma à clé. Il releva ensuite les yeux vers le blond qui n'avait pas bougé d'un poil.

-Autre chose, Sabo?

Ce dernier abattit soudainement les mains sur le bureau, faisant voler quelques journaux.

-Laissez-moi aller enquêter! S'exclama-t-il.

-Nous en avons déjà parlé Sabo, rétorqua-t-il. Tu es un élément trop important pour cette armée, et je ne risquerai pas de perdre un de mes meilleurs agents face à cet homme.

-Je m'en tirerai très bien! Plaida le blond. Et puis je n'ai pas plus d'importance que ces dix-sept hommes qui sont probablement tombés entre les mains de ce monstre!

-Tu te laisses aveugler par tes sentiments, Sabo. Ta rancune envers cet homme le rend bien plus dangereux pour toi que pour n'importe qui d'autre!

Le chef des révolutionnaires avait haussé le ton. Sabo se renfrogna.

-Je ne le laisserai pas faire d'autres victimes parmi ceux qui me sont cher.

-Sabo, tu ne...

Le son lointain d'un gigantesque explosion les coupa dans leur dispute. Quelques secondes plus tard, Bunny Joe déboula dans le bureau.

-Chef! Dit-il, essouflé. Vous devriez venir voir...

Puis il reparti dans le couloir au pas de course, ne laissant d'autre choix aux deux autres que de se précipiter à sa suite. Lorsqu'ils débouchèrent à l'air libre, après être montés jusqu'au promontoire, le brouhaha des conversations se tut.

Se dirigeant vers la source de l'explosion, ils ne purent qu'apercevoir un nuage de poussière qui couvrait une gigantesque silhouette sombre à quelques centaines de mètres du château en ruine qui leur servait de repère. Après s'être frayé avec l'aide de Sabo et Bunny Joe un passage à travers la foule des soldats, Dragon s'appuya à la rambarde de pierre et tenta de voir mieux l'étrange apparition.

D'un geste de la main, il fit se lever une bourrasque qui dissipa le nuage de sable.

Des exclamations étonnées retentirent parmi ses hommes lorsque la poussière révéla un navire, le mat principal enfoncé dans le sol. Le bâtiment semblait s'être écrasé au beau milieu du désert. Ses voiles étaient en piteux états, et le pont couvert de fissures semblait avoir été la proie d'une violente attaque ou d'un incendie, au vu des quelques touffes d'herbe calcinées encore visibles par endroits.

Le cerveau de Sabo fit tilt.

De l'herbe.

Il écarquilla les yeux en saisissant la rambarde de pierre.

-Je connais ce navire, souffla-t-il.

Dragon tourna la tête vers son subordonné. Sabo ne donna pas plus d'explication et sauta du promontoire. Il fit une chute d'une cinquantaine de mètres avant d'attérir souplement au sol, puis il s'élança vers le navire à tête de lion.

Le bruit des voix était dérangeant. Il l'empêchait de dormir. Une main se posa sur son épaule et la voix la plus proche se fit plus insistante. La main osa même aller jusqu'à secouer son épaule douloureuse.

-Oi, disait-elle.

Qu'est-ce que ça voulait dire? Il ne croyait pas que ce mot existait.

-Oi! Insista la voix.

Une voix d'homme qu'il ne reconnaissait pas. Il tenta de replonger dans l'inconscience, histoire que la voix le laisse tranquille.

-Oi! Roronoa réveille-toi!

Zoro fronça les sourcils. L'homme le connaissait? Il fit un effort pour ouvrir un œil. Le soleil et la poussière l'éblouirent. Il cligna plusieurs fois des paupières afin de voir un peu moins flou.

Sabo cessa de secouer le sabreur lorsqu'il vit que celui commençait finalement à émerger. Il posa une main dans son dos pour l'aider à se redresser en position assise. Zoro sembla sembla se rendre compte de la situation, puisqu'il s'écarta brusquement du blond et se releva... enfin tenta.

L'homme aux cheveux verts senti ses jambes céder sous son poids et il s'effondra à genoux. Il leva les yeux vers Sabo, une main sur la garde du Santei Kitetsu.

-Du calme, tenta de l'apaiser le révolutionnaire. On ne vous veux aucun mal, on essaie de vous porter secours. Nos médecins sont présentement en train de s'occuper de vos blessures les plus graves.

On? Zoro détourna le regard pour apercevoir une dizaine de révolutionnaires s'activer auprès de ses nakamas toujours inconscients. Il reporta son attention vers son interlocuteur.

-Qui êtes-vous? Demanda-t-il, soupçonneux.

Le blond retira son chapeau haut de forme.

-Je suis Sabo, se présenta-t-il. Membre de l'armée révolutionnaire sous les ordres de Dragon. Je suis également le grand frère de Luffy.

-Son fr.. Impossible, il est...

-Mort. Je sais. Interrompit Sabo.

Son regard se voila l'espace de quelques secondes, puis il reprit :

-Ace n'était pas son unique frère. Luffy me croyait mort jusqu'à ce que je le rencontre à Dressrosa.

Zoro resta silencieux quelques instants, tentant d'assimiler ce qu'il venait d'apprendre. Puis Sabo posa une dernière question :

-Où est Luffy?

5 mai 1524, Île inconue

La flamme de l'unique bougie vacillait sous l'effet d'une brise glaciale.

Les yeux fixés sur la lumière mourante, Luffy leva faiblement le bras. Les chaînes bruissèrent lourdement, s'enfonçant un peu plus dans la chair du prisonnier.

Atteignant tout juste la bougie, le capitaine au chapeau de paille referma ses mains ensanglantée sur l'étincelle fragile. Retenant sa respiration erratique, il se dit que les ténèbres l'attendaient. La lumière d'une si petite bougie n'y pourrait rien.

Il referma les poings sur la mèche brûlante.

-Joyeux anniversaire, Luffy... souffla-t-il.