La voie de la liberté
Prologue : Voyages
La victoire de l'alliance laguz a été éclatante. Certes, les Beorcs n'eurent pas à se plaindre qu'Ike et ses compagnons aient vaincu Ashera du moins pas dans l'immédiat. Car si la défaite de la déesse avait permis aux habitants de Tellius de retrouver une vie normale après leur pétrification, la dissolution du Sénat de Begnion (et la mort ou la disparition de nombre de ses membres) a mené à la restitution de la forêt de Serenes aux hérons. L'Empire a également dût reconnaitre sa responsabilité dans le massacre de ses anciens habitants, faisant naître une honte et un ressentiment inexpugnable dans le cœur de Beorcs. Au début, les traités de paix entre les différentes nations connurent un véritable succès. Phoenicis, Kilvas et Serenes fusionnèrent en une seule nation de laguz oiseaux, Taniquetil, gouvernée par l'ancien monarque des faucons, Tibarn. Goldoa cessa enfin son exil légendaire pour prendre part aux négociations, avec pour représentants Nasir et Ina. Criméa et Daien s'entraidèrent pour reconstruire leurs royaumes, sous la direction de Micaiah et d'Elincia. Un réseau de caravanes fut instauré à travers le désert pour relier Hitari aux autres pays de Tellius. Et, éloigné de l'atmosphère politique ambiante, Ike et Soren veillaient sur la paix naissante du continent. Et puis, quelques mois plus tard, ils s'en allèrent vers des contrées inconnues. C'est là que les ennuis commencèrent.
La révolte de Ludveck, à Criméa, avait été durement réprimée, mais certains des collaborateurs du traitre ne furent pas retrouvés. Tant que le pays était surveillé par le héros qui avait vaincu la déesse, ils n'osèrent mener aucune action. Mais dès que la nouvelle de leur départ leur fut parvenue, ils repartirent à l'action. Voyageant à travers le continent, ils rallièrent de nouvelles personnes à leur cause. D'abord peu, puis de plus en plus à mesure que leurs arguments s'étayèrent : Les laguz avaient fait porter le chapeau aux Beorcs le territoire de ceux-ci s'était trouvé diminué par les accords de paix les sous-humains devaient être traités comme des hommes. C'était inadmissible. Différents groupes de révolte se formèrent dans tous les pays à majorité beorc. Des actes violents perpétrés envers les laguz obligèrent les différents gouvernements à sévir mais le phénomène se répandit, et bientôt plus aucun laguz n'osa mettre les pieds à Begnion, Daien ou Criméa, à part quelques courageux rendant visite à des connaissances, tels Tibarn ou Ranulf. Hitari ferma ses routes de commerce «tant que le calme ne serait pas rétabli». Mais pour les insurgés, ce n'était pas suffisant.
Le premier renversement eut lieu à Begnion. Un matin brumeux, l'impératrice Sanaki ne répondit pas quand sa femme de chambre frappa à la porte. Après plusieurs appels infructueux, celle-ci alla chercher le chef de la sécurité, qui ouvrit la porte d'un coup de pied. La dirigeante de l'Empire était allongée sur le sol, la gorge tranchée, baignant dans son sang. Les jours suivants, les différents conseillers et proches de l'impératrice connurent le même sort. Profitant de la faiblesse résultant de leurs assassinats, les insurgés prirent d'assaut le palais et se saisirent du pouvoir. Rompant tous les accords de paix, ils lancèrent une puissante offensive contre Criméa. Les habitants de Begnion et de ses voisins s'étant presque tous rangés à l'avis des révoltés, l'armée impériale ne rencontra aucune résistance sérieuse avant le château de Criméa. Celui-ci, malgré les faucons venus aider la défense, ne tint pas longtemps. La reine Elincia et sa garde personnelle réussit à fuir, avec l'aide des laguz oiseaux, jusqu'à l'île de Phoenicis, siège du pouvoir de Taniquetil. Les deux tiers de l'armée régulière de Criméa se joignirent aux insurgés. Daien, malgré une résistance féroce et une guerre de guérilla et d'embuscade dans les rues de Nevassa, tomba à son tour. Micaiah resta assumer son devoir de dirigeante jusqu'au bout. Au vue de ses actes passés, le nouveau gouvernement lui laissa la vie sauve. Elle fut condamnée à rester enfermée dans le domaine de Nox, au nord, avec Sothe et le reste de la brigade de l'Aube. La révolte fêta ses victoires, et unit les trois nations sous un seul étendard : l'Empire de Manath.
Les Manathis se lancèrent alors dans une nouvelle campagne : Gallia. Les laguz avaient envoyés des renforts plus ou moins nombreux à Criméa et Daein pour défendre l'ancien gouvernement. Cela rajoutait, pour les Beorcs, un grief de plus aux sous-humains. La forêt de Serenes fut rasée, jusqu'au dernier arbre. Les hérons s'étaient heureusement enfuis à Taniquetil. Puis l'armée de Manath se dirigea vers Gallia même. Les ardents défenseurs du pays félin se battirent (c'est le cas de le dire) comme des lions. Mais moins nombreux, ils durent se résoudre à abandonner. Skrimir et ses conseillers fuirent vers Taniquetil. Caineghis se rendit quant à lui à Goldoa, dernier refuge des laguz sur Tellius même. Les dragons fermèrent hermétiquement leurs frontières, mais ils devaient se rendre à l'évidence : ils n'étaient que tout au plus un millier les Manathis étaient plus de cent mille. Mais ceux-ci redoutaient les grands dragons aussi ils leur proposèrent un traité de paix. Tous les félins ayant cherché refuge à Goldoa devaient être livrés à Manath pour y être réduits en esclavage, en échange Goldoa serait libre de garder son royaume intact. La rage au cœur, Kurthnaga dût accepter. Caineghis partit alors lui aussi à Taniquetil. Le bilan de la guerre fut désastreux : en moins de quatre mois, un quart des félins avait été massacré, une centaine avait réussi à rejoindre les faucons et les corbeaux, le reste était à présent vendu à des Beorcs plus ou moins sympathisants à la cause de la rébellion.
Etant séparé du continent, Taniquetil ne pouvait être attaquée directement. L'Empire de Manath et son nouveau dirigeant, Berethor Ier, choisit de ne pas risquer une guerre ouverte. Sa flotte posa un embargo sur l'archipel, dont aucun occupant ne pouvait sortir sans être repéré. Un destin bien sombre pesait sur Tellius. Un destin qui s'écrirait dans le sang.
