Près de toi


Aimer, c'est savoir dire je t'aime sans parler

Anonyme.


Lily,

Je t'écris une lettre alors que tu es déjà morte. Morte. Un mot que j'ai du mal à écrire dans une phrase comportant ton prénom. Je ne m'y suis jamais fait. Je crois qu'au fond de moi, au plus profond de mes rêves, j'ai toujours cru que tu étais vivante. Alors que c'est faux. Ce n'est que mensonge. Tu es morte et j'en souffre encore terriblement.

Tu n'as pas idée à quel point j'ai mal. Personne n'était là pour moi. Et même si il y avait eu quelqu'un, je pense que je l'aurai rejeté car seule toi pouvait me faire parler.

Toi et tes cheveux roux. Toi et tes yeux verts. Toi et ton sourire joyeux. Toi et tes manies de toujours parler avec les mains. Te rappelles-tu lorsque je t'avais dit que si un jour on te coupait les mains, tu serais muette... ? Tu m'avais tiré la langue et j'avais rigolé. L'un des rares moments où nous étions heureux. Ou du moins, où j'étais heureux. Car tu as toujours étais heureuse. Je n'ai jamais vu l'once d'une tristesse passer dans tes yeux clairs. Même lorsque tu pleurais je percevais toujours le bonheur dans tes iris. Même lorsque ta sœur t'insultait de monstre, tu respirais le bonheur.

Monstre. Chose que je suis devenu dès que je vous ai livré au Seigneur des Ténèbres. Je m'en veux. Je ne sais pas quoi dire d'autre à part ça... Je sais que tu m'as pardonné, tu pardonnes à tout le monde, mais je m'en veux. Sans cela tu serais certainement encore en vie. Et tu serais encore belle avec ta crinière flamboyante. Tu serais là. Pas avec moi mais tu serais là. Vivante. Tu respirerais, tu serais heureuse. Et je serais heureux de te voir ainsi. Mais il a fallu que je faiblisse face au Seigneur, chose que je m'étais juré de ne jamais faire.

Quand je suis entré dans ta maison et que j'ai vu ton mari, mort, au sol, j'ai su. De suite, j'ai su. Il avait juré de t'aimer et de te protéger et même si je le haïssais, même s'il était mon ennemi, je savais qu'il était un homme d'honneur. Je savais qu'il te protégerait. Et quand je l'ai vu mort, j'ai su que tu l'étais certainement aussi...

J'ai monté les escaliers, marche après marche. Difficilement, me tenant au mur. Le cœur serré. Et j'ai d'abord vu tes pieds, chaussés dans de beaux escarpins rouges sang. J'ai chuté contre la dernière marche, et j'ai rampé près de ton corps. Tes cheveux roux avaient ternis, tes yeux verts étaient morts. Alors je t'ai pris dans mes bras, je t'ai secoué, j'ai pleuré aussi. J'ai hurlé, j'ai prié mais je n'ai jamais cessé de t'aimer.

Et ça m'a détruit. Je suis parti avant que Sirius ne vienne, je suis allé voir Albus et il a compris. Il a compris que j'avais besoin d'être seul. J'ai repris mon travail de Maître des Potions, étant encore plus méchant et vicieux avec mes élèves...

Et ton fils est arrivé. Il avait son visage, mais il avait tes yeux. Tes yeux qui me regardaient avec haine. Je ne pouvais pas supporter ce regard, je pensais sans cesse à toi... Je l'ai maltraité ton fils, en public du moins. En privé, je le protégeais, car je te l'avais promis, d'une promesse muette, mais existante.

Et ton fils doit le tuer. Tout sera fini. Sauf mon amour pour toi, ma culpabilité et ma solitude. Et je ne veux plus vivre seul, sans toi en vie.

Je vais laisser des souvenirs importants pour ton fils. Pour qu'il comprenne ce qu'il doit faire pour éliminer l'homme qui t'a tué. Pour qu'il comprenne ce que je ressentais pour toi. Je ne veux pas voir sa pitié dans ses yeux, pas avec ce regard.

Désormais, la mort ne m'effraie plus. Mais elle ne semble pas vouloir de moi, à présent que je n'ai aucune raison de vivre, et je crains qu'elle ne m'oublie. Alors j'ai choisi de la provoquer, de l'appeler, de la rejoindre parce que même si la solitude me colle bien à la peau, je préfère être près de toi.