Bonjours chers Cobayes,
Je vous présente ma première fiction sur le très riche univers des X men. Il s'agira d'un recueil d'OS, axés pour une immense majorité sur la relation qui unit le Professeur X et Magneto. S'il y aura probablement de nombreuses références à l'univers X men (et Marvel en général), je compte bien prendre de larges libertés par rapport aux comics ! Mais bon, les films l'ont fait aussi, et tout le monde leur pardonne, alors pourquoi pas ? =D
Ce premier OS se passe après la fin de X Mens first class, mais avant que Charles-le-jeune et Erik-le-Jeunes ne se retrouvent dans X men days of future past.
Bonne lecture !
28 août 1963 – Washington
Erik attendait tranquillement, le regard toujours fixé bien au delà des larges baies vitrées. Le Lincoln Memorial se dressait quelques six cent mètres plus loin et resplendissait sous le soleil du mois d'août. D'ordinaire, il s'agissait d'un endroit calme et serein mais, aujourd'hui, la foule s'amassait sur les marches blanches comme neige. Le bâtiment de marbre blanc, semblable à un temple venu tout droit de la Grèce Antique, avait rarement connu une telle animation. Les manifestants envahissaient Washington, et Erik prit une seconde pour apprécier le silence dont lui-même jouissait.
Le mutant s'était retranché au dernier étage de Ecces Building, magnifique demeure qui abritait le Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale des Etats-Unis.
Passer la sécurité ne lui avait posé aucun problème, et il attendait depuis deux bonnes heures déjà. Cinq billes de métal noir glissaient machinalement entre ses doigts, dans une danse langoureuse.
Un grincement de l'autre côté du salon ou il se trouvait attira son attention, mais il ne bougea pas d'un pouce. Il entendit la porte s'ouvrir, et la respiration sifflante du nouveau venu.
- Erik.
Celui qui se faisait appeler Magneto sentit un frisson lécher sa colonne vertébrale. Depuis la crise de Cuba, le 28 octobre de l'année précédente, une étrange douleur palpitait entre ses côtes. Ele ne lui avait jusqu'alors pas laissé une seconde de répit.
Entendre cette voix la fit taire en un instant.
Un demi tour à la lenteur calculée lui confirma l'identité de l'intrus. Une étrange sensation naquit au creux de son estomac et sa bouche s'assécha brutalement.
- Charles… Qu'es-tu devenu …
De longs cheveux en bataille, les yeux injectés de sang, une barbe de plusieurs jours et une pâleur morbide ; découvrir son ancien ami dans cet état de faiblesse lui serra la gorge.
Charles était affalé contre l'encadrement de la porte, qu'il serrait si fort que les jointures de ses doigts blanchissaient. De la sueur perlait sur son front fatigué, mais un rictus déforma ses lèvres alors qu'il crachait, acide :
- Je suis devenu ce que tu as fait de moi, Erik.
Les yeux du généticien brillaient d'émotion.
Dix mois. Dix mois très exactement, au jour près. Dix mois qu'ils s'étaient vus pour la dernière fois, sur la plage de Cuba, avant qu'Erik ne s'en aille et détruise sa vie. Il avait pris avec lui tous ses espoirs, tout ce pour quoi il se battait. Il avait pris ses jambes, il avait pris Raven, mais, surtout, il l'avait trahi. Il l'avait abandonné.
- C'est donc vrai, tu marches de nouveau grâce à la drogue que te prépares Mc Coy constata Magnéto.
Il fit quelques pas en direction du nouveau venu, lequel peinait à reprendre son souffle.
La vision de Charles se troubla.
La drogue l'épuisait, ainsi que les insomnies, les cauchemars, la peur. Dix mois que sa vie s'était écroulée comme un château de cartes.
Ses jambes l'abandonnèrent soudain. Erik n'eut que le temps d'ouvrir les bras avant que son hôte ne s'y écroule.
Alors qu'il le maintenait fermement, le jeune homme lui parut plus frêle que jamais. Il ignorait si les longs doigts qui s'accrochaient à ses épaules tremblaient de rage, ou de faiblesse.
La voix qui lui parvint était calme, presque neutre.
- Tu m'as brisé. Et je ne parle pas de ma colonne vertébrale.
- Tu es venu m'arrêter ? S'enquit l'intéressé, qui refusait de relâcher son étreinte.
- Non. Oui. Je ne sais pas. Emmène moi sur le divan.
L'étrange duo rejoignit le canapé de cuir sombre, patiné par l'usage, et Charles s'y effondra, fébrile. Ses mains fourragèrent dans la poche de sa veste, et il en sortit un petit flacon de verre ainsi qu'une seringue. Son aîné s'agenouilla à ses côtés, un regard désapprobateur au fond de ses prunelles grises.
- Quel gâchis… Tes capacités exceptionnelles méritent mieux que ça, commença-t-il.
Le fondateur de feu l'institut Xavier le foudroya du regard et sa réponse claqua dans l'air.
- Fermes-là.
- Comment m'as-tu retrouvé?
- Comment crois-tu que j'ai fait ?
Magnéto hésita un instant. Son invité semblait se détendre alors que le liquide brûlant traversait son corps.
- Tu as deviné mes intentions pour cet homme, dit il en pointant la fenêtre du menton. Et tu me connais par cœur. Tu savais que je chercherai un endroit en retrait pour agir discrètement.
- Et je savais que tu laisserais tes sbires dans la foule, prêts à intervenir en cas de besoin.
Le jeune homme soupira de contentement, massant son bras pour faire circuler la drogue. Les couleurs revenaient sur ses joues, mais son regard ne perdait en aucun cas de sa dureté. Dix mois qu'il en était ainsi.
Il se redressa et fit quelques pas dans la pièce, prenant seulement le temps d'observer les lieux. Le salon était fastueux, couvert d'un parquet lambrissé fraîchement ciré et ceint de colonnes de marbres. Les plafonds sculptés, les rideaux pourpres qui encadraient les larges fenêtres, le piano à queue installé face à la porte, l'échiquier de verre et de métal… Tout cela attira moins son regard que la table centrale en acajou ou reposait une bouteille de Champagne dans un sceau à glace, ainsi que deux coupes en cristal pleine du précieux breuvage.
- Tu attendais quelqu'un ?
Un éclat s'alluma dans les yeux du criminel, qui lui tendit une flûte
- J'espérais simplement.
Le télépathe étudia un instant la main tendue, avant d'abdiquer. Ils trinquèrent en silence. Magneto s'approcha de nouveau de la baie vitrée. A cette distance, on voyait à peine le pupitre derrière lequel le discoureur s'adressait à la population.
- Que fais tu ici ?
Charles s'approcha à son tour, pour observer le peuple Américain vivre un moment historique, quelques mètres en contrebas.
- Je viens te convaincre de renoncer. Reviens avec moi.
Son ton avait retrouvé toute sa sérénité. De son côté, Magneto jouait toujours avec ces cinq billes métalliques. Il plissa les yeux et devina la silhouette de Martin Luther King, derrière son pupitre.
-Si seulement c'était possible… Mais vois tu, devant nous, sur les marches du mémorial, un homme est en train d'expliquer au monde entier que nous autres mutants sommes les égaux des simples humains.
- Effectivement, il ne veut donc aucun mal à notre cause, argumenta Charles.
- Non. Mais il lui en fait tout de même. Nous ne sommes pas égaux, Charles, nous sommes supérieurs. Et toi plus encore que les autres…
Les doigts du généticien se resserrèrent autour de sa flûte.
- En souvenir de notre amitié… Épargne le. J'ai lu son discours. C'est un message d'espoir, de tolérance. Et notre cause en a désespérément besoin…
Erik cessa de jouer avec les billes, qui vinrent se poser délicatement dans le creux de sa main droite.
Son cadet n'avait cependant pas dit son dernier mot. Il saisit son ancien ami par l'épaule, et l'obligea à lui faire face.
- Il faut que tu saches une chose, Erik. Je ne perds pas espoir. A compter de ce jour, je consacrerai ma vie à tenter de te ramener à la raison. Je te convaincrai, coûte que coûte. Si tu as un problème avec cela, tue moi tout de suite.
Erik chercha à lire la vérité sur le visage de son vis-à-vis. Il n'y découvrit qu'une profonde détermination, empreinte de tristesse. Délicatement, le grand homme saisit les longs doigts qui pressaient son épaule, et les serra entre les siens.
- Tu sais très bien que je ne ferais jamais une chose pareille, mon ami.
Charles eut un gloussement sarcastique avant de retirer sa main de l'emprise adverse. Il n'en croyait pas un mot.
- Mais nous avons un problème, poursuivit l'Allemand. Moi aussi, j'ai bien l'attention de te rallier à ma cause.
Le silence les embrassa. Une profonde lassitude s'inscrivit sur les traits du plus jeune.
- Cette discussion est donc close pour aujourd'hui.
Erik acquiesça en silence.
Charles déposa sa flûte sur l'échiquier, et se dirigea à grands pas vers la porte.
Il s'arrêta un instant à peine avant de quitter les lieux et demanda, sans prendre la peine de se retourner vers son interlocuteur :
- Tu dis que tu es incapable de me tuer ?
Le silence qui s'en suivit fut plus éloquent qu'aucune parole.
- J'aurais préféré que tu me tues, ce jour là, à Cuba. J'aurais préféré mourir que de te voir briser ma vie.
Sans un mot de plus, il disparut dans les couloirs.
Erik resta immobile une longue minute, conscient seulement des pas qui s'éloignaient de lui. Il s'adossa à la fenêtre et soupira, les yeux clos. L'étrange douleur entre ses côtes revint progressivement.
Les billes noires quittèrent définitivement sa main pour venir se poser sur l'échiquier, à côté de la coupe de Champagne à peine entamée du Professeur Xavier.
« En souvenir de tous ces bons moments passés à tes côtés. Mais ce sera la seule et unique fois, mon ami.»
Huit cent mètres plus loin, aveuglé par le soleil rutilant, le pasteur Martin Luther King captivait la foule de ses propos enfiévrés.
« […]I have a dream that one day this nation will rise up and live out the true meaning of its creed. We hold these truths to be self-evident that all men are created equal…[…]"
Voila pour ce premier essai. J'attends impatiemment vos critiques. De plus, je ne sais pas encore trop quelle tournure va prendre cette fiction. Je suis donc ouverte à toutes vos suggestions. Vos défis pourraient nourrir mon imagination, n'hésitez donc pas à me faire part de vos remarques et de vos envies pour la suite !
A bientôt,
Laukaz – The Lab.
