Note d'auteure : bonsoir / bonjour ! Avant de commencer ma note d'auteure assez conséquente, je le crains, je précise que TOUT appartient à JK Rowling sauf mes OCs et une bonne partie du "plot" qui m'appartient ainsi qu'à Lyrumbra !

Cette fanfiction m'a été inspirée par une longue discussion avec Lyrumbra (cœur sur toi) à propos des Cracmols et de leur place misérable au sein de la société sorcière et de tous les préjugés qu'on pouvait d'ailleurs retrouver au sein de cette même société ET nous avons aussi parlé du personnage de Regulus Black qui est... juste l'un de mes chouchous :D

Je précise que cette fanfiction n'est pas destinée à un public très jeune car certains termes et certaines scènes que j'ai prévues pourraient choquer (je n'écris pas du gore et du - 18 ans mais je préfère prévenir que cette fanfic' ne sera pas toute rose), je préciserai néanmoins dans ma note de début de chapitre si tel ou tel chapitre contient des éléments pouvant heurter (bien sûr, c'est pour aller avec le cadre de l'histoire et je précise que je n'écris pas de Lemon ou d'histoires volontairement sanglantes juste pour le plaisir !).

Résumé : Londres, 1978-1979. Regulus Black rentre au Manoir Familial après une dernière année à Poudlard agitée et se retrouve plongé dans l'atmosphère tourmentée du monde de la sorcellerie. La guerre est officiellement déclarée et il lui faudra choisir son camp. Pendant ce temps, les Sorciers et Sorcières de la Haute Société qu'il fréquente propagent une coutume venue d'Italie consistant à employer un "Nihil" pour étaler ses richesses, sa puissance et son bon goût... Hazel Fawley, cracmolle et rongée par la haine à l'égard de cette société qui ne lui laisse pas de place est employée chez les Black pour servir. Deux mondes qui se rencontrent, un fossé les sépare...

Genre : Romance / Tragédie

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture ^^

Roxane-James


Till the end of the time

Chapitre 1 : Black Night (©Deep Purple)

Le clapotement des gouttes de pluie qui tombaient sur les pavés, comme des secrets que l'on murmurait à l'oreille des serpents et qui se répandaient peu à peu, dans un rythme infernal qui provoquait le désastre, voici ce qu'elle entendait. Ses pas se firent plus pressés quand la lumière du réverbère tremblota légèrement, menaçant de laisser l'obscurité engloutir Londres tout entier et elle avec. Ses bottines rapiécées glissèrent dans une flaque d'eau vieille de plusieurs jours et elle manqua de tomber lourdement sur le sol puis, enfin, après plusieurs heures de marche, elle aperçut le vieux bâtiment qui lui avait servi de maison pendant près de dix ans.

Elle poussa l'ancestral portail bringuebalant avec son pied en esquissant un rictus dégoûté et se précipita dans la cour déserte pour rejoindre l'intérieur faiblement illuminé où sa terrible logeuse l'attendait sûrement. La Directrice Roy n'avait pas la réputation d'être agréable avec ses pensionnaires et si elle se faisait prendre — ce qui était fort probable vu l'heure à laquelle elle rentrait — Hazel Fawley savait qu'elle ne s'en sortirait pas si facilement.

Elle fit tourner les verrous usés à l'aide de sa pince à cheveux métallique auparavant plantée dans sa tignasse épaisse et croisa les doigts pour que Roy ne la surprenne pas. Elle traversa le hall d'entrée délabré sur la pointe des pieds, laissant par ailleurs des traces de boue sur le carrelage graisseux et terne et, priant pour qu'aucun bruit ne révèle sa présence à cette heure avancée de la nuit dans l'entrée, elle posa un pied sur la première marche du piteux escalier menant aux dortoirs de l'étage.

A cet instant précis, la porte du bureau de la directrice Roy s'ouvrit à la volée sur une femme aux yeux petits et secs, aux cheveux fins qui étaient attachés en un chignon sévère sur le sommet de son crâne et à la mâchoire carrée. Elle se tenait droite, imposante et terrifiante à la fois et tenait fermement sa baguette magique en main, la pointant directement sur la poitrine de la jeune fille.

— Hazel Fawley… Dans mon bureau. Immédiatement.

Hazel sentit son expression neutre se décomposer face à l'air profondément ennuyé que la vieille sorcière affichait avant de la suivre d'une démarche mal assurée, la peur au ventre.

*.*.*

— Je vais te vendre.

— Pardon ?

— Tu seras la bonniche de la famille Black au moins durant la saison qui s'annonce, trancha Mrs Roy de son horrible voix sifflante en lui souriant avec délectation. Tu t'occuperas de toutes les corvées dont leur abject Elfe de Maison ne voudra pas se charger. Et il n'est pas question que tu refuses, le contrat avec la famille Black est déjà signé, tu as de la chance que cette chère Walburga soit si pressée de se faire bien voir de la Haute Société Sorcière sinon je t'aurais définitivement jetée à la rue ce matin...

Hazel Fawley se mordit violemment la lèvre inférieure pour retenir un sanglot de rage qui menaçait de s'échapper de sa gorge. Elle ne devait pas pleurer, cela ferait bien trop plaisir à cette odieuse Melosa Roy de savoir que son nouveau statut de "Nihil" la rendait folle de colère et de tristesse.

Toute sa vie, Hazel avait essuyé les ennuis et les coups durs. Née cracmolle dans une famille de Sang-Pur riche et bien vue du monde sorcier qui comptait même un Premier Ministre parmi ses rangs, elle avait été rejetée lorsque ses parents avaient découvert qu'elle ne serait jamais capable de maîtriser pleinement le peu de magie qu'elle avait dans les veines. Son père l'avait enfermée dans le grenier poussiéreux de leur vaste demeure puis, quand elle avait atteint l'âge de huit ans, sa mère avait cessé de s'occuper d'elle et l'avait placée dans une école crasseuse et délabrée pour "enfants sorciers à problèmes" située sur les quais les plus misérables de la Tamise, à Londres. Depuis ce jour, elle n'avait plus aucune nouvelle de ceux qui l'avaient vue naître.

Elle avait grandi dans un environnement miteux au milieu d'enfants délaissés, souvent malades et habitués à la misère et s'était débrouillée pour survivre. Ici, il fallait se battre pour résister tantôt au froid et à la faim, tantôt aux hommes qui emmenaient parfois de force une pensionnaire pas trop moche et la violaient avant d'abandonner son cadavre meurtri dans des ruelles impraticables. Elle, elle avait eu de la chance. Son corps n'avait jamais été souillé par les mains sordides de créatures qui se disaient humaines, les seules cicatrices qu'elle arborait étaient celles laissées par la dragoncelle, une maladie qu'elle avait contracté à l'âge de dix ans mais qui, par un heureux hasard, s'était révélée sans danger et n'avait touché qu'une infime partie de son ventre, laissant ça et là quelques fines cicatrices blanches.

Les hivers étaient les plus difficiles et nombreux étaient les enfants qui mouraient à cette époque de l'année, emportés par des fièvres, le teint cadavérique et les draps maculés de sueur. Leurs restes étaient jetés sans cérémonie dans la Tamise, en secret des autorités locales. La meilleure amie d'Hazel, qui n'avait jamais porté que le nom Hel depuis son arrivée chez Mrs Roy, avait subi cela. Hel, dans la mythologie nordique, était la déesse des morts sans héroïsme. Cela avait fait beaucoup rire la directrice de l'établissement lorsqu'elle l'avait appris mais Hazel conservait de cet épisode une haine glaciale à son encontre et un chagrin infini qui ne s'éteindrait sans doute jamais.

Hel avait été la seule personne avec qui la jeune fille s'était liée d'amitié. D'un an son aînée, elle s'était acharnée à la protéger, à arracher son pain des mains d'autres enfants qui dépérissaient pour la nourrir et ce jusqu'à la toute fin. Hel était morte dans ses bras et, dans un dernier souffle, elle lui avait confié ce qu'elle avait de plus précieux : son médaillon de bronze aussi grand qu'un gallion d'or hérité de son grand-père qui était la seule personne de sa famille qui venait parfois lui rendre visite.

Aujourd'hui, Hazel avait dix-sept ans et se souvenait avec amertume de toutes les horreurs qu'elle avait vues et vécues.

Elle avait cru un instant que lorsqu'elle atteindrait la majorité, tout serait fini. Que ses années de peur et de malheur laisseraient enfin la place à un avenir neuf et brillant.

Mais il semblait que la vie en avait décidé autrement. Ce jour-là, elle abandonna son statut de pensionnaire dans l'Institut des Enfants Sorciers à problèmes pour prendre celui de "Nihil" qui signifiait "rien" en latin.

Elle allait servir dans le sinistre manoir Black la non moins sinistre famille qui l'habitait et subir chaque jour un peu plus son identité de cracmolle.

Elle était échangée contre une bouchée de pain pour servir, pour survivre.

Mrs Roy laissa apparaître un sourire édenté et déclara d'une voix théâtrale :

— Tu as intérêt à bien te tenir, mes informateurs m'ont précisé que les Black ne lésinaient pas sur… les coups. Et à partir de maintenant, tu t'appelleras Hazel Wan.

*.*.*

" Je m'appelle Hazel Wan, je m'appelle Hazel Wan et j'ai dix-sept ans, je viens de l'Etablissement de Mrs Roy qui m'a formée pour être une Nihil parfaite, muette, sourde et aveugle lorsqu'il le faut, je suis invisible, je viens d'une ancienne famille de Sang-Pur dont je ne sais plus le nom car j'ai été adoptée très jeune par Mrs Roy à qui je dois tout…"

Hazel répétait cela en boucle dans sa tête, s'efforçant d'oublier l'eau glaciale —devenue trouble à cause de la crasse — qui constituait son bain et la petite fille aux tresses blondes et au tablier rongé par le temps qui frottait énergiquement chaque parcelle de son corps dénudé avec une éponge râpeuse imbibée de savon noir.

C'était son premier bain depuis un mois et jamais elle ne s'était sentie aussi mal. Comme elle s'apprêtait à intégrer les quartiers Black, Roy avait demandé à une jeune pensionnaire de s'occuper entièrement de sa toilette et lui avait fourni une tenue plus ou moins neuve qui avait au moins le mérite de ne pas être tâchée, déchirée ou malodorante.

— Tu quittes l'établissement ? demanda soudainement la fillette en suspendant son geste pour lui jeter un regard intrigué.

— J'y suis obligée, soupira Hazel. Je vais devenir une Nihil pour la famille Black.

— Oh. Bonne chance dans ce cas…

Hazel ne répondit rien mais lui sourit timidement. De la chance… Elle en aurait besoin. Ainsi qu'une bonne dose de courage et un plan solide pour s'échapper de cette horreur.

La fillette aux tresses blondes l'aida à sortir de la baignoire maculée de résidus à l'aspect douteux puis épongea ses cheveux avec une serviette qui dégageait une répugnante odeur de rose trop sucrée et la fit asseoir sur un petit tabouret branlant qui tangua dangereusement. Hazel replia ses bras sur sa poitrine et baissa les yeux sur le sol couvert de saletés avant de se concentrer pour ne pas entendre le bruit que faisaient les ciseaux rouillés quand ils rencontraient une mèche de ses cheveux.

Peu à peu, son siège fut entouré d'un monceau de mèches brunes tirant vers le roux sombre. Enfin, la fillette la fit se relever, alla chercher ses habits sorciers et l'aida à les enfiler car Hazel tremblait trop pour le faire d'elle-même.

Elle se regarda enfin dans le miroir fissuré par endroits et découvrit une jeune fille qui avait l'air plus âgée, les cheveux coupés dans un long carré incertain qui soulignait cependant assez bien la régularité de ses traits. Sa peau était blanche, propre, tranchant avec le rouge de ses lèvres et ses yeux couleur noisette étaient encadrés d'une rangée de cils épais qui lui conféraient un regard doux et fragile à la fois. Elle était vêtue d'une simple robe gris souris cintrée à la taille dont le jupon fluide terminait sa course au niveau des genoux et d'une chemise blanche immaculée en dessous ainsi que ses bottines rapiécées qu'elle avait tenu à garder.

Elle n'avait plus rien de la jeune fille sale qui se fondait dans le paysage moldu de Londres et que les passants confondaient parfois avec une clocharde bizarre. Plus d'une fois, lors de ses virées secrètes dans ce qu'elle nommait "l'extérieur", elle s'était assise au coin d'une rue et avait reçu de la part de certains des petites pièces qu'elle conservait soigneusement. Combien de fois s'était-elle procuré un repas correct comme cela ? Mais elle avait aussi subi quelques regards lubriques d'hommes qui lui avaient glacé le sang et des remarques désagréables…

Parfois, en regardant ces gens dans des voitures ou qui prenaient le "métro" et inventaient toutes sortes d'instruments, Hazel se disait que les Moldus étaient beaucoup plus avancés que les sorciers sur certains points.

Mais elle n'appartiendrait jamais totalement à leur monde quand bien même elle connaissait leurs façons de fonctionner tout comme elle ne trouverait jamais sa place dans celui des sorciers. Elle était seule. Seule face à son avenir incertain, à ses doutes et à ses peurs. Seule face à la guerre sorcière qui planait dangereusement au-dessus de l'Angleterre.

— Tu es jolie.

— Merci, répondit Hazel en secouant la tête pour chasser de son esprit ses pensées sombres.

La fillette aux tresses blondes osa un sourire intimidé vers son aînée puis lui tendit son collier jusqu'alors laissé à l'écart en le fixant avec scepticisme.

— Pourquoi tu le gardes ? Il ne vaut rien.

— Si. Ce collier est important pour moi, il me rappelle une amie qui est décédée il y a un an et demi. Il était à elle, ajouta Hazel en se frottant les yeux pour s'empêcher de pleurer.

La fillette acquiesça après une brève hésitation et prit les mains d'Hazel entre les siennes, calleuses et froides, avant de les embrasser affectueusement.

— Je te souhaite de réussir chez les Sorciers, Hazel Fawley, murmura-t-elle.

" Article 143 de la Constitution Magique du Royaume-Uni : Les Nihils (domestiques) sont autorisés. Les familles sorcières s'en procurant devront néanmoins prendre en charge leurs Nihils qui ne doivent en aucun cas être sorciers sous peine de faire cinq ans de prison pour non respect de la Loi Sorcière."


Alors ? Qu'en pensez-vous ? Bon, promis, on voit Reg dès le prochain chapitre et vous en saurez plus sur les Nihils...

Ah et petite précision : le nom de famille Fawley fait réellement partie du cercle des 28 sacrés (les familles les plus éminentes de Sang-Pur) et HECTOR FAWLEY a été Premier Ministre (sorcier) durant la guerre contre Grindelwald.

Une petite review ? :3