Bonjour à tous, me revoilà avec une nouvelle traduction Sherlock d'une fanfic anglaise que j'ai littéralement adorée. En espérant que ma traduction vous plaise, je vous souhaite une bonne lecture.

Traductrice: Lilas

Bêta: Cherry Hitomie

Auteur originale : Where's My Calabash

Paring : John/Sherlock

Rating: M

Disclaimer: Malheureusement, rien de m'appartient, tout revient à la BBC, Steven Moffat et Mark Gatiss, je ne fais qu'emprunter l'univers et les personnages pour le plaisir de l'écriture. De plus, l'histoire originale appartient à Where's My Calabash.


Borde Moi


Chapitre 1

Ils avaient commencé à dormir ensemble depuis un petit peu plus de trois mois à présent.

Cela faisait exactement 97 jours et aussi étrange que cet arrangement puisse paraître à un regard extérieur, pour John Watson et Sherlock Holmes, cela fonctionnait parfaitement. Toute l'histoire avait débuté par un changement anodin, qui s'était peu à peu transformé en une entente mutuelle. Et bien que cela soit dénué de toute connotation sexuelle, ils éprouvaient malgré tout un réconfort frappant de savoir qu'à la suite d'une longue journée au bloc ou de tourments d'une enquête, un lit et un corps chaud les attendaient une fois de retour chez eux.

97 jours... Et John Watson pouvait se souvenir de la première nuit comme si c'était hier.

Le cerveau de Sherlock bouillonnait. Malgré tous ses efforts, il ne pouvait pas le faire taire et surtout, il n'arrivait pas à lui faire saisir le concept de sommeil. Ce problème le poursuivait depuis longtemps et il n'avait jamais su comment le régler sans faire usage de drogues. A présent qu'il était clean, il ne savait plus comment gérer son esprit qui ne cessait de s'emballer, hurlant sans cesse à son intention, de concert avec lui. Il ne savait pas comment faire taire toutes ces petites voix qui l'interpellaient, qui se disputaient. A chaque fois qu'il fermait les yeux, elles retentissaient alors, criant toutes en même temps.

Sherlock se tourna sur le dos, les yeux grands ouverts. Son lit était froid, comme toujours, peu importe le temps qu'il y passait. Il laissa échapper un grognement sonore puis s'assit. John. John était médecin, il pouvait certainement faire quelque chose pour lui. Sherlock récupéra donc sa robe de chambre bleue et monta les escaliers d'un pas lourd. Une fois devant la porte de son colocataire, il resta un instant immobile avant de frapper trois coups sonores contre le battant.

John émergea de sous ses couvertures, grondant doucement alors qu'il enregistrait enfin le bruit provenant de sa porte. Sherlock.

« Fais chier... » jura-t-il à voix basse, se redressant sur ses coudes et jetant un regard vitreux à son réveil. Il était plus de trois heures du matin. Poussant un soupir, John s'arracha à ses draps, serrant le bord de son matelas. Il y a intérêt à ce que ce ne soit pas pour une enquête... Ses pieds nus entrèrent en contact avec parquet alors qu'il se traînait jusqu'à sa porte pour l'ouvrir en grand.

« Sherlock ? » John leva un sourcil étonné. Sherlock se tenait devant lui, sa robe de chambre pendant lamentablement sur ses épaules, vêtu d'un vieux tee-shirt et d'un pantalon de pyjama. Les boucles brunes en bataille, ses yeux brillaient étrangement. Ses pommettes étaient également colorées d'une teinte écarlate inhabituelle. Le médecin en John fut tout de suite alerté alors qu'il s'écartait pour inviter son ami à entrer.

« Viens. Qu'est ce qui ne va pas ? Tu ne te sens pas bien ? » Il l'observa avec attention pendant que Sherlock pénétrait à tâtons dans sa chambre. John résista à l'envie subite de poser sa main sur son front pour vérifier sa température.

Sherlock se tordit les mains pendant quelques secondes. Il pouvait sentir John se retenir de l'étouffer en agissant comme une mère poule. Il plissa le nez et fronça un peu les sourcils avant de s'approcher du lit de John, enfonçant ses mains dans les poches de sa robe de chambre.

« Je ne peux pas dormir », Sherlock plongea ses yeux dans ceux de John et déglutit. « J'ai besoin que tu me donnes quelques chose. Tu es un médecin, tu peux me faire une ordonnance, me prescrire des somnifères. J'ai besoin de dormir. »

John écarquilla les yeux, son front se plissant alors qu'il haussait les sourcils.

« Tu ne peux pas dormir ? » demanda-t-il, s'approchant afin d'examiner le visage long et pâle de Sherlock « Depuis combien de temps ? »

Le détective passa ses mains dans ses cheveux dans un geste de frustration.

« Combien de temps ? Des mois ! Je ne parviens pas à dormir, John. J'ai besoin de quelque chose pour m'y aider. » Tremblant de la tête aux pieds, il commença à faire les cent pas dans la chambre, incapable de s'arrêter. « Je ne sais pas comment me stopper sans mes... sans ça. » La mâchoire de Sherlock se contracta et il cessa un instant son manège pour fixer à nouveau John. « Tu dois me donner quelque chose. »

John se contenta de l'observer.

« Des mois, tu dis ? » Il eut un air renfrogné puis désigna son lit d'un signe de tête. « Assieds toi. »

Sherlock obéit avec une réticence évidente et John se dressa devant lui. Il se pencha ensuite sur le détective afin d'étudier au plus près ses yeux couleur argent brillant, qui reflétaient le clair de lune qui s'infiltrait au travers des volets de sa chambre. Sherlock eut un mouvement de recul lorsque les doigts du médecin soulevèrent ses paupières. Agacé, John se redressa et croisa ses bras sur sa poitrine.

« Sherlock... Pourquoi tu n'es pas venu me voir avant ? »

Sherlock ne put éluder un petit sourire dédaigneux. Pourquoi en effet ? Admettre que lui, Sherlock Holmes, avait des problèmes de sommeil ?

« Je n'y faisais pas vraiment attention », mentit-il, baissant les yeux sur l'épais tapis qui entourait le lit. Il se rendit compte que le matelas était bien plus ferme que le sien. Mais il n'était pas surpris. Le médecin avait sûrement pris l'habitude de dormir sur des surfaces dures en Afghanistan.

John soupira. Il se détourna de la haute silhouette de son ami et commença à faire les cent pas, envisageant les différentes options. Il possédait évidemment des médicaments qu'il pouvait donner à Sherlock... ils étaient même dans son bureau, dans un coin de la chambre. Ils étaient soigneusement rangés dans une petite pochette plastique, souvenirs de ces nuits d'insomnie, lorsqu'il vivait encore seul dans ce vieil appartement vide, petit, horrible... avant Sherlock. Ses yeux se posèrent sur le fameux tiroir qui renfermait les somnifères et ses mains se crispèrent. Son instinct lui hurlait de se diriger vers son bureau pour y récupérer deux thorazine et les donner à son ami, qui avait grandement besoin d'une bonne nuit de sommeil afin de reposer les rouages de son exceptionnel cerveau. Mais une autre partie de lui chuchota une solution alternative. Il fronça les sourcils et tourna lentement des talons pour refaire face à Sherlock.

« Non. »

Les yeux du détective passèrent de John au tiroir de son bureau.

« Non... » Ses lèvres se pincèrent et il laissa échapper un petit soupir. « Non. » Il se frotta les yeux. « John... Comment suis-je supposé dormir alors ? »

Il n'avait pas réussi à s'assoupir plus de quelques heures depuis que lui et John avaient emménagés ensemble. Cela commençait à sérieusement peser sur sa santé mentale. Il devenait de plus en plus agressif, de plus en plus agité. Il se releva d'un bond et s'approcha de John, ses mains tirant frénétiquement sur ses boucles brunes.

« Je. Ne. Peux. Pas. Dormir. » Sherlock frappa du pied exactement dix fois, dévisageant John avec intensité, titubant presque. Il secoua ensuite sa tête et commença à marmonner, dépassant le médecin et fixant la porte, les mains tremblantes. Peut-être un livre, ou alors la télé. Bon Dieu, encore une autre nuit à s'abrutir devant cette satanée télé.

John tourna les talons, suivant le détective élancé, avant de le saisir par le coude, le forçant à lui faire de nouveau face.

« Sherlock, ce n'est pas bon pour toi. Je ne peux pas... te donner des somnifères pour te forcer à dormir. Tu en deviendrais accro, c'est ce que tu fais toujours. C'est en toi, et je refuse de te priver d'un sommeil naturel. Allez, je sais que tu peux dormir, il te suffit juste d'arrêter de cogiter sans arrêt. »

Il sourit en signe d'encouragement, son pouce caressant doucement la robe de chambre en satin qui pendait des fines épaules de Sherlock. « Est-ce que tu as au moins essayé de...je ne sais pas... vider ton esprit ? »

Sherlock laissa échapper un soupir méprisant. « Vider mon esprit ? Oh, John, je t'envie tellement. Arrêter de penser. Cela doit être si agréable d'être toi, d'être capable de faire taire ton cerveau, de ne pas penser. » Essayer ? Bien sûr ! Sherlock avait littéralement tout tenté, mais rien n'avait fonctionné. Rien. Et il allait continuer à passer ses nuits à contempler le plafond, regarder la télé, les yeux fixés sur des romans aussi ennuyeux que la pluie, incapable de dormir. « Ce n'est pas si facile », grogna-t-il, un profond désespoir emplissant ses poumons.

John pinça les lèvres. Il ne faisait plus attention aux insultes de Sherlock, il avait bien trop l'habitude pour les relever à présent, mais la frustration qui transparaissait de son visage l'inquiétait. La frustration menait à l'irritabilité, qui menait immanquablement à une liste d'ennuis aussi longue que le bras. Son ami était venu lui demander de l'aide et John ne comptait pas le décevoir. D'une manière ou d'une autre, il trouverait une solution. Serrant toujours son coude entre ses doigts, John tira Sherlock hors de sa chambre, ignorant le fait qu'il était uniquement vêtu d'un boxer et d'un tee-shirt et qu'il était pied nu.

« Viens par là, je vais te préparer une bonne tasse de thé avec du lait et tu dormiras bientôt comme un bébé. »

Sherlock renifla dédaigneusement.

« Je doute que du thé pourra régler le problème », rétorqua-t-il faiblement, presque tenté de rester planter là et d'exiger que John le relâche. Mais il n'en fit rien. En réalité, Sherlock avouait apprécier la chaleur qui émanait de la main petite mais puissante de son ami. L'étreinte de ses doigts sur son bras était étrangement réconfortante. Il était une véritable énigme. Sherlock se sentait toujours apaisé lorsqu'il était à ses côtés. John était, par manque de meilleure métaphore, son refuge. Le détective n'avait jamais aimé la sécurité avant sa rencontre avec le médecin. En réalité, Sherlock n'avait tout simplement jamais connu de refuge avant lui.

« Le thé peut tout arranger », marmonna John, lui souriant au cœur des ténèbres de la cage d'escalier. Il descendit les marches, entraînant son colocataire derrière lui. Mais au lieu de se diriger vers le salon et leurs deux fauteuils douillets, John attira Sherlock jusque dans sa chambre, ouvrant la porte en grand. Il jeta un œil aux alentours, ses yeux s'habituant à l'obscurité. Les lieux étaient méticuleusement propres... Sherlock était donc dans une bonne phase... mais son lit était en désordre, les draps consciencieusement froissés et éparpillés dans tous les sens. Secouant la tête, John relâcha le coude de Sherlock puis s'approcha du lit, un sourire moqueur croquant son visage.

« Sherlock, depuis combien de temps n'as-tu pas changé tes draps ? »

Ils étaient tâchés de diverses expériences chimiques et sentaient le renfermé. Sherlock fronça les sourcils. En y réfléchissant, il réalisait que cela faisait un bon moment qu'il ne s'en était pas occupé.

« Je n'utilise que très rarement mon lit, je n'y vois donc aucune utilité », railla-t-il avec une once de rancœur, fixant son matelas comme si le fait qu'il ne puisse pas dormir était entièrement sa faute.

John poussa un profond soupir. « Où ranges-tu tes draps propres ? »

Sherlock pointa de son long doigt le placard à leur droite. Il ne comprenait toujours pas ce qu'ils faisaient tous deux dans sa chambre. Qu'est ce que John mijotait ?

Le médecin se dirigea vers le placard et l'ouvrit.

« MERDE ! »

Il eut un mouvement de recul, une main devant son visage. Les étagères étaient pleines à craquer d'équipements scientifiques, dont plusieurs bocaux de formol contenant des choses proprement immondes. Chiffonnés dans un coin, les draps de Sherlock étaient roulés en boule. John jura dans sa barbe, se détournant vivement du placard.

« Mais bordel Sherlock... comment peux-tu ranger des trucs pareils avec ton linge de maison ? »

Dissimulant un sourire face à la réaction plutôt comique de John, Sherlock le rejoignit devant le placard, s'arrêtant juste derrière lui pour détailler le contenu des étagères, une expression pensive passant sur son visage fatigué.

« C'est une expérience. Je n'avais aucun autre endroit où la mettre », expliqua-t-il comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.

Sherlock savait très bien que John aurait été furieux s'il avait trouvé cette dernière expérience dans la cuisine. Car c'était bien entendu dans le frigo que le détective avait tout d'abord pensé conserver son travail.

« Une expérience ». John claqua les portes du placard et secoua la tête, se grattant la nuque. Il était tellement fatigué. « C'est juste... attends-moi ici. » John tourna les talons et remonta à l'étage en courant, marmonnant quelques paroles inaudibles. Il fut bientôt de retour avec une pile de draps propres dans les bras.

« Voilà », déclara-t-il, les déposant contre la poitrine de son ami. « Ôte-moi ces horreurs et refais ton lit avec ceux là pendant que je vais faire chauffer de l'eau. »

John n'attendit pas la réponse de Sherlock avant de sortir de la chambre, grognant à nouveau à propos de satanés expériences cachées dans le placard à linge.

Sherlock garda les draps contre sa poitrine pendant un long moment, jetant un regard à la porte pour être certain que John était bien parti avant d'enfouir son nez dans l'amas d'étoffe, respirant à plein poumon cette odeur réconfortante qui n'appartenait qu'à John Watson. Il enlaça étroitement les draps avant de les déposer délicatement sur sa table de nuit. Ensuite, Sherlock arracha presque le vieux linge de lit dégoûtant de son matelas avant de le jeter contre le mur opposé avec énergie. Puis, avec une grande minutie frisant la maniaquerie, Sherlock fit son lit. Il s'arrêta un instant, sa main caressant le coton blanc. Quelque chose à propos de ce geste réchauffait une partie peu utilisée de sa poitrine. Ils n'avaient rien à voir avec ses anciens draps, ceux-ci étaient aimés. Bien sûr, ce sont ceux de John... Sherlock sourit avec tendresse tout en secouant la tête.

Dans la cuisine, John attendit patiemment que l'eau bout. Il fouilla les placards jusqu'à ce qu'il retrouve le dernier sachet de thé à la camomille. Puis, il versa le liquide fumant dans une tasse. A cet instant, il ressentit une brusque bouffée d'affection envers son impossible colocataire. Il pouvait entendre Sherlock dans sa chambre grâce aux bruits de froissement de draps et ses lèvres s'arquèrent en un sourire. Il pouvait être un tel enfant parfois. Après avoir déposé la tasse sur une soucoupe, John décida d'ajouter un biscuit à son petit chargement puis chemina avec précaution jusqu'à la chambre de Sherlock. Lorsqu'il passa le pas de la porte, il se stoppa. Le détective l'attendait, assit au pied de son lit fraîchement refait, apparemment rempli d'espoir et fier de lui. John se racla la gorge. Sherlock attendait clairement une sorte d'éloge de la part de son fidèle compagnon.

« C'est... c'est très bien Sherlock. Vraiment bien. » John lui sourit, recevant une petite moue soulagée en retour. Il déposa la soucoupe sur la table de nuit et désigna le lit d'un geste de la main. « Viens, ôte-moi donc cette robe de chambre que je te borde. »

Le cœur de Sherlock fit un bond et il ne put s'empêcher de se sentir étrangement euphorique à la vue du visage souriant de John. Mais soudain, il réalisa ce qu'il venait de dire et fronça les sourcils.

« Me border... », répéta-t-il, dubitatif. Sherlock n'avait jamais été ''bordé'' auparavant, pas à son souvenir du moins et il était capable de se remémorer chaque instant de sa vie.

Il fit malgré tout le tour de son lit pour s'y glisser, accordant une confiance aveugle en son ami. Les draps étaient tellement chauds lorsqu'ils se renfermèrent autour de lui, l'odeur de John Watson le submergeant de toutes parts. Sherlock se faufila jusqu'à un côté de son lit, s'allongeant confortablement alors que le médecin patientait, restant debout. Le détective leva alors son regard vers lui et cligna des yeux, se demandant ce qu'il allait faire à présent.

« Tiens. »

John lui tendit la tasse, riant intérieurement face aux grandes prunelles écarquillées de curiosité de Sherlock. Parfois, c'était comme s'il expérimentait ce qu'était la vraie vie pour la première fois. John avait été témoin à d'innombrables occasions des ''premières fois'' de Sherlock... sa première crème glacée... sa première émission de télé réalité... sa première bataille de nourriture, ce qui n'avait pas été très bien reçu par Mme Hudson...

John inclina la tête alors que Sherlock saisissait la soucoupe, ses longs doigts entourant la tasse de thé et il réalisa soudain...

« Oui, te border », répéta-t-il, souriant lorsque son ami leva un sourcil. « Tu sais... ta mère ne t'as jamais bordé, ou lu d'histoire pour t'endormir ? »

Sherlock resta silencieux pendant un long moment, se contentant de fixer John avec étonnement. Est-ce ainsi que les mères se conduisaient ? Lisaient-elles des histoires ? Bordaient-elles leurs enfants?

« J'ai su lire très tôt, je n'avais pas besoin qu'elle le fasse pour moi. »

La mère de Sherlock n'avait jamais été particulièrement aimante... c'était Mycroft qui avait tenté de la remplacer et ce fait agaçait profondément le détective. Il fronça les sourcils.

John secoua la tête, un sourire triste reposant sur ses lèvres avant qu'il ne souffle :

« C'est... c'est vraiment dommage, crois moi. »

Il croisa ses bras sur sa poitrine, observant Sherlock boire son thé et grignoter son biscuit, ses grands yeux clairs pensifs. John frissonna.

« Bon, je suppose que je vais remonter. Tu as des draps propres et une bonne tasse de thé... reste allongé Sherlock et, si tu DOIS penser, tente d'imaginer quelque chose d'apaisant. Comme une plage. Une plage calme et sereine sans aucune trace d'un quelconque cadavre. Ferme les yeux et on se verra demain matin. »

Il se tourna pour partir. Sherlock se mordit la lèvre inférieure, son cœur battant déjà la chamade avant même qu'il n'ouvre la bouche.

« John », appela-t-il doucement, rougissant légèrement lorsque son ami jeta un regard interloqué à son visage fatigué. « Voudrais-tu... euh... rester encore un petit peu ? Je pense que... » Il déglutit, reprenant contenance, «... je m'endormirais bien plus vite si tu me parlais. » Sherlock fixait intensément ses propres doigts à présent, comme s'ils étaient la chose la plus fascinante de l'univers.

Est-ce qu'il vient vraiment de me demander de rester ? John jeta un regard à son colocataire qui, assit dans son lit, rougissait de plus en plus, les yeux toujours baissés, ses doigts tremblants légèrement autour de sa tasse. Il sentit sa gorge se serrer. Il veut que je le borde, réalisa John. Il ne lui fallut pas plus de deux secondes pour être de retour dans la chambre de Sherlock, ses genoux pressés contre le rebord du matelas. Il inclina sa tête en direction de son ami, lui demandant tacitement de lui laisser un peu de place.

Sherlock réprima un sourire alors qu'il se tortillait sur le côté. Il but une autre gorgée de thé puis se redressa, se sentant réellement chez lui et en sécurité pour la première fois depuis trop longtemps.

John fut soudain péniblement conscient de la façon dont il était... dévêtu. Ses joues rosirent alors qu'il s'installait sur le lit, prenant soin de rester au dessus des couvertures. Il saisit un oreiller et s'assit plus confortablement.

« Bien », déclara-t-il avec un petit rire, son épaule frôlant celle de Sherlock. « Veux-tu que je te raconte une histoire, Sherlock ? »

Le détective acquiesça d'un signe de tête, incapable de parler. Un étrange sentiment se développait dans sa poitrine, un pincement inhabituel. Il l'avait déjà ressenti auparavant, mais n'y avait jamais prêté attention, pensant que cela était dû à quelque chose qu'il avait mangé. Mais à présent il ne savait plus trop. Sherlock replongea son nez dans sa tasse, attendant que John commence.

« Tu ne serais pas... », fit remarquer le détective, puis il décida qu'il valait mieux ne pas finir sa phrase.

Mais John voulait savoir. Il avait ouvert la bouche, mais il la referma pour se tourner vers son ami.

« Quoi ? »

Sherlock se redressa un petit peu, incapable de regarder John. Pour une raison qui lui échappait, il était ardemment conscient du fait que son ami ne portait qu'un boxer et un tee-shirt.

« Tu ne serais pas plus à l'aise sous les couvertures ? » Demanda-t-il, réalisant trop tard qu'il aurait mieux fait de se taire.

John sentit une singulière chaleur empreindre son visage et sa nuque. Il se tordait les doigts, mal à l'aise. Peut-être que le fait qu'il soit si peu vêtu était inconfortable pour Sherlock. Il était, après tout, un homme très pudique. De son côté, c'était plutôt l'idée de se retrouver sous une montagne de couvertures pour câliner son meilleur ami qui le dérangeait, surtout habillé comme il l'était. John cligna plusieurs fois des yeux, fixant toujours le profil de Sherlock qui se trouvait à quelques centimètres de lui.

« Oui, je suppose », marmonna le docteur, et avec un soupir résigné, il se glissa sous les draps. Ils étaient incroyablement doux et chauds contre sa peau nue. Leur appartement était plutôt mal chauffé et John se félicita d'avoir apporté ses couvertures en flanelle. Il se blottit dans cette chaleur pendant quelques secondes avant de lever les yeux vers Sherlock. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Ses yeux argentés étaient plongés dans les siens et son visage était beaucoup trop proche.

Le cœur de Sherlock battait jusque dans ses tempes. Il pouvait sentir la chaleur enivrante qui émanait du corps puissant de John et lui en était reconnaissant. Le détective se pencha et posa la tasse de thé sur le sol à côté de son lit. Sans dire un mot, il s'installa sous les couvertures, ses yeux fixés sur John, attendant qu'il parle.

John le regardait également, quelque chose enserrant sa poitrine. Sherlock paraissait si... parfaitement innocent, si adorable, si jeune. Le médecin ne désirait qu'une chose : voir ses immenses yeux se fermer au son de sa voix. Il tendit sa main dans la semi obscurité et saisit les draps pour les remonter jusqu'au menton de Sherlock, le bordant littéralement.

« Je ne connais aucune bonne histoire, Sherlock... mais je suppose que je pourrais te raconter quelques unes de mes aventures en Afghanistan. J'ai vécu des trucs pas trop mal là-bas. »

« Ce serait... parfait ». Sherlock se sentait déjà plus détendu. John avait toujours eu cet effet sur le détective, c'était un sentiment étrange, mais Sherlock en était heureux. « J'aimerais beaucoup que tu me parle de l'Afghanistan. Je n'y suis jamais allé. »

« Vraiment ? »

John sourit tendrement, sa main posée tout prêt du visage de Sherlock. Retenant sa respiration, il fit quelque chose qu'il avait toujours eu envie d'essayer : laisser ses doigts se perdre entre ses épaisses boucles brunes et brillantes, voyager parmi elles, finir leur escapade au sommet de son crâne. John fut profondément surpris par le plaisir qui traversa tout son corps au contact de la douceur des cheveux du détective. Il en ferma les yeux. Sherlock ne repoussa pas sa main, John continua donc à parler, ignorant le léger tremblement de sa voix.

« C'était... en fait il faisait très chaud. Et sec. Mais ce pays possède une sorte de beauté brute, avec ses paysages sauvages et ciselés. » Il ne put s'empêcher de remarquer la métaphore qui couvait sous cette description... il aurait très bien put parler de Sherlock. « Il n'est pas apprécié à sa juste valeur. Je pense. Beaucoup de mes compagnons détestaient ce pays, mais pas moi. Il m'est juste apparu comme une magnifique contrée oubliée. Maltraitée par son peuple, marquée à vie, un peu brisée... mais infiniment belle. »

Sherlock eut un sourire ensommeillé, appuyant sa tête contre la main de John qui caressait ses boucles sans même s'en rendre compte.

« On dirait... » toi, était ce que Sherlock voulut dire, mais il changea d'avis. « Ça semble être un très bel endroit ». Ses paupières cillèrent et le sommeil commença à l'envelopper alors que la voix de John continuait à le bercer. A moitié endormi, Sherlock s'approcha doucement de John. Se tournant sur le côté, le détective posa sa main contre le ventre ferme de son ami. Il laissa échapper un soupir de contentement, s'abandonnant totalement au sommeil, se sentant parfaitement en sécurité.

John continua à parler, chuchotant dans l'obscurité pendant de longues minutes. Il n'osa pas bouger ne serait-ce qu'un cheveu lorsque la main de Sherlock se posa au bas de sa poitrine et il se retrouva à bout de souffle quand la tête du détective s'enfonça plus profondément dans son oreiller, son front venant se presser contre sa hanche. La respiration de Sherlock devint plus profonde, régulière et enfin, John trouva le courage de jeter un œil à son colocataire. Il dormait.

Son visage anguleux était paisible, calme, un petit sourire flottait au coin de ses lèvres. Il commença à ronfler légèrement et John déglutit difficilement. Il se demanda pendant un instant s'il devait se détacher de la main de Sherlock et remonter dans sa chambre pour finir sa nuit... mais un seul regard au visage détendu de son ami lui fit changer d'avis. Non, il ne ferait rien, absolument rien qui puisse déranger le sommeil du détective. John soupira et s'adossa contre l'oreiller, fermant les yeux et s'endormant presque immédiatement.

Sherlock se sentait si bien, au chaud, parfaitement serein. Il ne s'était jamais senti aussi détendu. Doucement, il ouvrit les yeux et son cœur rata plusieurs battements lorsqu'il réalisa que sa tête reposait sur l'épaule de John. Il pouvait deviner la respiration du médecin qui élevait et abaissait sa poitrine sous la main de Sherlock. Un des ses bras était enroulé autour des épaules du détective. C'était... unique. Jamais il n'avait éprouvé un tel sentiment de sa vie. C'était la première fois qu'il se réveillait aux côtés de quelqu'un, surtout dans cette position. Il resta allongé ici pendant de longues minutes, se demandant s'il devait se lever ou rester là, emmitouflé dans la chaleur de John. La décision fut vite prise lorsque ses yeux se refermèrent d'eux même. Il était 9h42 du matin. Sherlock était parvenu à passer une véritable nuit de sommeil... cela faisait si longtemps...

La première chose dont John eut conscience fut le soleil. Il lui arrivait directement dans les yeux, le faisant grimacer contre ces rayons brûlants qui l'éblouissaient même à travers ses paupières closes. Son corps lui parut... étrange. Il avait chaud et s'enfonçait dans le matelas. John voulut bouger mais semblait clouer sur place. Il se demanda alors vaguement s'il avait été boire un coup de trop au pub la veille au soir et s'il se réveillait à présent dans le lit étranger, une femme inconnue pressée contre lui... Cela ne lui était pas arrivé depuis des années. Mais alors qu'il obligeait ses membres à bouger, son odorat fut alors envahi par une odeur des plus agréable, familière, réconfortante. Elle était sans aucune hésitation masculine, propre et... John voulut se redresser et s'asseoir, puis grogna. Merde. Il ne pouvait pas bouger. Sherlock était littéralement étalé sur lui, ses longues jambes inextricablement emmêlées avec les siennes, sa tête lourdement posées sur son épaule et... pour l'amour du ciel..., son propre bras était étroitement passé autour de Sherlock, le tenant serré contre lui. John rougit jusqu'à la racine des cheveux. Mâchonnant sa lèvre inférieure, il jeta un regard alarmé aux alentours en essayant de trouver un moyen de s'extirper de ce lit sans réveiller Sherlock. Mais ses yeux tombèrent sur le réveil.

« Putain de merde ! »

Les yeux de Sherlock s'ouvrirent alors qu'il se redressait brusquement, attendant... et bien, quelque chose, mais tout ce qu'il reçu fut la vision de John qui sautait hors du lit, jurant à haute voix et sortant de sa chambre en courant. Le détective jeta un œil à l'horloge et leva un sourcil, comprenant soudain. Il était presque midi et John était en retard au travail de... quatre petites heures. Sherlock étouffa un éclat de rire. Il se sentait si bien reposé... c'était excellent.

John dévala les escaliers comme si le diable était à ses trousses, poussant des exclamations furieuses toutes les dix secondes. Maudit Sherlock ! Maudit soit-il, lui et son thé, ses histoires, son insomnie, ses satanés yeux à se damner, ses mains trop grandes et ses lèvres boudeuses ! Il passa la porte de leur appartement sept minutes plus tard, courant le long de la rue et hélant un taxi.

Ils ne firent aucune mention de 'l'incident' au moment au dîner, ni pendant leur soirée télé. John était assis et faisait semblant de surfer sur son blog depuis une bonne heure alors que Sherlock s'occupait d'une nouvelle expérience dans la cuisine. Le ciel soit loué, cette dernière avait l'air plus ragoutante que celle trouvée la veille dans son placard... Suite à une rapide visite chez Mme Hudson, John se dirigea vers les escaliers. Il était fatigué et avait mal partout à cause de son étrange position de sommeil de la nuit passée. Il jeta un œil à Sherlock, toujours profondément focalisé sur son travail. Le médecin se détourna donc, montant la première marche qui menait à sa chambre.

Sherlock, de son côté, était entrain de débattre avec lui-même pour savoir s'il devait ou non demander à John de dormir avec lui à nouveau. Il avouait avoir beaucoup apprécié cela, pour être honnête, la nuit dernière avait représenté l'expérience la plus agréable de sa vie. Il entendit John marcher en direction des escaliers et ses mains se crispèrent. Sherlock leva ses yeux sur le dos tourné de John.

« John », dit-il d'une voix calme, notant la façon dont son ami se stoppa, sur la défensive. « Voudrais-tu... », Sherlock se racla la gorge, ses pommettes rougissantes, « me border ? »

John se figea à l'instant même où le détective prononça son nom, mais lorsqu'il entendit la suite, tout l'air contenu dans ses poumons sembla alors le quitter d'un coup. Ces mots, venant de cette bouche, étaient des plus improbables. John fit donc lentement volte face, puis observa son colocataire qui était accoudé à la table à manger, les yeux baissés sur une fiole en verre. Le médecin ouvrit et ferma sa bouche à plusieurs reprises, tel un poisson hors de l'eau. Enfin, il rentra dans la cuisine et se pencha vers Sherlock par dessus la table.

« J'ai mal entendu. Que viens-tu de dire ? »

Le détective agita sa fiole à remplie à 17% d'une solution d'acide boriqué.

« Je... enfin... j'avoue que cela fonctionne bien mieux que les somnifères. C'est aussi plus simple... donc je me demandais... », il se racla à nouveau la gorge, sauf que cette fois, sa voix tremblait légèrement de nervosité, « si tu voulais bien me border à nouveau. » Il marmonna cette dernière phrase, conscient que son visage, sa nuque et ses oreilles avaient pris une jolie teinte écarlate. Il agissait comme un enfant, il le savait bien.

Oh, c'était trop bon. John se redressa, le menton fièrement dressé, méditant en silence. Il pouvait saisir cette occasion pour se moquer de Sherlock, lui rendre un peu la monnaie de sa pièce pour tout ce qu'il avait pu lui faire subir. C'était parfait, cela n'avait pas de prix, c'était... Les yeux de Sherlock plongèrent alors dans les siens et le cœur de John s'emballa. C'était Sherlock, qui avait encore une fois besoin de son aide. Confiance. Il n'existait pas une preuve de confiance qui surpassait celle que son cher ami lui vouait en s'abaissant à lui demander cela. De s'endormir aux côtés de quelqu'un impliquait un niveau d'intimité et de foi que John avait rarement connu auparavant. En tout cas, il était certain qu'il n'avait encore jamais éprouvé cela en compagnie d'un homme... quelqu'un qu'il aimait. La joie moqueuse de John se dissipa et il se sentit fondre sous ce regard étincelant. Il abaissa son menton.

« D'accord », acquiesça-t-il, ne pouvant plus regarder Sherlock en face à présent. Il se tourna vers les escaliers. « Je... je vais chercher mon oreiller dans ma chambre. Je me dépêche. » Cette fois-ci, il comptait bien passer la nuit allongé et non plus à moitié avachi contre Sherlock.

Le détective ne put s'empêcher d'élever ses poings en signe de victoire une fois que John eut disparu. Il se retint par contre de pousser un petit cri de joie. A la place, il sauta au bas de son tabouret pour marcher joyeusement jusqu'à sa chambre. C'était un sentiment très agréable de savoir qu'il pourrait profiter d'une si douce source de chaleur dans son lit, surtout lorsqu'il savait qu'il s'agirait de John. Il n'était plus seul. Sherlock n'aimait pas la solitude. Il se déshabilla rapidement et revêtit son pyjama avant de courir dans la salle de bain pour se brosser vigoureusement les dents pendant de longues minutes et passer aux toilettes. Puis, il se passa un peu d'eau sur le visage, se sécha et monta dans son lit. John passerait la nuit à ses côtés. Sherlock sourit.

Lorsque le médecin apparut sur le pas de la porte, il était cette fois enveloppé d'un long jogging et d'un tee-shirt. John resta figé un moment, abasourdi. Sherlock était déjà dans son lit, prêt pour la nuit, assis avec ses longues jambes ramenées contre sa poitrine, sous les couvertures. Il le fixait avec intensité. John pouffa.

« Fatigué ? » Demanda-t-il en le rejoignant. Il se glissa sous les draps, soupirant de plaisir en ressentant la chaleur provenant du corps élancé de Sherlock l'envelopper. John plaça son oreiller dernière sa nuque puis hésita un instant avant de s'allonger totalement, sa tête aux cheveux couleur sable venant reposer à quelques centimètres de celle de Sherlock, qui s'était également installé sur le dos.

« Pas encore », répondit joyeusement le détective, appréciant de sentir le poids du corps de John sur le matelas. « Mais je suis sûr que je le serais bien assez tôt. »

Sherlock se tourna sur le côté, plaçant sa tête dans le creux de son coude tout en regardant le médecin, attendant qu'il reprenne son histoire où il l'avait laissé la veille.

« L'Afghanistan... tu me parlais de la fois où tu avais trouvé un parterre de fleur et faillit te faire tuer par une vieille femme pour avoir dérangé ses plantes sacrées », lui rappela Sherlock, se tortillant pour trouver une position plus confortable.

John éclata de rire, rejetant sa tête en arrière, se demandant comment il avait bien pu finir par se retrouver dans le lit de Sherlock... encore..., à moitié étouffé de rire, respirant l'odeur du shampoing de son ami à plein nez. Il se racla la gorge, lui jetant un regard du coin de l'œil.

« Oui, c'est vrai. Mais ce n'est pas le premier sacrilège que j'ai commis et je suis certain que ce ne sera pas le dernier. »

Les mains de John se crispèrent sur la couverture. Il pouvait sentir la chaleur provenant de la poitrine et des cuisses de Sherlock. Il avait également une conscience accrue de la proximité des fins mollets du détective contre ses doigts de pieds.

Sherlock eut un petit rire. « La vie serait trop triste si on devait sans arrêt se méfier d'où on met les pieds. » Il dut se retenir pour ne pas trop s'approcher de John. Le détective se sentait un peu troublé par le fait qu'il désirait le toucher plus que tout, être étroitement serré contre lui, passer un bras autour de son corps, sentir l'étreinte de John. Ce sentiment ne lui était pas familier. Ses lèvres se pincèrent alors qu'il remontait les draps jusqu'en haut de ses épaules, prenant soin qu'il en soit de même pour le médecin. Ils étaient à présents couverts des pieds au menton. Sans jeter un regard au visage de John, il replaça sa main sous les couvertures, quelque peu embarrassé.

Le médecin resta allongé sans bouger pendant que Sherlock le ''bordait''. Il respira le plus calmement possible, profondément, puis tourna la tête pour dévisager ce profil si bien sculpté, à quelques centimètres du sien. Il cligna des yeux à deux reprises. Sherlock ne le regardait pas, les yeux baissés sur les couvertures. John sortit donc sa main de sous les draps et doucement, très doucement, il l'approcha puis la passa entre ses boucles brunes. Il sentit le détective se figer, puis se détendre presque immédiatement sous ses caresses.

« Est-ce que je t'ai déjà parlé de la fois où j'ai failli me faire attaquer par une chauve-souris du désert ? » chuchota-t-il, attendant que ses yeux argent rencontrent les siens.

Sherlock secoua la tête et lui jeta un regard furtif. Sa respiration se stoppa à l'instant même où il découvrit le visage de John. Le médecin le dévisageait avec une intensité qu'il n'avait jamais encore vue dans ses beaux yeux bleus. Sa voix basse envoya des frissons le long de la colonne vertébrale de Sherlock.

« Non », souffla-t-il, incapable de détacher son regard de celui de John.

« Ferme tes yeux, Sherlock. »

C'était un ordre ferme mais doux et John avait deux raisons pour l'avoir prononcé. Tout d'abord, le but de toute cette histoire absurde était d'endormir Sherlock. Deuxièmement... John s'était retrouvé incapable de plonger dans ses yeux une seconde de plus. Depuis l'instant même où ils s'étaient plantés dans les siens, ses entrailles s'étaient alors transformées en glace. Il devait détourner le regard. Sherlock lui obéit cependant, et John rapporta son attention sur son si beau visage.

« Et bien... tout a commencé lorsque nous avons trouvé cette fissure dans la roche et que certain d'entre nous ont eu la bonne idée de s'y glisser... »

Sa voix était calme et douce dans la pénombre et John Watson parla jusque tard dans la nuit, jusqu'à ce que ses paupières devinrent lourdes, jusqu'à ce que Sherlock s'endorme à ses côtés, son corps recroquevillé contre le sien une fois de plus. Puis, un bras musclé se tendit pour se glisser sous des épaules saillantes et une tête brune vint reposer contre la même poitrine que la veille. John dormit, son nez profondément enfoui dans les boucles échevelées de son colocataire.

Les semaines s'étaient transformées en mois et bientôt, Sherlock n'eut même plus à demander. John se glissait automatiquement dans son lit nuit après nuit.

En réalité, le détective commençait à attendre le soir avec impatience. C'était un tel soulagement de savoir qu'il n'était plus seul, qu'il s'endormirait au son paisible de la voix de John. Cela faisait 97 jours que Sherlock avait demandé l'aide de John, et 59 que le détective avait réalisé qu'il manquait quelque chose à ces nuits. Mais cela ne faisait que 23 jours que Sherlock avait compris de quoi il s'agissait. 23 jours, depuis que le grand détective avait réalisé qu'il était amoureux de John Watson. Et il ne savait pas du tout comment le lui faire comprendre.

De son côté, John avait cessé de refouler les attraits que possédaient le lit de Sherlock dès la troisième nuit. Il lutta contre son trouble pendant les 48 premières heures, ne sachant comment expliquer qu'il soit si simple de s'y endormir chaque nuit, ou qu'il soit si incroyablement satisfaisant de se réveiller à trois heures du matin pour courir aux toilettes et d'avoir à se démêler des longs membres possessifs de Sherlock. Ou encore pourquoi il était parfaitement confortable de se réveiller chaque matin, de secouer son compagnon pour l'éveiller, de se frotter les yeux et de bailler au rythme des faibles ronflements de Sherlock. Après 48 heures John se contenta de hausser les épaules et d'accepter si sec l'extrême intimité de leur amitié. Ce n'était en rien menaçant... c'était simplement... Sherlock. Et le médecin avait vite appris que lorsqu'il s'agissait du détective, toutes les expériences d'une vie n'auraient jamais pu le préparer à ce qu'il vivait quotidiennement en compagnie de cet homme. Ainsi, John dormait de son plein gré dans le lit de Sherlock toutes les nuits. Il en était en réalité plutôt content, même s'il se retrouvait parfois avec la cuisse de son colocataire pressée contre la sienne, ou avec une longue main glissée sous son tee-shirt, effleurant son ventre, cela lui convenait. Même lorsqu'il se réveillait, excité et à bout de souffle, à cause d'un rêve où il folâtrait avec un corps sans visage ni nom, John Watson restait. Il n'était qu'un humain après tout...

Sherlock était entrain de devenir fou, il en était certain. Durant toutes ces semaines, il avait essayé de dissimuler ses sentiments pour John. Mais il n'était pas sûr de savoir comment gérer les émotions qui le submergeaient. Il n'avait pas encore réalisé à quel point il était amoureux de cet homme totalement hétérosexuel lorsqu'ils avaient commencé à dormir ensemble. A présent, il devait faire des efforts surhumains pour ne pas saisir John et l'étouffer de baisers à chaque fois qu'il ouvrait la bouche. Dès qu'ils se retrouvaient seuls, Sherlock devait s'abstenir de passer ses bras autour de la taille de John, de pelotonner son visage contre ses cheveux juste pour pouvoir sentir le parfum de son shampoing. Lorsqu'il se réveillait au milieu de la nuit, des brumes d'un rêve trop réaliste où il faisait subir d'impensables délices à John, Sherlock devait s'asseoir pendant de longues minutes afin de réguler les battements erratiques de son cœur. Quelque fois, il se penchait sur le médecin et posait un léger baiser sur sa joue. Dernièrement, le détective s'était surpris par sa propre audace lorsqu'il avait osé passer un doigt sur ses lèvres tentatrices. Sherlock avait tenté de concocter un plan qui lui permettrait d'avouer ses sentiments à John, sans pour autant gâcher leur amitié si son amour était mal reçu.

Il était plongé dans ce type de pensée ce vendredi soir là, roulé en boule sur le canapé, tournant le dos au monde entier alors que John vaquait dans la cuisine. Le médecin aussi agissait différemment depuis quelques temps. Sherlock ne savait pas pourquoi et il avait peur que son ami n'ai deviné ses sentiments. Après tout, John était bien meilleur que lui lorsqu'il s'agissait des affaires de cœur et maintenant il était inquiet.

« Où est ce que... où, mais où... ah ! » marmonnait John, trouvant enfin ce qu'il cherchait dans le congélateur avant de déposer l'assiette d'aliments gelés sur le plan de travail avec satisfaction.

« Sherlock », appela-t-il, frottant ses mains contre ses cuisses afin de les réchauffer. Il entra dans le salon, venant se placer derrière son fauteuil. « Je t'ai sorti ton dîner, tu n'as plus que le réchauffer d'accord ? Je rentrerais tard alors... ne m'attends pas. »

Sa poitrine se serra quelque peu lorsqu'il vit les yeux de Sherlock le considérer avec une once de panique. John lui accorda un sourire rassurant.

« Tu t'en sortiras très bien. Va juste te coucher comme d'habitude. Si je rentre ce soir, je... », il toussa, « viendrais te rejoindre. » Il était si étrange de s'entendre prononcer cette phrase.

Sherlock regarda John se mettre sur son 31 puis quitter leur appartement.

Il ravala son désarroi et se redressa, faisant le tour des pièces jusqu'à pas d'heures. Il se retrouva alors dans la chambre de John. Le détective n'y entrait que rarement, uniquement s'il avait besoin de quelque chose et que son colocataire n'était pas là. Il détailla les lieux et sourit face à au mobilier plutôt spartiate. C'était tellement... John. Sherlock resta là, fermant les yeux et se plongeant dans son palais mental, enregistrant chaque détail de la chambre de John. Le bureau en bois sombre, le confortable tapis vert et marron qui entourait son lit au matelas ferme, jusqu'à la table de chevet en chêne et le placard qui reposait contre le mur à l'opposé... tout ce qui représentait John. Comment Sherlock allait-il un jour pouvoir dire à ce satané médecin à quel point il avait besoin de lui? Il n'en avait pas la moindre idée. Le détective avait brièvement considéré l'idée de le faire basculer sur son lit pour lui arracher ses vêtements. Cela était une pensée plutôt intéressante, mais pas un excellent plan. Sherlock ne bougea pas pendant un petit moment, avant d'attraper l'oreiller de John. Ce dernier sentait comme lui, bien plus que celui qu'il gardait dans sa chambre. Puis, il descendit les escaliers. Il n'avait pas du tout envie de dîner, il n'avait même pas faim. Il se dirigea donc directement vers son lit où il se blottit dans les draps de John, levant l'oreiller pour y enfouir son visage. Ce n'était pas aussi bon que d'avoir le vrai médecin à ses côtés, mais il s'en contenterait.

Il était deux heures du matin. John jeta un œil à son portable au moment où le taxi le déposait devant le 221. Il soupira. Pas de textos de la part de Sherlock. Cela n'était pas normal. Son meilleur ami avait pris l'habitude de lui envoyer un flot incessant de messages lorsqu'il avait un rendez-vous. Il s'était souvent demandé si son ami le faisait exprès, pour se rendre indispensable. Mais ce soir, rien. Ce soir, Sherlock s'était montré étonnement silencieux, ne lui souhaitant même pas une bonne soirée lorsqu'il était parti. John paya le chauffeur et monta les escaliers, faisant attention d'éviter la marche grinçante qui réveillait toujours Mme Hudson. Il tourna la clef dans la serrure et entra, prenant une profonde inspiration. L'odeur familière de leur appartement, de Sherlock, emplie alors ses poumons. Maison. John soupira, s'adossant contre la porte et fermant les yeux. Qu'est ce qu'il était en train de faire ? Son front se plissa et il se laissa glisser jusqu'à ce qu'il soit accroupi. Il ne devrait pas être ici. Il avait eu un rencard ce soir, avec une magnifique jeune femme. Elle devait avoir une bonne dizaine d'années de moins que lui et était, selon lui, totalement hors de sa portée. Elle était grande, mince, possédait une poitrine généreuse et une longue chevelure cuivrée. Ses yeux étaient d'une jolie teinte verte, sa peau était parfaite, ses jambes longues et... elle l'avait invité à monter dans son appartement. Pour un dernier verre. Et John savait très bien ce que le rose sur ses joues et le tremblement de sa voix sous entendait. Il aurait pu finir la nuit entre ses bras. Il aurait pu lui faire l'amour. Pour d'inexplicables raisons, elle avait envie de lui. Mais putain de merde, au lieu de suivre sa mini jupe jusque dans son lit, John s'était entendu prononcé ces mots. Et il ne pouvait pas se l'expliquer. Non merci... il est tard... je vais rentrer... la prochaine fois peut-être... John se tapa la tête contre le mur. La prochaine fois. Aux vues de son expression alors qu'il rentrait dans le taxi lui, il avait eu vite fait comprendre qu'il n'y aurait pas de prochaine fois. Il se frotta les yeux et se leva, titubant. Il était fatigué. Et Sherlock l'attendait. John laissa tomber sa veste sur le sofa, ôta ses chaussures et se dirigea vers la chambre de son colocataire, abandonnant ses vêtements en chemin. Pas de pyjama ce soir, il était trop épuisé.

Sherlock rêvait et c'était étrange. John était là, presque totalement nu cette fois-ci, uniquement vêtu de son boxer, ce qui changeait de l'embêtante couche de vêtement qu'il portait habituellement, même en songe. Le médecin se glissait dans le lit à ses côtés, le serrant dans ses bras, lui soufflant de l'embrasser, que l'odeur de son rencard n'arrivait pas à la cheville de celle de Sherlock, qu'il était le seul et l'unique. Le détective sourit dans son sommeil, ne sachant pas que le véritable John venait en effet de le rejoindre sous les draps, à moitié nu et donc qu'il passait réellement ses bras autour de sa poitrine, enfouissant son nez dans sa nuque, soupirant doucement. Mais ce fut à cet instant que Sherlock réalisa que quelque chose clochait. Ce fut à cet instant qu'il ouvrit les yeux, plein de confusion, et vit John, en chair et en os, à quelques millimètres de son visage. Ce fut à cet instant qu'il vit l'expression choquée, presque horrifiée qui était peinte sur les traits du médecin. Il était très tard et Sherlock était toujours un peu embrouillé d'être si soudainement passé du rêve à la réalité.

Le corps du détective était si délicieusement chaud sous les draps. John laissa échapper un grognement de satisfaction alors qu'il s'enfonçait dans le lit, en boxer, déjà à moitié abruti de sommeil. Il donna un petit coup de coude à son ami, l'intimant à se décaler afin de lui laisser un peu plus de place. Cela sembla fonctionner car Sherlock roula sur le côté, soupirant doucement. John pouffa et se couvrit. Il s'installa sur le dos, heureux de se retrouver entre ses draps propres, un corps chaud pressé contre le sien et à cette pensée, il réalisa que... c'était vraiment très agréable. D'avoir quelqu'un avec qui dormir, quelqu'un qui vous acceptait tel que vous étiez, quelqu'un qui, quoi qu'il arrive, serait là la nuit prochaine, et la nuit d'après et toutes les autres qui viendront. Il se demandait pourquoi les gens ne pensaient pas plus souvent à cette alternative, ne l'envisageait même pas. C'était pourtant parfait.

La tête de John s'enfonça dans son oreiller et il leva les yeux vers Sherlock avec un sourire. Son contentement augmenta d'autant plus qu'il se rendit compte que le détective, son brillant mais arrogant sociopathe de compagnon... serrait son oreiller contre lui. Son oreiller. Venant de sa chambre. John rit en silence, tendant sa main pour caresser de son doigt la pommette de Sherlock. Satané idiot. Il avait du monter dans sa chambre pour le lui dérober. John secoua sa tête, une profonde tendresse irradiant de son regard. Satané idiot. Il se détourna, bâilla et ferma les yeux, un bras reposant au dessus de sa tête. Il était quasiment endormi, voyageant entre le sommeil et l'éveil, quand Sherlock gémit, gigota, puis John sentit le poids d'un long bras étreindre sa poitrine. Le médecin fronça les sourcils, grognant, et tourna la tête pour vérifier. Le détective se pelotonnait contre lui et John haleta lorsque son nez aquilin s'enfouit dans le creux de sa nuque, juste sous son oreille. Il était tout froid, mais les doigts de Sherlock étaient doux et chauds contre son ventre alors qu'ils glissaient sur ses muscles. John eut soudain la gorge sèche.

« Sherlock... »

Deux yeux gris s'ouvrirent alors. John resta totalement immobile alors que son ami levait son menton pour rencontrer ses yeux, sa bouche ouverte en grand, ses lèvres tremblantes.

Sherlock avait l'impression d'être un lapin pris dans les phares d'une voiture.

« John... » La réalité le frappa de plein fouet. Merde. Il avait failli embrasser la nuque du véritable John Watson sans même s'en rendre compte. « Le vrai John », souffla Sherlock, s'arrachant à son ami pour reculer, ramenant ses genoux jusqu'à son menton pour ensuite y cacher son visage en feu.

« Merde, merde, merde, merde, merdemerdemderde. Le vrai John. Putain. Idiot. Idiot, idiot, idiot », marmonna-t-il pour lui-même, ne se rendant pas compte qu'il parlait à voix haute et non pas uniquement dans sa tête. « Ce n'était pas comme ça que c'était supposé... peut-être qu'il est trop saoul pour... meeeerrrrdddde », jura à nouveau Sherlock, espérant que John allait simplement faire comme si de rien n'était, qu'il ne lui ferait aucune remarque, qu'il... oublierait.

John cligna rapidement des yeux alors qu'il regardait Sherlock se renfermer et se maudire, répétant les mêmes mots, susurrant entre ses genoux. Le médecin dut faire un effort pour comprendre quoi que ce soit.

« Sherlock ? » Il était parfaitement éveillé à présent et il se redressa sur ses coudes. « Sherlock, est-ce que ça va ? ». John fronça les sourcils lorsqu'il ne répondit pas et puis soudain... « Oh ! » John rougit, une vague de lave parcourant son corps de sa nuque à ses extrémités. Il détourna les yeux, embarrassé pour son ami, pour son inculture émotionnel, sa pure logique, car Sherlock était évidemment frustré... sexuellement. Sa raclant la gorge, il écarquilla les yeux et regarda partout dans la chambre, le placard, la fenêtre, le plafond, tout sauf Sherlock.

« Ah, » commença-t-il, son esprit tentant vainement de trouver les mots justes pour alléger l'humiliation de son ami. « Euh, Sherlock. Mmhh... » John se racla à nouveau la gorge et sourit du mieux qu'il put dans l'obscurité, tendant son bras pour tapoter l'épaule de Sherlock. « Écoute, ce n'est rien, cela arrive à tout le monde. Ne soit pas... je veux dire... je t'en fais pas d'accord ? C'est normal. Tout va bien. » Il se mordit la lèvre inférieure alors que Sherlock fixait toujours ses genoux. John jeta un œil vers la porte.

« Euh... si tu veux, je peux... tu sais, » il fit un signe de la main pour désigner sa chambre, juste au dessus d'eux. « Je peux monter, te laisser... » Il toussa, ne voulant vraiment pas utiliser le mot ''masturber'' en lien avec Sherlock Holmes.

Sherlock tressaillit lorsqu'il sentit la main de John contre son épaule, il ne put s'en empêcher.

« ... cela arrive à tout le monde... » répéta-t-il amèrement. « ... peux monter... ». A ce stade, le détective laissa échapper un rire désespéré.

« Cela ne changera rien. Maintenant tu sais tout. Ce n'est pas comme ça que je voulais te le dire, je n'avais pas imaginé que cela se passerait de la sorte. En réalité, je ne savais pas vraiment comment... c'est juste que... je ne pensais pas que tu l'apprendrais de cette manière et je... », Sherlock leva la tête au milieu de son monologue incohérent et s'arrêta lorsqu'il découvrit le visage confus de John.

« Ohhh, tu n'avais pas compris... PUTAIN DE BORDEL. » Sherlock était sidéré, il promit de ne plus jamais parler de sa vie. John n'avait pas une seconde imaginé que cette étreinte était intentionnelle, ni qu'il était le principal responsable de sa frustration. Et voilà que Sherlock venait de tout lui avouer. Tout son sang sembla quitter son visage et une douleur lancinante serra ses entrailles. A présent, John savait... Sherlock était certain que son ami ne pourrait pas l'accepter, surtout sachant qu'il recevait de très fréquentes propositions de la part de jeunes femmes bien plus belles que ce pitoyable Sherlock Holmes. Il n'avait rien à lui offrir sinon le moins attrayant des organes : son cerveau. Le détective ferma donc la bouche et saisit les couvertures pour les passer vivement au-dessus de sa tête, alors qu'il se recroquevillait sur lui-même, serrant ses genoux contre sa poitrine, jurant en silence.

John s'assit et ne bougea pas pendant d'interminables secondes, fixant la forme tremblante du corps de Sherlock sous les draps. Son visage était figé alors qu'il essayait d'assimiler ce qui venait de se produire de façon méthodique. Pour la centième fois, il aurait aimé posséder ne serait-ce qu'une once de l'intelligence de cet esprit magnifique qui se cachait derrière le crâne de Sherlock. Parce que le détective pouvait tout comprendre, tout deviner d'une personne en quelques secondes alors que lui, John, ne comprenait rien. Toujours immobile, il resta fasciné par le rythme de la respiration de Sherlock sous l'amas de couvertures. Sherlock. Ses sourcils se froncèrent. Le vrai John... c'était ce qu'il avait dit. Lui faire comprendre... lui apprendre de cette manière... mais de quoi parlait-il ? John soupira, trop épuisé pour saisir quoi que ce soit aux inepties de Sherlock. La seule chose dont il était certain, c'était que son ami était bouleversé et qu'il devait le réconforter. Et c'est ce qu'il fit.

« Sherlock ? »

Il plaça une main chaleureuse sur la bosse de son dos, sentant les os saillants de sa colonne vertébrale sous le fin coton. C'était étrange et ses doigts tremblèrent.

« Sherlock, est-ce que ça va ? Tu peux me parler, je suis ton ami. »

« Va-t-en, John », gémit douloureusement Sherlock, tentant de repousser la main du médecin. « Je sais que tu ne veux plus continuer notre arrangement maintenant que tu connais mes sentiments pour toi. » Il resta là pendant un moment, attendant le départ de John, mais il ne bougea pas et Sherlock fronça les sourcils. Que se passait-il ? Il sortit sa tête de sous les couvertures avec prudence. Qu'attendait John ?

Oh. Oh. Mon. Dieu. John fixait le mur, bouche bée, ses yeux dans le vague. Ses sentiments. Les sentiments de Sherlock. Sa respiration se fit rapide, haletante et il déglutit avec difficulté. Sherlock avait des sentiments pour lui... Nom de Dieu. Le rêve. Il avait rêvé de lui. C'était lui qui... le vrai John, oh putain, il a dit ''le vrai John'' lors de son réveil, parce qu'il a réalisé qu'il le touchait vraiment lui et non une extension imaginaire de ma personne. C'était lui qu'il touchait dans ses rêves. Merde. Oh putain de bordel de merde. Sherlock rêvait de faire l'amour avec lui.

Sherlock Holmes avait des sentiments pour John Watson.

John faisait de l'hyperventilation à présent. Il se força à reprendre contenance, à se calmer, à respirer par le nez, à cligner des yeux et à arrêter de planter ses ongles dans le matelas. Il parvint enfin à tourner ses yeux en direction de son colocataire et sentit une déchirure de culpabilité. Sherlock le dévisageait inlassablement, une profonde agonie gravée sur son visage pâle. Les lèvres de John se pincèrent. Il tremblait des pieds à la tête et pendant un instant, il prit le temps de porter le deuil. Car la simplicité de leur amitié était perdue, ainsi que leur trois mois de sommeil doux, pur, immaculé. Et pour finir, il fit le deuil de l'innocence de Sherlock. Parce que lorsque le détective se roula à nouveau en boule, John ferma les yeux et il sut. Il sut ce qu'il devait faire.


La suite très bientôt!

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