Le mot du mois
Novembre 2010 - Attraction
Le plus bel imbécile de la terre
Appi
Bella S. x Edward C.
T. Romance
CHAPITRE 1: JE T'AIME
-De quoi voulais-tu me parler, Swan? me lança-t-il,en montrant clairement son impatience par un froncement de sourcil agacé.
Bien-sur, il avait d'autres choses à faire. Des dizaines de filles mille fois plus belles que moi l'attendaient juste derrière cette porte, et elles avaient si chaud dans leurs robes de soirée moulantes qu'elles n'attendaient que lui pour les leur enlever. Qui étais-je pour faire perdre du temps à Edward Cullen?
-Non, rien, vas-y, je te fais perdre ton temps, répondis-je vaguement.
Il ne tint pas rigueur de mon conseil, et resta planté devant moi. La ride entre ses sourcils s'accentua, lui donnant un air passablement énervé. Et diablement craquant.
-Tu m'as déjà fais perdre mon temps en m'interrompant au milieu de mon slow avec Jessica, en me prenant par le bras devant tout le monde, et en m'entrainant sans explications dans cette... chambre?
-Oh, ça, c'est... je crois bien que c'est une chambre d'amis, d'ailleurs le papier-peint n'est pas très joli, m'évadais-je, on dirait un peu de la... peau d'éléphant, mais c'est peut-être à cause de la lumière, tu vois, dans l'obscurité, en général, les couleurs changent, et même les textures parfois, enfin c'est très personnel hein, je voudrais pas dire que -
-Quitte à me faire perdre du temps, tu ne pourrais pas me le faire perdre efficacement? s'irrita mon interlocuteur.
Il avait abandonné les sourcils fâchés pour tapoter nerveusement avec ses doigts sur son bras. Des doigts de pianiste, longs et fins, aux ongles brillants et...
-C'est vrai, pardon, j'avais oublié que tu dansais avec Jessica, alors ça serait dommage que je te retienne plus longtemps pas vrai? ironisai-je, avec un regard dédaigneux.
-Elle au moins, a pris connaissance du concept d'une «robe de soirée», répliqua-t-il.
Comment ça? Qu'est-ce qu'il manquait à mon T-Shirt Marillion? J'avais même mis mon plus beau jean! Même si c'était la dernière chose à dire à Edward Cullen, à condition que je ne veuille m'enfoncer encore plus...
-C'est juste que... tentai-je, mais ma phrase resta en suspens, bloquée dans ma gorge.
Et voilà, je sentais déjà la sueur le long de mon dos, mon ventre se resserrer, le rouge monter à mes joues. Heureusement qu'on était dans la pénombre, m'encourageai-je mentalement, sans beaucoup d'effet.
-Quoi, Swan? aboya-t-il.
Il pensait peut-être me décourager en me parlant sur ce ton. Ironie du sort, plus il était méchant avec moi, plus j'avais tendance à lui montrer mes faiblesses, comme si je désirais qu'il m'attaque. Et ce que je m'apprêtais à lui dire était une faiblesse grosse comme la lune.
-Je... je crois bien que... que je...
Encore un froncement de sourcil. Était-ce une lueur de curiosité dans ses prunelles émeraudes? Non, ça devait être l'obscurité. La seule chose qui pouvait luir dans ses yeux en ma présence, c'était le dégoût et la pitié. Quoique, même pas la pitié. Juste du dégoût.
-Je t'aime, dis-je simplement.
Ma voix avait était plus ferme que je ne le pensais. Le ton de sa réponse aussi.
-Je sais.
Je sentis quelque chose se briser en moi. La pièce me sembla tout à coup froide, très froide.
-Ce n'est pas vraiment une réponse très aimable, réussis-je tout de même à rétorquer.
La dernière syllabe partit dans les aigus, à cause de ma gorge étranglée. Je m'efforçais de ne penser qu'à l'étrange glapissement que j'avais émis, et d'ignorer la boule, lourde et dure, qui se formait dans mon ventre.
-Je sais, répéta-t-il bêtement sur le même ton.
Oui, il était bête. Edward Cullen était bête. C'était même un sacré crétin. Et moi, je venais d'exposer mon cœur au crétin le plus prétentieux de l'univers, et je m'étonnais qu'il n'ai pas hésité à le fusiller. Au moins, c'était un crétin prétentieux qui visait bien: il m'avait touché en plein dans le mille. Jamais il n'aurai pu me faire plus mal.
-Je ne te supportes pas, Isabella, murmura-t-il avec froideur.
J'abandonnais mon combat, et la douleur irradia mon corps tout entier.
-Et tu me hais.
Là, il n'avait pas tort. En fait, ça sonnait comme une évidence. Il ne me supportait pas, je le haïssais, point. Fin de l'histoire, on tourne la page, on remballe, et on n'en parle plus.
Alors pourquoi, au nom du Ciel, j'avais aussi mal?
-Tu es mon antipode. Petite, banale, isolée, naïve. Et tu as un goût vestimentaire déplorable, ajouta-t-il avec un sourire.
Pourquoi s'amusait-il (parce que oui, il jubilait) à me détruire ainsi? Comment un être aussi hautain et cruel pouvait-il même exister? Et surtout, comment un être aussi hautain et cruel pouvait-il avoir un sourire aussi angélique?
-Et tu es là, en face de moi, à déclarer ta flamme avec un romantisme mièvre auquel je suis, de nature, insensible.
Cela ne pouvait pas être pire. Non, une situation plus humiliante ne pouvait pas exister. D'ailleurs, il fallait que cela cesse d'exister, sinon j'exploserai. La douleur me paralysais maintenant, et mon cœur se resserra par spasmes désespérés. Des milliers de poignards transperçaient la moindre parcelle de mon corps. Je comprenais maintenant comment on pouvait mourir de tristesse.
-Nous sommes des pôles opposés, Isabella. Je me demande même comment on en est arrivé à se parler un jour.
Très bonne question, je me le demandais également. Comment j'avais pû le laisser prendre le pouvoir sur moi? C'était probablement la première chose intelligente qu'il avait dite depuis le début.
Ou peut-être pas. Peut-être qu'il avait raison sur toute la ligne. Peut-être que j'étais tout simplement petite, banale, isolée, naïve, moche et bête. Peut-être que je ne méritais pas de vivre sur cette planète, et que chaque gramme de dioxygène que je respirais était gaspillé. Peut-être que -
Sa délicieuse haleine interrompit mes pensées. Son visage s'était considérablement rapproché, et je n'avais même pas été en mesure de le remarquer. Je comprenais à présent comment on pouvait être aveuglé par la douleur.
-Et sais-tu ce que font deux aimants opposés?
Je vacillais. J'avais à peine assez de force pour chercher un sous-entendu derrière cette phrase. Est-ce qu'il voulait dire que... Mais à quoi je pensais? Il fallait que je me ressaisisse. Ou que je saute d'un pont. Cette dernière option me paraissait plutôt alléchante.
-Allons, Swan, ria-t-il.
Alors comme ça, on était revenu sur Swan? remarqua une petite voix dans ma tête. Dommage, j'aimais bien mon prénom dans sa bouche. Hmm, pardon, où est le pont le plus proche?
-Je sais que tu le sais, pourquit-il avec son sourire ravageur. Tu es si forte d'habitude en physique, toujours prête à répondre aux colles.
Il était sincèrement en train de me faire un compliment là? Non, impensable. Toutes ses remarques étaient des gerbes d'acide qu'il m'envoyait en plein visage. J'avais l'impression de me décomposer, alors que mon cœur eut un énième raté.
-Deux aimants opposés s'attirent, Isabella. Irrésistiblement.
Une partie de moi déclencha l'alarme de survie: «Attention, il s'agit d'un autre stratagème de ce diable parfait pour mieux t'annihiler et t'écraser, tu sais bien qu'il adore ça, ne tombe pas à nouveau dans un de ses pièges, ou tu n'en sortira pas vivante cette fois». L'autre partie s'efforçait précipitamment de ramasser tous les petits bouts de Bella pour que mon cœur puisse battre à tout rompre, alors qu'il plongea ses yeux dans les miens. Le tout formait un mélange assez pathétique.
-Nous sommes faits l'un pour l'autre, Isabella Swan.
Et ses lèvres s'écrasèrent sur les miennes.
Soudain, ça m'étais égal comment il m'appellait, ou même comment je m'appellais. Ça m'était égal qu'il me brise le coeur, qu'il me le brise des centaines, des milliers de fois. Tout m'étais égal. La seule chose qui comptait, c'était ses lèvres sur les miennes.
Elles étaient douces, comme son regard posé sur mon visage. Elles étaient légères et, contre toute attente, tendres comme une carresse. Elles étaient la baume de mon coeur. La seule chose qui pouvait me sauver d'Edward Cullen, était Edward Cullen.
Il voulu prendre mes mains, mais je les avaient déjà accrochées à son cou. Il eut un faible sourire, et plaqua les siennes sur mon dos, me serrant contre lui. La boule dans mon ventre se volatilisa, pour donner naissance à de mutilples frissons qui parcoururent tout mon corps. Dans ses bras, il était facile d'oublier la souffrance. Quelle souffrance?
Je sentis la bouche d'Edward devenir plus pressante, alors qu'il m'enlaçait avec passion. Lentement, il me souleva et me porta jusqu'au lit derrière nous, sur lequel il me posa délicatement, sans interrompre notre baiser. Nos regards se croisèrent, s'accrochèrent, se fouillèrent. Je sentais qu'il cherchait quelque chose, une sorte de permission, un accord. Il glissa doucement sa main sous mon T-shirt dont j'avais tant eu honte quelques minutes auparavant, tout comme j'avais détesté tant d'autres choses quelques minutes qu'Edward Cullen ne me laisse entrer dans son monde.
Je m'étais toujours imaginé ce moment avec pudeur et réserve, et surtout dans un futur aussi lointain que trouble. Jamais je n'aurais pensé que ça se passerait dans une chambre d'amis pendant une fête de lycéens, avec un gars comme Edward Cullen. Et pourtant, mon esprit, mon coeur, mon corps et le sien étaient en parfaite symbiose. C'était la première fois que j'éprouvais autant de haine, autant de fiereté, autant d'audace et autant d'amour en même temps. C'était la première fois tout court.
Il me contemplait avec patience. Oui, il me contemplait. Il ne me regardait pas comme un vulgaire objet, comme une Jessica avec qui il dansait un soir. Il me regardait comme il n'avait peut-être jamais regardé une fille. J'aurais dû ressentir une certaine fierté, et elle était sûremernt présente en moi, mais je ressenti surtout un très grand soulagement.
Je hôchai la tête, et le laissai entrer dans mon monde à mon tour, bien plus loin que n'importe qui auparavant.
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Je caressais ses cheveux aux reflets mystérieusement roux, et lorsque j'effleurais ses tempes du bout des doigts, il ferma les yeux en frissonnant. Je ne pouvais pas m'imaginer de visage plus parfait que le sien, et je fus saisis par une terrible envie de l'embrasser. Depuis notre premier baiser, nos bouches ne s'étaient plus séparées pendant plus de quelques secondes, et ses lèvres me manquaient déjà. Je penchais doucement la tête, savourant chaque trait de son visage au fur et à mesure que j'en approchais, et posais mes lèvres sur la commissure des siennes.
Il ouvrit les yeux et jeta un regard effaré autour de lui.
-Bienvenue sur Terre, souris-je.
Mais il ne riait pas, et s'empressa de se lever.
-Ça va? m'inquiétai-je.
Il ne prit même pas la peine de me répondre. Qu'est-ce qu'il avait d'un coup?
-Hé, qu'est-ce que tu fais? m'exclamai-je quand il entreprit d'enfiler son jean.
La semi-pénombre lui donnait un air sombre et inquiétant quand il me répondit:
-Je me rhabille, ça se voit pas?
-T'es toujours d'aussi bonne humeur au réveil?
Je le défiai du regard, en espérant que ce n'était qu'un jeu. Mais quelque chose me disait de rester sur mes gardes. Je me détendis un peu lorsqu'il s'assit à côté de moi avec un soupir.
-Écoutes, je veux pas être méchant, on a passé un bon moment, on va pas se mettre en rogne maintenant, mais je dois y aller, ok? dit-il.
-Dans tes rêves, marmonnai-je.
Quelle idiote j'étais! Je croyais vraiment le connaître, le comprendre? Je pensais vraiment qu'Edward Cullen pouvait être intéressé par moi?
Je me levais dans un élan de rage, sans vraiment savoir contre qui j'étais le plus énervée: contre moi d'être tombée dans les filets d'un imbécile pareil, ou contre cet imbécile en question.
-Bella, ne te met pas à...
-Ne m'appelles pas comme ça!
Ma réponse fusa sans que j'y prenne garde, et il parût déconcerté. Quoi, il pensait être le seul au monde à avoir le droit de hausser le ton?
-Qu'est-ce que tu imaginais, ma vieille? me rétorqua-t-il méchamment, Que le monde était comme dans tes bouquins? Qu'il existe un prince charmant qui sera toujours doux et gentil avec toi? Tu vois pas que le monde ne marche pas ainsi? Tu n'as pas pigé comment je fonctionne, comment fonctionne le reste de la planète?
Chacune de ses phrases me frappa telle une gifle glacée. La souffrance du début de la soirée se réveilla sans crier gare, d'autant plus vive qu'elle avait quitté mon cœur pendant un instant, durant lequel j'avais cru qu'elle ne reviendrai jamais. Je haletai.
-Tu pensais quoi? poursuivit-il, impitoyable, que j'étais différent de Jessica?
Mon bourreau se tut un instant. Je ne savais pas ce qui était le plus douloureux: entendre ses phrases assassines, ou voir son visage rester froid et distant. Peut-être que le plus douloureux était de sentir que mon cœur ne battait toujours que pour lui.
-Je pensais que moi, j'étais différente de Jessica, marmonnai-je, brusquement très fatiguée.
-Et maintenant? s'emporta-t-il. Tu es en colère contre moi parce que tu pensais être supérieure?
-Je t'ai avoué mes sentiments, et tu en as abusé, répondis-je, plus à moi-même qu'à lui.
Je venais de comprendre la situation. Tout s'imbriquait. Il jouait un jeu depuis qu'il avait entrevu jusqu'à où j'irai pour lui. Quelques phrases, un petit surnom, cela avait été facile. C'était probablement la manière dont il opérait toujours. Peut-être même que j'étais sa victime la plus docile. Peut-être même que j'avais été plus facile à convaincre que Jessica, pensais-je avec horreur.
-Tu croyais vraiment que je les partageais? Tu es en train de me reprocher tes propres illusions enfantines?
Cette fois, il s'était levé. Il n'avait enfilé que son pantalon, et la faible lumière semblait jouer avec son torse. Chaque angle, chaque muscle était parfait. Sa beauté me brisait littéralement le cœur.
-Je crois que j'ai compris, Edward, tu peux arrêter.
Prononcer son nom sans que ma voix tremble me coûta une incroyable quantité d'énergie.
-Je peux m'en aller sans que tu viennes pleurnicher à mes pieds alors?
Ses prunelles ne laissaient transparaître que cruauté et dédain. Ses traits, sous la colère, étaient tendus et sévères. Tout son visage luisait de fierté, et d'une beauté indéfinissable.
-Aucun risque, soufflai-je, et à peine sa silhouette sans défaut disparue de l'embrasure de la porte, mon corps s'affaissa sur le lit.
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Je ne me souvenais plus comment j'avais quitté la fête sans attirer l'attention, ni comment j'étais rentrée chez moi et avais atterrit sur mon lit. J'étais juste allongée, sur le dos, et je contemplais les fissures sur le plafond. Une araignée s'enfuyait vers le coin du mur, mais je n'eus pas la force de frissonner. Il me restait à peine assez de force pour garder les yeux ouverts, et à l'instant où cette pensée me traversa l'esprit, je dû les fermer.
Tu n'as pas pigé comment je fonctionne?
Sais-tu ce que font deux aimants opposés?
Tu croyais que j'étais différent?
Deux aimants opposés s'attirent, Isabella.
Tu croyais vraiment que je les partageais?
Irrésistiblement.
Les larmes coulaient à flot sur mes joues. Je les sentais se frayer un chemin le long de mon visage, couler dans mon cou, mouiller mes cheveux. La douleur dans ma poitrine contractait tout mon corps, je suffoquais.
Petite, banale, isolée, naïve.
Qu'est-ce que tu imaginais?
Que le monde était comme dans tes bouquins?
Qu'il existe un prince charmant qui sera toujours doux et gentil avec toi?
La souffrance s'écoulait de mon corps, pour revenir encore plus forte. Des vagues de chagrin m'envahissaient sans fin. Je me souvenais avoir demander à ma mère, quand j'étais petite, si les flots de la mer s'arrêtaient un jour. Elle m'avait dit que non.
Nous sommes faits l'un pour l'autre, Isabella Swan.
Je peux m'en aller sans que tu viennes pleurnicher à mes pieds alors?
Quoi, Swan?
Je sais.
Si seulement il savait! Est-ce qu'il s'amuserait maintenant, à me voir pleureur, gémir, crier? C'était vraiment son but? Il avait fait tout cela pour me faire souffrir? Ou il n'y accordait simplement aucune importance?
Pourquoi je pensais encore à lui? Pourquoi il était partout, dans chacune de mes pensées, dans chaque fibre de mon être, dans chaque battement de mon cœur?
Pourquoi il ne pouvait pas disparaître à jamais?
Pourquoi je ne pouvais pas disparaître à jamais?
Pfiou, jamais écrit d'OS aussi long! Et encore, comme vous pouvez peut-être le deviner, j'ai une suite dans la tête ^^ Je l'écrirai que si vous aimez, pas question de polluer les pixels :)
Bonne journée et bonne lecture avec le mot du mois! *petite musique de galerie marchande*
A pluche!
Appi
