Voici la Version corrigée de ma fiction

Merci à Aneso -49 avoir corrigé ce chapitre

Chapitre 1

Assis sur l'herbe, ses jambes croisées étendues devant lui, Ron triait son courrier. C'était un rituel auquel il se pliait avec joie, chaque jour, en compagnie de sa fille, lorsque sa boutique était fermée. À force d'avoir côtoyé Hermione, Ron avait pris goût aux livres, plus précisément aux livres d'enfants. Il venait d'ouvrir une librairie non loin de la rue principale donnant sur le chemin de Traverse et il écrivait aussi quelques livres qui commençaient à avoir du succès. Hermione était partie en Australie pour faire des recherches sur les langues anciennes et Harry avait repris le cours de défense contre les forces du mal à Poudlard. Il était le seul enseignant à y rester plus d'un an.

Ron contemplait une lettre qu'il ne se décidait pas à ouvrir. Lors d'une de ses rendez-vous chez le médecin, celui-ci avait étonné de constater que sa fille était dotée du groupe sanguin B. Or, Ron et son ex-femme avaient un groupe sanguin de type O et donc, normalement, ils ne pouvaient en aucun cas concevoir un enfant doté d'un groupe sanguin de type B.

Lorsque son ex-épouse avait su que Shelly n'était pas sa fille, elle avait profité de l'occasion qui lui était offerte, et s'était enfuie avec son amant. Elle refusait d'avoir un enfant. Elle avait conçu Shelly pour faire plaisir à Ron. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle ne voulait plus avoir des nouvelles de Shelly, ni savoir où pouvait être son enfant biologique. Elle avait signé tous les documents de renonciation à ses droits parentaux, et elle avait disparut, sans même dire au revoir à Shelly.

Ron avait quand même demandé un nouvel examen. Peut-être le labo avait fait une erreur. Ron s'apprêtait à ouvrir la lettre lorsque des cris de sa fille, accourant vers elle au galop, suspendirent son geste.

-Papa ! Papa !, créait Shelly. Regarde ce que j'ai trouvé…

Dans le creux de sa main reposait une pierre en forme de crossant de lune.

Aussi ravi de l'émerveillement de Shelly que de sa trouvaille, Ron lui sourit et la serra tendrement contre lui.

-Elle est magnifique ! s'exclama-t-il. On peut dire que tu as de bons yeux.

-Je la donnerai à maman la prochaine fois qu'elle viendra, annonça la petite fille d'un air grave. Tu peux la garder pour moi, en attendant ?

-Bien sûr…

Tant bien que mal, Ron était parvenu à masquer son désarroi. Comment aurait-il pu expliquer à une fillette de quatre ans et demi que sa maman ne la considérait plus comme sa file et ne désirait plus la voir ?

Sans attendre, Shelly fourra sa main dans la poche de son père et y déposa son trésor.

Avec tendresse mêlée d'appréhension, Ron laissa son regard s'attarder quelques instants sur sa fille. Certes, les cheveux de Shelly étaient blond alors que les siens étaient roux et ceux de son ex-femme était brune foncée. Certes, elle avait les yeux gris, alors que ceux de sa mère étaient noisettes et les siens étaient bleus. Mais qui avait décrété que les enfants devaient en tout point ressembler à leurs parents ? Shelly pouvait avoir hérité ses yeux gris et sa chevelure d'une arrière-grand-mère depuis longtemps oubliée…

Ron était émerveillé par ce petit être qui avait déjà le sens du beau, la curiosité et le respect instinctif de tout ce qui vit. Mais il lui arrivait aussi d'être dérouté par une petite personne aussi indépendante et autonome. Parfois, il avait la curieuse sensation que Shelly était née ainsi, entière, finie.

Machinalement, les yeux de Ron revinrent se poser sur la lettre. Il décida à en finir, Ron déchira l'enveloppe et il n'eut pas à le parcourir longtemps pour qu'une grosse lettre noire lui saute à la figure. Une simple lettre, mais lourde de conséquences : la lettre B. aussitôt la feuille lui échappa des mains et il n'y eut pour lui que le bruit de son pouls battant. Impossible…, se dit Ron.

D'une manière ou d'une autre, il avait dû se produire une erreur à la maternité. Le bébé que l'infirmière étaient venue déposer dans ses bras n'était pas celui qu'il avait vu grandir dans le ventre de son ex-femme. Quelques parts, il y avait une fillette avec ses yeux et les cheveux de son ex.

-Papa ?

Cachant sa détresse, Ron parvint à redresser la tête et à sourire à Shelly qui l'observait anxieusement.

-Oui, ma chérie ?

Malgré tous ses efforts, il n'avait pu empêcher sa voix de trembler.

-Tu es malade, papa ?

Bouleversée par ces yeux gris qui l'observait, par ce petit visage pointu tourné vers lui, Ron sentit son cœur s'envoler vers cette enfant qu'il avait accueillie avec joie et reconnaissance. Cette enfant qu'il avait nourrit, qu'il avait changé, baigné, bercé, soigné. Cette enfant qu'il ne se lassait pas d'admirer, et qui lui serrait la main.

-Non, répondit-il avec un sourire rassurant. Je ne suis pas malade…

Il n'en fallut pas plus pour ramener le sourire sur les lèvres de Shelly. Sautant au cou de son père, il posa affectueusement sa joue rebondie contre la sienne et lui murmura à l'oreille :

- Je veux un cheeseburger… avec un coca !

Sa fille profitait de tous les occasions pour avoir ce qu'elle désirait. Ron la serra dans ses bras et la berça tout contre lui, si fort que Shelly ne tarda pas à gigoter pour se libérer ?

-Tu sais quoi ? demanda Ron en se levant. Je trouve que c'est une très bonne idée. Cheeseburger et limonade pour tout le monde !

Avec un sourire radieux, Shelly hoché la tête et glissa d'autorité sa petite main dans celle de son père.

Lorsqu'ils furent à la maison, Shelly courut dans sa chambre et lui se dirigea vers la cuisine. Ron observa son appartement et souffla. Il fallait bien le reconnaître, leur appartement était assez miteux… tout son argent, Ron l'avait investi dans la boutique, dépendant sans compter pour la rendre aussi agréable et attractive que possible. Il n'avait pas eu le choix. En emménageant dans cette maison, il avait décidé que lui et Shelly pourrait se contenter d'un confort sommaire jusqu'à ce que son commerce devienne réellement lucratif.

Que faire si les parents biologiques décidaient de la récupérer ? Il ne fallait pas se bercer d'illusions : dans un bataille juridique pour la garde de sa fille, il n'aurait pas de grandes chances !

Pour ne pas prendre ce risque, Ron comprit qu'il lui faudrait garder pour lui. Personne, jamais, ne devait rien savoir.

L'appartement n'avait rien de luxueux, mais il était propre, clair et bien rangé. Ce n'était sans doute pas grand-chose, mais c'était chez lui. Le foyer chaleureux et rassurant au sein duquel sa fille grandissait, aimée, soignée comme elle le méritait. N'était-ce pas là, finalement, le plus important ?

Il ne laisserait certainement pas le manque d'argent les séparer. Et encore moins le sang qui coulait dans les veines de Shelly. Peu lui importait de savoir s'il était le sien ou celui d'une autre.

Lorsqu'il fut l'heure de dormir, Ron mit sa fille dans son lit et lui lu une petite histoire. Ron n'arrivait pas à dormir. Qui étaient ces parents inconnus qui comme lui étaient repartis chez eux avec un autre bébé que le leur ? Étaient-ils aussi aimants qu'il l'était lui-même avec Shelly ? Se montraient-ils patients et attentionnés avec cet enfant qui sans doute ne leur ressemblait pas beaucoup ?

Hélas, songea Ron avec un pincement au cœur, tout était possible, même le pire…peut-être son bébé était-il en butte à un père irascible, qui criait et le secouait pour le faire cesser de pleurer ? Peut-être avait-il été abandonnée et souffrait-il dans un orphelinat de n'avoir été ni voulu ni aimé ?

Comment sortir de l'ignorance sans révéler la méprise dont l'hôpital s'était rendu coupable, avec pour conséquence possible d'avoir à perdre Shelly ?

Il ne pouvait s'y résoudre. Mais il ne pouvait y renoncer non plus…