Bonsouar!Houla, j'en connais qui vont me gronder!
Brefouille, me revoilà, pour une fific bien différente cette fois!
Il s'agit d'une "three-shots", si je peux ainsi dire, dont chaque chapitre est écrit avec une chanson (des Vocaloid) pour base. Il s'agit de l'histoire de mon OC, Styria, au seind e Saint Seiya Omega.
Hope you'll like it!
Disclaimer: Rien ne m'appartient sauf Styria , évidemment. Me fais pas d'argent dessus. Etc etc.
Pairing: Eden x OC. Les autres couples ne sont pas clairement énoncés, donc, à votre guise.
Rating: K. Y a rien de dangereux, pas de scène d'amour (doucement, ils ont 14/15 ans!)
Note: La première chanson est I(love) de Gumi. Je sais que c'est une chanson d'amour entre filles à la base. Mais osef. C'est trop beau.
Note 2: La traduction, faite par moi, n'est ni parfaite ni exacte. La cause est que je l'ai traduit à ma convenance, certes, et de façon à un peu mieux l'accorder à mon texte.
Note 3: Il y a une ellipse entre chaque paragraphe. Mais vous êtes pas bêtes, vous l'aurez compris tout seul.
Note 4: On peut dire que le chapitre 1 est un peu plus basé sur le côté Eden. Le 2 sera plus concentré sur Styria. Le dernier, sur eux. Tout simplement.
Et je m'excuse de ne pas suivre à la lettre Oméga, mais bon, en ayant un OC, je ne peux pas!
I(love)
I know the cryptic way she hides it (Je connais cette façon énigmatique qu'elle a de le cacher)
I see how she fakes her affection (Je vois comment elle simule son affection)
I've tried to understand everything (J'ai essayé de tout comprendre)
But I guess I'm just a hopeful fool (Mais j'en conclue que je ne suis qu'un fou plein d'espoir)
C'était sans doute sa faute. Non, c'était forcément de sa faute. A toujours être distant, à haïr les autres autant qu'il se haïssait lui même. A les nier. A les éviter. Il n'avait pas besoin d'eux, après tout. Il avait l'habitude de vivre seul. Il aimait ça aussi. Depuis tout petit. Il avait bien rendu quelques visites à Alia, oui. Parce qu'elle était comme lui. Seule. Et Enfermée aussi. Mais elle était douce. Pas lui. Même s'il avait essayé de la faire sourire. En vain, bien sûr. Mais jamais il n'avait pu rendre heureux quiconque, alors pourquoi aurait ce été différent avec elle? Non, la solitude lui suffisait amplement. Tant pis pour Alia.
Et puis il avait grandi. Et puis il s'était perfectionné. Et puis il avait obtenu l'armure d'Orion.
Palaestra, le Sanctuaire... Il ne savait plus trop quoi penser. Il s'en fichait un peu aussi, il fallait dire. Il faisait ce qu'on lui disait. Point.
Bien sûr il y avait du monde. Beaucoup de monde. Des élèves, comme lui, des Bronzes. Des gens qu'il n'aimait pas. Oh, pas pour une raison spécifique, par principe. Son habitude de la solitude en avait fait une sorte de misanthrope. Il l'avait bien démontré pendant son altercation avec l'autre là, Pégase. Quel était son nom déjà? Il s'en fichait à vrai dire.
Il y avait tellement de bruit, tellement de mouvement là bas. Ce jour là encore, tout le monde s'agitait. Il en avait plus ou moins l'habitude. Un petit attroupement s'était formé à l'entrée de Palaestra. Les autres chevaliers, curieux, grossissaient les rangs autour des arrivants. Inconsciemment peut être, et parce qu'il était tout près, assis sur un muret et cloitré dans son silence, il y avait jeté un oeil. Au milieu de la foule curieuse était apparu Geki, qui tentait de se frayer un chemin, demandant aux plus jeunes de s'écarter pour les laisser passer. Derrière l'imposant professeur, une jeune fille évitait les questions et les regards curieux des Saints. Finalement, Geki réussit à les extirper tous deux de la foule qui malgré tout les suivit, entourant au mieux la jeune fille pour lui parler et la questionner. Eden grimaça devant le spectacle, tout cela devait être tellement agaçant...
Mais elle souriait et répondait du mieux qu'elle pouvait, ravie d'être si bien accueillie.
Ils passèrent devant lui, et Geki leva les yeux.
«Descend un peu, Eden. Viens avec nous.»
Il haussa les épaules. Il n'avait pas envie. Pourquoi le ferait il?
«Allez, cesse un peu de faire l'enfant et viens. C'est important.»
Avec un soupir, il sauta de son muret et suivit la foule, restant tout de même toujours à l'écart. Il croisa le regard de Pégase un instant, puis celui du Lionnet qui ne semblait pas enchanté de le voir, et enfin aperçut deux yeux non-assortis. La jeune fille dont les yeux dépareillés le fixaient lui sourit, et comme à son habitude il ne réagit pas et détourna les yeux pour ne plus la voir.
Ils rentrèrent tous dans le bâtiment et bientôt Geki leur fit signe de se mettre circulairement autour d'eux. Avec enthousiasme, la foule s'exécuta, fébrile d'en savoir plus, et forma un demi cercle autour des concernés. Eden s'installa en retrait, ne voulant s'approcher de personne, se demandant pourquoi tant de raffut pour si peu.
Geki s'éclaircit la gorge et le silence se fit.
«Mes chers petits bronzes, je suis heureux de vous présenter votre nouvelle camarade.»
Il désigna la nouvelle arrivante, qui leur sourit à nouveau, tout en replaçant une mèche de ses longs cheveux roux derrière son oreille.
«Vous aurez remarqué qu'elle arrive plus que tardivement. Le pourquoi du comment ne vous regarde pas.» Il y eut un murmure de déception dans le 'public'. « Mais je compte sur vous pour être gentil avec elle.»
Un brouhaha se fit entendre, signe de confirmation.
«Maintenant, retournez à vos occupations. Elle et moi devons mettre certaines choses au point, comme le port de son masque, par exemple. Ancrez ce joli minois dans votre esprit, vous ne le verrez plus.»
La jeune fille rit à cette phrase, tandis que les élèves la dévisageaient, et bientôt elle parti avec le professeur.
Ils n'en entendirent plus parler pendant quelques jours, puis elle reparut, identifiable par ses longs cheveux roux. Evidemment, Pégase et sa clique n'avaient pas tardé à l'approcher. Et même s'il était loin, même si l'étrange masque cachait son visage, Eden l'entendait rire sincèrement avec eux, heureuse au milieu de la foule. Elle était un peu comme son opposé.
Elle n'avait pas perdu de temps pour causer avec tout le monde, être appréciée. Elle était vraiment son contraire. Alors pourquoi avait il fallu qu'elle vienne lui parler?
Il était comme toujours tranquille, seul, sur son muret. Il faisait plutôt beau et, chose rare, il lisait.
«Quarante mille frère ne pourraient pas, avec tous leurs amours réunis, parfaire la somme du mien.» avait interrompu sa lecture.
Il avait baissé les yeux vers elle, au sol, et elle avait penché la tête en riant. Il avait jeté un oeil à la couverture de Hamlet qu'il avait dans la main avec un air morne et désintéressé.
«Grande oeuvre.» avait elle rajouté une fois qu'elle eût cessé de rire.
Il n'avait toujours pas répondu et, l'ignorant, avait voulu replonger dans la lecture. Mais elle avait sauté sur le muret pour s'asseoir à côté de lui, et il l'avait dévisagée, un sourcil haussé.
«Tu n'es pas très bavard, on dirait.»
Il l'entendit rire à nouveau sous son masque.
«J'ai entendu dire que tu n'étais pas très sociable. Eden, c'est ça? Je m'appelle Styria, enchantée.»
«C'est ça. Au revoir.»
Il avait à nouveau tourné les yeux vers les lignes du livre, mettant un terme à la discussion. A sa surprise, avec légèreté, elle avait ri une énième fois et levé la tête vers le ciel, balançant ses jambes dans le vide.
«Je te propose un marché. Tu m'affrontes, si tu gagnes je te laisse tranquille, si je gagne tu discutes avec moi.»
Intrigué, il haussa les épaules.
«Tu n'as pas grand chose à perdre non? Ne me dis pas que tu ne te bats pas contre les filles, je n'y croirai pas.»
«Où vois-tu une fille ici?» rétorqua t'il en lui rappelant que le masque qu'elle portait la privait de toute féminité.
Elle rit, sauta du muret et lui fit signe de venir. Posant son livre, il la suivit, bien décidé à mettre un terme à tout cela pour retrouver sa tranquillité.
Mais il s'était fait écraser. Laminer. Lapider. Il n'avait pas eu le temps de comprendre. Sa foudre n'avait pas touché le sol qu'il était déjà en train de se consumer envahi par les flammes dans une atroce chaleur qu'il n'avait jamais connue auparavant. Avec de grands yeux d'incompréhension il n'avait pu que la regarder approcher en esquivant avec une facilité extrême le dernier éclair qu'il lui envoyait faiblement pour se protéger. Elle l'avait attrapé par le cou et soulevé, alors qu'il se remettait à brûler de plus belle, sans comprendre d'où venaient les attaques. Il ne l'avait même pas vue esquisser un geste pour enflammer son cosmos.
«Alors? On arrête?» demanda t'elle, sans doute en souriant sous son masque, la tête levée vers ce qui restait de lui, qu'elle tenait à bout de bras.
Il hocha faiblement la tête, à bout de forces, et elle le lâcha. Il se récupéra tant bien que mal, puis tomba à genoux, alors que les flammes qui mangeaient son corps s'éteignaient peu à peu. Le souffle court, l'odeur de la suie et de la peau chauffée à blanc, il cracha au sol cette chose âcre dans sa bouche qui devait être sa salive mélangée aux fumées et au carbone qu'il avait inhalé.
Elle le laissa se remettre, le surplombant de toute sa hauteur, les bras croisés, en silence. Lorsqu'il releva la tête vers elle, la rage le démangeait autant que l'admiration. Même s'il ne l'avouerait jamais.
Fier malgré sa défaite, il se leva tant bien que mal et la toisa, d'un regard qui n'engageait rien de bon. Elle pencha la tête en attendant une réaction quelconque, pas effrayée pour deux sous.
«J'ai gagné une conversation, non?» rappela t'elle sur un ton léger.
Il hocha la tête, admettant et acceptant ainsi sa défaite. Ravie, elle lui prit la main pour l'entraîner dans un lieu plus confortable. Il se laissa faire et la suivit silencieusement quelques minutes.
«Dis moi, dit il enfin, d'où te vient cette force?»
Elle rit, et ce rire cristallin fut presque une réponse déjà.
«Là d'où je viens, des comme toi, j'en bouffe chaque matin au petit déjeuner.» expliqua t'elle d'une voix rauque.
Il frissonna.
To her I'm nothing (Pour elle je ne suis rien)
We weren't anything (Nous mêmes n'étions rien)
Just a basic test (Un simple test)
An experiment (Une expérience)
Finalement, il lui avait parlé. Ou plutôt, elle avait beaucoup parlé et il avait fait l'effort de répondre. Elle faisait en sorte de ne lui prendre que peu de temps. Dix minutes, un quart d'heure peut être. Elle revenait régulièrement vers lui. Ils échangeaient quelques mots, puis elle retournait voir quelqu'un d'autre. Elle faisait apparemment la même chose avec tous. Peut être restait elle moins longtemps avec lui. Mais ça lui suffisait, amplement. Et même, plus de temps ne ferait que l'agacer. Elle devait s'en être rendue compte.
En général, quand elle cessait de parler à l'un ou l'autre occupant de Palaestra, elle traînait avec le groupe très hétérogène de Pégase. Le bronze ailé était censé être tellement important, après tout. Elle semblait heureuse, pourtant, de faire partie du petit groupe qui l'avait vite adoptée, et riait avec eux comme si toujours elle l'avait fait.
Et sans savoir ce qui l'énervait le plus entre avoir perdu contre elle et la voir évoluer avec tant d'aisance au milieu de gens qu'il n'aimait pas, il l'avait alors souvent défiée et re-défiée, s'entraînant toujours plus pour avoir sa revanche.
Mais chaque fois il finissait au sol, le souffle coupé, avec l'impression que ses chairs s'embrasaient et fondaient sur son corps. Elle avait heureusement toujours eu l'amabilité de le combattre loin de tout, sans public et sans témoin. Et si sa fierté en prenait un coup, aux yeux des autres il restait néanmoins le même. Il ne perdait pas trop au change.
Elle riait souvent à la fin de leurs combats. Pas par méchanceté. Un doux rire qui précédait des paroles d'encouragement.
Ce jour là, il la défia encore. Pas besoin de mot. La voyant au loin, il la fixa, et lorsque, se sentant observée, elle se tourna vers lui, elle comprit immédiatement et hocha la tête. Bientôt, elle s'effaça derrière deux colonnes, et il savait où la rejoindre. A l'abri des regards, elle l'attendait, droite sur ce qui était devenu leur champ de bataille. Cette fois là, elle rit avant même le début du combat, alors qu'il approchait.
«Qu'est ce qui te fait rire?»
«Toi. Tu es si sérieux.»
Il ne répondit pas, levant les yeux au ciel. Il n'était pas trop sérieux, c'était elle qui ne l'était pas assez.
«J'ai une proposition à te faire. Si tu gagnes aujourd'hui... Je te laisserai voir mon visage.»
«Pourquoi?»
«Pour te donner un but? On se bat toujours mieux quand il y a quelque chose à la clé.»
Il haussa les épaules. Peu lui importait.
Mais une fois n'étant pas coutume, c'est à plat ventre qu'il finit, le corps noir de la combustion, cherchant tant bien que mal à retrouver son souffle, aspirant plus de poussière et de dioxygène que de bon air. Il se redressa comme il put et s'assit, croisant les jambes, essuyant sa bouche. Elle boita légèrement jusqu'à lui, la jambe blessée par un de ses éclairs, qu'elle n'avait pas totalement esquivé, et lui lança une bouteille d'eau, avant de s'asseoir à ses côtés. Il rattrapa l'objet en plastique, en but de grandes gorgées, et en versa aussi sur son visage avec un soupir de satisfaction. L'eau nettoyait les traces de suie autant qu'elle le rafraîchissait Il ferma les yeux en s'essuyant vaguement, et lorsqu'il les rouvrit, deux yeux dépareillés le détaillaient.
Il eut un mouvement de surprise devant le visage découvert. Elle lui sourit, amusée de sa réaction.
«Qu'est ce que tu fais? J'ai perdu.»
Elle hocha la tête.
«C'est vrai. Mais tu m'as touchée.»
Elle désigna sa jambe, que la foudre avait fendue de la mi-cuisse à la hanche presque, après avoir réduit en lambeaux le côté de sa jupe. La blessure n'était pas très large ni très profonde, mais elle était cuisante encore.
«Alors on va dire que c'est une victoire pour toi.»
Il sourit faiblement, sans détacher ses yeux de la cuisse meurtrie, quand elle s'allongea sur ses jambes croisées.
«Qu... Qu'est ce que tu fais?»
«Du curling avec les pingouins, ricana t'elle. Tu vois bien non? Je prends mes aises.»
Il leva les yeux au ciel.
«Tu devrais m'être reconnaissant, je te laisse admirer mon magnifique visage!» déclara t'elle avec un ton pompeux de duchesse.
«Ben tiens.» répliqua t'il avec sarcasme.
Elle rit.
«Tu sais que je devrai te tuer après?»
Il secoua la tête.
«Tue moi donc, si tu en es capable.»
«Je t'écraserai avant même que tu ne comprennes ce qu'il t'arrive.»
«Je voulais dire, psychiquement capable.»
Elle grimaça. Evidemment qu'elle ne pouvait pas.
Elle se redressa vivement et remit son masque.
«Puni, voilà!»
Elle eut un peu de mal à se lever, à cause de sa cuisse, et finalement lui tendit les mains.
« Allez, rentrons, les autres vont se demander où on est passé.»
Il attrapa une de ses mains et se releva avec son aide. Tout son corps le démangeait autant qu'il le faisait souffrir, et ses muscles criaient de douleur. Et dire qu'elle ne faisait que boiter, elle. Elle rit en se rendant compte de l'état dans lequel ils s'étaient mis, et inconsciemment peut être il rit avec elle.
I know i'ts pointless (Je sais que c'est vain)
I know it's worthless (Je sais que ça ne vaut rien)
But I won't give up (Mais je n'abandonnerai pas)
I won't surrender (Je ne laisserai pas tomber)
Elle hurla. Encore. Et encore. Palaestra brûlait. Non, pire. Palaestra était noire comme la nuit. Palaestra était enveloppée de ténèbres. Et, recroquevillée sur le sol devant le spectacle, elle hurlait. Palaestra souffrait. A travers ses hurlements, ce n'était pas tant elle mais tous ceux qui s'étaient fait attaquer, tous ceux qui avaient été victimes de Mars qui criaient.
Martiens. Des larmes perlèrent au bord de ses yeux bicolores, glissant sur ses joues, piégés par le masque sur son visage. Des larmes d'horreur, de crainte... Et des larmes de rage. Martiens. Ils allaient lui payer. Elle se redressa, la vue brouillée par les perles d'eau salée, serra les poings et avança. Palaestra l'implorait. Palaestra, dont les entrailles étaient vidées de toute substance. Palaestra se faisait tuer sous ses yeux. Elle ne laisserait pas cela arriver. Elle sombrerait avec ses camarades s'il le fallait.
Les Ténèbres engloutissaient tout. Choses, êtres vivants, rien ne leur résistait. Elle tremblait en se frayant un chemin à travers ces horreurs noires. Ce n'était pas tant la peur d'y être consumée, mais celle d'y voir les autres être consumés. Martiens. Elle ne leur pardonnerait pas.
«Sôma! Koga! Yuna!»
Les cris résonnaient dans Palaestra, ou ce qu'il en restait. Eden avait levé les yeux en entendant pas et voix se rapprocher.
«Ryuho! Haruto!»
De plus en plus forte, de plus en plus inquiète, la voix appelait ses camarades, dans une plainte suppliante.
«Eden!»
Il leva un sourcil en entendant son nom mais ne bougea pas.
«S'il vous plait, répondez! Dites moi que vous m'entendez... Professeur! Yuna! Koga! Haruto!»
Un instant sa voix se fit sanglotante, et il crut qu'elle s'était effondrée pour pleurer. Mais bientôt une ombre se forma sur le mur, signe qu'elle allait apparaître au bout du couloir. Il n'eut pas longtemps à attendre. Immobile alors que Palaestra disparaissait presque sous lui, adossé à l'un des derniers murs en place, probablement, il attendait, prêt à exécuter les ordres de son père. Enfin elle apparut, à des mètres de lui, et sur ses jambes tremblantes elle se fraya un chemin à travers le couloir. Elle le vit après quelques secondes.
«Eden!»
Déjà elle courait vers lui, rassurée de le voir vivant et en bonne santé.
«Pourquoi diable ne m'as tu pas répondu?»
Mais avant qu'elle ne l'ait atteint, la foudre frappa le sol à ses pieds, la forçant à freiner d'un geste sec. Elle le dévisagea, probablement, par dessous son masque, tandis qu'il n'avait toujours pas bougé. Elle fit lentement un pas, il y eut un éclair, et elle dut sauter sur le côté pour éviter l'attaque.
«N'approche pas.» la prévint-il.
Elle se raidit, les poings serrés. Et avança. Nouvel éclair, nouvelle esquive. Trois autres attaques la forcèrent à reculer de trois bonds. Les bras croisés, il la défiait du regard.
«Alors c'est le camp que tu as choisi.» constata t'elle avec déception.
Il ne broncha pas.
«Alors c'est ça, ton but? C'est ça qui t'a poussé à devenir Saint? Elle est là, ta détermination? Elle est là, la raison qui t'a poussé à t'entraîner, à vouloir me battre? A être meilleur?» cria t'elle.
Elle écarta vivement les bras, lui montrant les décors qui les entouraient.
«C'est pour ça que tu te battais? C'est ce que tu voulais?»
Il ne disait rien, ne voyait pas les larmes qui glissaient sur ses joues, mais les entendait dans sa voix.
«Si c'est ce que tu veux, prends-le, gronda t'elle en avançant. Prends, prends tout, prends le donc cet endroit qui se vide de son sang, prends le, ce lieu sacré que tu dépouilles de son essence, prends les donc tous ces moments de joie et de rire, prends les ces souvenirs, nos souvenirs, leurs souvenirs, ceux tous ceux que tu as trahis, bafoués, souillés!»
Elle progressait dans sa direction au fur et à mesure de ses reproches, et pourtant aucun de ses éclairs ne l'atteignait. Toutes les attaques qu'il lançait passaient à côté d'elle, déviées de leur trajectoire par l'incandescence du cosmos qu'elle dégageait. Ses flammes repoussaient avec une facilité déconcertante sa foudre. Il amplifia, en vain, la rapidité et la violence de ses attaques. Pas une ne l'affecta, pas une ne l'inquiéta, pas une ne la toucha.
«Tu en es content, de ton superbe monde? Tu l'aimes en noir, cette Terre? Quel beau miroir pour ton âme en effet! Oui, ta récompense est sublime. Je t'envie tellement.»
Inconsciemment, il baissa les yeux. Elle l'empoigna à la gorge une fois devant lui. Malgré la chaleur qui émanait d'elle, il ne brûla pas. Elle ne le brûla pas.
«Dire que je pensais que le blanc t'allais si bien.»
Elle le gifla. Jamais de toute sa vie personne n'avait osé, personne n'avait pu, le frapper aussi fort. Il en tituba et, se tenant la joue, la fixa. Il n'essayait même plus de la foudroyer, surpris comme il l'était. Elle pleurait tant sous le masque impassible que les larmes purent se frayer un chemin sur son menton et glisser sur son cou.
Sans un mot de plus, elle le planta là et fit demi-tour. Ils n'avaient plus rien à se dire.
Il la regarda s'éloigner, impuissant, sans pouvoir esquisser le moindre mouvement, se contentant de fixer les longs cheveux roux se balancer au rythme de ses pas.
Elle allait probablement rejoindre Pégase. Il serra les poings, néanmoins sans bouger.
I won't let him steal you from me (Je ne le laissera pas te prendre)
I'll save you and then you'll love me (Je te sauverai et tu m'aimeras)
I won't let you do this to yourself (Je ne te laisserai pas te faire ça)
I'll save you, we're perfect together (Je te sauverai, nous sommes un ensemble parfait)
Elle était seule ce soir là. Assise sur une vieille ruine, Romaine ou Grecque, les deux peut-être, qu'importe, les cheveux au gré du vent, surplombant un petit village où l'eau se faisait rare, elle se balançait doucement au rythme d'une triste mélopée qu'elle susurrait entre ses dents. Le soleil se couchait à l'horizon, en face d'elle, et ses rayons d'ocre et de vermeille se confondait au cuivre de ses cheveux. Elle ne bougea pas en l'entendant arriver. Il avait été aussi silencieux que possible, pour ne pas perturber la toile du Monde. Mais le seul fait de se poster sur la même colline -ou dune, maintenant que l'herbe n'y poussait plus- qu'elle, d'être présent, entachait l'harmonie de l'aquarelle crépusculaire. Aussi blanche pouvait être sa tenue, aussi sombre était son Être.
«Styria...»
Elle ne se retourna pas. Le vent joua avec ses cheveux, ce faible vent privé presque de son essence, qui en un dernier effort, en un funèbre appel à l'aide, caressait sa peau avec douceur. Elle frissonna. Ce vent, Eden ne le perçut pas. Pourquoi y aurait il fait attention?
«Styria.» répéta t'il.
«Je savais que tu viendrais, murmura t'elle, si bas qu'il eût pu ne pas l'entendre. Ils ne sont pas là. Elle n'est pas là. Tu arrives trop tard.»
«Je ne venais pas pour ça.»
«Je sais.»
Ils se turent, rendant au soleil la grâce de lécher l'horizon dans un silence d'or. L'astre les inonda de ses derniers rayons, disparaissant lentement aux confins du monde, comme s'il s'y engloutissait pour la dernière fois.
En bas, les quelques habitants du village déshydraté se cloîtraient dans leurs maisons. Les cris des enfants qui jouaient pour oublier cessèrent. La Mère en son sein prit la vie, l'enveloppa dans son manteau nocturne, et de son mieux lui accorda le repos qu'elle méritait.
«Pourquoi n'es tu pas allée avec eux?»
«Parce que tu les aurais suivis aussi.»
Elle fixait à présent les étoiles qui, difficilement, apparaissaient. Certaines n'étaient pas visibles. Se cachaient elles, plongées dans le désespoir de voir leurs protégés morts, ou étaient elles mortes avec eux?
«Styria, je voulais...»
«Je sais pourquoi tu es venu, coupa t'elle sans hausser la voix. Dis moi, tu aimes le noir, non?»
Il redevint silencieux, sans comprendre le sens de sa phrase, alors qu'elle se redressait enfin, délaissant ce qui fut jadis une demeure, un temple peut être, et se retourna vers lui. Il s'étouffa presque lorsque son regard se posa sur son cou. Là, sur sa gorge et jusqu'à la base de sa poitrine, recouvrant son coeur, s'étendait la Marque. Celle des Ténèbres. Celle de son père.
«Qu'as tu fait?» eut-il du mal à articuler, abasourdi.
«Tu n'aimes pas? C'est du noir, pourtant.»
Il ne dit mot. Il n'avait mot à dire, de toute façon.
«Oui, c'est sublime, n'est ce pas?» ajouta t'elle avec sarcasme en fixant la souillure sur son corps.
Elle semblait un oiseau prisonnier non seulement de sa propre cage, mais de ses propres ailes. Il se rapprocha d'elle. Elle ne bougea pas, se contentant de le regarder derrière le visage artificiel et impassible qui n'était pas le sien.
«Je peux tout arranger, lui promit-il en ôtant une mèche de cheveux qui glissait sur son épaule, comme pour essayer de lui cacher l'affreuse perversion. Je peux t'enlever ça, si tu viens avec moi.»
Sa main le gifla aussi soudainement qu'un serpent se tend pour achever sa proie. Il ferma les yeux sous la douleur. Mais ne renonça pas.
«Je t'en prie, écoute-moi. Je peux t'en débarrasser. C'est dangereux d'avoir ça sur ton corps. Je t'assure que je peux faire quelque chose. Père m'écoutera, et...»
Elle le gifla à nouveau.
«Tu ne comprends rien. Comment oses-tu? Comment oses-tu venir ici, me demander de t'accompagner, de servir cette chose, oui, cette chose, Eden, car il n'est pas quelqu'un mais quelque chose, tout comme tu l'es devenu. Comment oses-tu vouloir m'en défaire, quand dix, vingt, cent personnes ont été englouties par cette même horreur, sans aucun mouvement de ta part? Comment peux-tu avoir l'audace de me promettre, en échange d'une servitude perverse et aveugle, un soulagement corporel?»
Il se mordit l'intérieur de la joue.
«Tu souffres...» fut tout ce qu'il put arguer.
«Et?»
«Je ne veux pas que tu souffres.»
Elle rit, de l'un de ces rire qui est plus empreint de pitié que de joie.
«Je ne souffre pas, Eden. La Terre souffre. Athéna souffre. L'humanité souffre. Alia souffre. Il ne me semble pas t'avoir vu faire quoi que ce soit pour l'un d'eux.»
Il baissa les yeux au sol, porta une main dans ses cheveux, les ébouriffant un peu en réfléchissant.
«Je... Vais aller la chercher.»
«Non.»
«Alors je ne sais pas quoi te dire...»
«Tais toi dans ce cas.»
Il releva la tête et prit ses fines mains diaphanes dans les siennes. Il les porta à son visage, les posa sur ses joues, et soupira plaintivement.
«Viens avec moi.»
«Non.»
«Je t'en prie.»
«Hors de question.»
«Je parlerai à mon père, tu ne seras pas une créature servile, je ferai de toi...»
«Tu ne comprends rien.»
Elle retira ses mains de son étreinte d'un geste sec. Elle lui tourna à nouveau le dos, leva les yeux vers la lune qui, cachée derrière de sombres nuages, n'osait pas les déranger, ou ne voulait pas les voir.
«Tu vas me suivre encore longtemps?»
Il ne répondit pas immédiatement. Il fit un pas de plus vers elle et la prit dans ses bras, la serrant contre son torse.
«Jusqu'à ce que tu acceptes de m'accompagner.»
«Je pourrais te tuer, ici et maintenant.»
«Alors fais le.»
Ils se turent. Elle trembla dans ses bras. Il sut qu'elle sanglotait. Il la serra un peu plus et enfouit son visage dans ses cheveux roux.
«Styria...» murmura t'il, la faisant frissonner.
«Je te déteste.» coupa t'elle, la voix ceinte par ses larmes.
«S'il te plaît, écoute.»
«Va t'en.»
«Je...»
«Va donc retrouver ton royaume obscur. Tes Ténèbres chéries t'attendent. Ta sublime famille doit se demander où est le futur Roi.»
Ses muscles se crispèrent et il la lâcha. Il fit glisser une mèche de cheveux entre ses doigts, en embrassa la longueur, et s'éloigna.
Elle se tourna légèrement.
«Dis à ta soeur que si elle approche encore Sôma, je la tuerai.»
Il hocha la tête sans se retourner et s'éloigna. Lorsqu'il eut disparu de son champ de vision, elle s'effondra. Le masque glissa sous la soudaineté de sa chute, et rebondit sur le sol où il se lova. Elle hurla dans la nuit, mais seul le ciel l'accompagna dans son désespoir. Clémente, la voûte céleste s'était assombrie au mieux et tenta de retarder le réveil du dieu Lumière pour la cacher au regard indiscret du jour.
I don't get why she's not listening (Je ne comprends pas pourquoi elle n'écoute pas)
I am fighting an abandoned war (Je me bats seul pour une cause perdue)
I tried to show her the way I feel (J'ai essayé de lui montrer ce que je ressens)
But I guess I'm just a hopeless fool (Mais je suppose que je ne suis qu'un irrattrapable fou)
Le mur trembla sous la force de son poing, et il se mit à hurler, non pas de douleur, mais de rage. Le sang coula le long de ses doigts, mais il ne s'en enquit pas. Il frappa plusieurs fois le pan du mur, faisant trembler la maison -du moins était ce le nom qu'il lui donnait-, crachant à la pierre sa colère et sa frustration.
«Eden!»
Sonia s'était jetée sur lui pour serrer ses mains contre elle.
«Que fais tu? Tu vas te faire mal!»
Elle regarda l'état de ses poings, rougis par le sang, et laissa échapper un cri de panique.
«Il faut bander tes plaies! Viens, viens avec moi, je vais te soigner...»
Il ne dit rien, ne la regarda pas, mais la suivit, sans vraiment s'en rendre compte peut être. Elle l'emmena jusqu'à sa chambre, le fit assoir sur le lit et partit chercher de quoi s'occuper de sa mutilation. Lorsqu'elle revint, il n'avait pas bougé d'un pouce, le regard perdu dans le vide. Elle s'agenouilla devant lui et nettoya ses plaies avec application et douceur. Elle leva les yeux vers lui tout en continuant son action, et le dévisagea derrière son masque. Pourquoi était-il si contrarié? Elle était déçue et irritée de ne pas savoir ce qui le contrariait autant. Mais finalement, elle sourit en entourant ses mains des bandages.
«Tout ira bien, nous retrouverons Alia, tu n'as pas à t'en faire, ce n'est qu'un léger contretemps.»
Il la fixa d'un air absent.
«Vous serez bientôt au plus haut de ce nouveau monde. Que nous la retrouvions ou pas, elle finira par revenir d'elle même. C'est à tes côtés qu'est sa place, en tant que Reine, en tant que nouvelle Athéna.»
Il fronça les sourcils.
«J'irai la chercher moi même s'il le faut, crois moi, tu deviendras...»
«Je m'en contrefiche.»
Elle resta un instant silencieuse.
«Enfin, que dis-tu? rit elle. Ce n'est rien, tu es en colère, ça passera.»
« Ça ne passera pas.»
Elle ne sut que répondre et se contenta de poser sa tête sur les genoux de son soi-disant petit frère. Elle soupira de lassitude.
«Sonia?»
«Oui?»
«Voudrais-tu d'un nouveau monde si ce que tu désires le plus dans l'ancien n'y est pas?»
«Que veux tu dire?»
Elle se redressa pour scruter son visage.
«Rien de spécial. Réponds moi.»
«Alia sera avec toi Eden, je t'assure.»
«Je ne parle pas de ça. Réponds. Te battrais-tu pour ce nouveau monde?»
Elle hésita. Le prit dans ses bras.
«Tu réfléchis trop. Notre monde sera parfait. Il y aura tout ce que tu désires, et tu domineras.»
Elle se releva enfin. Il l'observa un moment, puis détourna les yeux.
«C'est vrai. Excuse moi.»
Elle sourit sous son masque.
«Tu dois être fatigué, ça arrive. Repose toi, je t'excuserai auprès de Mère.»
Il hocha la tête et elle s'éloigna, pour enfin sortir. Il se laissa tomber sur le lit et fixa le baldaquin sans le voir. Bien sûr. Elle ne pouvait rien répondre d'autre. Pourquoi mettre en cause une volonté supérieure, divine? Lui-même ne devrait pas se poser de question. Continuer comme il l'avait toujours fait. Suivre. Obéir. Tout cela lui éviterait bien des tourments.
Il se redressa soudainement, ouvrit un peu brusquement le tiroir de sa table de nuit, et en sortit avec délicatesse un livre à la couverture brune. Il l'ouvrit, cherchant le marque-page qui presque immédiatement se présenta à lui, écartant les pages. Il lut rapidement les lignes qui ne l'intéressaient pas -ou plus- pour retrouver la bonne.
«J'aimais Ophélia. Quarante mille frère ne pourraient pas, avec tous leurs amours réunis, parfaire la somme du mien.» lut-il à voix basse.
Un soupir lui échappa. Il posa Hamlet à côté de lui et ferma les yeux en se rallongeant.
To her I'm nothing (Je ne suis rien pour elle)
We weren't anything (Nous mêmes n'étions rien)
Just a basic test (Un simple test)
An experiment (Une expérience)
I know its pointless (Je sais que c'est vain)
I know its worthless (Je sais que ça ne vaut rien)
But I won't give up (Mais je n'abandonnerai pas)
I won't surrender (Je ne laisserai pas tomber)
Elle fredonnait toujours le même air mélancolique, dansant au milieu de ce qui avait dû être un lac. Il ne restait dans le creux du sol qu'une misérable flaque d'eau qui ne résisterait plus très longtemps. Les pieds et les jambes nues, elle pataugeait avec grâce dedans, éclaboussant le sol devenu aride autour. Les perles d'eau autour d'elle, diamants qui la faisaient princesse, étaient autant mur que voile, diadème de ses cheveux qui virevoltaient comme flammes dans l'âtre, chatouillant son visage laissé libre.
Il se laissa glisser le long du cratère sec, et descendit poser le pied sur ce qui jadis abritait animaux et végétaux. Elle ne cessa pas de danser en le voyant approcher, et tourna sur elle même, faisant lever sa jupe et donnant une nouvelle vie aux dernières gouttes de vie aqueuses. Il s'arrêta à quelques pas de la naissance de l'eau et s'immobilisa pour l'observer. Elle ondulait comme un serpent, le dos tourné dans sa direction, avec souplesse et lenteur, grâce et volupté. Quand enfin elle cessa tout mouvement, elle ne se retourna pas vers lui, mais se baissa pour ramasser le masque au bord de l'eau et le remettre sur son visage.
«Bonjour, Eden.»
Elle se redressa et lui fit face.
«Je ne comprends pas.» se contenta t'il de répondre.
«Quoi?»
«Tu es du feu. Pourquoi es-tu ici?»
Elle rit, sans grande conviction.
«Tu ne sors pas exclusivement les jours d'orage, que je sache.»
«Ce n'est pas ce que je veux dire.»
«Je sais.»
«Pourquoi dans l'eau?»
«Parce qu'elle était immobile.»
Il soupira.
«Je ne comprends toujours pas.»
Elle rit à nouveau, et une fois de plus, aucune beauté joviale de peint son rire.
«Bouger, c'est vivre. L'eau, c'est la vie. Je ne pouvais pas me résoudre à la laisser comme ça.»
«Ce n'est qu'une flaque.»
«Tu ne comprends rien.»
Il leva les yeux au ciel, lassé de cette phrase, alors qu'elle se remettait à perturber l'eau de quelques mouvements de jambes. Elle se baissa alors, reccueillit dans ses paumes un petit volume du liquide sacré, et l'aspergea. Surpris, il ne recula que trop tard et essuya son visage.
«Tu vois?»
Il se sécha tant bien que mal sans rien dire. Non. Il ne voyait pas.
«C'est froid?»
«Un peu.»
«Si tu le sens, tu es vivant.»
Il la dévisagea, ou plutôt dévisagea le masque monochrome et inexpressif qu'elle portait, sans répondre. Que pouvait-il dire?
Elle l'aspergea à nouveau, d'un coup de pied dans l'eau. Agacé, il ne prit même pas la peine d'essayer, cette fois, de s'essuyer, et la foudroya du regard.
«Tu te souviens, quand tu te versais l'eau sur la tête pour refroidir ton corps après nos combats?»
Il détourna les yeux et haussa les épaules. Elle s'approcha un peu, sans néanmoins quitter l'eau, et joua du bout des doigts avec les pointes de cheveux bleus, humides, qui pliaient sous le poids de la Vie.
Il recula pour qu'elle le laisse tranquille.
«Styria...»
«Tu es revenu pour la même chose, pas vrai?»
Il resta muet. Elle savait. Il n'avait donc qu'à attendre sa réponse.
«Non.» fut elle.
Il ne s'en étonna pas.
«S'il te plaît.»
«Il n'y a pas si longtemps, je t'aurais suivi au bout du monde si tu me l'avais demandé.»
«Alors viens.»
«C'est trop tard Eden. Il y a un monde entre toi et moi maintenant.»
«Il n'y en aura bientôt plus. Je ne veux pas que tu disparaisses avec.»
Il tendit la main, mais elle recula en secouant la tête.
«Je serai avalée par les Ténèbres de ton monde s'il le faut.»
«Mais mon monde à moi, c'est toi...»
«Non. Ton monde, c'est le Chaos. La Nuit.»
«Je t'assure qu'il ne sera pas noir, pas si tu es là. Viens avec moi, tu l'éclairciras.»
«Ce monde là a déjà besoin de moi.»
«Au diable ce monde! s'emporta t'il. A quoi te servent toutes ces batailles, tous ces faux espoirs, puisque tu sais que tu vas le perdre, qu'il va disparaître?»
«Tu n'es qu'un idiot.»
Il serra les poings tellement fort qu'il s'en rougit les jointures. Ses ongles griffèrent sa peau.
«Va t'il falloir que je te traîne de force?»
«Essaye.» répliqua t'elle avec un calme plat.
«Tu te tiens dans l'eau!»
«Alors foudroie moi.»
Le sang perla de ses paumes et ses phalanges craquèrent sous la pression qu'il exerçait sur ses poings.
«C'est peut être la dernière fois que tu me voies, demain tu seras peut-être morte! Demain, tout aura peut être disparu!»
«Qu'à cela ne tienne.»
Il gronda de rage.
«Tu ne changeras pas d'avis? Tu ne me laisseras pas te sauver?»
«Tu confonds sauver et condamner.»
Elle entendit un grand claquement, sut que la foudre l'avait touchée. Son masque s'écarta de son visage sous la puissance de la frappe électrique et tomba dans l'eau, fendu. L'instant d'après, il était entré dans l'eau, l'avait empoignée, levé son visage vers lui, et s'était emparé de ses lèvres avec sauvagerie. Elle gémit sous la brutalié de l'action, les yeux grands ouverts alors que lui avait fermé les siens. Elle passa ses bras autour de son cou, rapprocha leurs corps et leurs bouches, désespérément. Il fit glisser sa langue entre ses lèvres, et elle l'accueillit, alors qu'il la prenait par les hanches pour la soulever. Elle s'agrippa à lui, enroulant ses jambes autour de sa taille pour se maintenir. La cuisse qui était encore marquée d'une vieille attaque foudroyante glissa sur un pan de peau calcinée par une ultérieure blessure cuisante. Il la tint longtemps ainsi, au dessus de l'eau, l'embrassant à pleine bouche, tous deux couverts du rideau de ses longs cheveux roux.
Puis enfin, il libéra ses lèvres. Il la reposa alors tout doucement, et elle frissonna en retrouvant le contact de l'eau. Il joua avec ses cheveux, l'attira à nouveau à lui pour la serrer, respirant le parfum sucré de sa peau. Elle soupira d'aise contre son torse. Il releva sa tête d'un doigt sous le menton, embrassa l'arête de son nez.
«Eden?» murmura t'elle.
«Oui?»
Elle sourit à lui fendre le coeur.
«Adieu.»
Il hocha la tête et effleura ses lèvres des siennes.
«Adieu.»
Il la relâcha, s'écarta, et repartit comme il était venu. Elle le regarda s'éloigner, les larmes fuyant silencieusement sur ses joues.
I won't let him steal you from me (Je ne le laissera pas te prendre)
I'll save you and then you'll love me (Je te sauverai et tu m'aimeras)
I won't let you do this to yourself (Je ne te laisserai pas te faire ça)
I'll save you, were perfect together (Je te sauverai, nous sommes un ensemble parfait)
You will see (Tu verras)
It will finally (Finallement ce sera)
Be just you and me (Juste toi et moi)
Till the end of the world (Jusqu'à la fin des temps)
C'était sans doute sa faute. Non, c'était forcément de sa faute. A toujours être distant, à haïr les autres autant qu'il se haissait lui même. A les nier. A les éviter. Il n'avait pas besoin d'eux, après tout. Il avait l'habitude de vivre seul. Il aimait ça aussi. Depuis tout petit. La solitude lui allait. Beaucoup. Bien trop, même, peut être. Il avait tant vécu avec elle. Peut être avait-il toujours pensé qu'elle aurait été, et ce jusqu'à sa fin, sa compagne. Rien ne l'intéressait. Rien ne le changeait.
Avant, du moins.
Il avait fallu une personne, une seule, pour que ses certitudes s'écroulent. Ridicule.
Un bruissement d'aile lui fit lever les yeux. Sur sa fenêtre grande ouverte dans les rayons du soleil, un oiseau se posa. L'animal, gracieux, irréel presque dans la lumière pourpre de la fin de journée, leva la tête vers lui et piailla. Son splendide plumage brillait sous le ciel somnolent, et ses ailes de cuivre frémissaient encore de son vol.
Il se leva pour avancer jusqu'à sa fenêtre. L'oiseau se dressa plus encore, le poitrail bombé, droit sur ses serres, et écarta grand les ailes en sifflant. Il le dévisagea; deux yeux dépareillés scrutant son âme, l'un d'émeraude, l'autre de Vie. A sa patte, un papier enroulé, noué par une tresse d'herbe. Eden l'en libéra et, une fois le papier dans sa main, l'oiseau irréel, tel un fantôme, déploya ses ailes et disparut avec les dernières lueurs du jour.
Il déroula le morceau de papier, où quelques lettres, sûrement tracées, paradaient d'un noir de jais. La présente lettre étrangement reçue n'était pas signée. Elle n'en avait pas besoin.
«« O combien d'actions, combien d'exploits célèbres
Sont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres. »
Le Cid.»
I want you (Je te désire)
I deeply need you (J'ai tant besoin de toi)
I won't forget you (Je ne t'oublierai pas)
You're my sanctuary (Tu es mon sanctuaire)
I won't let him steal you from me (Je ne le laissera pas te prendre)
I'll save you and then you'll love me (Je te sauverai et tu m'aimeras)
I won't let you do this to yourself (Je ne te laisserai pas te faire ça)
I'll save you, were perfect together (Je te sauverai, nous sommes un ensemble parfait)
To be continued ~
Voilà! Et... A mort Alia! (Sérieux, je l'aimais bien... Au début. Mais l'autre qui devient emo juste pour elle, non. JUST NO. Bref.)
Review? J'vous aime? 3 (Comment ça le chantage affectif, ça ne marche pas?)
Bon, alors review ou je séquestre... Euh... Ma chaussette!
Chaussette: Au secours, au secours!
