Tout n'était que chaos. Des cendres tombées telles des flocons en hiver, le feu se propageait réchauffant l'air alentour. Cette chaleur aurait pu nous réconforter à d'autres moments, mais pas maintenant. Car ce confort était troublé par des cris, des hurlements de douleur, de tristesse et de haine. Autour de nous, ce chaos prenait possession des lieux et nous consumait petit à petit. Les larmes coulaient sur les visages de parents aillant perdu un enfant, sur les visages d'un enfant aillant perdu un parent. A ce moment précis, tous savait que plus rien n'allait être comme avant car rien ne pourrait aider ces personnes à surmonter ce qu'elles vivaient. La perte d'un être cher est probablement la plus insurmontable des pertes. La peine de ne plus avoir cette personne à nos côtés, la haine contre ce qui nous la enlevait et la culpabilité de n'avoir rien pu faire pour la protéger. Tous les efforts auraient été vains face à ce fléau qui avait attaqué ce soir-là. Seul un miracle aurait pu les sauver tous. Mais nous le savons bien maintenant, que les miracles n'existent pas.
C'est ce que pensa Zelda à ce moment précis. Seule au milieu des décombres, elle repensa à sa vie avant cette tragédie, avant la perte de ceux qui comptaient le plus pour elle. Et elle se laissa tomber au sol, à genoux au milieu des corps et des cendres. Que pouvait-elle faire pour que tout ceci ne se produise pas ? Pour retrouver ces personnes qu'elle affectionnait tant ?
Elle ne savait que faire, seule la tristesse la maintenait encore en vie.
Elle leva son regard de glace et aperçut l'auteur de ces crimes debout au milieu de la cour, un sourire triomphant sur le visage. Il avait gagné, c'était maintenant fini. Ils étaient tous condamnés à vivre dans la peur dès à présent.
Une haine incommensurable s'empara alors de son être et, dans un accès de folie pure, elle se jeta au centre de cette cour. L'homme, si l'on peut l'appeler ainsi, la vit se redresser et foncer droit sur lui. Il s'écarta d'un mouvement souple et la regarda s'écraser à ses pieds.
Bien qu'une brève étincelle de surprise était apparue dans ses yeux, il n'en laissa que le souvenir quand la haine prit sa place. Il ne pouvait croire que quelqu'un osait encore se dresser contre lui. Lui qui avait vaincu le Survivant, lui qui à présent dirigeait le monde des Sorciers. Comment osait-elle l'attaquer ? Et sans baguette qui plus est. Quelle inconsciente ! Personne ne pouvait le vaincre avec une baguette alors sans, c'était impensable !
Il se tourna lentement vers Zelda, la dévisageant plus que l'usage ne le permet, et pointa sa baguette dans sa direction.
« Tu oses te dresser contre moi ? Toi, une simple sorcière ? Tu n'as même plus de baguette à porté de main ! Ricana le Lord. Redresse-toi maintenant, les sang-purs doivent mourir dignement. »
Il s'approcha de la jeune femme et lui fit signe avec sa baguette de se lever. A ce moment précis, une chose se produit. En se redressant, il aperçut son visage et en eut le souffle coupé. Toutes les personnes autour d'eux en furent étonnés, voire choqués, de la réaction de leur Maître. Qui était donc cette jeune femme pour qu'elle perturbe à ce point le Seigneur des Ténèbres ?
Quant à ce dernier, seul un regard lui avait permis de la reconnaître. Elle était à nouveau devant lui, après tant d'années. Que faisait-elle là ? Pourquoi était-elle là ? Et surtout, comment cela se faisait-il qu'en apparence, elle soit si jeune, et en vie ? La dernière fois qu'il l'avait vu, elle se jetait de la tour d'astronomie lors de leur septième année à Poudlard.
Impossible fut le premier mot qui vint au Lord. Il n'en croyait pas ses yeux. Il eut un mouvement de recul avant de se ressaisir. Il s'approcha à une vitesse étonnante de la jeune femme, lui empoignant le bras afin de transplaner.
Il venait de quitter le champ de bataille sans réfléchir aux conséquences que cela aurait. Pour une fois, Voldemort ne réfléchissait pas. Pour la première fois de sa vie, il agissait par pur instinct et il savait d'ores et déjà qu'il allait le regretter.
