Lord Voldemort était son passé, son présent et son avenir. Et il venait vers elle pour soumettre, prendre, et posséder.

Ginny en frémissait d'horreur, mais c'était une répugnance perverse qui désirait ce qu'elle haïssait et redoutait. Il passa ses bras autour d'elle et son corps réticent fut contre le sien. C'était comme étreindre un spectre, il avait à la fois la solidité du marbre et l'évanescence de la fumée. Paradoxe d'un être emprisonné à la frontière ténue séparant le monde des purs esprits de celui de la chair et du sang.

Dans un élan qu'elle ne s'expliquait pas, elle noua ses bras autour de ses épaules et, animées d'une volonté propre, les ténèbres millénaires de la Chambre des Secrets se refermèrent sur eux.

Dans ses cauchemars, elle se souviendrait toujours de l'instant où il s'insinua en elle, comme un voleur entrant dans une maison où il n'est pas le bienvenu. La sensation ignoble et délicieuse se grava d'un coup dans sa mémoire, dans une ruée de sentiments contradictoires. Ginny se souvint des rêves qu'elle avait faits maintes fois et dont elle connaissait maintenant l'intensité prémonitoire. Tout était vrai désormais, et la caresse lente, glissante qui comblait son ventre devint une extase profonde, allant au-delà de l'esprit pour atteindre d'un délice coupable les tréfonds mêmes de son âme.

Ginny gisait sous lui, rigide comme une statue, impuissante, aussi pétrifiée que les victimes du Basilic, tandis que le terrible plaisir de son improbable amant faisait vibrer et frissonner malgré elle toutes les fibres de son être. Et alors que son âme s'écartait de ces sensations comme d'une souillure, tout au fond d'elle une traîtresse lubrique frémissait de plaisir.

Ce conflit de répugnance et de ravissement ne dura qu'un bref moment et l'extase l'envahit, plus profonde à chaque poussée d'intense délice. Quelque chose en Ginny cessa de lutter et elle sombra dans un puits de feu liquide où tout était oublié, hormis cette extase dévorante.