Salut !

Il s'agit ici de mon premier essai sur le fandom Tiger x Bunny. J'ai commencé à regarder l'anime et j'ai complètement adoré, et donc mon cerveau s'est mis en marche de manière infernale. Et voilà ce que ça donne.

A l'origine c'est un one-shot, mais j'ai trouvé qu'il était trop long alors je l'ai divisé en trois parties.

N'hésitez pas à me dire ce que vous pensez de cette première partie.

Bonne lecture.

Lubie passagère ou… plus ?

Partie 1

Allonger sur son lit, un bras lui servant d'appui tête, Barnaby fixait le plafond sans le voir. Il avait essayé de dormir mais son esprit le tarabustait depuis plus de deux heures, depuis qu'il avait quitté son coéquipier. Pensivement, son index passait et repassait sur ses lèvres. Il avait encore la sensation de sentir cette étrange sensation. Il n'en revenait pas d'avoir oser perpétrer un tel acte.

Il y a encore deux heures, il accompagnait Kotetsu-san dans une beuverie. L'équipe de choc qu'ils formaient tous les deux avait fait un sacré coup de filet en capturant toute une bande de malfrats, et, pour une fois, sans payer d'indemnité pour la destruction habituelle des infrastructures municipales, généreusement exécuté par le brun. Pour lui, tous les moyens étaient bons pour assurer la protection des citoyens. Une conception que, au début, Barnaby ne comprenait pas. Il avait fallu un an pour qu'enfin il appréhende la façon de penser de son partenaire. Il avait appris à mieux comprendre son ainé. A son contact son caractère avait fini par s'adoucir et ils s'étaient rapprochés tous les deux. Le blond ne pensait plus seulement aux points que pouvaient lui apporter chaque mission mais prenait plus en considération l'aspect humain.

Quant à Tiger… à vrai dire, il restait le même. Toujours autant de destruction pour peu de résultat en définitive. Mais miraculeusement, il avait décollé de la queue du classement pour grimper lentement, accumulant des points tout en perdant des pénalités. En somme, les choses avaient évoluées en restant fondamentalement les mêmes. Du moins jusqu'à ce soir.

Tous les héros de la ville s'étaient rassemblés pour fêter la victoire dans le bar habituel où le plus âgé trainait. La bonne humeur était au rendez-vous, les blagues pourries, et l'alcool aussi… Si bien, que chacun se retrouva vite avec un esprit très peu alerte. Les conversations n'avaient plus ni queue ni tête. Quand Kotetsu-san avait fini par complètement s'avachir sur la table, baragouinant des onomatopées mal articulées, Barnaby décida qu'il était temps de mettre fin à la soirée. Il salua ses amis et prit congés, soutenant par l'épaule son ainé qui titubait fortement.

Avait-on idée de s'enivrer de la sorte ? Lui, avait bu mais avec beaucoup plus de raison, et il n'était aucunement saoul. Ce qui n'était pas le cas de son coéquipier qui ne semblait pas pouvoir aligner plus de deux pas à la suite sans tomber la tête la première à la rencontre du bitume. Autant dire que le chemin jusqu'à l'appartement du brun n'avait pas été de tout repos. C'est donc avec soulagement que Barnaby l'avait laissé tomber sur le canapé du salon. Il se voyait mal grimper l'escalier apparent sans rambarde de sécurité avec un ivrogne sous le bras. Un geste malheureux et c'était la chute assurée, qui ne se ferait pas sans dommage.

Le salon ferait très bien l'affaire pour la nuit. Barnaby en avait profité pour chercher de quoi couvrir l'endormi, ou plutôt le comateux, avant que ce dernier ne commence à trembler de froid. Le blond se demandait d'ailleurs pourquoi il faisait aussi froid dans l'appartement. Kotetsu-san baissait-il toujours le chauffage quand il n'était pas chez lui ? Une fois trouvé une couverture, qui trainait sur une chaise dans la chambre, Barnaby ôta les chaussures de son coéquipier ainsi que sa casquette. Il étala finalement la couverture sur son corps, s'assurant que l'endormi était bien couvert.

La scène était des plus anodines et d'ailleurs, combien de fois n'avait-il pas ainsi ramené le brun chez lui ? Combien de fois avait-il fait les même gestes ces dix derniers mois quand Tiger se saoulait où alors qu'il travaillait jusqu'à un épuisement tel qu'il ne savait même plus se trainer ? Cependant, aujourd'hui, quelque chose sortait de l'ordinaire ou peut-être était-il plus imbibé qu'il ne le pensait, mais Barnaby ne voyait pas comment expliquer ce soudain attrait qu'une partie du visage de Kotetsu-san éveillait en lui. Il ne comprenait pas pourquoi non plus il trouvait ses lèvres tout à coup si attirantes. D'autant que le souffle saturé d'alcool qui en sortait n'avait rien d'engageant. Barnaby n'avait plus l'impression que tout cela avait de l'importance à ce moment.

- Bunny… hum…

A ce moment Barnaby n'avait plus rien eu en tête. Le seul fait que son nom soit sorti de la bouche de son coéquipier dans son sommeil avait précipité les choses. Sans qu'il ne voie rien venir, sans qu'il ne contrôle rien, ses lèvres avaient rencontrés celles de l'endormi en une simple caresse qui n'avait pas duré longtemps puisque Barnaby y avait mis fin presque aussitôt. Le contact de la chair douce et chaude l'avait réveillé et il s'était relevé vivement pour reculer de trois ou quatre pas, complètement abasourdi par son geste. Il lui avait fallu encore quelques minutes pour prendre pleinement conscience de ce qu'il venait de faire et s'enfuir, ébranlé.

Voilà qui expliquait son état actuel d'insomnie. Le blond se posait des questions sur son comportement, ce qui l'empêchait de pouvoir fermer l'œil sereinement. Avec tout l'esprit critique qu'il avait, toute l'intelligence qu'il possédait, il ne comprenait tout simplement pas ce qui s'était passé dans sa tête pour qu'il en arrive à embrasser son partenaire pendant son sommeil. Il ne comprenait pas bien non plus pourquoi y penser faisait très légèrement accélérer les battements de son cœur. Aux dernières nouvelles, il n'était pas dans ses habitudes de profiter du sommeil des individus. En tout cas, certainement pas de son partenaire, et pour faire un tel geste !

Quelque chose ne devait pas tourner rond chez lui. Il devait avoir bu plus qu'il ne le pensait. Comme l'attestait sa tête qui lui tournait depuis un certains temps et son estomac qui semblait prêt a faire des saltos à tout moment. Par contre cela n'expliquait pas pourquoi il avait encore la sensation des lèvres de Kotetsu-san sur les siennes, ni pourquoi un léger picotement lui parcourait l'échine au souvenir de son nom qui avait été murmuré par ces mêmes lèvres.

Kotetsu avançait presque comme un somnambule en direction du quartier général pour sa séance d'entrainement quotidienne. Le réveil avait été brutal. Un bruit dérangeant l'avait perturbé dans son sommeil. Un son tellement strident que ses tempes l'avaient vrillé. A peine avait-il ouvert les yeux qu'il su qu'il n'aurait pas du accepter d'aller à cette soirée. Ce sentiment se renforça autant que sa migraine quand le visage contrit d'Agnès était apparu à l'écran et que sa voix résonna impitoyablement dans sa tête.

- Qu'est-ce que tu fabriques ! Tout le monde est déjà là, tu es le dernier !

La communication avait pris fin avant qu'il n'ait pu ouvrir la bouche. De toute manière son état mal réveillé et encore échevelé ne lui aurait pas permis d'aligner convenablement deux paroles cohérentes. Il avait maintenant la désagréable impression d'avoir un pot de fer à la place de la tête. Une longue douche et un tube d'aspirine plus tard et Kotetsu était sorti, son sac sur l'épaule, la tête toujours douloureuse.

En effet, c'est sans grande surprise qu'il constata que tous les autres héros étaient déjà bien là et parfaitement bien dans leurs baskets. Il avait du être le seul à boire comme un trou pendant que les autres se lamentaient d'avoir un compagnon de la sorte. Mais pour une fois qu'il réussissait une mission de la sorte, sans dommages collatéraux, à savoir la destruction complète des infrastructures municipales, il fallait absolument le fêter. Quitte à, par la suite, payer les pots cassés. D'ailleurs la première vague de reproche arriva en la personne de Blue Rose.

- C'est maintenant que tu arrives. Je te rappelle que les entrainements commencent à neuf heures et pas à dix heures trente ! S'écria la lycéenne en le pointant de manière accusatoire du doigt.

- Désolé, petite panne d'oreiller, s'excusa le brun en se frottant nerveusement la tête.

- Vu ton halène, tu as tout juste décuvé. Tu aurais pu te laver les dents au moins avant de venir !

L'adolescente s'éloigna de lui, se pinçant le nez comme si une odeur nauséabonde la dérangeait fortement.

- Quoi, à ce point là ? S'étonna Kotetsu en examinant son souffle contre sa main.

Effectivement, des effluves d'alcool persistaient de la nuit passée, lui procurant une halène chargée de whisky. Rien d'étonnant à ce que Karina l'ait quitté si prématurément en plein milieu de ses remontrances. A vraie dire, il ne prêtait qu'une importance moindre à ce genre de chose, il n'avait donc pas pris la peine se pomponner avant de venir. Juste une douche, et il avait enfilé une propre chemise avant de remettre son pantalon de la veille. De toute manière après l'entrainement, il devrait de nouveau se laver, alors à quoi bon s'éterniser dans des soins vestimentaires inutiles ?

Faisant route vers les vestiaires, il croisa son coéquipier qui passait une bouteille d'eau aux lèvres. Un sourire radieux naquit sur les lèvres du brun en le voyant.

- Yo Bunny-chan ! On dirait bien que tu as la forme aujourd'hui.

- On ne peut pas en dire autant de toi Kotetsu-san. Tu as une tête à faire peur.

- Vraiment ? Bah, une bonne séance d'entrainement et il n'y paraitra plus. Au fait, je suppose que c'est toi qui m'as ramené hier soir. Merci.

- Tu devrais éviter de boire autant, soupira le jeune homme. Cela causerait moins de problèmes à tout le monde et tu ne te ferais pas remonter les bretelles pour être en retard par Agnès-san.

- C'est pas ça qui l'empêchera d'en avoir après moi.

Sentant un regard acéré lui bruler le dos, Kotetsu se retourna pour tomber sur les orbes noisette de Blue Rose. Une lueur réprobatrice y brillait qui ne fit que le mettre mal à l'aise.

- Je me demander pourquoi toutes les femmes que je connais me font toujours des sermons dès qu'elles me voient, soupira-t-il.

- Peut-être parce que tu es un cas désespéré, répondit Barnaby en passant un regard par-dessus l'épaule de son interlocuteur pour apercevoir l'adolescente qui semblait bouder dans son coin.

Pourtant, deux secondes plus tôt il aurait juré avoir vu la jeune fille braquer un regard enflammé sur son coéquipier, raison pour laquelle ledit coéquipier s'était retourné vivement.

- D'ailleurs, je ne saurais que trop te conseiller de vite te changer et commencer tes exercices si tu ne veux pas qu'Agnès-san se transforme en furie, conclu le blond en repartant vers une machine à abdos.

- Hay, hay.

Même Bunny-chan lui faisait des leçons de morale. Ce garçon n'avait jamais été un joyeux luron, il était trop droit et moralisateur pour ça. Mais ces derniers mois, Kotetsu avait réussi à le dérider un peu. Bien sûr leur logique de chamaillerie continuait mais dans une entente plus cordiale. C'était devenue leur manière de communiquer et dans un sens, cela lui plaisait bien d'avoir ce rapport privilégié avec son partenaire.

Tiger se souvenait encore combien il avait été dur de conquérir la confiance de Bunny. Les premières semaines de leur collaboration avaient été catastrophiques. Il avait beau lui imposer sa façon de voir les choses, le blond restait braqué sur ses idées. Ce qui avait débouché sur une situation burlesque lors de leur première mission en commun. Rien qu'à se souvenir comment il avait réussi à les saucissonner Bunny et lui en utilisant son câble, un rire joyeux montait immanquablement dans la gorge de Kotetsu.

Heureusement leur relation avait fini par s'améliorer avec le temps. Maintenant, le brun ne dirait pas qu'ils étaient copains comme cochons, mais une certaine harmonie et une confiance s'étaient installées. Et cette collaboration lui avait aussi apporté un plus. Il se sentait moins seul et n'avait plus non plus la sensation d'être le rebut de la famille des héros. Son blason avait, en quelque sorte, été redoré. Une aubaine pour un vétéran comme lui qui ne décollait plus de la dernière place du classement l'année précédente encore. Tiger avait réussi à remonter la pente glissante qu'il avait dégringolée d'année en année en dix ans d'activité.

Il n'avait que peu de honte à avouer que c'était grâce à Bunny. Son équipier avait une influence positive sur lui. Tout comme lui, avait une influence sur le comportement dédaigneux du blond. Une influence constante. D'ailleurs Kotetsu avait du mal à comprendre comment il pouvait en être la cause, avec son comportement parfois irresponsable, il valait mieux éviter de le prendre en modèle. Quoique concernant Barnaby, le décoincer un peu ne pouvait être que bénéfique. Même en ayant un comportement irresponsable.

Malgré son mal de tête persistant, Kotetsu avait fini par détecter, au fil de la journée, un léger changement dans le comportement de son ami. Il avait assez souvent surpris son regard vert braqué sur lui. Mais dès que le brun s'en apercevait et qu'il tournait la tête dans sa direction en quête de réponse, Bunny détournait la tête. C'était étrange et déplaisant de se savoir épié par un ami. Tiger en était arrivé à se poser des questions pour finalement en fin de journée en arriver à la conclusion qu'il avait du faire quelque chose la veille alors qu'il était ivre mort.

Une petite conversation avec Bison lui avait confirmé que son ami blond l'avait embarqué, le trainant lamentablement derrière lui, pour le raccompagner. Il lui avait aussi certifié que ce dernier n'avait en aucun cas fait montre d'un comportement étrange. Donc, s'il avait du se passer un incident, cela c'était déroulé quelque part entre la sortie de soirée et le moment où Bunny l'avait laissé seul chez lui. Complètement bourré qu'il était, il avait pu faire et dire n'importe quoi. Avait-il tenu des propos choquant pour ses oreilles virginales ?

Une drôle d'idée traversa la tête de Kotetsu. Bunny était-il encore vierge ? A vingt-quatre ans, c'était assez peu probable. Curieusement, il avait envie d'en apprendre plus sur la vie privée de son partenaire. Ils se connaissaient depuis un an et tout ce qu'il savait du blond c'était son nom à rallonge et le fait que ses parents avaient été assassinés quand il avait quatre ans. Il connaissait aussi son caractère hautain, sûr de lui, et sans compromis. Voilà tout ce qu'il connaissait de lui, c'était très peu. Il était donc légitime, en tant que coéquipier, qu'il veuille en savoir plus.

Barnaby se morigéna une fois de plus alors qu'il prenait conscience du fait que son esprit était encore parti vagabonder du côté de Kotetsu-san. Trois jours s'étaient écoulés depuis ce fameux soir et depuis, des pensées étranges lui passaient par la tête. Il avait beau se dire que ce n'était pas bien grave, juste une lubie passagère, le fait d'imaginer son partenaire sous la douche sans rien d'autre sur lui qui la mousse, qui d'ailleurs disparaissait de plus en plus rapidement au fil de ses divagations, avait de quoi l'inquiéter sur sa santé mentale. D'abord, il avait voulu l'embrasser, maintenant il fantasmait sur son corps. Si seulement il pouvait ôter ses images de son esprit, il ne se sentirait pas aussi mal vis-à-vis de Kotetsu-san.

Ce dernier avait remarqué son comportement inhabituel. Plus d'une fois il s'était retourné pour le découvrir en flagrant délit de matage. A chaque foi, il avait sourit mais Barnaby sentait bien les questions dans son regard. Ce vieil homme avait beau être plutôt naïf, il était observateur. Et soyons clair, il n'était pas né de la dernière pluie et pouvait aisément décrypter un comportement anormal. D'autant plus venant de son coéquipier.

Tout aurait pu continuer à cette allure si les autres héros n'avaient pas eux aussi remarqué son comportement. Ils avaient mis plus de temps, mais depuis la veille, ils se posaient aussi des questions. Bien qu'il fasse son possible pour cacher son malaise, il était plus transparent qu'une vitre venant d'être lavée en plein été. C'était une situation paradoxale puisque Barnaby avait la réputation d'être une personne fermée. D'ordinaire, on ne pouvait pas savoir ce qu'il pensait, mais là son comportement étrange transpirait par tous les pores de sa peau. Il évitait clairement son coéquipier, cela ne pouvait qu'amener des questions.

- Tu as l'air dans la lune Barnaby-san.

Le jeune homme sursauta. Il ne s'était pas rendu compte qu'encore une fois il était parti dans ses pensées. Cela lui arrivait trop souvent dernièrement et avait bien failli lui couter de rater une mission pas plus tard que la veille.

- Origami-senpai, dit-il en se retournant vers son ainé aux yeux violets.

Celui-ci s'était assis en face de lui sans qu'il ne s'en aperçoive. Il devait vraiment être absorbé pour ne pas l'avoir vu. Ce qui expliquait donc le regard soucieux du shinobi. N'importe qui serait inquiet de se voir ignoré alors qu'il était on ne peut plus directement en face de son interlocuteur.

- Je réfléchissais simplement, excusez-moi. Vous vouliez quelque chose ?

- Non, non. Je prenais juste une pause. Ces dernier temps, tu réfléchis beaucoup. Il s'est passé quelque chose ?

- Non.

C'était un mensonge éhonté mais Barnaby ne se voyait pas lui faire part de ses envies peu orthodoxes du moment. Envies qu'il aimerait du reste, bien comprendre.

Origami le dévisagea sans rien dire pendant un long moment. On aurait dit qu'il essayait d'analyser chaque parcelle de son être. D'ordinaire son senpai n'était pas du genre bavard et plutôt réservé de nature, mais c'était peut-être aussi l'une des personnes qui le comprenaient le mieux. Ils ne s'étaient pas beaucoup parlé lors de leurs études à l'académie des héros, étant dans des années différentes, mais depuis qu'ils étaient tout deux des héros à part entière, ils s'étaient un peu rapprochés. Si bien que maintenant, il n'était pas rare qu'ils aient tous les deux parfois de longues discussions. Barnaby rebutait à lui mentir, mais il ne voyait pas comment aborder un tel sujet.

- C'est à propos de Tiger-san.

Loin d'être une question, il s'agissait d'une affirmation. Affirmation qui déstabilisa le blond et arracha un sourire à son senpai.

- Tes regards son plutôt voyants, se justifia Ivan.

Barnaby soupira. Il aurait préféré ne rien regarder du tout. Mais voilà, il se sentait irrémédiablement attiré par son partenaire depuis cette fameuse nuit. Le blond avait des réticences à parler de certains sujets avec son senpai, qui se montrait plus perspicace qu'il y paraissait. Pouvait-il aborder de ce qui lui passait par la tête ces derniers jours ? Origami-senpai ne se moquerait jamais des problèmes d'autrui, mais il serait très certainement gêné. De plus, aborder ce sujet ici, avec toutes les oreilles indiscrètes qui trainaient…

L'indécision n'était pourtant pas un trait de caractère que Barnaby se connaissait, pourtant en ce moment il tergiversait. Il avait l'impression d'avoir une chape de plomb à la place de la tête à force de se torturer les méninges. En parler ne pourrait finalement que l'aider.

Après un long soupir, le jeune homme se leva, sa décision prise. Faisant signe à son compagnon de l'imiter, ils sortirent tous les deux. Quelques dizaines de minutes plus tard, ils se retrouvaient installés dans le salon du plus jeune, se fixant en chiens de faïence. Barnaby ne savait pas comment aborder le sujet. Devait-il se montrer direct ou plus subtil ? Face à lui son ami était tendu, attendant nerveusement la suite des événements.

- J'ai effectivement un léger problème, dit-il finalement, faisant lever la tête d'Ivan dans sa direction. Mais je ne sais pas comment aborder le sujet.

Le dos courbé, les bras prenant appui sur ses jambes, Barnaby rassemblait tant bien que mal ses idées. Bien qu'il ne soit pas la personne la plus perspicace qui soit Origami avait une petite idée de ce qui se passait dans la tête de son ami. Il le savait pour avoir vécu le même problème auparavant. Ce regard insistant posé sur une personne en particulier, l'air constamment dans les nuages, le manque de concentration… Bref, s'il ne se trompait pas, la jalousie devrait bientôt rejoindre ce panel de sentiments.

- Je ressens de nouvelles choses… Et c'est assez perturbant.

- Vis-à-vis de Tiger-san ?

Le rouge envahit progressivement les joues de Barnaby. Il était encore plus gênant de discuter d'un tel sujet qu'il ne l'aurait imaginé. Sa voix refusait de sortir pour acquiescer. Il se contenta donc d'un bref assentiment de la tête.

Le silence tomba de nouveau, inconfortable. Ces longues minutes de silence eurent vite raison des nerfs de Barnaby qui se leva brusquement. Il commença ensuite à faire les cent pas sous le regard sceptique de son ainé. C'était bien la première fois qu'il voyait Barnaby nerveux sans une bonne raison.

- Je ne sais pas pourquoi soudainement, reprit Barnaby en tournant en rond. Quand je l'ai raccompagné quand il était saoul, tout à coup ses lèvres m'ont parues si tentantes. Et… depuis que j'ai frôlé ses lèvres, de drôles d'images me trottent dans la tête. Au point que je me demande ce qui cloche chez moi. C'est la première fois que je me sens aussi étrange.

Ivan regardait son jeune collègue incrédule. Il le savait naïf sur certain point mais pas aveugle. Il ne voyait même pas le point essentiel. Ou alors, il ne voulait tout simplement pas le voir. Prudemment, Origami reprit la parole, après avoir pesé ce qu'il pouvait ou non dire à son ami.

- Tu es… attiré par Tiger-san.

Les déambulations du blond cessèrent brusquement et son visage étonné se tourna vers son senpai, qui maintenant était crispé dans son fauteuil. Barnaby était choqué de cette déduction mais en même temps, il sentait que rien n'était plus vrai que ce que venait de lui dire Ivan. C'était tellement évident qu'il ne comprenait pas pourquoi il n'y avait pas pensé lui-même. Surement que cela lui était tout bonnement improbable. Lui, être attiré par un vieil homme, son coéquipier de surcroit ! Comment aurait-il pu ne serait-ce qu'y penser dans une situation normale ? Il venait certes, de s'en rendre compte, mais c'était une autre paire de manches de l'avouer ouvertement. Aussi préféra-t-il se renfrogner.

- Vous dites n'importe quoi Origami-senpai. Kotetsu-san est un vieil homme plus dérangeant qu'autre chose. Je ne vois pas comment je pourrais être attiré par lui.

- Désolé ! S'écria l'autre blond en se relevant brusquement. Je ne voulais pas te manquer de respect. Je ferais bien d'y aller.

Sans laisser le temps à Barnaby de répondre quoique ce soit, Origami avait disparu dans l'entrée. Alors qu'il refermait la porte, un soupir soulagé franchit ses lèvres. Il n'aurait sans doute pas du être aussi direct. Il avait mis Barnaby en colère avec ses déductions. Mais il était tellement sur d'avoir mis la main sur ce qui turlupinait son ami qu'il n'avait pas fait attention à ses sentiments. D'un autre côté le fait qu'il se soit mis en colère et qu'il ait appelé Tiger-san « vieil homme », ce qu'il n'avait plus fait depuis bien des mois, révélait que finalement il n'était peut-être pas bien loin de la vérité.

Un nouveau soupir, un ! Cela faisait combien de fois qu'il soupirait aujourd'hui ? Dixième fois ? Vingtième fois peut-être ? Kotetsu en avait perdu le compte. Plusieurs raisons étaient la cause de son problème. Car oui, il y avait des problèmes. Tout d'abord sa fille lui reprochait encore et toujours de ne jamais être là. Ce n'était pas inhabituel mais s'il l'associait à son autre problème, cela lui causait une migraine terrible à force de réfléchir, et ce problème était tout aussi compliqué sinon plus. Non assurément, il l'était plus.

Ce problème concernait Bunny. Bunny qu'il sentait distant depuis maintenant deux semaines. Bunny qui niait tout en bloc dès qu'il lui demandait des explications. Bunny dont il sentait cependant le regard posé sur lui en permanence mais qui détournait les yeux dès qu'il se retournait sur lui. Son comportement était étrange. Kotetsu avait l'impression d'être revenu au début de leur collaboration, quand le blond ne lui faisait pas confiance et agissait dans son coin. A peu de chose près qu'à cette époque Bunny l'ignorait alors qu'aujourd'hui, il sentait toujours les effluves de sa présence. Mais il restait loin. Irrémédiablement loin.

Pour la énième fois de la journée, Kotetsu soupira. Il devait avoir une conversation avec son partenaire. Et aujourd'hui. Du moins autant que possible, puisque l'après-midi touchait déjà à sa fin. C'était donc assez mal parti pour dépatouiller les fils du mystère.

Sans son entrain habituel, Kotetsu pénétra dans son bureau dans l'optique de ramasser ses affaires et s'en retourner chez lui. Le hasard faisant bien les choses, justement Bunny était assis derrière son bureau, l'air absorbé par l'écran de son ordinateur… noir. Quand il disait que son coéquipier agissait bizarrement.

- Hé Bunny-chan, le salua-t-il, son sourire revenu par cette rencontre inespérée.

Mais son sourire fut de courte durée, quand le silence lui répondit. Barnaby n'avait pas bougé d'un pouce, fixant son écran vide sans le voir.

- Bunny ! S'exclama-t-il en agitant la main devant les yeux du jeune homme.

Ce dernier sursauta et revint à la réalité quand ses émeraudes rencontrèrent le regard chocolat de son ainé. Mais son expression reprit bien vite ses traits fermés habituels.

- Qu'y a-t-il Kotetsu-san ?

- C'est justement ce que je me tue à te demander depuis des jours !

- Et la réponse n'a pas changée. Je vais très bien.

Les yeux de Kotetsu se plissèrent alors qu'il dévisageait son jeune ami. Rien ne passait sur son visage. Aucune expression qu'il pourrait analyser. En plus d'être impassible, Barnaby était têtu. Trop pour son propre bien malheureusement.

- Bunny, sérieusement, tu n'es pas dans ton assiette. Tu as failli faire capoter la dernière mission en agissant seul, sur un coup de tête. Tu as pris des risques inconsidérés. Je croyais que c'était moi le plus irresponsable des deux. Mais il semblerait que tu ne t'en sortes pas trop mal non plus dans le genre.

Barnaby ne sut que répondre pour la bonne raison qu'il n'y avait rien à répondre. Il avait pris les devants en voyant Kotetsu en difficulté et n'avait réussi au final qu'à se mettre en danger. Le fait d'avoir vu son coéquipier à terre, avait réveillé en lui une peur qu'il croyait disparu depuis qu'il avait vu ses parents mourir. Il avait transposé le visage de Kotetsu à celui de ces parents et il n'avait pas pu se maitriser.

- On dirait qu'on est revenu au temps où tu voulais venger tes parents.

Je voulais te protéger ! S'écria-t-il intérieurement.

- Bunny-chan, allez dis-moi ce qui se passe, reprit Tiger, sa voix radoucie.

Barnaby sentit tout son corps se tendre. Son partenaire était maintenant si proche, qu'il sentait les effluves de son eau de toilette musquée.

- Bunny-chan…

Les yeux de Kotetsu, si rieurs d'ordinaire étaient maintenant marqués par l'inquiétude et, ce qui lui fit le plus mal, voilés par une lueur de tristesse. A s'échiner à ne vouloir rien lui dire, le blond savait qu'il inquiétait cet homme qu'il avait appris à considérer comme un ami. Mais voir combien son comportement l'atteignait, cela lui porta un coup au cœur. Le duo qu'il formait avec Kotetsu-san allait en pâtir s'il ne faisait rien pour régler cette histoire au plus vite. Tout cela n'avait que trop duré. D'ailleurs, le brasier qui s'était allumé dans ses reins depuis qu'il était entouré par l'odeur de son équipier ne lui laissait que peu d'espoir concernant ses pulsions qui au fil des jours s'intensifiaient.

- Kotetsu-san…

Le regard émeraude migra des orbes noisette pour glisser le long du visage tanné pour finalement et fatalement s'accrocher à sa bouche. Comme envouté par un sort puissant, Barnaby voyait les lèvres bouger et remuer sans qu'aucun son ne lui parvienne, se répercutant jusqu'à ses tympans, le rendant totalement sourd. Comme depuis deux semaines, Barnaby trouva ses deux bouts de chair finement galbés irrésistibles. Le fait qu'ils remuaient de la sorte, lui donnait encore plus envie de les immobiliser dans un baiser. Le brasier qui l'avait pris se propageait maintenant au reste de son corps, le faisant frissonner. Un grondement sourd lui vrillait le crane devenant presque insupportable.

- Bon sang Bunny, tu vas arrêter de me regarder avec ces yeux de merlan frit et me répondre !

Cette fois, Barnaby avait entendu l'exclamation. Le ton emporté et les mots employés ne lui avait guère plus mais n'avait pas non plus apaisé le désir qui brulait en lui. Au contraire, il n'en avait que plus envie de le faire taire et d'une manière pacifique et plaisante. La digue qu'il maintenait tant bien que mal depuis des jours venait de céder et quelqu'un devait en subir les conséquences.

- Si tu tiens tellement à le savoir… murmura-t-il.

Kotetsu avait plus ou moins compris le murmure rauque de son ami. Le son qui était sorti des lèvres du blond ressemblait plus à un grondement qu'autre chose, il avait compris l'essentiel, et allait donc avoir les réponses à ses questions.

Alors qu'il courbait le dos pour écouter ce que Bunny avait à dire, ce dernier le saisit par la cravate et d'un coup sec, le ramena contre lui. Déstabilisé, Tiger se retrouva plaqué contre le blond, ses lèvres buttant contre les siennes. Tout naïf qu'il était, Kotetsu crut d'abord à un accident. Mais il déchanta bien vite quand une langue s'insinua dans sa bouche, profitant de sa surprise. Les yeux grands ouverts, le brun essayait de comprendre pourquoi, tout à coup, il se retrouvait à embrasser Barnaby. Ou plutôt, c'était Bunny qui l'embrassait, et lui était trop abasourdi pour faire quoique se soit. Seulement une quantité inquiétante de questions lui traversaient la tête. Pourquoi Bunny l'embrassait-il ? Bunny avait-il pris un coup sur la tête ? Bunny était-il en manque ? Bunny s'amusait-il à lui faire une blague ? Bunny le prenait-il pour quelqu'un d'autre ?

Alors que toutes ces questions dansaient dans sa tête à lui en donner le tournis, Kotetsu sentit la langue du blond frôler ses dents, son palet, les parois de ses joues pour finir par caresser sa propre langue. Instinctivement cette dernière se mit en mouvement pour participer faiblement à l'échange, plus par reflexe conditionné que par envie de partager le baiser. Et soyons franc, un baiser restait un baiser quelque soit la personne en face de vous. Si tant est qu'elle soit douée, Kotetsu pourrait embrasser infiniment une personne.

Quand enfin Bunny le relâcha, le souffle saccadé, Kotetsu le regarda, hébété, se relever comme si de rien n'était. Une fois debout, ce dernier fixa son partenaire qui avait un regard perdu, et soupira faiblement.

- Voila ce qui m'arrive, dit-il simplement avant de décamper prestement, laissant derrière lui un Kotetsu figé tel une statue de granit.

Voilà pour cette première partie.

A la prochaine pour la suite !