Disclaimer : A mon grand regret, je ne possède ni les personnages, ni le scénario ni même l'histoire original : tout est à Seiji Kishi, Atlus et les Studio Bridge, me semble-t-il.
Pairing: AlcorXYamato (ou YamatoXAlcor, comme vous préférez).
Genre : Tranche de vie hurt/comfort un tout petit brin de romance.
Rating: K.
Note de l'auteur : Comme vous l'avez constaté, j'ai fait un update. Je trouvais ça beaucoup plus pratique si je mettais tous les drabbles ensembles, vu que j'oubliais toujours de les poster. Alors, voilà ! ~ Bonne lecture !
Aussi, à propos… aucun des auteurs présents sur ce site n'est payé. Notre seule rémunération c'est les petits mots laissés par les lecteurs. Je n'aime pas en demander, mais pensez-y, ça fait toujours plaisir !
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L'être brillant
Lorsqu'Alcor était apparu devant lui pour la première fois, en contrejour devant la baie vitrée de sa bibliothèque, Yamato avait été ébloui. La fine silhouette de l'albinos s'était dessinée devant l'enfant, qui avait tenté de masquer sa surprise devant l'apparition. Alors, lorsqu'il l'avait surnommé « l'être brillant », Yamato avait été étonné. Parce-que, de par son aura rayonnant d'une puissance intimidante mais étonnamment douce, ses cheveux de neige et l'étincelle de ses yeux argentés, c'était lui qui aurait mérité de porter ce titre.
Echecs
Yamato aimait les échecs. La beauté des pièces de marbre, les cases noires et blanches, les pièces qu'il bougeait avec une précision redoutable. La bataille qu'il livrait et qu'il gagnait toujours. C'était son terrain, là où il se savait invincible, là où il ne doutait jamais.
Pourtant, lorsqu'il joua contre Alcor pour la première fois, le mot prit un tout autre sens. L'échec. La connotation d'une défaite amère et cuisante, à laquelle il n'était pas habitué. Une blessure profonde dans son orgueil d'enfant. Comme un petit Dieu soudainement chassé de son piédestal.
Cerberus
Cerberus, le chien des enfers, était un démon redoutable. La puissance nécessaire à son invocation était colossale, et peu étaient aptes à le faire apparaître et Yamato en avait parfaitement conscience. Alors, évidemment, lorsque l'animal avait ravagé le laboratoire, le mettant littéralement à feu et à sang, il avait froidement regardé le massacre, ses yeux violets bouillonnant d'une fierté certaine, sentant l'excitation procurée par son succès enfler en lui, rependant une agréable chaleur dans son corps. La réussite. Car après ça, Alcor serait obligé de le regarder différemment. Moins comme un enfant plus comme un homme.
Pourtant, lorsque l'être était apparu, quelques jours plus tard, rien n'avait changé. A part son regard, qui s'était peut-être fait plus amusé.
Maladie
Personne n'aimait être malade, et Yamato ne faisait pas exception. Il exécrait l'impression de faiblesse qui l'empêchait de bouger, le clouant au lit. Il détestait sa respiration sifflante, qui soulevait douloureusement sa cage thoracique, sa vision rendue floue par la fièvre, et la chaleur qui se dégageait de son corps, sans pour autant l'empêcher de frissonner. Cloué dans un lit trop grand pour sa silhouette encore chétive –bien trop à son goût-, plus pâle encore qu'à l'accoutumée, le front brûlant, les joues rougies et la respiration sifflante, l'adolescent de douze ans était enfoui sous une montagne de couvertures. Il avait maudit son état de faiblesse évident, allant jusqu'à interdire l'entrée de sa chambre à quiconque, refusant obstinément que quelqu'un puisse le voir –c'était dégradant que penserait-on de lui si jamais on venait à le voir ainsi ?
Ses yeux papillonnaient devant un ouvrage qu'il s'acharnait à déchiffrer malgré ses yeux voilés. Ce fut peut-être pour cela qu'il ne remarqua pas la silhouette au pull rayé et au sourire amusé qui l'observait, bras croisés, négligemment appuyé contre un mur, dans un coin d'ombre. Ce n'est que lorsque Yamato rendit les armes, aussi agacé qu'épuisé, se décidant à plonger dans les bras de Morphée, qu'Alcor s'avança pour déposer une main fraiche sur son front pâle. Dans son sommeil, l'adolescent tressaillit.
Yamato ne comprit pas lorsque, le lendemain, il se réveilla avec une agréable sensation de fraîcheur sur son visage, et qu'il constata qu'il n'avait plus de fièvre.
Anniversaire
Barbante. Il n'y avait décidément pas d'autre mot pour décrire la soirée. Pour la énième fois en quelques heures, Yamato poussa un soupire presque plaintif, ses yeux améthystes balayant la somptueuse salle de balle. Çà et là, dansaient des femmes vêtues de robes couteuses aux parures de diamants, alors que des hommes habillés tout aussi onéreusement tenaient des propos stupides. Le niveau intellectuel des discussions de ces imbéciles frôlait le néant. A tel point que c'en était risible. Des montagnes de paquets s'élevaient sur une table de bois sculptée, à quelques mètres de lui. Présents qui lui étaient destinés mais qu'il n'ouvrirait pas. Aujourd'hui, il avait treize ans. Alors que la plupart des enfants de son âge jouaient et riaient à cette occasion, déballant leurs cadeaux avec une joie non feinte, lui, observait le ramassis de déchets qui gloussaient dans la salle, oscillant entre ennuie et dégoût. Il ne tarda pas à s'éclipser, retrouvant avec un certain soulagement le calme de sa chambre. Le jeune garçon se laissa lourdement tomber sur un fauteuil, lorsque son regard fut attiré par une forme sur son lit. Un petit paquet, qui lui était vraisemblablement destiné. Sourcils froncés, il attrapa l'objet, curieux, quoique sceptique. L'emballage était argenté, d'une agréable simplicité, contrastant avec la sophistication de ce qu'il avait l'habitude de recevoir. Un fin sourire étira ses lèvres, alors qu'il observait le jeu d'échec aux pièces brillantes. Plus que l'objet en lui-même, malgré tout son esthétique, ce fut le symbole qu'il représentait qui lui réchauffa le cœur. Un encouragement à aller de l'avant, à poursuivre sa voix, ses rêves. A mener sa vie. Je deviendrais plus fort, Alcor. Je serais enfin capable de te battre, et, à ce moment-là, tu devras me reconnaître en tant que véritable adversaire. Plus adulte, moins enfant. Plus redoutable, moins négligeable.
Récompense
Yamato était un excellent joueur d'échecs. Fin stratège, il connaissait d'innombrables tactiques pour faire un mat clair et rapide. Pourtant, il avait toujours perdu contre Alcor, à son grand dam. Pourtant, un jour, alors qu'ils partageaient une énième partie, ce fut le jeune garçon, alors âgé de quatorze ans, qui fit tomber la défense adverse, jusqu'à –enfin !- mettre fin à la partie. La reine noire se plaça à quelques cases du roi blanc de son opposant, dans un geste sec. L'adolescent, les sourcils froncés, garda la main sur la pièce quelques secondes avant de la lâcher, indécis.
« Echec au roi. »
Un fin sourire étira les lèvres fines du Septentrion, alors qu'il regardait le plateau d'un air appréciateur.
« En réalité, je crois qu'il y'a échec et mat, Yamato-kun. »
Celui-ci poussa un soupir presque étouffé, encore perplexe. Gagné ? Avait-il réellement gagné ? Ses yeux gris fixèrent les pièces pas d'erreur possible. C'était assez agaçant de le reconnaître, mais lui-même peinait à croire en sa victoire –pourtant indiscutable.
« Yamato-kun ?
- J'ai gagné.
- On dirait bien, en effet. »
L'être Angoissé sourit, se levant de sa chaise pour s'approcher de Yamato.
« Bravo à toi, en ce cas. J'ai cru comprendre qu'il était coutume chez les humains d'offrir quelque chose au vainqueur. Est-ce vrai ?»
Le plus jeune ne compris pas vraiment lorsqu'il sentit deux lèvres se presser doucement contre les siennes, dans une caresse légère et fugace. Il observa avec un certain étonnement qu'il n'arrivait pas à masquer l'homme se redresser, une mimique joyeuse au visage, et qu'il disparut en un instant.
Yamato ne l'admit jamais néanmoins, il était intimement persuadé qu'Alcor l'avait volontairement laissé gagner.
Déchu
Il l'avait bien cherché. Après tout, c'était lui qui avait refusé ce titre. L'être brillant. quelle connerie ! Yamato en avait conscience, ce n'était pas à lui de porter un tel nom. Pas alors qu'il était plongé dans les ténèbres. Ç'aurait été stupide. Un non-sens. Pourtant, sans cette appellation, il n'aurait pas rencontré Alcor. Et aussi idiot que cela puisse être, cette simple pensé l'effrayait. Comme si l'homme était une sorte de point d'attache, qui lui permettait de ne pas sombrer. Pas plus profondément qu'il ne l'était déjà. Et lorsqu'il l'appelait ainsi, l'adolescent se sentait spécial. Pas à cause des parures qu'il arborait, ou de l'uniforme du chef du JP's. C'était comme si son existence en elle-même était spéciale, lui donnant une raison de vivre, autre que celle que l'on lui avait toujours dictée : Tu vivras, vaincra les Septentrion, et, lorsque l'aube d'une nouvelle ère se profilera, après une semaine d'enfer, tu gouverneras le monde. Alors, il était tombé de haut. La chute avait été douloureuse. Par souci de fierté, presque de condescendance, il avait refusé ce titre, avec la certitude hautaine qu'Alcor le retiendrait. Maintenant, il ne pouvait que se mordre les doigts face à sa naïveté. Devant son refus, il n'avait même pas semblé surpris. Peut-être un peu déçu, tout au plus. Et il l'avait abandonné. Car sans l'Angoissé, l'Être Brillant n'avait de raison d'exister – de briller.
Absence
Alors, le temps était passé. Lentement, tout d'abord. Chaque jour, Yamato attendait que se dessine la silhouette d'Alcor, dans sa chambre, face à la baie vitrée, ses lèvres fines plissées en un sourire mutin, ses yeux argentés scintillant de malice. Parfois, il attendait même de longues heures, songeur devant son échiquier. Il ne vint pas. Un an, deux ans. Puis, presque trois. La menace du Septentrion se faisait de plus en plus présente, son rôle de chef du JP's, de plus en plus éreintant, aussi bien pour ses nerfs usés par le manque de sommeil et les décisions à prendre que pour son corps. Les ressentis physiques étaient douloureux. Ses muscles noués par l'absence de repos, le cerveau en ébullition, il était toujours demandé, avait toujours quelque chose à faire. Et personne n'était là pour l'épauler. Pas entièrement. C'est dans ces moments-là, lorsqu'il pénétrait dans sa chambre impersonnelle, observait ses draps lisses, sa chambre vide de toute présence et la petite table où il jouait aux échecs, devant la baie vitrée, que l'absence d'Alcor se faisait sentir. Au début, il avait chassé cette pensée gênante –presque honteuse-, évasif, comme lorsque l'on veut chasser un insecte agaçant. Puis, l'idée s'était faite plus ténue. Et il dû admettre la possibilité que l'absence de l'Être Angoissé l'affectait, finalement.
Comme avant.
La journée avait débutée normalement, malgré l'étrange pressentiment qu'il ressentait. Yamato n'en avait pas tenu garde dans deux semaines, tout se jouerait. Le chef du JP's pénétra dans son gigantesque manoir, presque désert, traçant immédiatement dans sa chambre, déboutonnant son manteau, laissant rouler ses muscles tendus sous sa chemise noir. Il retint un bâillement, épuisé. Il avait poussé la porte, jetant d'un geste négligeant sa veste sur les draps en soie. Et s'était figé. Alcor n'avait pas changé. En trois ans, pas un seul de ses traits ne semblait différer de ses souvenirs que ce soit ses cheveux blancs ébouriffés, ses yeux argentés pétillant, son sourire amusé ou encore sa posture nonchalante, alors qu'il était assis face à l'échiquier. Yamato n'était pas le genre de personne qui hésitait ou montrait ses sentiments. Il était réfléchit, ne s'emportait pas –ou si peu- et avait la fâcheuse tendance à manipuler les gens. Pourtant, en cet instant, il n'avait qu'une envie : secouer l'autre homme de toutes ses forces en hurlant. Haine, incompréhension, agacement… et peut-être aussi un certain soulagement qu'il n'avouerait jamais. Un maelström de sentiments semblait agiter son corps. Mais il se contenta de le toiser, hautain, et d'aller prendre place, à son tour, du côté des pions noirs. Comme avant…
Remplaçant
Il le toisait, hautain et fier, du haut de son piédestal. En contrebas, Hibiki avait plongé ses yeux azurés dans ceux, améthystes du chef du JP's. Ainsi, c'était lui, le nouvel être brillant… il sentit ses poings se serrer, alors que des sentiments contradictoires oppressaient sa tête. Haine, intérêt, mépris, sollicitude.
Ils étaient opposés.
Assez ironiquement, c'était celui aux cheveux noirs, qui semblaient irradiés, alors que celui à la chevelure grisés, recouvert de son long manteau noir, était plongé au plus profond des ténèbres.
Un sourire laconique étira les lèvres de Yamato, l'espace d'un instant, avant qu'il ne tourne les talons, sans écouter les protestations du garçon, en bas.
Pauvre imbécile, qui pensait savoir ce qu'était qu'une vie qui croyait connaître l'importance d'une existence. Il ne connaissait rien de la douleur, lui qui avait probablement toujours vécu aimé, entouré et choyé. Il ne pouvait pas prétendre connaitre ce sentiment d'abandon, de solitude, qui avait noirci le cœur d'un gamin au destin déjà tracé. Tu feras de grandes choses. Tu gagneras !
Mais il avait perdu. Perdu contre un imbécile d'idéaliste naïf, ignorant tout de la dureté du monde des adultes –et pourtant, aussi incroyable que cela puisse être, Yamato était son cadet !
Il avait perdu, avait chuté de son trône. Et avait été remplacé.
Indifférence
Si on demandait à Hibiki de qualifier, de manière objective, Yamato, il répondrait sans doute « indifférent » -bien que « enfoiré » lui brulerait la langue. Ce n'était qu'en partit vrai.
Yamato Hotsuin était certainement une personne froide, peut-être même hautaine fier, têtu, sûr de lui… éducation oblige. Mais il n'était pas indifférent –pas totalement.
La guerre avait commencé, plus meurtrière encore que ce qu'il avait envisagé. Chaque jour, le nombre de victime avoisinait la centaine de millier, soldats du JP's et civils confondus. Et puis, tombaient les plus braves. Les puissants, comme il les appelait. Il les voyait, sur le gigantesque écran qui lui transmettait les images du champ de bataille. Il voyait leur visage effrayé, il les observait le maudire intérieurement. Puis, il se retournait, et partait à son tour se battre.
Et le soir, lorsque la bataille aurait enfin cessé, il écouterait Hibiki prononcer ses discours venimeux, l'accusant à tort et à travers. « Tu les as laissé mourir ! » « La vie humaine est précieuse, Yamato, tu ne peux pas les envoyer se faire tuer comme s'ils n'étaient rien ! ». Et le plus jeune lui jetterait un regard dédaigneux avant de tourner les talons, sans nier. Car les temps étaient trop durs, et qu'il fallait quelqu'un prêt à prendre toutes les responsabilités, toutes les décisions tous les coups et les injures. Et ça, c'était son rôle.
Alors, il cachait ses peurs, sa haine, son humanité même sous le voile de cette indifférence factice. Et il faisait face, sans personne pour l'épauler.
Avenir
Allongé sur son grand lit à baldaquin, son avant-bras posé sur ses yeux clos, Yamato étouffa un soupir. Ses muscles noués étaient douloureux, et ses trois dernières nuits passées sur l'ordinateur à évaluer les prochaines attaques des Septentrions avec le professeur Kanno se faisaient ressentir. L'invocation continue de Cerberus et celle, légèrement moins fréquente de Baal n'arrangeaient rien à sa fatigue. Il sursauta à peine lorsqu'il sentit une présence à ses côtés. Alcor flottait paisiblement à côté de lui, dardait ses yeux argentés rieurs –quoique légèrement assombris par ce qui ressemblait à de l'inquiétude- sur le jeune homme.
« Tu devrais te reposer un peu, Yamato-kun tu ne tiendras plus très longtemps, à ce rythme. Et malgré toute ta puissance, tu ne devrais pas autant solliciter tes capacités magiques.
- Si tu es là pour me sermonner, tu peux partir immédiatement. »
Un soupir amusé s'échappa des lèvres de l'autre.
« Désolé, j'oubliais quelle tête de mule tu étais. »
Un silence paisible s'installa, alors que ni l'un ni l'autre n'esquissait le moindre geste. Seule la poitrine du plus jeune se levait et s'abaissait régulièrement.
« Que comptes-tu faire, après ? »
Silence. Yamato fit retomber le bras qui barrait ses yeux, avant de se redresser en position assise, sans un regard pour l'autre.
« Je mettrais en place un nouveau régime je règnerais sur les humains survivants.
- Je crois que tu n'as pas compris ma question, Yamato-kun. Qu'as-tu envie de faire, toi, si les humains arrivent à passer le test de Polaris ? »
Les yeux de Yamato s'élargirent lorsqu'il fit volteface, l'être angoissé était déjà partit, ne laissant que le vide un vide similaire à celui de son avenir.
Déclaration de guerre
« Je ne te laisserais pas tuer Hibiki. »
Les mots raisonnaient dans la tête de Yamato, alors que son ventre se tordait et ses poings se serraient. Ses yeux se plissèrent, alors qu'un voile d'ombre les recouvrait.
C'était une trahison. Des paroles qui déchiraient l'esprit, ne laissant qu'une hébétude amère, et un goût acre dans la bouche.
Une déclaration de guerre, qui mettait un terme définitif à toutes ces années, ces échecs, ces discussions parfois dépourvues de sens. Ces encouragements, même. Et une amitié timide, niée, mais présente.
« Yamato… mon premier ami. »
Il se sentit claquer la langue. Foutaises.
Alors, il sentit des mots acides, froids et cinglants s'échapper de ses lèvres. Il eut le temps de voir une lueur s'éteindre dans les yeux argentés de son vis-à-vis puis, le combat débuta.
Amertume
Yamato n'avait jamais réalisé à quel point une vie était fragile. Pas alors que les civils tombaient, en masse, qu'il sacrifiait les invocateurs du JP's, ni même lorsque ces adolescents, trop vites plongés dans un monde trop brusque, trop dangereux avaient eux aussi passés l'arme à gauche. Jamais. Mais maintenant, lorsqu'il observait Alcor, qui, malgré ses blessures, n'avait pas perdu de sa superbe – ou encore son agaçant sourire – le jeune homme se sentait perdu. Après tout, le Septentrion était probablement la personne la plus puissante qu'il connaissait la seule personne capable de se battre sur un pied d'égalité avec lui. Cet instant de déconcentration faillit lui être fatal. Il sentit avec stupéfaction les longues tentacules de fer violet s'enrouler autour de lui, le plaquant contre le torse de celui, qui, autrefois, n'avait été qu'un Système, alors que les deux corps entrelacés s'élevaient dans les airs, les masquant aux trois autres survivants.
« Je suis désolé, Yamato. Après tout, c'est ma faute, si tu as suivi ce chemin… »
Il n'eut pas le temps de prononcer le moindre mot, réalisant avec amertume qu'Alcor comptait l'emporter dans sa mort. Pourtant, la seule chose qu'il sentit fut une paire de lèvres sur les siennes. Puis, il chuta. Le souffle de l'explosion qui tua le Septentrion entailla son torse, le faisant brusquement rencontrer le sol, dans une chute qui aurait été fatal à n'importe quel autre humain. Il resta abasourdi un instant, avant de se relever. La fumée qui faisait écran tout autour de lui ne lui permettait pas de distinguer Hibiki, Daichi et Io, seuls survivants du désastre. Alors, d'un geste rageur, il ferma les yeux. Et, lâchement, il souhaita oublier oublier ses dernières paroles.
« Merci, Yamato. Ç'a été amusant, de jouer avec toi. Merci de m'avoir permis d'apprendre, de ressentir d'aimer. Je suppose qu'il n'y a plus grand-chose à dire, désormais… je t'…. »
Mais il n'y avait plus à tergiverser. Ce n'était pas l'humain, qui était fragile, mais la vie qui reliait tous les êtres vivants, qui s'effilochait, à l'image d'un fil qui les rattachaient les uns les autres. Un fil qui, une fois rompu, ne laissait qu'un profond sentiment d'inachevé et d'amertume.
Renouveau
La dernière image que Yamato avait cru emporter en mourant avait été des plumes, qui voletaient doucement autour de lui et d'Hibiki qui le serrait résolument dans les bras, murmurant des paroles sans sens, mais qui, étrangement, avaient réchauffé un cœur qu'il croyait scellé depuis bien longtemps. Des plumes blanches, qui n'allaient pas sans lui rappeler les cheveux d'Alcor. Mais ce n'avait pas été le cas.
Au départ, il ne comprit pas. Il avait soulevé ses paupières lourdes, avisant un plafond qui ne lui était pas inconnu, mais qui pourtant restait flou. Le sang pulsait douloureusement à ses tempes nouées, formant ainsi une migraine presque insoutenable. Le jeune homme souleva un bras, observant sa main pâle, distrait. Ainsi donc, il n'était pas mort ? Admettons. Ça n'expliquait pourtant pas qu'il se retrouvât dans sa chambre, présumée détruite depuis deux bons jours. Ce ne fut qu'au bout d'une longue minute qu'il percuta. Se redressant brusquement, le souffle bloqué et les yeux écarquillés, il se tourna d'un geste trop brusque qui le fit grimacer, rappelant à lui la souffrance de ses muscles malmenés pendant ses combats. Pourtant, en croisant deux orbes argentés, clairement amusés, il oublia instantanément sa douleur.
Dans un tableau surréaliste qu'il avait cru ne jamais revoir, Alcor était assis sur un fauteuil, en face de l'échiquier autour duquel ils s'étaient affrontés, maintes et maintes fois. Des reflets orangés offerts par le soleil couchant illuminaient sa chevelure blanche, semblant former un halo au-dessus de sa tête.
Alors, il s'était relevé, et, sans un mot, s'était assis en face de lui. Pourtant, cette fois-ci, il ne pris pas la peine de masquer un sourire, qui oscillait entre le soulagement, l'amusement et la rancœur. Mais il n'allait pas dénigrer cette nouvelle chance, si ? Yamato esquissa un sourire. Peu importait l'ampleur de ses pêchés et le poids de ses précédents choix. Aller de l'avant, et, à défaut d'oublier, enfermer les souvenirs morbides des sept jours de destruction. Car ce renouveau était une nouvelle chance offerte un pas de plus vers un avenir probablement plus lumineux qu'il ne l'aurait jamais pensé.
Alcor sourit.
