Cet OS a été écrit dans le cadre des Nuits du Fof, où nous avons une heure pour écrire un OS à partir d'un mot, ici : « Loup ». Bon. C'est d'un classique suranné, j'avoue, mais c'était trop tentant. Avec la clarté d'une (courte) nuit de sommeil, je ne suis pas certaine que Lupin ait jamais accepté sa lycanthropie pour penser en ces termes mais… tant pis, j'aime les images.
Faire Meute
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Enfant, le soir, en regardant le sourire cruel de la lune à la fenêtre, cette certitude : les loups vivent en meute et il n'a jamais eu la sienne.
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James, Sirius et Peter, sur son lit d'infirmerie, fiers d'avoir trompé la vigilance de Rusard, Miss Teigne et de Pomfresh et indifférents à la punition qui les attend s'ils sont pris si tard après l'heure, mais aussi terriblement sérieux. C'est James qui ouvre la bouche :
« Remus, on sait qui tu es. »
Et dans la peur qui l'envahit, il réalise soudain : il avait trouvé sa meute.
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Il se réveille au milieu de la nuit, avec de vague souvenir de la nuit précédente d'avoir couru au clair de lune, un cerf, un rat et un chien à ses côtés. Il repousse toute sa mauvaise conscience d'avoir trahi totalement la parole qu'il a donné à Dumbledore en se raisonnant : ils sont restés dans la lisière de la forêt interdite et personne n'oserait s'y aventurer de nuit.
Et, quand il se sent quand même trop mal, il a le sourire de Peter en tête :
« C'est pas ce que font les loups quand ils jouent ensemble ? »
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Il sait que Sirius est réveillé. Il l'entend se tourner et se retourner. C'est la même chose depuis deux semaines. Depuis qu'il a appris ce qu'il avait fait, depuis qu'il a été assez en colère, assez trahi pour lui en vouloir profondément.
Depuis, il a ruminé. Il lui en veut encore, c'est certain.
Et à la fois…
Il prend sa décision, se lève et ouvre le rideau du lit de Sirius, qui se redresse à moitié, mais n'ose pas ouvrir la bouche. Il déteste ça. Il déteste l'air de chien battu – ah ! Rdfd – qu'aborde son ami, et la crainte qu'il lit dans ses épaules chaque fois que leur regards se croisent. Il ne se sent pas aussi victorieux qu'au début. Il est toujours en colère, mais ça ne peut plus durer.
« Je ne t'ai pas pardonné, annonce-t-il. »
Sirius accuse le coup, mais il ne tente pas de se justifier comme au début. Il apprend.
« Je vais mettre encore du temps, continue-t-il mais les mots ont du mal à sortir. »
Il se raisonne : il est à Gryffondor, bon sang !
« Je vais mettre du temps, répète-t-il en luttant contre l'émotion qui lui prend la gorge, mais… Nous sommes toujours amis. »
Sirius a les larmes aux yeux et lui temps la main. Il la prend. Ils sont une meute, après tout.
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Le hiboux martèle sa fenêtre et il finit par l'ouvrir en laissant rentrer l'air froid de la nuit de novembre.
Le message est de la main de Dumbledore et son cœur commence à battre terriblement. Il sait que c'est un autre tragédie, une de plus qui s'ajoute à la mort de James et de Lily.
Il lit le message et il sent ses jambe se dérober sous lui.
Il a perdu toute sa meute.
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Sirius est en vie, et il découvre Tonks, brillante et pleine de vie. Elle est une porte vers le futur – une possibilité qu'il n'ose pas envisager. Ce n'est pas assez pour une meute – mais assez pour briser sa solitude.
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Les insomnies le poursuive depuis qu'il sait que Tonks est enceinte. Il n'a jamais su garder ses amis ou sa famille. Il les a tous perdu, à cause de ses circonstances ou de sa propre négligence. Il n'est pas assez fort pour les protéger et il ne sait pas – ne peut pas – il a toujours été par la force des choses un solitaire et…
Peut-il seulement garder sa meute ?
