OS écrit sur le thème Ventre donné par Léo Poldine (comme les trois quarts des thèmes chelous), pour la Nuit du FoF. Pour plus d'informations, envoyez-moi un MP ou laissez un commentaire.
Je ne pensais pas forcément à Rose en l'écrivant, donc c'est un UA ou canon selon la lecture. Le 'Il' est son compagnon, père de l'enfant si vous le lisez comme un UA, juste son compagnon si vous le lisez comme canon. C'est un semi-UA donc. Et c'est des jumeaux. Bref.
C'est bizarre, mais ça m'a plu de l'écrire.
C'est ici
C'est ici.
Il y a deux petits bonshommes, tout tout petits.
C'est ici.
Les deux petits bonshommes se promènent où je me promène. Ils marchent avec mes jambes, voient avec mes yeux.
C'est ici.
Les deux petits bonshommes mangent ce que je mange. Tout. Tout ce que je mange. Comme deux gros vers solitaires.
C'est ici.
Les deux petits bonshommes nagent dans mon ventre. Ils donnent des coups de pieds.
C'est ici.
Les deux petits bonshommes se complaisent dans ma matrice et j'ai faim. Incroyablement faim. Parfois, je voudrais manger les deux petits bonshommes.
C'est ici.
Les deux petits bonshommes vont sortir, un jour. Alors ils se promèneront à des endroits où je ne vais pas. Ils marcheront avec leurs jambes. Ils mangeront leur propre nourriture, quand ils auront épuisé mon ventre et mon lait.
C'est ici.
C'est ici, pour l'instant.
Les deux petits bonshommes, je vais les aimer. Tout va changer. Pour l'instant c'est ici. Et ça me mange. Et j'ai peur.
C'est ici.
Les deux petits bonshommes sont à l'intérieur de moi. Ils seront sur moi, après, et puis loin, encore plus tard. Qu'est-ce qui sera le plus douloureux ? Ça fait mal. Et j'ai peur.
C'est ici, et j'ai peur.
Mon corps m'a trahi, ça n'est plus le mien.
C'est ici, eux.
Les deux petits bonshommes m'ont volé mon ventre. Ils vont voler ma vie. Lui, il ne sait pas – je ne lui dis pas, il ne comprendrait pas. Qu'est-ce qu'ils savent, les hommes ? Ça sort de leur queue et ils n'en ont plus rien à faire, leur ventre est content, repu, pendant que nos enfants me mangent, pendant que j'ai froid, pendant que j'ai mal, pendant que j'ai peur.
C'est ici.
Tout se joue, je compte les jours. J'apprends à aimer la douleur, à attendre les coups de pieds.
J'ai peur – j'ai peur que ça continue, j'ai peur que ça s'arrête. Je voudrais y mettre un terme maintenant, arracher les petits bonshommes à mon ventre, reprendre mon corps, on me l'a donné, il est à moi. Mais c'est moi qui ai choisi. Je croyais que c'était facile. Avoir un enfant. Deux enfants, ça change rien.
Je croyais que c'était juste neuf mois à se sentir grosse. On m'a pas dit. Les magasines vous disent pas que donner la vie, c'est donner la sienne. Je me tord d'effroi.
C'est ici.
Je suis devant le miroir, sur mon lit ou dans la baignoire je suis devant le fait accompli.
C'est ici et je ne peux plus reculer. Alors j'attends.
C'est ici. C'est ici et ça sera dehors.
Je prends mon mal en patience, comme ils disent. Je prend mon ventre en patience. J'accepte. Je ne savais pas. Mais d'accord. Je donne mon sexe, ma matrice, mes fesses et mes seins à la chair de ma chair, à la peau de mon ventre.
C'est – non. Ils sont ici.
Et j'attends.
