Je suis née début mai. Les vagues se fracassait contre les rochers, et l'on pouvait entendre le vent siffler entre les herbes hautes. Il soulevait des milliers de grains de sables. Qui s'échouaient sur les fenêtres du salon. C'est ainsi que débuta ma vie. Sous un ciel gris.

Ma mère m'a souvent dit que j'avais été un symbole de renaissance pour eux. Une nouvelle raison de vivre. Je leur avait, parait-il, redonné le sourire. Ils s'énervaient gentiment face à mes pleurs, me câlinaient, me chérissaient.

Je suis une enfant de la paix. Du renouveau. De la victoire. A l'instar de mon prénom. Rien ne saurait être plus explicite. Victoire. Une référence à cette Grande Bataille, d'où mes parents sont sortis vainqueurs.

Cette guerre, on nous en parle à Poudlard, nous savons qu'elle a existé. Qu'elle fut particulièrement atroce et destructrice. Mais jamais on ne nous en a expliqué les tenants et les aboutissants. Pourtant, j'en porte les traces jusque dans mon prénom. J'ai le droit de savoir. J'ai le droit de comprendre. J'y ai perdu un oncle.

Mes parents n'en parlent jamais, comme s'ils voulaient oublier. « Concentres-toi sur l'avenir, Victoire. » Me disent-ils. Je ne suis pas d'accord, je suis de ceux qui ressentent le besoin de comprendre d'où ils viennent pour savoir où ils vont.

Sans ce passé. Je ne suis qu'une vague fille de plus. Qu'une fille tranquille, qui passe son temps à écrire des poèmes en écoutant le bruit des vagues. Qu'une enfant calme et timide.

Qu'un bébé parmi les coquillages.