POV Pansy
Tout le monde, absolument tout le monde, même mes camarades de Serpentard hurlaient. Hurlaient, et chuchotaient, de peur, de frustration et de peine. Cédric Diggory venait de mourir. Dumbledore les avait tous fait revenir au château, difficilement, mais y était arrivé. Ce dernier avait couru juste après avoir crié son ordre, s'était empressé de poursuivre Harry et le Pr. Maugrey.
Je suis dans un couloir, je réconforte ma cousine Sabrina, qui elle est à Poufsouffle, qui connaissait et appréciait énormément Cédric. Personnellement, ce type ne m'a jamais vraiment intéressée. Même en temps qu'ami, l'image qu'il a fait véhiculer de lui… Et puis même, qu'est-ce que c'est que cette façon de créer des badges pour encore descendre Potter ?
Le pauvre… Même moi j'ai cessé de l'embêter, tant il me fait pitié, avec tout ce qui lui tombe sur la tête. Il faut dire que Quirell la première année ce n'était pas très grave ; le Basilic en deuxième année, ça s'est un peu corsé, mais rien d'insurmontable pour le Survivant, il s'en est bien sorti ; l'an passé, il s'est fait attaquer plusieurs fois par les détraqueurs ; et cette année, voilà qu'il participe au Tournoi des Trois Sorciers alors qu'il n'a même pas l'âge requis ! Et qu'il ne l'a pas voulu, en plus. Je le crois quand il le dit, malgré ce que je montre à mes camarades. Nan mais sérieusement, qui voudrait se battre contre un dragon capable de vous déchiqueter en un coup de mâchoire (c'est-à-dire en une demi-seconde), des créatures marines qui en plus d'être méchantes sont moches, et manquer de se faire avaler par des buissons ?
Quoi qu'il en soit, le chagrin de Sabrina est assez compliqué à calmer. Elle pleure, sanglote, hoquète depuis plus de dix minutes… Jusqu'à ce Dumbledore passe en courant, accompagné de Rogue et autres personnes que je n'ai pas le temps de voir. Intriguée, je tente de les suivre. Ils se dirigent vers le bureau de Maugrey de toute façon, ils veulent voir Harry, et c'est un chemin que je connais quand même pas mal, avec tous ces allers-retours que Drago m'a forcé à faire cette année… (entre ses pulsions et ses « Hors de question d'aller en cours avec ce taré comme prof ! »)
La porte claque, et j'accélère le pas, pour essayer de ne pas en manquer une miette. Seulement, dès que j'appuie mon oreille, j'entends des pas précipités qui se dirigent vers moi. J'ai juste le temps de me coller sur le mur à côté avant de voir la porte s'ouvrir à la volée et le Professeur Rogue sortir de la pièce aussi vite que s'il volait. Qu'est-ce qu'il veut ? Peu importe, il me faut une cachette, il va repasser par là quoiqu'il arrive, sinon il aurait refermé la porte.
Je marche rapidement aussi silencieusement que je peux vers le tournant qui se trouve en face de moi, et une fois que j'y suis, je vois Rogue revenir à la même allure, un flacon à la main. Qu'est-ce que ? Non, ce ne peut pas être pour Potter, Dumbledore ne…
Prise d'un doute, je cours vers la porte qui claque à nouveau et y colle mon oreille. Je ne distingue pas vraiment tout ce qui se passe. J'entends un deuxième Pr Maugrey… Un deuxième… « Barty Croupton ! » j'entends à travers la planche de bois qui sert de porte.
Croupton ? Le fils Croupton ? Ce mangemort s'est fait passé pour Maugrey toute l'année ? Ce fourbe !
Ç'aurait pu… Ç'aurait pu être Voldemort ! Le fait d'y penser avec dégoût me vaudrait de me faire réprimander par papa et maman…
Bref, c'est… C'est impensable. Je me perds dans mes pensées depuis déjà quelques minutes, mais me fait réveiller par la voix sèche de Dumbledore qui s'énerve et qui revient vers la sortie. Je m'écarte et me recache à nouveau à mon tournant de couloir, et vois une ribambelle de personnes sortir, avec Harry, mal en point, les larmes coulant sur ses joues, au milieu d'eux, se tenant le bras gauche.
Nous sommes à la mi-juillet, et je vois encore tous ces visages déconfits, tristes, se succéder les uns aux autres. J'ai l'impression que cet évènement m'a sensibilisée… J'ai eu tout un mois en tout cas, pour réfléchir. Un mangemort, dans l'école ! Se faisant passer pour un professeur en plus ! C'est incroyable ! Et bientôt je… Je vais devoir en faire partie. Rien que d'y penser, j'en ai d'horrible frissons. En plus de moi, il y aura Drago, Blaise, Crabbe, Goyle,… Si ce n'est pas déjà le cas. Il faut que je fasse quelque chose… Oui, mais quoi ?
Prise d'inspiration j'envois un courrier au Professeur Dumbledore lui demandant un rendez-vous express et important, avec la présence du Professeur Rogue. Quoique… En écrivant le nom de Rogue sur le parchemin je me mets à douter. Rogue est un mangemort. Me cachera-t-il à Voldemort si je me porte garant d'être du « bon » côté pendant la guerre ? Dire que la cérémonie d'allégeance aux mangemorts et à Voldemort arrive... Il faut faire vite.
Je descends les escaliers quatre à quatre du luxueux pavillon que j'habite avec ma famille, et manque de m'y étaler, en cherchant cette maudite chouette.
Je la trouve dans la cuisine, en train de chercher à manger. Quelle grosse. J'inscris rapidement « Professeur Dumbledore » sur l'enveloppe, l'attache à la patte de ma chouette, et aussitôt elle s'envole.
Le lendemain, ma chouette revient, mais sans réponse de la part du directeur. Mais qu'est-ce qu'il me fait comme plan ? Il est vraiment tordu ce type, ce n'est pas possible. La journée est presque terminée, quand Rogue débarque dans mon salon. Je l'entends discuter avec mes parents.
- … Viens… Pansy.
Qu'est-ce qu'il me veut ?
- En haut, dit fortement mon père.
J'entends Rogue qui monte les escaliers, et m'enferme délicatement dans ma chambre, m'asseyant à mon bureau. Trois coups tapent à ma porte. « Entrez » je dis, en sachant pertinemment qui c'est. Rogue entre, dans sa perpétuelle robe noire, et son air grave. Je le regardais, comme il avait l'habitude de le faire. Je suis assise dans mon fauteuil de bureau, presque sur les reins, les mains croisées sur le ventre, l'air condescendant et interrogateur. Pile poil comme lui, mais je ne sais pas s'il comprend l'ironie de la situation.
- Mlle Parkinson. Vous vouliez voir le Professeur Dumbledore, c'est ça ?
- Oui, c'est exact.
- Il n'est malheureusement pas disponible, répondit-il de sa voix grave et lasse.
Je me lève subitement de mon fauteuil, me précipite sur la porte, la ferme, et me retourne vers Rogue.
- Je crois que vous ne comprenez pas la situation. Je ne demande pas un entretien avec le professeur Dumbledore. Je l'exige, cet entretien.
- Je vois. Et qu'est-ce qui vous donne le droit d'être insolente, miss Parkinson ?
- Le fait que la situation soit si grave, et que je puisse, moi, en tant qu'insolente, y faire quelque chose.
Je sursaute quand je le vois tendre le bras vers moi, et m'en approche quand je comprends qu'il va me faire transplaner.
En un clin d'œil, me voilà dans le bureau de Dumbledore, et ce vieil homme est assis dans le fauteuil directorial.
- Pansy. Bien le bonjour.
- Bonjour professeur.
- Viens, viens t'assoir, me dit-il en me montrant un siège devant son bureau.
- Merci…
- Qu'est-ce que je peux faire pour toi.
- La question serait plutôt, qu'est-ce que je pourrais moi, faire pour vous.
- Sûre de toi, n'est-ce pas.
- Assez, oui. Est-ce que le Professeur Rogue pourrait sortir pendant la première partie de notre entretien ?
- C'est si secret ?
- Oui.
- Très bien. Veuillez nous laisser, cher ami.
Rogue sortit en tirant une tête comme je n'ai pu que l'imaginer, que rêver… Et ce rêve devient aujourd'hui réalité. Le pied.
- Bien, dit posément le vieil homme.
- Oui, bien. Voilà… En fait, avant les vacances, j'ai entendu… Enfin, espionné, votre visite surprise dans le bureau du Professeur Maugrey, qui s'est avéré être Barty Croupton, et cela m'a semblé outrageusement choquant. Qu'un mangemort puisse se faufiler aussi facilement parmi nous… Le Professeur Rogue était au courant ?
- A vrai dire, je ne sais pas. Je ne pense pas.
- D'accord… Bon, je vais aller droit au but. Vous avez deviné au cours de ces dernières années que je ne suis pas fan d'Harry Potter, mais vous devez savoir que je ne suis pas du côté de Voldemort. Je viens donc aujourd'hui me présenter à vous comme un futur agent double. Jouant les mangemorts pour découvrir leurs plans ; jouant la gentille en surveillant secrètement Potter.
- Vous pensez sincèrement, Miss Parkinson, que Mr Potter a besoin d'une garde secrète ? demande-t-il en arquant un sourcil et souriant.
- Oui. Sincèrement. Ce n'est pas une insulte à l'égard de ses deux… Compagnons, mais si j'avais fait partie des mangemorts plus tôt, si j'avais été mise en charge de la surveillance de Potter plus tôt, j'aurais pu faire quelque chose. Je le sais. J'en suis sûre.
- Je vois.
Il s'assit plus en arrière dans son fauteuil, et ferme les yeux. J'ai horreur de sa manie à prendre autant de temps pour réfléchir. Il n'a pas été à Serpentard, pour mettre autant de temps à réagir. Comme si ce vieux gribou avait entendu mes pensées, il se releva subitement, ouvrant grand les yeux, et s'adressa à moi.
- Puis-je faire entrer le Professeur Rogue ? Je voudrais que nous en discutions tous les trois. Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais Severus est déjà un agent double.
- Oh… Euh… Je suppose que oui, balbutie-je.
Sans que Dumbledore fasse un seul mouvement, même des lèvres, Rogue entre dans la pièce.
- Oui ? demande-t-il gravement.
- Miss Parkinson souhaiterait rejoindre votre condition d'agent double. Pourriez-vous la mettre au courant de ce qui l'attend, sachant qu'elle veut surveiller Potter, de près.
C'est ainsi que Rogue haussa une fois de plus les sourcils, mais ne sourit pas. Il se mit à me parler de tous ses actes, toutes les fois où il faillit se faire prendre, et torturer par le seigneur des ténèbres. Torturer seulement, parce qu'il restait un excellent pion sur l'échiquier où Dumbledore et Voldemort sont les rois. Tout cela me fit un peu peur, mais il s'agissait de notre sécurité. Je pense à ma pauvre petite Sabrina. Je ne serais pas une mangemort, et je refuse de croire qu'un jour je devrais la tuer de mes propres mains, tout ça parce qu'elle est une sang-mêlée. Je refuse de croire qu'un jour, la moitié de la population sorcière et toute la population moldue mourra, tout ça parce qu'un psychopathe encore plus fou que Dumbledore l'aura décidé.
- Je veux le faire, dis-je d'une voix ferme.
- Très bien. Rogue, vous lui expliquerez.
Rogue nous fit transplaner une fois de plus chez moi.
- Bien. Tenez-vous éveillée à 3h cette nuit, je viendrais vous chercher. N'y manquez sous aucun prétexte, est-ce bien clair ? demande-t-il froidement.
J'acquiesce doucement alors qu'il passait déjà la porte.
2h59. Plus qu'une minute ? Je n'ai pas fermé l'œil plus que pour cligner. Je suis à la fois effrayée et excitée par ce qui va se passer. Rogue apparait subitement devant moi comme s'il y avait toujours été et me tendit le bras. Sans un mot, sans un regard, je l'attrape et me retrouve devant une vieille et grande bâtisse qui me semble être chez les moldus. Rogue marmonne quelque d'incompréhensible, et une tranche de l'immeuble supplémentaire apparaît. Je comprends mieux. Nous entrons discrètement, et je vois tout au bout une table. J'entends des voix provenant de cette même pièce. Des voix affairées. Lorsque je passe le pas de la porte, tout le monde se tait et se tourne vers moi.
Il y avait ceux qui furent une année nos professeurs de DCFM, Lupin et Maugrey, un homme dont les cheveux roux m'obligeaient à l'identifier comme le père Weasley, cet homme dont l'image fut placardée sur tous les murs du monde sorcier, Sirius Black, le Professeur Dumbledore, et d'autres que je ne connais pas.
Ce dernier me les présenta, mais mon cerveau ne se concentre depuis quelques minutes que sur une seule information : c'est l'Ordre. Je vais faire partie de l'Ordre du Phénix.
Cela fait à présent une heure que je suis assise sur la même chaise, à regarder les mêmes personnes parler de moi comme si je n'existais pas. Comme s'ils s'étaient décidés, ils se sont tous retournés vers moi d'un même mouvement et le silence tomba.
- Pansy, tu vas devenir mangemort, c'est ça, me demande Sirius.
- Contre mon gré, réponds-je lasse.
Ils se remettent tous à leurs discussions encore plus fortes, ignorant ma frustration grandissante. 5min plus tard, ils me refont le même coup, ils tournent tous la tête vers moi et me demandent :
- Et tu veux faire partie de l'Ordre ? demande celui que j'avais identifié comme Mr Weasley.
- Oui, dis-je sans laisser passer la moindre émotion sur mon visage.
- Pourquoi ? Cherche à savoir une jeune femme aux cheveux roses que je n'avais pas encore vue.
Je leur explique mon point de vue, et leur précise que je veux surveiller Harry.
Ils se remettent à parler, mais je peux entendre les mouches voler, tant ils chuchotent. Encore plus frustrant !
Je me mets à regarder mes ongles, comme si c'était la chose la plus intéressante sur terre, jusqu'à ce qu'ils m'adressent à nouveau la parole. Ce qui ne tarda pas.
- Bien, nous avons délibéré, annonça Dumbledore. Tu vas entrer dans l'Ordre. Tu iras à la cérémonie et prêtera allégeance à Voldemort, comme prévu. Agir comme Voldemort te le dira, pour ne pas te faire découvrir. Et tu seras en charge de la surveillance d'Harry. Une surveillance totale et permanente, sous rapport.
- C'est-à-dire ?
- C'est-à-dire que je vais dire à tes parents que tu vas suivre des cours particulier avec le professeur Rogue, qui soit dit en passant, t'apprendras effectivement l'occlumencie un peu mieux, mais que tu surveilleras Potter partout, je dis bien partout, sous une cape d'invisibilité que le professeur Maugrey te prêtera. Et tu devras faire un rapport quotidien.
- Oh. Je vois.
Je crois que je n'imaginais pas que ça irait jusque là
