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Une Poignée de Secondes

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La maison n'avait jamais été aussi calme. Pas depuis la naissance de son fils, en tout cas. Et même si se séparer de ce dernier pour quelques heures seulement lui était insupportable, la jeune femme savourait la tranquillité qui régnait chez elle pour la première fois depuis un an.

Du moins, c'est ce dont elle essayait de se convaincre, en vain.

Les yeux clos, elle reposa sur le plan de travail le couteau qu'elle tenait dans la main et essuya la larme solitaire qui roula sur sa joue avant d'inspirer profondément et de secouer la tête. Elle refusait de laisser de vieux souvenirs l'envahir dans un moment de faiblesse. Des souvenirs qu'elle s'était jurée d'enfouir au plus profond de sa mémoire. Des souvenirs qu'elle avait enfermés dans un placard sous l'escalier.

Son cœur se serra et une seconde larme vint rouler sur sa joue avant de s'écraser sur le sol. Puis une autre. Et une autre. Et encore une autre… Pendant une éternité les larmes continuèrent de perler silencieusement sur ses joues, jusqu'à ce que, enfin, son cœur se fusse déchargé des souvenirs qui la hantaient.

Lentement, elle gonfla d'air ses poumons et retira le tablier noué autour de sa taille avant de le plier soigneusement — nerveusement — et de le poser sur le plan de travail. Elle hésita, un quart de seconde, avant de quitter la cuisine et de se diriger vers le vestibule, chacun de ses pas faisant craquer le parquet en bois parfaitement ciré.

Son regard se posa sur la petite porte entrouverte et une fois de plus, son cœur se crispa douloureusement. Elle haïssait les secrets qu'elle avait enfermés dans ce placard. Presqu'autant qu'elle haïssait la personne qu'elle était devenue et dont elle prétendait être fière.

Doucement, elle ouvrit la porte et son regard se posa sur le berceau. Paisiblement endormi dans son couffin, les poings serrés de chaque côté de sa tête, Harry semblait rêver, et un sourire fragile étira les lèvres minces de Pétunia qui tendit des bras tremblant vers lui. Avec précaution, elle l'extirpa de son berceau en veillant à ne pas le réveiller et l'attira contre sa poitrine. Elle ferma les yeux et aussitôt, son cœur se dégonfla comme un ballon de baudruche. Lentement, elle se dirigea vers le salon, Harry toujours endormi dans ses bras, et alla s'installer dans un des fauteuils en velours saumon près de la cheminée. Ses yeux se posèrent brièvement sur l'horloge à grand-père il n'était pas encore seize heures et Vernon ne serait pas revenu de chez sa sœur avec Dudley avant au moins dix-huit heures.

Personne n'en saurait jamais rien. Ni Vernon qui ne serait pas rentré avant plusieurs heures, ni Harry qui était trop jeune pour se rappeler que ce moment n'avait jamais existé.

Mais peut-être que sa sœur saurait. Peut-être que de là où elle était, Lily comprendrait.


N/A : Je ne suis pas morte. Et DelfineNotPadfoot non plus, heureusement, parce que c'est à elle qu'on doit la correction de ce petit je ne sais quoi. Merci à elle, et merci à vous. Je vous jure, je reviens bientôt. Avec une nouvelle histoire et tout.

PS : Il se pourrait que ce petit je ne sais quoi puisse faire partie d'un recueil. On verra.