Bonjour camarades !

Je vous retrouve sur un nouveau fandom, celui de la Petite Princesse ou Princesse Sarah pour les familiers de l'anime. Je ne saurais jamais décrire à quel point j'admire la force de caractère de ce personnage et j'aime autant le livre, que la série animée ou même le film d'Alfonso Cuaron.

Le texte a été écrit lors de la 107ème nuit du FOF, en décalé, avec pour thème Bougie.

Bonne lecture !


Sarah balaya la mansarde du regard, serrant Emily contre elle avec force. Vide. La pièce était vide, seul un lit, une table, une chaise et une malle faisaient office de meubles. Elle posa sa poupée sur le lit délicatement et s'installa à côté d'elle. Encore une fois elle avait été privée de dîner, parce qu'elle était rentrée tard et la liste de courses incomplète. Elle n'y pouvait rien si les marchés avaient fermé à cause du mauvais temps mais Mme Marie et Mr James n'avait rien voulu entendre. Après avoir salué Becky elle était partie se coucher le ventre vide, terriblement vide. C'était ça le pire, avoir faim. Ce n'était pas tant la masse de travail qu'on lui donnait, ou le fait que Lavinia prenait un plaisir presque sadique à l'humilier tous les jours qui était le plus dur. C'était d'avoir faim. Elle ne pouvait pas faire semblant avec ça. Son estomac était aussi vide que la pièce.

Il lui était facile de s'imaginer être une princesse prisonnière, comme Marie-Antoinette à la Bastille, il lui était facile d'imaginer qu'elle sortirait un jour de sa prison mais à la lumière vacillante de la petite bougie posée sur la table, Sarah n'arrivait pas à s'imaginer totalement en princesse. Marie-Antoinette, Anne Boleyn, Elisabeth et Mary Tudor avaient été des princesses, des reines, avaient été emprisonnées mais Sarah doutait bien qu'elles aient connu la faim comme elle la connaissait en ce moment même. Elles n'avaient pas eu à laver la vaisselle des autres pensionnaires ou à marcher durant des heures sous la pluie pour acheter des légumes et devoir continuer malgré la pluie battante, glaciale qui s'infiltrait dans ses vêtements usés et inadaptés à un automne anglais, une semelle cassée.

La lumière de la bougie vacilla et la pièce se retrouva plongée dans le noir. Il n'y avait plus qu'elle et Emily. Et la faim. Sarah aurait volontiers hurlé, aurait volontiers jeter les meubles au travers de la pièce, frapper Mlle Mangin, Mme Marie et Mr James pour l'avoir privé de dîner, encore une fois, mais elle était une princesse, oui elle en était une, elle devait faire comme si elle en était une parce que sinon elle ne tiendrait jamais. Elle ne craquerait pas. Elle était forte, comme devait l'être les princesses, elle devait se montrer digne de son rang. Peu importe ce que les autres disaient, faisaient ou pensaient.

Oui elle avait faim et oui elle mourrait d'envie de descendre se servir en douce mais elle ne le ferait pas. Elle ne donnerait pas le plaisir aux autres de la gronder une nouvelle fois.

Lasse et fatiguée, elle se coucha, son ventre émettant des cris de protestation, qu'elle ignora tant bien que mal, pensant à Marie-Antoinette et à la Bastille, pensa au comportement de Mlle Mangin et comment elle réagirait si elle était encore la princesse diamant.

Mais cela ne suffit pas à apaiser la faim qui la tiraillait. La nuit allait être longue.