Disclaimer : Albator, Clio, Maetel, Warius, Doc, les marins de l'Arcadia et les militaires du Karyu, l'équipage du Big One, Mi-Kun et Tori-San appartiennent à leur créateur, M. Leiji Matsumoto.

Bob l'Octodian et son Metal Bloody Saloon appartiennent à Aerandir Linaewen à qui je les emprunte, avec son autorisation, le temps de quelques clins d'œil.

Les autres personnages sont à bibi

1.

Monté à bord du Lightshadow, Warius avait ouvert des yeux ronds devant la salle de jeu – l'une des salles de jeu – d'Alguénor à l'appartement de son père.

Un mur avait été abattu et la pièce était immense, un véritable magasin de jouets où le garçonnet pouvait s'adonner à tous les plaisirs.

- J'ai choyé mes trois enfants, mais c'était loin d'atteindre ce niveau ! Marina et moi avons beau être à l'aise, nous ne pouvons rivaliser avec tes moyens ! Cette salle est impressionnante.

- Algie s'y plaît, ne s'y ennuie pas, c'est l'essentiel, sourit Aldéran.

Du menton, Warius désigna une sorte de confortable fauteuil – comme celui de voiture, avec harnais léger, se trouvant dans une sorte de bulle transparente en plastique.

- C'est quoi, ce jeu ?

Aldéran eut un petit rire.

- Ce n'est pas un jouet, c'est un abri de stase. En cas d'alerte, Algie s'y glisse et demeure hors de toute atteinte extérieure. Le Lightpeut gigoter comme un flotteur dans un tourbillon, il ne ressentira rien. On n'a pas encore eu à l'étrenner, c'est le principal.

- Tu es prévoyant.

- C'est bien le moins que je puisse faire pour protéger mon fils.

Aldéran et Warius demeurèrent encore un moment à l'appartement avant que le jeune homme ne poursuive sa rapide tournée d'inspection d'avant départ.

La demi-sphère de déplacement s'arrêtant devant les cuisines, les deux hommes en descendirent.

- Tu vérifies toujours les rapports de Toshiro, ou quoi ? ne put s'empêcher de questionner le Colonel du Karyu.

- Une habitude. Toshiro est tellement performant que rien ne lui échappe. Mais sa nature machine fait qu'il n'interprète plus les données comme du temps de sa vie humaine. Par exemple, il lui arrive de noter des défectuosités techniques mais ça ne va pas jusqu'à ce qu'il prenne contact pour un planning de réparations !

- Je vois.

Le doc Mécanoïde du vaisseau, « emprunté » à l'Oasis IV, était aussi programmé comme cuistot et il exposa rapidement à Aldéran le stock de vivres.

- On a de quoi voir venir ! se réjouit le jeune homme. Ca devrait nous permettre de faire deux ou trois virées sans devoir réapprovisionner.

- Sauf si tu continues à t'empiffrer ainsi de biscuits tout en carburant au café, remarqua Warius. Sincèrement, vu les quantités que tu engloutis depuis ton départ de Ragel, si j'en crois ce listing de ce qui sort des réserves, je me demande vraiment où tu mets toutes ces calories !

- J'ai un très bon métabolisme…

La semaine au MetalBloodySaloons'achevait, trop vite passée, mais si Bob les aurait encore bien gardés, les affaires primaient et il devait faire rentrer de l'argent dans les caisses en rouvrant l'accès à ses clients habituels.

- Quelles sont vos intentions de vol ? interrogea l'Octodian en leur servant leur dernier verre.

Ce fut le pirate à la chevelure de neige qui répondit.

- Le Karyu doit rejoindre les coordonnées de sa nouvelle mission de surveillance. Aldie et moi allons l'escorter un moment. Ensuite, le Light et l'Arcadiase dirigeront vers les planètes annelées de Bagard. Avec les soleils sur ces anneaux, le spectacle est féérique, Aldéran doit voir cela !

- Depuis le temps que papa me parle de ce phénomène, j'ai hâte d'atteindre cette nébuleuse !

- Ca va te plaire, assura l'Octodian. Alguénor sera ébloui.

Aldéran posa ses lèvres sur la chevelure de jais de son fils qui dormait sur ses genoux, ayant dévoré pour quatre au dîner.

- Quelles sont ses premières impressions de l'espace ? s'enquit Albator.

- Papa, ce n'est pas son voyage inaugural, s'amusa le jeune homme. Soit, c'est son plus long séjour, mais il n'y a plus vraiment de surprises pour lui. Il joue à bord, court tout partout et ne s'ennuie pas un instant, avec Nounou Mielle sur ses talons ! En fait, je crois qu'il oublie très vite qu'il n'est plus sur le plancher des vaches !

- Ce n'est pas plus mal, estima le pirate. Et puis, surtout, il sait que tu es là pour le défendre. Tout, presque, lui échappe mais tu es près de lui et il sait que rien ne pourra lui arriver.

- C'est normal ! Je suis là pour lui… Tout comme tu l'as été pour moi quand j'ai passé ces quelques semaines en ta compagnie alors que je n'avais pas trois ans.

- J'aurais préféré que tu ne t'en souviennes jamais… fit sombrement le capitaine de l'Arcadia.

Aldéran rit.

- Que veux-tu, papa, tu ne pouvais pas tout effacer de ma mémoire. Et puis, moi, j'aime ces souvenirs !

- Il n'empêche que j'avais juré que tu ne sillonnerais pas l'espace sous un drapeau pirate… Il semble que notre ascendance ne soit plus forte que tout…

- Je ne m'en plains pas, sourit encore le jeune homme, ce qui ne mit absolument pas du baume au cœur de son pirate de père.

2.

Le Lightshadow, l'Arcadia et le Karyus'étaient désolidarisés de la station spatiale de Bob qu'ils avaient laissée derrière eux depuis quatre jours.

Laissant son fils avec sa Nounou, Aldéran s'était rendu à bord du vaisseau pirate vert.

Aldéran et Clio avaient fait un duo, au piano et à la harpe, pour le plus grand plaisir du capitaine de l'Arcadiaqui s'était régalé les oreilles du concert improvisé qui lui était offert.

Il applaudit de bon cœur, sitôt la dernière note envolée.

- Merci, Clio, fit pour sa part le jeune homme.

- C'est moi qui te sais gré de m'avoir accompagnée, dit doucement la Jurassienne.

- Nous recommencerons quand tu le voudras.

Aldéran quitta le siège du piano pour s'approcher de la grande baie vitrée, posant un bout de fesse sur une haute table ronde.

- Vous venez dîner sur le Light ? questionna-t-il, le regard perdu dans les étoiles.

- Avec plaisir. Si j'avais su que les Docs Mécanoïdes de l'Oasis étaient si bon chefs-coqs, je les aurais embarqués depuis belle lurette ! Cela agrémente vraiment le voyage et j'en profite à fond depuis que tu m'as chanté leurs louanges !

- C'est à Warius que nous le devons. C'est lui qui le premier a reprogrammé Machinar lors de mon voyage vers le Sanctuaire de Saharya, quand je croyais qu'elle pouvait être responsable de mon infarctus ! Nous lui dirons ce soir combien nous lui sommes redevables de cette idée !

- Du moment qu'il ne faut pas le lui chanter, glissa le pirate à la chevelure de neige.

- Dommage, papa. Tu as pourtant une jolie voix. Tu pourrais lui…

- Plutôt mourir !

Et Aldéran et Clio éclatèrent de rire.

Ceux de l'Arcadia et Warius et Marina étaient venus sur le Lightshadowpour passer la soirée.

Ses propres talents associés à ceux du Doc Mécanoïdes, Aldéran avait décliné un menu poissons, les pièces toutes fraîches sortant du vivier du patron du MetalBloodySaloon.

Tous s'étaient régalés et ils n'avaient pas vu le temps passer.

Warius et sa femme étaient repartis les premiers pour leur bord. Clio n'avait pas tardé à faire de même pour l'Arcadiatandis que son pirate d'ami jouait les prolongations auprès de son fils.

- Nous entrerons dans la nébuleuse de Bagardian demain en milieu de matinée, renseigna le clone mémoriel de Toshiro aux deux hommes. Il y aura un délicat passage à négocier avec la Tranchée d'Okal puis ce sera une voie royale jusqu'aux planètes annelées.

- Pourquoi délicat ? questionna Aldéran.

- La Tranchée est en fait un très étroit Couloir de Navigation, répondit son père. Et nous passons tout près de la planète de marbre. D'après ce qu'on raconte, les habitants ne sont pas très accueillants et ont la fâcheuse tendance d'envoyer un de leurs voiliers tirer sur ceux qui passent un peu trop près à leur goût ! Un tir qui vaporise, littéralement, la cible !

- Des voiliers ? tiqua encore le jeune homme.

- La forme de leur vaisseau. Même si ça se rapproche davantage d'une pyramide que d'un petit navire de plaisance ! compléta Toshiro. Espérons que la chance sera de notre côté et que nos drapeaux pirates ne nous joueront pas de mauvais tours !

- Mais oui, ça ira, s'amusa Aldéran. Sinon, on leur montrera qu'on peut répliquer ! Enfin, l'essentiel sera de leur demander l'autorisation de passer, afin de ne pas nous retrouver piégés comme au Pénitencier !

- Une fois mais pas deux, grinça de fait Albator. Allez, Aldie, passe une bonne fin de nuit et à demain !

- Toi aussi, fit le jeune homme en se levant pour le raccompagner à l'opercule d'un Tube d'Arrimage.

Le Lightshadowétait en mode veille, seul l'Ordinateur étant actif pour le diriger.

Dans la coursive d'une zone condamnée, un panneau coulissa, livrant passage à Maji.

Son brouilleur toujours à la ceinture, il se dirigea vers l'appartement d'Aldéran.

Mais plutôt que d'y entrer, il fit basculer un autre panneau et circulant entre deux murs, il déboucha dans le dressing de l'une des chambres d'amis.

Silencieusement, il s'approcha du lit d'Alguénor.