Titre : Family's Trip

Auteur : Rieval

Genre : GEN – Cross over Traders/SGA.

Spoiler : tout jusqu'à la mi-saison 3.

Résumé : suite de Family Trouble. Vous l'aurez deviné vu le titre : en route pour Atlantis !

Disclaimer : ni SGA ni Traders ne m'appartiennent … ça vaut peut-être mieux pour Rodney McKay et Grant Jansky, je leur en fait déjà assez voir comme ça comme fanficeuse, alors si j'étais la productrice …

Note 1 : je vous offre du Carson, parce que bientôt nous n'en aurons plus sur écran … mais Nounours sera toujours présent dans nos cœurs et dans nos fics !

Note 2 : message d'Alhennor "Excusez moi, excusez moi, excus--" (suite du message bientôt ...)

oOo

Grant pouvait entendre des voix.

Il y avait une voix pleine d'angoisse et de colère mais pas tournée contre lui, il le sentait. C'était comme lorsque Jack se mettait en colère, sa voix se chargeait, un peu comme un ballon que l'on remplit d'eau et puis paf ! à un moment donné, sa voix explosait comme l'aurait fait le ballon. Et bien sûr, l'explosion éclaboussait tout le monde. Grant notamment, distinguait une autre voix, une voix qui essayait de rester patiente, calme, rationnelle … la voix de la raison, oui, ça lui allait plutôt bien.

Et bien que Grant n'ait toujours pas ouvert les yeux, il savait à qui appartenait ces deux voix.

A Rodney et à John.

Grant se demandait de quelle couleur étaient les yeux de John lorsqu'il prenait la voix de la raison, noisette ou vert ?

Il y avait d'autres voix, des voix qu'il ne connaissait pas.

Des voix impersonnelles, anonymes, et pas seulement parce qu'il n'en connaissait pas le propriétaire. C'était des voix qui se forçaient, qui jouaient un rôle … l'infirmière, l'aide soignant. Des voix qui essayaient d'avoir l'air concerné, de s'intéresser, mais il y manquait quelque chose. Oui, elles donnaient du réconfort mais elle le faisait avec efficience et professionnalisme, comme un devoir. Sans amour … sans amour pour lui Grant Jansky -- non, pas Grant Jansky, Grant McKay.

Il avait un frère. Un frère jumeau. Et peut-être même qu'il avait une famille …

Il y avait deux autres voix qui le laissaient perplexe.

L'une était mélodieuse et lui parlait doucement. Lorsque cette voix était là, elle était toujours accompagnée de gestes. Au début, il avait eu peur de ce toucher étranger … il avait eu l'image d'autres mains, des mains cruelles, des mains qui lui avaient fait mal, des mains qui l'avaient enfermé dans une boîte, le laissant seul, dans le noir. Mais ces mains là étaient comme la voix, douces, tendres. La main caressait son front, ses cheveux … une fois, quelque chose de mouillé était tombé sur sa joue. La voix s'était cassée … son propriétaire pleurait. La larme avait été essuyée avec douceur et un léger baiser déposé sur son nez. C'était une voix et des mains de maman. Il ne connaissait pas le propriétaire de cette voix mais il savait qu'il l'aimait. C'était simple, vous aimez les gens s'ils vous aiment, et cette personne l'aimait donc il l'aimait aussi.

La dernière voix était la plus étrange, elle était … bizarre. Avec un accent. Un accent rappelant … Sean Connery ? Oh, pas dans les James Bond non, avant qu'il ne soit connu. Un accent écossais. Il l'avait surnommée Nessie, comme ce monstre aquatique censé hanter les fonds du Loch Ness. Nessie parlait vite, utilisant souvent un jargon médical que Rodney qualifiait de magie vaudou. Nessie était un sorcier vaudou. Très approprié, non ?

Grant se sentait bien entouré de ces voix. Il savait qu'il ne s'agissait pas d'hallucinations. Il en avait déjà eu, des hallucinations et là, c'était différent : parce que les hallucinations lui demandaient toujours de faire quelque chose alors que ces voix faisaient des choses pour lui.

Peut-être qu'il devrait ouvrir les yeux et se réveiller pour de bon pour les remercier ? Peut-être … mais pas tout de suite. Pour le moment, il sentait qu'il avait encore peur et le sommeil, ou ce sentiment d'entre deux, ni conscience, ni sommeil, qu'il vivait lui convenait. Il se sentait bien, apaisé, en sécurité.

Toutes ces voix lui demandaient toujours la même chose : qu'il leur parle. Il leur avait obéi une première fois lorsque les voix avaient demandé qu'il ouvre les yeux.

Oui, il parlerait … un peu plus tard, lorsqu'il serait prêt.

Lorsqu'il saurait à qui il pouvait faire confiance.

oOo

Carson soupira. Il était fatigué … se charger d'UN McKay était déjà une tâche épuisante en soi, mais trois relevait de la gageure.

Sur Atlantis, combien de fois Rodney avait il été son invité ? Voyons, voir, récapitulons : premier de l'expédition à faire les frais d'un coup de stunner wraith, petit voyage dans une entité mangeuse d'énergie (après évanouissement pour crise d'hypoglycémie), blessure au bras par arme blanche (merci les Géniis), infecté par un virus (merci les Asurans), overdose (merci Ford), presque noyade, flèche dans le Glutéus Maximus, et tout le reste …

Des trois, Jeannie était certainement la plus … euh, normale. Oui bon, peut-être que le mot normal n'était pas tout à fait adéquat, après tout Rodney et Grant n'étaient pas anormaux, juste … spéciaux, chacun dans leur genre.

Carson avait veillé sur Grant avec Jeannie. Il avait été ému par la douceur de la jeune femme, par son incroyable sens de l'empathie. Comment pouvait-elle être la sœur de Rodney ? Mystère … Elle avait parlé à Grant de sa fille, Madison, de sa maison, de son époux, de sa vie. De lui. De combien elle était heureuse de découvrir son existence. Elle l'accueillait dans sa vie sans réserve ni retenue. Et Grant fixait juste l'espace au-dessus de son lit. Silencieux.

Catatonique.

Le choc de l'enlèvement avait fait voler en éclat la pyschée déjà fragile du jeune homme … jeune ? Carson réprima un rire.

C'était étrange, mais il ne parvenait pas à se faire à l'idée que l'homme qui était étendu sur le lit devant lui était exactement du même âge que celui qu'il venait de drog -- euh, de persuader d'aller prendre un peu de repos dans une des salles réservée au personnel … oui, bon, il l'avait un peu aidé en assaisonnant son café d'un léger hypnotique et non, non, non, il n'y avait rien de contraire à l'éthique dans ce geste … Rodney n'avait pas dormi depuis plusieurs jours, sauf une ou deux heures ici et là. Il avait besoin de dormir. Carson allait veiller sur Grant en attendant.

Le Colonel Sheppard avait du rejoindre précipitamment le SGC à la demande du Général Landry pour discuter de cette « malheureuse affaire » avait précisé le militaire. Malheureuse affaire ! Fichus militaires … Une tentative de kidnapping était tout sauf une malheureuse affaire d'après Carson, surtout si un Goaould était derrière tout ça.

Carson aurait préféré que Sheppard soit avec eux. Notamment, il aurait pu donner lui-même le café drogué. Sur Atlantis, c'était ce qu'ils faisaient généralement lorsque Rodney ne savait pas s'arrêter, parce que Rodney ne parvenait jamais à en vouloir à Sheppard … c'était ce que de meilleurs amis faisaient l'un pour l'autre, non ? S'il apprenait que c'était Carson qui avait agi, là, il allait en prendre pour son grade avec un superbe chapelet d'insultes liées à ses racines écossaises, aux moutons et au charlatanisme médical, le tout assaisonné de menaces de poursuites pour Malpractice.

Et puis, si ces types étaient encore dans le coin, il était préférable d'avoir Sheppard sous la main … Bien sûr, ils avaient tous hérité de gardes du corps personnel après ce qui était arrivé à Grant. Le SGC ne pouvait pas se permettre de perdre ses cerveaux, n'est-ce pas. Seulement ces types le mettaient mal à l'aise. Habillés de noir de la tête aux pieds, des lunettes noires sur le visage, Carson s'attendait à tout moment à entendre Mister Smith ou alors les MIB. Il ne savait pas s'il devait s'alarmer ou rire de leur présence. Il se serait juste senti plus en sécurité si le Colonel avait été avec eux.

Jeannie avait regagné son domicile promettant de revenir demain. Demain … cela faisait déjà six jours qu'ils étaient là. Six jours depuis la … malheureuse affaire. Six jours et Grant était toujours complètement sans réaction.

Carson savait que ce type de trauma pouvait être long, très long … ce qui n'arrangeait pas tout à fait l'état de Rodney. Ce dernier engueulait tout le monde, pour tout et rien de l'incompétence médicale du staff au fait que le lit de Grant avait été mal refait. Yep, ce matin, Carson avait été témoin du passage à tabac verbal de l'aide soignant qui avait refait la chambre … Rodney avait du rester au moins dix bonnes minutes sur le dos du pauvre garçon, tout ça à cause de la taie d'oreiller posée à l'envers.

Rodney en maman poule, c'était une première … enfin, non, pas tant que ça. Rodney s'attachait aux gens d'une manière particulière, unique. Il aimait Sheppard, Teyla, Radek mais ne l'aurait sans aucun doute jamais avoué, en revanche, il risquerait sa vie pour eux, ça, Carson en était certain.

Carson regarda sa montre. Bien cela faisait une bonne demie-heure qu'il avait donné son café à Rodney. Temps de vérifier si le marchand de sable était passé.

oOo

Nessie était sorti de la pièce et Grant en profita pour pousser un long soupir. Il sentit quelque chose avancer sur lui, lentement, la chose remontait le long de son torse, elle serait bientôt là … deux lichettes d'une langue râpeuse lui indiquèrent que la chose était arrivée à sa destination.

Saliéri s'installa tout bonnement sur sa poitrine. Le chien – malgré ce que disait John Grant était certain qu'il fallait encourager Saliéri, l'aider à reconnaître sa vraie nature de chien – le fixait de ses yeux en amande.

« Tu veux sortir ? »

Saliéri lui asséna une autre lichette en guise de réponse. Grant interpréta celle-ci comme un OUI.

« Okay. »

Grant se leva. Il faisait sombre dans la chambre qui n'était éclairée que par la petite lampe de chevet posée près du lit. Il fouilla dans l'armoire. Rien excepté un vieux béret. Il le coiffa, prit Saliéri dans ses bras et sortit.

Le couloir était sombre lui aussi. Personne à gauche, personne à droite. Grant traversa sur la pointe des pieds, Saliéri perché sur son épaule. Il prit les escaliers. Ses pieds nus faisaient un drôle de bruit sur le linoléum, schmack, schamck, ou plutôt squish, squish. Rigolo. Il allait rire mais se retint et posa ses deux mains devant sa bouche. Il ne devait pas faire de bruit, il fallait qu'il soit silencieux comme … comme une petite souris. Il se glissa dehors et fit glisser Saliéri par terre. Il faisait froid mais Grant n'avait pas trop le choix, il devait attendre que Saliéri ait fini. Dire que personne n'avait pensé à le faire sortir, le pauvre et aussi pauvre plante. Grant avait bien remarqué que les feuilles le splus proches des racines commençaient à jaunir … l'urine d'animal n'est pas ce qu'il y a de mieux comme engrais.

Oui, il avait remarqué beaucoup de choses, ses yeux grands ouverts. Tout le monde croyait qu'il ne voyait rien mais ils se trompaient tous …

C'était quelque chose qui faisait toujours peur à Donald, cette faculté qu'il avait de fixer, fixer, fixer … juste ça, sans cligner des yeux. Jack lui n'aimait pas ça, il lui disait qu'il devait arrêter ou sinon, les gens chercheraient à l'enfermer pour de bon. Mais maintenant, Donal était parti et Jack … Jack était mort. Il n'y avait plus personne pour lui dire d'arrêter, sauf ces gens. Rodney, John, la maman et Nessie. Les voix qui bourdonnaient autour de lui. Il se sentait perdu, incapable de savoir à qui il pouvait faire confiance après ce qui … ce qui c'était passé.

Saliéri avait trouvé un endroit qui lui convenait. Il gratta la terre furieusement, s'aménageant un petit trou puis s'installa. Il prit un air très concentré, ses moustaches se mirent à frémir et ses yeux se fermèrent. Oui, c'était une tâche qui méritait une certaine dose de concentration se dit Grant. Une fois fini, l'animal renifla ce qu'il avait laissé dans le trou et, apparemment satisfait, se remit à creuser pour couvrir ses traces, puis il se posa devant Grant. Ce dernier se pencha et Saliéri sauta sur son épaule.

« Temps de rentrer. »

Saliéri ronronna dans son oreille et Grant hocha la tête. Il reprit les escaliers mais arrivé dans le couloir, il se figea sur place.

Là, près du comptoir où était installé l'accueil se trouvait un homme. Grand, très musclé, habillé tout en noir, un homme qui ressemblait à …

Les mains qui l'avaient saisi se muèrent en bras, puis en torse. Deux hommes entrèrent son champ de vision. Grant essaya de leur résister mais la drogue qu'ils venaient de lui administrer commençait à faire son effet et il se sentait cotonneux. Les deux hommes étaient grands et musclés et ils lui faisaient peur. L'un d'eux l'attrapa violemment par les cheveux et murmura dans son oreille. Tu cries, tu émets le moindre son et tu le regretteras, compris ? Grant émis un grognement, l'homme tirait sur ses cheveux et son cou se trouvait dans une position douloureuse. Le second homme lui asséna une gifle qui ne fit rien pour arranger les choses. Qu'est-ce qu'on vient de te dire, pas de bruit ! Il fut entraîné vers un van. La porte s'ouvrit. Il fut propulsé à l'intérieur sans ménagement et atterrit lourdement sur une sorte de caisse en bois …

Le flash-back avait été rapide et inattendu. Grant resta un moment debout près de la porte menant aux escaliers. Il ne savait pas quoi faire, s'il bougeait, l'homme l'entendrait certainement. Pour le moment, ce dernier lui tournait le dos, occupé à bavarder avec une des infirmières. Grant serra Saliéri dans ses bras. Le corps chaud lui donna du courage. Les yeux toujours rivés sur l'homme près du comptoir, il commença à reculer, lentement, un pas, puis un autre, et encore un autre, jusqu'à ce que son dos rencontre un obstacle. Sa main se promena sur celui-ci et tomba sur une poignée. Une porte. Grant prit une large inspiration se tourna et ouvrit la porte.

Le garde entendit un bruit et se retourna. Il scanna rapidement les lieux : personne dans la salle d'attente, personne dans le couloir. Rien à signaler. Il reprit sa conversation avec l'infirmière. Avec un peu de chance, il ne serait peut-être pas tout seul dans sa chambre d'hôtel ce soir …

oOo

JésusMarieJoseph ! Le monstre dormait, enfin. Carson était soulagé. Il avait trouvé Rodney … par terre. Cet idiot avait du s'endormir entre le sofa et le lit. S'il avait des bleus – et il y avait fort à parier qu'il en aurait, vu que Rodney marquait facilement – Carson allait en entendre parler pendant des jours … mais ça en valait le coup. Rodney avait besoin de ces quelques heures de sommeil et franchement, ce n'était pas comme si il pouvait arriver quoique ce soit : ils étaient dans un hôpital et il y avait des gardes à chaque étage.

Il avait eu un peu de mal à lever Rodney et à l'installer sur le lit mais maintenant que c'était fait, il n'arrivait pas à s'arracher à l'examen de son ami, allongé devant lui et plongé dans un sommeil artificiel mais réparateur. Au repos, il ressemblait à Grant. Ou Grant lui ressemblait. Les traits de tension disparus, Rodney paraissait plus jeune, presque vulnérable. Carson sourit. Il devenait un peu trop chamallow. Il était temps de prendre un petit remontant.

Il sortit en jetant un dernier coup d'œil à McKay.

Ok, premier objectif : un café. Il aurait préféré du vrai café et pas ses trucs qui ressemblaient plus à de l'eau colorée qu'à autre chose mais il n'allait pas faire le difficile. Il introduisit les quelques cents que demandait la machine et attendit son petit gobelet en plastique remplit, il l'espérait, d'un peu de café. Pendant que la machine produisait les étranges cliquetis et autres bruitages qui, Carson l'espérait signifiaient la prochaine délivrance d'un café, il repensa au dossier médical de Grant. Le diagnostic variait selon les âges et les institutions, parfois même selon les médecins d'une même structure. Grant était un génie, tous s'accordaient sur ce point, mais pour le reste … Le point le plus intéressant, c'était cette étrange réaction à une overdose de café : hallucinations sévères, perte de connaissance, délire. Ok, il allait devoir faire attention à ça si … si quoi ? Si Grant venait sur Atlantis ? Ridicule.

Le café lui fut enfin délivré. Il le porta à sa bouche et grimaça. Beurk ! Enfin, au moins c'était chaud. Il prit le chemin de la chambre de Grant, passant devant le garde qui avait été attitré à ce dernier.

« Monsieur. » Dit avec un petit salut militaire. Carson sourit à l'homme et entra dans la chambre … puis laissa tomber son gobelet de café.

NONDEDIEU ! … le lit était vide. VIDE. Comment était-ce possible ? Carson ressortit en trombe de la chambre et se rua sur le garde.

« OU est-il ? » hurla t-il.

« Qui … que se passe t-il ? » l'homme avait déjà tiré son arme, en alerte.

« McKay, il n'est plus dans sa chambre ! »

Le garde jeta un regard à la porte de la salle de repos que Carson avait quitté quelques minutes plus tôt et s'y rua sous le regard éberlué du médecin. Mais que faisait cet abruti …

« Je ne parle pas de ce McKay mais de l'autre, celui que vous êtes sensé protéger ! »

« Euh, oui, bien sûr, désolé. »

Carson leva les yeux au ciel. Génial, on leur avait attribué des gardes du corps attardés, c'est Rodney qui serait content de l'apprendre … Rodney qui allait le tuer s'il ne retrouvait pas son frère au plus vite.

« Prévenez vos collègue et fouillez moi cet endroit, étage par étage, et discrètement par pitié, c'est un hôpital ici, pas un terrain de manœuvre », précisa Carson en voyant le garde sortir son second neuf millimètres.

C'était curieux. Carson savait qu'il avait changé. Il n'était plus le gentil petit docteur naïf et craintif qui avait débarqué sur Pégase presque trois ans plus tôt. Tant de choses étaient arrivés, lui étaient arrivées depuis … Perna, Michael, pour ne citer que les pires. Néanmoins, il ne pensait pas avoir changé au point de savoir comment diriger des recherches quasi militairement ! Les gardes avaient immédiatement reconnu son autorité, mais cela n'avait pas servi à grand-chose puisque pour le moment ils restaient bredouilles. Carson avait décidé de prévenir le SGC et le responsable de cette équipe de joyeux lurons complètement incompétents acquiesça et se chargea d'annoncer la mauvaise nouvelle au Général Landry et à Sheppard.

Carson allait fouiller l'étage pour la énième fois lorsqu'il entendit quelque chose, un petit cri rauque, presque inhumain, plaintif. Quoique ce soit l'être responsable de ces gémissements, il était en détresse. Il ouvrit la porte d'où provenaient les cris. Ils étaient déjà passés ici. L'endroit était un cabinet utilisé pour stocker des draps et des serviettes. Les étagères en étaient pleines. Carson hésita un moment, il avait peut-être imaginé avoir enten--

Miiiaaaaaaaoooooow.

Chhhhhhhhhh. Sinon, ils vont nous trouver. S'il te plaît, s'il te plaît, chhhhhhhhh.

Bingo pensa Carson. Restait à savoir où pouvait s'être caché Grant.

La pièce n'était pas très grande, des étagères recouvraient la presque totalité des murs et … Carson fixa le cadre noir et blanc situé à deux bons mètres du sol. Non, ce n'était pas possible, il ne serait quand même pas monté là dedans !

Le « là dedans » en question était l'arrivée de la climatisation. Un superbe rectangle d'un mètre sur un, assez grand pour qu'un homme et un chat, pardon, un chien, s'y glisse, même si Carson avait du mal à visualiser la manière dont Grant avait pu s'y hisser, mais Sheppard lui avait dit que Grant avait tout du singe. Il l'avait trouvé perché dans un arbre …

Carson pouvait entendre Grant essayer de rassurer Saliéri. Il soupira. Il l'avait trouvé ce qui était une bonne chose. Pas d'enlèvement et en plus, il avait quitté cet état catatonique qui les avait tous effrayé. A condition qu'il y ait eu catatonie … apparemment ce second McKay était aussi futé que le spécimen qui dormait paisiblement à quelques mètres de là. Carson devrait s'en souvenir dans l'avenir …

Ok, et maintenant, il faisait quoi ?

Chhhhh, oui, je sais tu as faim, moi aussi j'ai faim, mais pour le moment, nous devons rester ici, jusqu'à ce que Rodney arrive … ou John.

Carson sourit. Grant faisait déjà instinctivement confiance à Sheppard. Ce qui n'arrangeait pas ses affaires : Grant ne le connaissait pas, aucune chance pour qu'il descende s'il lui demandait, à moins que … il se souvint des informations contenues dans le dossier médical de Grant. Il s'installa juste en dessous de la trappe de la climatisation et défit lentement l'emballage de la barre chocolatée qu'il avait dans sa poche. Il l'avait gardée pour Rodney, qui non seulement refusait de dormir mais en plus oubliait de manger.

L'incessant bavardage que Grant tenait avec Saliéri cessa aussitôt. Yep, Chocolate Powa … ça devait être dans les gênes. Combien de fois Carson s'était-il trouvé tout seul, tranquille dans son bureau à ouvrir sans y faire franchement attention un Lion ou un Twix et hop, voyait surgir Rodney comme par enchantement …

Il y eu un petit grattement au-dessus de sa tête. Carson entreprit de croquer dans le chocolat et se mit à produire un bruit digne de type orgasmique. Il entendit la grille bouger et il se décida à lever la tête. Deux yeux bleus le fixaient, ou plus exactement fixaient ce qu'il tenait dans les mains.

« Hey, salut … » marmonna Carson entre deux bouchées.

« 'Lut » répondit timidement Grant.

« Super endroit pour faire une petite pause, non. Calme, tranquille … vous en voulez ? » Carson tendit la barre vers Grant. Plus rapide que l'éclair – et dans un geste qui n'était pas sans rappeler le Rodney qui débarquait dans son bureau lorsqu'il faisait une pause KitKat – Grant attrapa le chocolat et disparut derrière la grille qui retomba avec un petit grincement. Il y eut un miaow énergique, puis la grille se rouvrit presque aussitôt.

« Il a faim lui aussi.»

Carson vit apparaître un nez rose, suivi de superbes moustaches et de yeux verts.

« C'est Saliéri » déclara Grant cérémonieusement.

Les présentations furent suivies d'un autre miaow un peu plus fort et hop, le chat sauta sur l'étagère près de lui, puis sur une seconde en face et fut par terre en deux petits bonds élégants. Il passa près de Carson et lui donna un petit coup de tête puis se planta devant la porte du cabinet.

« Il vous aime ! »

L'exclamation fit sursauter Carson qui leva la tête vers Grant. Ce dernier n'affichait plus cet air effrayé mais il hésitait visiblement encore un peu à descendre. Temps de faire les présentations …

« Bonjour, je suis Carson Beckett, je suis un ami de -- »

« Nessie. »

« Pardon ? » Carson fronça les sourcils.

« Nessie. Le Loch Ness. L'Ecosse.»

« Euh, ah, oui, en effet je suis écossais. Et je suis aussi un ami de Rodney, je crois qu'il aimerait beaucoup vous voir. Il s'inquiétait pour vous … nous nous inquiétions tous pour vous. »

Grant hocha la tête et descendit de son perchoir. Effectivement, Sheppard avait raison, ce type était un véritable singe, il fut par terre en deux petites minutes et récupéra le chat qui attendait toujours devant la porte, leur tournant ostensiblement le dos.

« Oh, attendez une minute Grant ! » Carson vit le main de Grant stopper juste à quelques centimètres de la poignée. Idiot ! Quel besoin avait-il eu de crier … oui, il était Nessie, énorme et pas super délicat.

« Je vais sortir le premier, il y a … » Carson soupira. « Grant, il y a des gens armés dehors et … » Grant recula vers les étagères, les yeux emplis de crainte, serrant un Saliéri furieux contre lui. « Non, non, non, il n'y a rien à craindre ! Ce sont des … des gentils, je veux dire qu'ils sont chargés de vous protéger, Rodney et vous … pour que ce qui est arrivé l'autre jour ne se reproduise pas. Je vais leur dire que je vous ai retrouvé, et tout va rentrer dans le calme et »

« Et je vais voir Rodney ? » demanda Grant.

« Oui Grant, il sera heureux de vous voir. » Et Sheppard et Jeannie seront heureux d'apprendre que vous allez bien, pensa Carson.

oOo

Après avoir expliqué aux Rambos qui se chargeaient de la sécurité que tout était rentré dans l'ordre, Carson accompagna Grant, encore nerveux, jusqu'à la salle de repos où Rodney dormait. Grant posa Saliéri par terre et se glissa dans le lit avec Rodney. Ce dernier ne se réveilla pas – ce qui n'était pas très étonnant, il en avait encore pour quelques heures de sommeil – et Grant rabattit les couvertures sur leur deux corps. Immédiatement après, Salieri grimpait sur le lit et se frayait un chemin entre les jambes et les bras, puis, après avoir tourné sur lui-même une bonne dizaine de fois, s'installa entre les deux hommes.

Carson sourit au spectacle qu'offrait les deux McKay. Il sortit sans faire de bruit. Il passa un rapide coup de fil à Jeannie pour la rassurer et laissa un message à Sheppard au SGC, puis il prit une chaise et s'installa juste devant la porte. Pas question qu'il laisse à qui que ce soit d'autre le rôle de garde ! Yep, lui et Saliéri étaient les meilleurs gardes dont puissent rêver les McKay …

TBC ….

Note pour Saschka (et accessoirement pour tout le monde) : oui ma puce j'y connais rien en trauma psy, catatonie ou autre. De toute manière, Grant est spécial, c'est tout, na ! Dans le zode 10 de la saison 3, il se met à cocooner : traduire par s'enrouler dans sa couette et rester les yeux ouverts à dormir, si, si je vous jure ! Trop mimi !