Lorsque les anges te sortent du trou de balle...
Disclaimer: Rien n'est à moi, les personnages appartiennent à James Cameron et le Titanic... à l'Histoire :)
Note: Et oui, grande première, j'écris une fanfiction qui n'est pas sur Harry Potter. A douze ans, j'ai été une graaande fan de Titanic quand il est sorti au cinéma. Ca fait donc un long moment que j'hésite à écrire une histoire dessus mais je n'osais pas. Même là, j'ai un peu peur de me faire happer par le phénomène Mary Sue... mais bon, si je n'essaie pas, je ne saurai jamais ! ;)
Spoiler: ben... le film Titanic de James Cameron mais bon, je pense qu'à part mon frère tout le monde l'a vu XD
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Chapitre 1: "Oublie-la"
Tout a commencé lors d'une journée d'avril, le 11 avril 1912 pour être plus exact, une journée magnifique. Pour Tommy Ryan, il était temps de dire adieu à sa famille, à l'Irlande, pour enfin réaliser son rêve: traverser l'Atlantique qu'il contemplait chaque jour pour rejoindre l'Amérique. Et quoi de mieux que de le faire sur le paquebot "Le Titanic", construit sur ses chères terres irlandaises? Lorsque l'immense bâtiment apparut à l'horizon, des exclamations retentirent sur le quai de Queenstown. Il avait rapidement embrassé sa mère, ses frères et ses sœurs pour se diriger rapidement vers le bateau qui devait l'emmener sur le paquebot resté au large. Il ne se retourna pas: il n'était pas question de pleurer alors que ce jour devait être le plus beau de sa vie !
Il avait été agréablement surpris par la qualité de l'accueil qui était réservé aux troisièmes classes: pas de dortoirs immenses ou tout le monde dort les uns sur les autres, mais des cabines pour 2 à 6 personnes, des salles de bains collectives, une salle à manger où l'on vous sert des repas qu'il n'aurait jamais imaginé manger et presque pas de rats... La vie sur le Titanic, même en troisième classe, était donc infiniment mieux que celle qu'il laissait derrière lui en Irlande. Il était sûr que c'était une promesse pour un futur fabuleux...
Il fit très vite des connaissances à bord. L'après-midi suivant, alors qu'il fumait une cigarette en profitant du pont ensoleillé des troisièmes classes, il se mit à observer un jeune homme blond absorbé par le portrait qu'il faisait d'une fillette contemplant la mer avec son père. L'ami de celui-ci, qui semblait être italien lorsqu'on entendait son accent et que l'on observait son teint hâlé typique des méditerranéens, en profita pour entamer la conversation.
"- Ce bateau est beau, hein?"
Il ne put qu'acquiescer.
"- Ouais, c'est un bateau irlandais."
"- Il est anglais, non?" le reprit l'Italien en fronçant les sourcils, un peu perdu.
"- Non, il a été construit en Irlande. 15000 Irlandais ont construit ce paquebot, solide comme un roc, de grandes mains irlandaises."
Il était fier de son pays lorsqu'il expliquait ces anecdotes. Il fut cependant distrait par un majordome qui le bouscula légèrement, tenant à la main un amas de laisses et une bonne dizaine de chiens de race au bout.
"- Ah, ça c'est typique ! On descend les chiens de première classe pour qu'ils chient ici." fit-il avec mépris.
C'est ce moment-là que choisit le blond pour se tourner vers lui.
"- Pour qu'on sache quel rang on occupe dans l'ordre des choses?" lui demanda-t-il avec ironie.
"- T'as peur d'oublier?" lui répondit Tommy sur le même ton.
Le blond éclata de rire, suivi de son ami italien. Tommy lui tendit la main.
"- Je m'appelle Tommy Ryan"
"- Jack Dawson." répondit le blond en la lui serrant.
"- Salut."
Il se tourna vers l'italien qui lui serra la main à son tour.
"- Fabrizzio."
"- Salut."
Puis il se tourna vers Jack Dawson pour observer ses croquis.
"- Tu te fais du fric avec tes dessins?"
Jack allait lui répondre lorsque ses yeux s'agrandirent, sa bouche s'entrouvrit et il se mit à fixer quelque chose sur le pont supérieur. Tommy se retourna et il vit une fille de première classe portant une robe finement ouvragée, des cheveux auburn soigneusement coiffés dans un chignon sophistiqué, un teint de porcelaine, s'accouder sur la barrière au-dessus d'eux. On aurait dit une créature sortie de l'imaginaire, une déesse... ou un ange, quelque chose comme ça. Une créature pas faite pour eux, ça il en était sûr. Il se tourna vers Jack Dawson et secoua la tête.
"- Ah, oublie-la boyo, t'as plus de chance de voir des anges te sortir du trou de balle que de fréquenter une fille comme ça."
Une fille comme elle, il en était sûr, ne pouvait que leur faire du mal. Il en savait quelque chose. Il avait un ami, Patrick, qui avait travaillé comme valet de chambre dans une famille aisée. Il était tombé amoureux fou de la fille de la maison. Lorsque les parents s'en étaient rendus compte, ils l'avaient mis à la porte sans ménagement et il s'était retrouvé sans le sous, désespéré, du jour au lendemain. Patrick n'avait plus jamais été le même depuis...
Fabrizzio, taquin, s'amusa à agiter son bras devant le visage figé de Jack. Celui-ci ne tiqua même pas. L'Italien éclata de rire, amusé. Sur le pont supérieur, un homme élégant et distingué, vint à la rencontre de la femme. Celle-ci, après une courte joute verbale, s'éloigna. Vu l'allure de cet homme, il était évident que Jack n'aurait aucune chance avec cette déesse. Tommy secoua à nouveau la tête, désolé pour son nouvel ami.
A ce moment-là, une douleur vive se fit sentir sur sa tempe.
"-Aïe !" cria-t-il, et il poussa un juron.
Il venait de recevoir un projectile. Fabrizzio le ramassa, interloqué.
"-Une balle de cricket? " s'étonna Jack, qui, visiblement, avait émergé de son rêve éveillé.
Une exclamation s'éleva au-dessus d'eux. Sur le pont supérieur, au même endroit où se tenait la divine créature quelques instants auparavant, une jeune femme se penchait vers eux, horrifiée. Assez petite, brune, échevelée, de grands yeux bleus et des tâches de rousseur étalées sur le nez, elle s'agitait dans tous les sens. On aurait dit un farfadet échappé d'Irlande... étonnant, pour une première classe.
"-Mon dieu ! Vous n'êtes pas blessé?" criait-elle. "Oh je suis désolée ! Infiniment désolée !"
Elle n'attendit même pas que Tommy, totalement interloqué, lui réponde. Elle se précipita vers la barrière qui séparait le pont des premières classes des autres ponts. Elle descendit chez les deuxièmes classes et apparut quelques secondes plus tard chez les troisièmes classes. Elle contrastait totalement avec le reste des troisièmes classes présents sur le pont avec sa robe en voiles, rubans en soie, chapeau finement ouvragé... mais elle semblait ne pas s'en rendre compte. Elle courait droit sur eux, sur lui, avec l'air toujours aussi catastrophé.
"- Montrez-moi votre tempe!" S'exclama-t-elle sans plus de cérémonie.
Tommy haussa un sourcil, abasourdi, tandis que Fabrizzio étouffait un gloussement. La jeune fille attrapa la tête de Tommy et la tourna sur le côté pour mieux voir sa tempe. Un rire s'échappa de la bouche de l'Italien, et Jack le rejoignit. La situation était sûrement cocasse mais Tommy était plutôt agacé.
"-Oh là là!" Gémit la brune. "Vous êtes tout rouge! Il faut que je vous amène d'urgence à l'infirmerie."
"-Je ne crois pas que ça en vaille la p..." commença Tommy, mais la fille ne l'écoutait toujours pas.
Fabrizzio n'eut que le temps de lui tendre la balle de cricket qu'elle attrapa en le remerciant brièvement et elle entraîna Tommy derrière elle. Deux enfants passèrent la tête par dessus la barrière du pont supérieur.
"-Lizzie, la partie de cricket est finie?" Crièrent-ils mais "Lizzie" ne leur répondit pas, entraînant Tommy dans sa course folle vers l'infirmerie.
Fabrizzio riait de plus en plus fort.
"- Les anges ne lui sortent pas du trou de balle, mais ce qui est sûr, c'est qu'ils lui tombent sur la tête !" s'exclama-t-il.
Jack ne comprit pas son allusion, mais se dit qu'il lui demanderait des explications un peu plus tard... quand le fou rire de son ami se serait calmé...
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Le médecin de bord observa la tempe de Tommy sous toutes les coutures, sous l'œil angoissé de la jeune demoiselle.
"- Il n'a rien de cassé, n'est-ce pas?" ne cessait-elle de répéter.
Le médecin appuya sur la tempe de Tommy.
"- Ca vous fait mal lorsque j'appuie ici?"
"- Légèrement mais pas plus que ça." Répondit Tommy en haussant les épaules.
La petite brune continuait à gémir.
"- Oh là là ! J'ai vraiment deux mains gauches ! Dès que je fais un geste, c'est pour blesser quelqu'un !"
Tommy put voir le médecin lever les yeux au ciel avant de se tourner vers la jeune fille.
"- Ne vous inquiétez pas, Mademoiselle, votre ami s'en sortira avec seulement une jolie bosse et un bon bleu !"
Malheureusement, ces paroles au lieu de la rassurer semblèrent au contraire l'horrifier.
"- Une bosse? Un bleu? Mais... mais..."
"- Rien de grave, Miss, je vous le garantie." Insista le médecin, un peu irrité. "Un sac de glaçon sur la tête pour lui et pour vous je propose une pause dans vos parties de cricket."
Ces paroles eurent leur effet car aussitôt la jeune fille se détendit et eut un sourire gêné.
"- En effet, le cricket c'est fini pour moi !"
Quelques instants plus tard, ils ressortirent de l'infirmerie: Tommy un sac de glace sur la tempe et la brune un peu de rose colorant ses joues.
"- Je suis vraiment navrée..." dit-elle pour la énième fois.
"- Disons que l'incident est clos..." soupira Tommy. Puis quelque chose lui frappa l'esprit et il ne put s'empêcher de demander: "Mais comment une jeune fille de bonne famille comme vous pouvait être en train de jouer au cricket?"
Surprise, la jeune fille se tourna vers lui, bouche bée.
"- Et pourquoi une jeune fille de bonne famille ne pourrait-elle pas jouer au cricket?"
Tommy haussa un sourcil.
"- Bon, d'accord, on n'en voit pas beaucoup mais..." Elle fit une pause. "J'avoue, on n'en voit jamais... mais c'était pour Peter et Matthew, vous comprenez, ils n'avaient personne pour jouer avec eux alors... C'est pas facile pour des garçons de 8 et 10 ans de se divertir dans un paquebot, aussi luxueux soit-il..."
Elle s'était mise à parler très vite, et Tommy avait du mal à l'écouter... surtout qu'il n'avait aucune idée de qui pouvaient bien être Peter et Matthew. Il n'y avait aucun doute, il était tombé sur une folle, voilà tout !
"- Au fait." Fit-elle en se tournant d'un coup vers lui. "Je ne sais même pas votre nom?"
"-Tommy Ryan." Répondit-il en lui tendant la main, par réflexe.
Elle fixa sa main, un peu perplexe, et finit par la serrer, un peu maladroitement.
"- Et vous?" demanda Tommy.
"- Oh ! Elizabeth Finnegan."
"- C'est un nom irlandais." Constata Tommy, surpris. Il n'était pas courant de voir des Irlandais en première classe.
"-Oui, mon père est Irlandais." acquiesça Elizabeth, tout sourire.
"- Comme moi." ne put s'empêcher de dire Tommy.
"- Oh, c'est vrai?" fit-elle, son sourire s'élargissant un peu plus.
A ce moment-là, les deux mêmes garçons qu'il avait aperçu peu de temps auparavant, pointèrent à nouveau leur tête par dessus la barrière du pont de première classe. Tommy se dit que ce devait être les fameux Peter et Matthew.
"- Lizzy, que fais-tu?" crièrent-ils.
"- J'arrive !" leur cria-t-elle en retour. Puis, se tournant à nouveau vers lui: "Je dois vous laisser, Tommy, à une prochaine fois peut-être?"
"- Oui oui, sûrement." Marmonna-t-il.
Et la jeune fille s'éloigna en courant. Soupirant de soulagement, il se mit à chercher Jack et Fabrizzio, qu'il retrouva au même endroit, hilares.
"- Qu'est-ce qui vous fait tant rire?" demanda-t-il, légèrement vexé.
"- Rien rien !" Répondit Fabrizzio. Son hilarité rendait son accent italien encore plus flagrant. "Mais tu risques de te recevoir encore beaucoup de balles de cricket sur la tête avant de pouvoir fréquenter une fille comme ça !"
Comprenant le sous-entendu à la phrase qu'il avait dite à Jack un peu plus tôt, il fit mine d'être vexé avant d'éclater de rire à son tour.
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Fabrizzio taquina beaucoup Tommy durant le reste de la journée avec cette histoire. Il en vint même à le raconter à leurs camarades de tablée, le soir, au dîner. Le jeune homme ne savait pas s'il devait se sentir irrité ou amusé. Il aurait aimé que cet accident soit clos, surtout que cette jeune femme, même si elle n'avait pas été désagréable, n'avait rien d'extraordinaire: comme toutes les filles de bonne famille, elle lui avait semblé pourrie gâtée et bien superficielle. Pas de quoi lui laisser un souvenir mémorable... du moins, c'est ce qu'il croyait.
Dans la nuit, il fut réveillé en sursaut par des coups donnés contre la porte. Tout le monde se mit à râler dans la chambre et celui qui était le plus proche de la porte, l'ouvrit en maugréant. Tommy eut la surprise de voir Fabrizzio débouler dans la chambre, complètement surexcité.
"- Tommy, mon ami ! J'ai quelque chose d'extraordinaire à te raconter."
"- Heu, là, maintenant? A cette-heure de la nuit?"
"- Vite ! Vite !"
Tommy soupira et se rhabilla avant de suivre Fabrizzio dans le couloir.
"- Tu ne devineras jamais ce qui vient de se passer!" s'exclama l'Italien.
"- Non, mais j'ai hâte de savoir." Marmonna Tommy, complètement ensommeillé.
"- Tu te souviens de la déesse rousse qui a mis Jack en transe cette après-midi?"
"- Hier après-midi pour être plus exact..."
"- Et bien Jack l'a revue !" continua Fabrizzio qui ne l'avait pas écouté. " Elle était sur le point de se jeter dans la mer quand Jack l'a aperçue ! Il a réussi à la persuader de ne pas sauter et pour le remercier, son fiancé l'a invité à dîner demain soir en première classe! Tu te rends compte? Quelle chance ! Comme quoi, les miracles..."
"- Tu oublies un détail dans ton miracle, Fabrizzio: elle a un fiancé ! Et invité à dîner en première classe? Tu sais comment ils s'habillent lors de leurs dîners? Crois-moi, mon ami: sa soirée sera tout sauf fabuleuse, il va être jeté dans la fosse aux serpents, rien de plus, rien de moins !"
Fabrizzio ne se départit pas de son sourire.
"- Tu es bien pessimiste mon ami !"
"- Non." Répondit Tommy. "Je suis juste réaliste."
Et sur ces mots, il retourna se coucher. Etrangement, avant de s'endormir, deux grands yeux bleus lui revinrent à l'esprit. Pourquoi repensait-il à cette fille? Secouant la tête, il se dit qu'il valait mieux suivre le conseil donné à Jack la veille: "Oublie-la."
Cependant, certaines choses sont plus faciles à dire qu'à faire, surtout quand ladite demoiselle a décidé de ne pas sortir aussi facilement de la vie de Tommy Ryan.
