DISCLAIMER: L'univers et les personnages de Harry Potter appartiennent à J.K. Rowling. Je n'en revendique rien, si ce n'est l'écriture de ce OneShot dont je ne tire aucun profit. (Je ne sais pas si c'est vraiment utile, mais je préfère préciser au cas où.)


Draco tordait nerveusement ses mains sous la table. Il n'était pas réellement anxieux des conclusions qui seraient tirées à la fin de l'interrogatoire, mais il s'inquiétait par contre de ce qu'il pourrait dire sous l'effet du Veritaserum. Parce que oui, il avait accepté l'utilisation de cette potion comme preuve de la véracité des propos qu'il tiendrait. Peut-être était-ce une très mauvaise décision ; sur le coup, cela avait semblé acceptable. Que pouvait-il se passer de mal, après tout ?

Il avait été convoqué dans le cadre des procès d'après-guerre qui avaient débuté depuis quelques mois. Depuis ce fameux jour où Potter avait vaincu le Seigneur des Ténèbres, en fait. De nombreux Mangemorts avaient survécu à la bataille finale, et ils étaient désormais jugés pour leurs actes. Évidemment, nombres d'entre eux clamaient leur innocence, prétendant qu'ils avaient agi sous la contrainte de l'Imperium et mentant sans la moindre once de culpabilité sur leur implication réelle dans les crimes perpétrés au nom du mage noir.

Et puis il y avait Draco. Durant la guerre, il s'était d'abord rangé du côté de ses parents, et donc du Seigneur des Ténèbres, principalement parce que personne ne lui avait demandé son avis personnel – et aussi parce qu'il avait été trop lâche pour s'enfuir et risquer de perdre le peu d'estime que son père avait de lui et la confiance de sa mère. Mais ensuite, le mage noir lui avait ordonné d'assassiner Dumbledore. Draco n'était pas idiot, il avait immédiatement compris qu'il n'avait pas la moindre chance de mener à bien cette mission, et que le Seigneur des Ténèbres le savait pertinemment ; sans doute était-ce même l'unique raison pour laquelle il lui avait attribué cet ordre. Or le blond refusait de mourir de cette manière ; il avait donc fait la seule chose qu'il savait faire. Il avait fui.

Il avait dans un premier temps voulu disparaître totalement jusqu'à ce que la guerre s'achève – par la victoire de Potter, évidemment. Mais, ne sachant pas vraiment où aller, il avait finalement décidé de demander conseil à la personne qui lui semblait pourtant la moins bien placée pour pouvoir l'aider, voire même pour vouloir l'aider. Il s'était tourné vers Potter. Et Potter, eh bien... Il l'avait réellement aidé. Il lui avait permis de rejoindre le côté de Dumbledore. Il lui avait même donné la possibilité d'entrer dans l'Ordre du Phénix – possibilité que le blond avait bien sûr refusée. Il changeait de camp pour survivre, pas pour risquer sa vie pour Potter en jouant les héros.

En conséquence de quoi, il avait passé la plus longue partie de la guerre à se cacher des Mangemorts. Il n'avait donc rien à se reprocher. Mais il avait sans doute passé bien trop de temps à dépendre de Potter, et cette dépendance très inhabituelle pour lui était sans doute la cause des pensées étranges qui avaient commencé à germer dans son cerveau quelques semaines à peine après qu'il ait enfin décidé de s'adresser à lui pour lui demander de l'aide. Comme s'il pouvait être réellement amoureux de ce crétin souffrant d'un syndrome du héros particulièrement développé, aussi adorable et sexy qu'il puisse être !

« Pouvons-nous commencer, monsieur Malfoy ? »

Draco leva les yeux vers l'auror qui l'observait en silence depuis de longues minutes, assis – pour ne pas dire affalé – sur la chaise qui faisait face à la sienne, les mains posées sur la table. Non, ce n'était pas vraiment les résultats de cet interrogatoire qui rendaient Draco nerveux. C'était la présence d'une troisième personne dans la pièce, qu'il n'avait absolument pas prévue en acceptant l'usage du Veritaserum.

Négligemment installé sur sa chaise, Potter lui adressait un regard parfaitement neutre. Il n'avait pas vraiment changé, depuis qu'il avait vaincu le Seigneur des Ténèbres : ses cheveux bruns étaient toujours aussi ébouriffés qu'ils l'étaient avant, lui conférant un aspect particulièrement attrayant, et c'étaient toujours les mêmes yeux émeraude magnifiques qui lui lançaient un regard en biais. Mais pourtant, le Survivant avait quelque chose de différent. Quelque chose dans son attitude, qui aurait semblé totalement incongru quelques mois plus tôt. Il semblait plus mature, plus grave.

« Monsieur Malfoy ? »

Draco se rendit compte qu'il fixait Potter depuis bien trop longtemps sans réagir pour que cela ne paraisse innocent, ou au moins naturel. Le brun prit une expression perplexe, et le Serpentard sentit ses joues se colorer légèrement.

« Nous pouvons commencer. », affirma-t-il d'une voix parfaitement maîtrisée.

L'auror hocha la tête et posa un petit flacon devant lui. Le liquide qu'il contenait était totalement incolore et très semblable à de l'eau, mais Draco savait qu'il s'agissait en réalité d'un dérivé du Veritaserum. La potion de base était interdite dans ce genre d'enquête, parce qu'elle empiétait bien trop largement sur les droits et la liberté des suspects, même prise volontairement. Cette version légèrement modifiée avait l'avantage de permettre à celui qui l'ingurgitait de choisir de ne pas répondre aux questions qui lui étaient posées, ou de détourner la question. Cela au moins était rassurant, puisque cela l'empêcherait de raconter n'importe quoi devant Potter sans pouvoir se contrôler. En revanche, les effets secondaires étaient bien moins désirables : les effets de la potion pouvaient s'étendre sur des périodes bien plus élevées que le Veritaserum classique. Et évidemment, Draco aurait préféré éviter ce genre de désagrément.

Il déboucha rapidement le flacon et avala la potion sans laisser apparaître le moindre signe d'hésitation. Lorsqu'il reposa le petit récipient en verre sur la table, Potter se pencha légèrement en avant. Draco détourna le regard, pour s'interdire de se mettre à le fixer à nouveau.

« Tu sens quelque chose de différent ? »

Draco jeta un regard en biais à Potter.

« L'une des propriétés du Veritaserum est de ne pas pouvoir remarquer que l'on est sous son emprise. », rétorqua aussitôt Draco. « Ne pose pas de questions idiotes. »

Il retint une grimace. Il fallait qu'il se concentre un minimum, pour ne pas se mettre à parler ainsi à tout bout de champs. Potter afficha une petite moue l'espace d'un instant, et le blond s'interdit de le trouver mignon. Ce n'était pas vraiment le moment, là.

« Eh bien, je suppose que ça a marché. », marmonna l'auror.

Draco décida qu'il détestait sa manière de marmonner. Potter acquiesça et le blond choisit de tourner son attention sur le verre d'eau posé face à lui plutôt que sur le jeune homme assis de l'autre côté de la table.

« Votre nom ? », demanda l'auror.

« Draco Lucius Malfoy. »

La plume à papotte de l'auror courrait sur son petit carnet pour prendre en note toutes les réponses que Draco donnerait.

« Quel jour sommes-nous ? »

Draco s'interdit de lever les yeux au ciel, et pourtant cela aurait sans doute été justifié, pour une fois. S'il voulait vérifier que la potion faisait bien effet, il aurait mieux fallu poser une question personnelle plutôt qu'une banale question sur la date.

« Vendredi 15 juillet. », répondit-il avant d'ajouter, sarcastique : « Demain sera un samedi. Le 16 juillet, pour être précis. Oh, et il est presque dix-huit heures. »

L'homme lui adressa un regard noir.

« Bien. Avant de commencer, je dois vous informer que vous pouvez quitter cet interrogatoire à tout moment. »

Évidemment. C'était l'unique condition sous laquelle l'usage d'une potion telle que le dérivé du Veritaserum pouvait être considéré comme légal. Ainsi, un suspect ne risquait pas d'être contraint à répondre contre sa volonté à des questions qu'il jugeait trop personnelles ou indélicates ; néanmoins, puisqu'un suspect subissant les effets d'une telle potion les subissait volontairement, il n'y avait pas, en théorie, de réelle raison pour décider de quitter la pièce. Sauf bien sûr si le sujet de l'interrogatoire était très proche d'un autre sujet sur lequel l'accusé était moins enclin à s'exprimer.

« Vous l'avez déjà dit il y a moins d'une heure. », soupira le blond, d'une voix exprimant un ennui profond.

L'auror leva les yeux des notes que prenait la plume à papotte pour jeter un coup d'œil rapide vers Potter, dont les yeux brillaient d'une lueur que Draco n'y avait pas aperçue depuis longtemps. Son cœur se mit à battre plus rapidement, et il se fit mentalement la remarque qu'il était très niais.

« De quel côté étiez-vous durant la guerre ? »

Draco retint un sourire. L'auror avait décidé de se diriger immédiatement vers des questions essentielles, et les formulait d'une manière qui ne serait certainement pas difficile à contourner s'il l'avait voulu. Soit il n'était pas très intelligent – ce qui était sûrement le cas, vu son manque de réaction devant l'insolence du jeune homme – soit il voulait juste se débarrasser rapidement de lui. Il se faisait tard, après tout, et le blond aussi aurait voulu pouvoir rentrer au plus vite chez lui.

« Je n'étais pas du côté du Seigneur des Ténèbres. », biaisa Draco.

« Donc vous étiez du côté de monsieur Potter ? »

Le blond jeta un coup d'œil rapide au Survivant. Ce dernier eut un léger sourire en voyant l'ancien Serpentard tester les limites de la potion.

« Pas vraiment. »

« C'est-à-dire ? »

« Je ne me suis pas vraiment investi dans cette guerre. »

L'auror souffla, une expression agacée à peine dissimulée sur le visage.

« Mais vous étiez présent lors de la bataille finale, n'est-ce pas ? », insista-t-il.

« Oui. », admit Draco.

Il laissa un moment de blanc. Potter se pencha encore un peu plus en avant, sans dire un mot mais fixant sur lui un regard intense qui le déconcentrait totalement. Il ne pouvait s'empêcher de lui jeter des coups d'œil rapides de temps en temps, et le silence s'étendit peu à peu.

« Et ? », demanda finalement l'auror, exaspéré.

« Je me suis battu contre les Mangemorts. »

« Donc du côté de monsieur Potter. », fit remarquer l'homme.

Draco haussa les épaules, décidant finalement que l'incapacité de l'interrogateur à saisir la nuance entre être du côté de quelqu'un et ne pas être du côté de l'ennemi de quelqu'un n'était en aucun cas son problème.

« Alors vous pensez que vous devriez être relâché ? », l'interrogea l'auror.

Le blond afficha un sourire narquois.

« Est-ce que quelqu'un a déjà répondu 'non' à cette question ? »

« Je ne crois pas. », répondit l'homme.

Draco haussa un sourcil. Il n'attendait évidemment pas véritablement de réponse à cette question, il ne l'avait posée que pour jouer un peu avec les nerfs de l'auror.

« C'était rhétorique. »

La surprise fut sans doute lisible sur son visage. Ce n'était pas ce qu'il avait voulu dire, mais à la place de la réponse ironique qu'il s'apprêtait à lancer, cette affirmation franche s'était échappée de ses lèvres sans qu'il ne puisse la contrôler, et la voix avec laquelle il l'avait prononcée était étrange, totalement vide. Il y eut un moment de silence, l'auror fixant un regard suspicieux sur Draco tandis que ce dernier se fustigeait mentalement pour avoir cessé de réfléchir avant de parler.

« Peu importe. », intervint finalement Potter, brisant le silence qui commençait à s'installer.

L'homme acquiesça et poursuivit son interrogatoire.

« Et, étant libre, seriez-vous capable de tuer des innocents ? »

Le blond soupira. Cette question était vraiment pathétique.

« Vous êtes pitoyable. », lança-t-il, sans pouvoir se retenir.

La potion commençait sérieusement à faire effet, et s'il devait subir ce genre d'effets secondaires, cet interrogatoire risquait d'être très long. Il était quand même étrange et particulièrement injuste que ces effets se manifestent chez lui alors qu'il était de toute manière innocent et souhaitait juste blanchir son nom tout en conservant sa dignité.

« Tu pourrais juste répondre aux questions ? », soupira Potter. « J'aimerai bien rentrer chez moi, là. »

« Personne ne te retient. »

Il eut très envie de se frapper la tête contre la table. Pourquoi fallait-il que ce soudain excès de franchise sonne tellement froid et désagréable ? Il soupira.

« Je ne compte tuer personne. »

« Même pas monsieur Potter ? »

« Pourquoi est-ce que je ferai une chose pareille ? »

Il haussa un sourcil et se demanda quelques secondes pourquoi la question de l'interrogateur avait été posée de cette manière, avant de se rappeler qu'il était dans cette pièce précisément parce qu'il avait servi durant quelques mois un mage noir dont l'unique but était d'assassiner le Survivant.

« Répondez à la question. Est-ce que vous assassineriez monsieur Potter si vous en aviez l'occasion ? »

« Pas même si ma vie en dépendait... », souffla Draco.

Il avait bien conscience que cette phrase serait immédiatement prise en note par la plume à papotte qui grattait continuellement le carnet de l'auror, mais il espérait tout de même que le Survivant ne l'aurait pas entendue. Parce que franchement, il ne pensait pas pouvoir dire quelque chose d'aussi niais, voire même complètement stupide. Et encore moins devant la personne concernée.

Le regard surpris que lui adressa ladite personne concernée suffit à lui indiquer qu'elle avait très bien saisit ce qu'il venait de dire. L'auror eut une expression perplexe, et le fixa quelques secondes avec suspicion. Draco baissa les yeux, le bord de la table devenant brusquement particulièrement fascinant. Il était venu pour être totalement blanchit, pas pour se ridiculiser lui-même à cause d'une potion qui le poussait un peu trop à parler. Beaucoup trop, même, d'ailleurs, maintenant qu'il y songeait.

Il releva brusquement les yeux vers les deux personnes qui lui faisaient face, son regard passant tour à tour de Potter à l'auror alors qu'il commençait à comprendre la raison de ces effets secondaires étranges qui étaient très rares avec le dérivé de Veritaserum qu'il était supposé avoir ingéré. Parce que ces effets étaient caractéristiques d'un Veritaserum classique, dont le but premier était justement de pousser l'interrogé à répondre honnêtement à toutes les questions qui lui étaient posées, en l'empêchant de lutter contre ses effets.

Il lança un regard noir à Potter, qui soupira.

« Je sais ce que tu penses. », commença le Survivant.

« Ça m'étonnerait. », rétorqua Draco.

« C'était l'unique manière d'être totalement certains de vos réponses. », intervint l'auror, qui semblait fixer un point imaginaire sur le mur derrière l'épaule de l'interrogé.

« C'est illégal. », fit remarquer ce dernier.

Potter détourna les yeux, ce qui eut pour effet immédiat de faire augmenter d'un cran la colère de Draco. Il lui avait menti en lui faisait avaler cette potion, ce qui était profondément irrespectueux, en plus d'être contraire à la loi, et il n'avait même pas la décence de l'admettre en le regardant dans les yeux ?

« Je sais. »

« Regarde-moi quand tu me parles. », ordonna Draco.

Le regard du brun se posa aussitôt sur lui. Il soupira, sa colère retombant devant l'obéissance immédiate du Survivant, qui réagissait vraiment comme un enfant pris en faute.

« Je ne suis pas un Mangemort, et je ne compte tuer personne pour l'instant. », lança-t-il.

« Pour l'instant ? », répéta l'auror, perplexe.

Draco lui adressa un regard noir.

« Je déteste qu'on me prenne pour un idiot. », répliqua-t-il, avec un sourire entendu et sur un ton glacial qui fit déglutir l'homme.

« C'est une menace ? »

« Bien sûr que non. Juste une mise en garde. », rétorqua Draco.

« Arrête ça, Malfoy. », intervint Potter. « Ce n'est pas vraiment le moment de jouer les petits cons arrogants. »

Le blond haussa un sourcil. Il voulut insulter le Survivant, mais le Veritaserum l'en empêcha et seul un son proche du couinement s'échappa de ses lèvres. Il afficha un grimace en entendant ce bruit pathétique et Potter éclata de rire. Draco le fixa un moment, surpris. Les battements de son cœur accélérèrent devant l'expression joyeuse du brun, et, sans pouvoir s'en empêcher, il se mit à rire à son tour sous le regard consterné de l'auror.

Quelques minutes s'écoulèrent ainsi, avant que l'hilarité des deux jeunes hommes ne prenne fin. Puis Potter adressa un sourire rayonnant à Draco, qui s'interdit de rougir et préféra détourner les yeux vers l'auror. Ce dernier paraissait perdu, et l'ancien Serpentard profita de cet instant d'égarement total pour esquiver d'autres questions, dont les réponses pourraient s'avérer extrêmement gênantes.

« Cet entretien est terminé. », annonça-t-il.

Il se leva avec toute la prestance que son éducation lui avait inculquée et se dirigea vers la porte. Il pouvait presque entendre les pensées qui traversaient l'esprit de l'interrogateur, qui aurait aimé pouvoir le retenir. Mais il n'en avait pas le droit, ils le savaient tous deux très bien ; il était forcé de laisser Draco s'en aller, puisque telle était sa décision, d'autant plus que la méthode employée pour s'assurer de la véracité de ses paroles n'avait rien de légal.

« Très bien. », soupira l'auror.

Le blond eut un sourire suffisant que l'homme et Potter, dans son dos, ne pouvaient pas voir. Sa main se posa sans hésitation sur la poignée de la porte.

« Tu n'as rien d'autre à ajouter ? », s'enquit le Survivant.

Draco se figea. Il se demanda un instant s'il avait imaginé la pointe de déception dans la voix du jeune homme, puis tourna légèrement la tête.

« Il y a de nombreuses choses que j'aurais pu ajouter, Potter. Mais il est sans doute préférable que je les garde pour moi. », répondit-il d'une voix bien plus douce que précédemment.

L'image d'un Potter surpris et légèrement perplexe traversa son esprit, et un sourire discret s'installa sur ses lèvres. Il ouvrit la porte et quitta le Département des aurors sans un regard en arrière.

Il aurait du faire plus attention. Potter agissait peut-être comme un crétin la plupart du temps, mais il n'était pas complètement idiot. S'il réfléchissait vraiment, il pourrait comprendre les sentiments de Draco à son égard, et évidemment ça ne pouvait pas être une bonne chose. Le blond allait se ridiculiser totalement, si Potter le découvrait.

Un soupir lui échappa, alors qu'il traversait un couloir bondé, qui ralentit nettement sa progression. Lorsqu'il atteint enfin le grand hall qui menait vers les voies extérieures, il hésita un instant en voyant la foule qui attendait devant les cheminées. Il en avait pour des heures, s'il décidait de repartir comme il était venu, c'est-à-dire en utilisant la poudre de cheminette. Il tourna la tête vers les ascenseurs, puis, constatant qu'ils étaient vides, décida de sortir par la voie moldue.

Il entra après une légère hésitation dans un ascenseur – il n'avait jamais vraiment aimé ces appareils moldus. Il appuya sur le bouton qui devait déclencher l'élévation de l'ascenseur, et jeta un regard vers la personne qui arrivait vers lui en courant presque. Son cœur manqua un battement lorsqu'il reconnut le Survivant, et il se mit à presser frénétiquement le bouton en espérant accélérer la mise en marche de l'appareil.

Les portes se refermèrent trop tard, et Potter s'engouffra à temps dans la cabine d'ascenseur. Draco soupira à nouveau.

« Merci d'avoir retenu l'ascenseur. », ironisa le brun.

Le blond lui adressa un regard noir, s'interdisant de penser que ses cheveux plus ébouriffés que jamais le rendaient encore plus attirant qu'habituellement.

« Je n'avais pas envie de te parler. », rétorqua-t-il.

Un léger sourire apparut sur les lèvres de Potter.

« Et c'est sans doute vrai, puisque tu ne peux pas mentir. »

Draco haussa un sourcil. Ce ton amusé ne présageait rien de bon, mais c'était Potter après tout. Il ne pouvait pas tenter de profiter de la situation, n'est-ce pas ? Ça ne correspondrait pas à son image de sauveur de la veuve et de l'orphelin. Et pourtant...

« Alors comme ça, tu préférerais mourir que de me faire du mal ? », s'enquit Potter, affichant une moue innocente.

Draco eut très envie de se pendre. Mais comme il était bloqué dans cette cabine, il se contenta de détourner son regard du Survivant et de le fixer sur les portes qui s'ouvriraient bientôt. Avec un petit soupir, Potter appuya sur le bouton pour stopper l'ascenseur. Le blond lui lança un regard de travers.

« On peut savoir ce que tu fais ? », s'agaça-t-il. « J'aimerai rentrer chez moi. »

« Et moi j'aimerai que tu me répondes quand je te parle. », répliqua l'autre.

« Qu'est-ce que tu veux ? », souffla Draco.

« Ce que je veux ? », répéta Potter.

Il eut un petit rire.

« La bonne question serait plutôt : qu'est-ce que tu veux ? »

Draco eut besoin de toute sa concentration pour ne pas rougir. Son premier réflexe aurait été de répondre par un sarcasme, mais le Veritaserum l'aurait sans doute poussé à dire quelque chose de vraiment stupide.

« Je ne répondrai pas à cette question. »

« Tu vas fuir comme ça encore longtemps, Draco ? », soupira le Survivant.

Le cœur du blond manqua un battement. Est-ce que Potter venait vraiment de l'appeler par son prénom ? Il se reprit cependant rapidement. Le fait qu'il utilise son prénom ne signifiait rien, après tout. Il tourna le dos au jeune homme, espérant que son silence suffirait à le faire capituler. Il y eut un instant de silence, puis il entendit Potter se déplacer légèrement. Il ne pouvait pas voir ce qu'il était en train de faire et dû mobiliser toute sa volonté pour ne pas se retourner.

« Même sous l'emprise du Veritaserum, tu restes d'une mauvaise foi impressionnante. »

Draco fit volte-face. Potter n'avait pas le droit de le critiquer ainsi, alors qu'il lui avait menti pour lui faire ingurgiter du Veritaserum et qu'il tentait clairement d'en profiter. Il s'apprêtait à lui adresser une remarque venimeuse quand il réalisa brusquement à quel point ils étaient proches l'un de l'autre. Le brun s'était rapproché alors qu'il lui tournait le dos, et ils n'étaient plus séparés que par quelques centimètres.

« Tu veux vraiment mettre fin à cette conversation alors qu'elle n'a même pas encore commencé ? », demanda Potter d'un ton lasse.

Draco lui adressa un regard noir.

« Oui. »

Ils restèrent quelques secondes immobiles. Le regard du blond se perdit totalement dans les magnifiques yeux vert émeraude.

« Je m'apprête à faire quelque chose de vraiment stupide. », annonça Potter dans un souffle.

« Hein ? », fut tout ce que Draco trouva à répondre, complètement déconnecté de la réalité.

Il rougit. Potter était vraiment trop proche de lui pour qu'il puisse réfléchir correctement. Il faisait chaud, tout à coup.

« Tu ne me repousserais pas si je t'embrassais maintenant, hein ? », s'assura le Survivant.

Le cerveau de Draco refusa de fonctionner correctement. Il ouvrit la bouche pour répondre, puis la referma, avant de l'ouvrir à nouveau sans qu'aucun son n'en sorte. Ses yeux se posèrent sur les lèvres de Potter sans même qu'il ne s'en rende compte.

« Non. », répondit-il dans un souffle.

Potter s'écarta soudain de Draco, le faisant brutalement revenir à la réalité, et appuya de nouveau sur le bouton pour remettre en marche l'ascenseur.

« Tu vois, on progresse plus facilement quand on parle. », sourit le brun.

Draco écarquilla les yeux tandis qu'une constatation s'imposait dans son esprit. Le Survivant n'avait jamais eut l'intention de l'embrasser. Il s'était juste moqué de lui.

« Ferme la bouche, Draco. », conseilla le brun, une lueur amusée dans le regard.

Le jeune homme le fusilla du regard et se força à contenir la vague de haine qui tentait de s'emparer de lui. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent enfin, et il sortit sans un regard en arrière. Il commençait à s'éloigner quand une main serrée autour de son poignet le retint. Il jeta un regard noir par-dessus son épaule.

« Où est-ce que tu vas ? », l'interrogea Potter, une pointe de surprise dans la voix.

« N'importe où, tant que c'est loin de toi. », cracha Draco.

« Quoi ? », lâcha l'autre, sur un ton stupide qui ne fit que renforcer la colère du jeune homme.

Le blond lui tourna le dos et transplana pour rejoindre la solitude de son appartement. Ou du moins, c'était ce qu'il comptait faire, avant que Potter ne tente de le retenir en agrippant son épaule. Lorsqu'il comprit que le brun venait d'atterrir au milieu de son salon, Draco lui adressa un regard glacial. Il se dirigea sans hésitation vers sa porte d'entrée, qu'il ouvrit avant de fixer sur Potter un regard insistant, espérant qu'il comprenne le message.

« Tu me mets à la porte ? », demanda le Survivant, encore déboussolé par ce déplacement inattendu.

La foule de sentiments qui se pressaient dans le cœur de Draco le poussa à se méfier de l'intonation de sa voix. Il ne voulait pas que Potter puisse entendre à quel point il était blessé par son comportement, et ne pouvait donc pas faire confiance à sa propre voix. Il se contenta d'acquiescer sèchement.

« Attends, il y a quelques minutes tu allais m'embrasser et maintenant tu- », commença à s'insurger le Survivant.

« Le jeu est terminé. », le coupa brutalement Draco. « Tu t'es bien moqué de moi, maintenant sors de chez moi. »

Sa voix se brisa à la fin de sa phrase, et il songea qu'il était vraiment pathétique. Comment avait-il pu croire que Potter s'intéressait réellement à lui ?

« Je ne me suis pas moqué de toi. », se défendit le brun.

Draco se retint de le frapper et se contenta de fermer la porte pour ne plus le voir, en la faisant claquer violemment pour exprimer sa colère. Il ne se retourna pas quand la voix de Potter lui parvint depuis l'autre côté de la porte.

« Je voulais juste qu'on puisse parler ! »

Il se laissa tomber sur le canapé confortable qui l'attendait dans son salon. Il n'aurait jamais dû accepter d'ingurgiter du Veritaserum. S'il ne l'avait pas fait, il aurait évité cette situation. Il ne se sentirait probablement pas aussi mal.

« Draco, ouvre cette porte. », s'agaça Potter.

Il remonta ses jambes contre son torse. Il se sentait triste. Il avait décidé de ne rien dire au brun, pour se protéger. Pour ne pas souffrir. Mais il l'avait appris quand même. Et maintenant, Draco retenait des larmes de colère et de tristesse tandis que Potter tambourinait sur sa porte pour qu'il lui ouvre.

Lorsque le bruit des coups contre le bois cessa, Draco posa son front sur ses genoux avec un soupir. Il releva cependant presque immédiatement la tête, quand il entendit le son caractéristique de la porte ouverte violemment qui tapait contre le mur. Il releva les yeux et jeta un regard noir au Survivant.

« Ne défonce pas ma porte. »

« Désolé, je croyais que tu l'avais verrouillée. », s'excusa le brun, comme si tout cela était parfaitement normal.

Il y eut un moment de flottement. Les deux jeunes hommes se jaugèrent du regard un moment, chacun attendant que l'autre dise quelque chose. Potter s'avança finalement vers Draco.

« Je ne me moquais pas de toi. »

Le blond leva les yeux au ciel.

« C'est ça. », répliqua-t-il, sarcastique. « Et moi je suis- »

Il se coupa brusquement quand le jeune homme se laissa tomber sur le canapé, juste à côté de lui.

« Je ne t'ai pas invité à t'asseoir. », signala Draco.

« Je t'aime. », répondit Potter.

Le blond sentit son cœur manquer un battement.

« Quoi ? », fit-il.

Potter soupira et lui adressa un sourire amusé. Il se redressa et se pencha doucement vers lui. Le cerveau de Draco sembla se déconnecter à nouveau, et son cœur parut exploser de joie dans sa poitrine quand les lèvres du jeune homme entrèrent enfin en contact avec les siennes. De petits papillons voletèrent dans son ventre tandis que ses bras se nouaient naturellement autour du coup du brun, qui glissa sa langue sur ses lèvres pour demander un accès qui lui fut accordé sans la moindre hésitation.

Lorsque Potter s'éloigna, Draco se souvint qu'il avait besoin de respirer pour rester en vie et haleta légèrement. Le brun eut un petit rire.

« Tu me crois, maintenant ? », demanda-t-il.

« Non. », répondit le blond. « Mais tu as de très bons arguments, les entendre à nouveau pourrait peut-être me convaincre. »

Acceptant aussitôt la proposition, Potter glissa une main derrière sa nuque et l'embrassa encore. Draco sourit contre ses lèvres puis mit fin au baiser. Il posa son front contre celui du brun, retenant un rire devant le gémissement frustré du jeune homme.

« Je t'aime aussi. », chuchota-t-il.


Voilà. Merci d'avoir lu!

Des avis, des conseils ?